La Mauricie François De Lagrave

La Mauricie François De Lagrave

Document généré le 24 sept. 2021 17:08 Histoire Québec La Mauricie François De Lagrave Volume 10, numéro 2, 2004 URI : https://id.erudit.org/iderudit/11264ac Aller au sommaire du numéro Éditeur(s) La Fédération des sociétés d'histoire du Québec ISSN 1201-4710 (imprimé) 1923-2101 (numérique) Découvrir la revue Citer cet article De Lagrave, F. (2004). La Mauricie. Histoire Québec, 10(2), 15–19. Tous droits réservés © La Fédération des sociétés d'histoire du Québec, 2004 Ce document est protégé par la loi sur le droit d’auteur. L’utilisation des services d’Érudit (y compris la reproduction) est assujettie à sa politique d’utilisation que vous pouvez consulter en ligne. https://apropos.erudit.org/fr/usagers/politique-dutilisation/ Cet article est diffusé et préservé par Érudit. Érudit est un consortium interuniversitaire sans but lucratif composé de l’Université de Montréal, l’Université Laval et l’Université du Québec à Montréal. Il a pour mission la promotion et la valorisation de la recherche. https://www.erudit.org/fr/ Bien que le terrain du Platon connût la présence des Français dès le tout début La Mauricie du XVII1' siècle, la ville de Trois-Rivières ne fut fondée et habitée de façon permanente Par FRANÇOIS DE LAGRAVE, Société Appartenance Mauricie qu'en 1634, vingt-six ans après Québec, mais huit ans avant Ville-Marie (Montréal). Identifiée longtemps comme la Vallée du ques dizaines de kilomètres seulement des Par deux fois, en 1651 et 1652, au pire mo­ Saint-Maurice, cette région ne reçut défi­ grands centres urbains de ces trois sous- ment de la guerre franco-iroquoise, le père nitivement l'éponyme Mauricie qu'au cours régions. Jacques Buteux, jésuite, remonta la fou­ de la décennie 1930, grâce à la pertinente Enfin, telle une véritable colonne ver­ gueuse rivière, se faisant à la fois explora­ et courageuse intervention de l'abbé Albert tébrale, voici que s'impose la plus grande teur tout autant que missionnaire et, mal­ Tessier. Si nous nous référons à l'époque des rivières du territoire, la rivière Saint- heureusement, y trouva la mort aux envi­ lointaine de la Nouvelle-France, l'actuelle Maurice. Après le Saguenay, puis l'Outa­ rons de l'actuelle ville de La Tuque. Jusque région 07 constitue la partie nord de l'an­ ouais, dont elle est la sœur jumelle par ses vers 1670, avant que la ville de Montréal lui cien gouvernement colonial de Trois-Riviè­ sources, notre importante rivière est l'af- ravisse la palme, le poste de Trois-Rivières res. Située au cœur même du Québec, à égale distance entre les pôles urbains de Québec et de Montréal, la Mauricie est limi­ tée à l'ouest par la région de Lanaudière (10), tandis qu'au nord elle pousse ses fron­ tières jusqu'à l'Abitibi (14) et le Lac-Saint- Jean (15); à l'est, elle voisine la région de Québec (04), alors qu'au sud, le fleuve Saint- Laurent la sépare de celle du Centre-du- Québec (20). Au sein des vingt régions administra­ tives du Québec, la Mauricie se distingue par un territoire aussi grand que la Belgique to­ talisant une superficie de 39 748 km2, mais Les Forges du Saint-Maurice. Lithographie tiré de The British Dominions in North habité seulement par environ 260 000 per­ America par Joseph Bouchette, 1832. (ANC) sonnes, soit 3,6 % de la population totale de Huent le plus important du fleuve Saint-Lau­ était, le printemps venu, le lieu du principal l'État québécois. Dans ce vaste territoire, rent. Elle naît à plus de 400 m au-dessus du rendez-vous annuel des fourrures pour les 2 30 000 km , soit plus de 75% de celui-ci, sont niveau du fleuve et, en direction nord-sud, grandes tribus amérindiennes, quoiqu'il pourvus d'une riche couverture forestière plus exactement NNO-SSE, en dépit «de demeurât longtemps un poste important de sillonnée de treize rivières importantes et nombreuses déviations et de coudes à an­ troc. Par exemple, au XIX" siècle, le trifluvien parsemée de pas moins de 3 500 lacs. Ajuste gle droit», la rivière roule résolument ses Aaron Hart était encore un gros commer­ droit, a-t-on pu saluer «la diversité éton­ eaux sauvages et tumultueuses sur un par­ çant de fourrures. Comme l'a écrit Raoul nante de ses paysages». Le territoire mau­ cours de 587 km, à partir de l'actuel bar­ Blanchard, le commerce des fourrures cons­ ricien, au sud, en Basse-Mauricie, fait par­ rage Gouin jusqu'à son embouchure dans titua ««ne sorte de prologue, un lever de tie prenante de la grande plaine du Saint- le delta trifluvien. Une bien singulière rivière rideau» qui précéda le développement éco­ Laurent. Avant même que le visiteur n'ait identifiée parfois comme un «fleuve», rece­ nomique de notre région. Toutefois, «an le­ atteint le Centre-de-la-Mauricie, il peut ob­ vant les plus beaux épithètes et encaissant ver de rideau qui [dura] deux siècles». Ce­ server les premiers vallons ou contreforts froidement les plus austères qualificatifs. Ne pendant, trois exceptions à ce constat : dans des Laurentides qui prennent graduellement l'a-t-on pas qualifée de «superbe», de cette pépinière de coureurs des bois, de de l'importance. La Haute-Mauricie, repo­ «fière», et de «déterminée», mais aussi de voyageurs et d'explorateurs, la construction sant en plein cœur des terres précambrien- «demi-barbare», de «maussade» et de des canots reliés particulièrement aux ex­ nes du Bouclier canadien, lui dévoile un «grimaçante». Son cours tumultueux, hé­ péditions de fourrures, l'aménagement du arrière-pays étonnant et mystérieux, que rissé de cascades, de rapides et de chutes, chemin du Roy et, surtout, de 1730 à 1883, décrivit avec tant de passion l'écrivain fran­ parfois plus propice aux portages qu'à la l'activité des Forges du Saint-Maurice, la çais Maurice Genevoix lors de son passage navigation, explique pourquoi, comme l'a première industrie sidérurgique du Ca­ au tout début de l'été 1939. Bref, en tout déjà souligné le géographe Raoul Blanchard, nada. temps, le citadin et le touriste peuvent goû­ «le développement rural de la Mauricie Les forêts immenses de la Mauricie, ter et jouir d'un «dépaysement total» à quel­ « '[ait] témoigné d'aucune précocité». son vaste réseau hydrographiques ordonné HISTOIRE QUEBEC NOVEMBRE 2004 PAfiE 15 autour de la rivière Saint-Maurice ont dé­ grouillante et mouvante où régnera bientôt Mauricie a particulièrement connu durant terminé avant même le début de la première Jean J. Crête, le roi de la Mauricie, une per­ cette période une activité remarquable. Il ne phase de la révolution industrielle (1867- sonnalité dynamique qui constituera un faut pas oublier qu'elle a été le berceau au 1896) «l'orientation de toute l'activité hu­ atout précieux pour la région, surtout lors­ Québec de l'hydroélectricité, des industries maine et du développement économique que une branche du chemin de fer Québec- de l'aluminium ainsi que des pâtes et pa­ régional ». En effet, à la suite de la région de Montréal, partant de Trois-Rivières, cons­ piers. Un triple titre enviable, n'est-ce pas! l'Outaouais, une grande partie de la truite en 1880, atteindra la tête de pont Claire-Andrée Fortin avait donc raison Mauricie, en 1852, connut un RÉVEIL évi­ qu'était alors Grandes-Piles. d'écrire qu'au cours du XX" siècle la dent. Trois-Rivières accédait à la tête d'un À l'aurore du XX" siècle, au tout dé­ Mauricie est devenue «un des principaux diocèse; la colonisation s'étendait de plus en but de la seconde phase de la révolution in­ agents du développement industriel qui s'est plus au Centre-de-la-Mauricie, de chaque dustrielle (1896-1929), s'ajoutait un nou­ produit au Québec». De société agricole, côté de la rivière; parallèlement aux Vieilles veau pan de l'activité industrielle mauri­ notre région, au cours de ces décennies, s'est Forges s'ouvraient les nouvelles Forges cienne, l'hydroélectricité. La fougueuse ri­ muée en société urbaine et industrielle. D'à Radnor; le gouvernement de l'Union injec­ vière, «harnaché[e], freiné[e] par des bar­ peine 15% urbaine qu'était sa population en tait enfin beaucoup d'argent afin d'aména­ rages» et, finalement domptée, va livrer à 1891, note encore l'historienne, à plus de ger la rivière Saint-Maurice pour la descente la région, puis à la province, son précieux 60% elle l'est aujourd'hui. du bois, multipliant les routes, les glissoires or blanc, grâce à l'ingénieuse compagnie Si, en 1921, comme le relate madame Fortin, «lepaysage mauricien [était] devenu le témoin vivant de ce progrès», combien le sera-t-il davantage après la Seconde Guerre mondiale, et jusqu'au début de la décennie 1970, alors que, malheureusement, s'était déjà amorcé un déclin progressif des indus­ tries traditionnelles, un affaissement dû à plusieurs facteurs. La région connaissait donc péniblement de Trois-Rivières à La Tuque et de Maskinongé à Sainte-Anne-de- la-Pérade «une mutation de sa structure économique». Même la vieille rivière Saint- Maurice connut «un changement de voca­ tion». Depuis plus d'un siècle et demi, elle avait été un agent de flottage du bois peu coûteux et de plus en plus efficace vers les La Shawinigan Water & Power. BNQ scieries comme vers les usines du territoire. Une date importante : 1996. À l'automne, la et les estacades; et, en outre, s'apprêtait à Shawinigan Water & Power. Une autre acti­ Compagnie de flottage du Saint-Maurice Li­ commencer des travaux de creusement du vité industrielle s'y ajoutait, l'industrie des mitée, en Haute-Mauricie, dans le canton chenal à la hauteur du lac Saint-Pierre.

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