GRATUIT Bilingue et interculturel English version at the back Le Chant’Ouest débarque à la fin septembre à Régina Page 7 Depuis 1999 Vol 16 No 26 | 13 au 27 septembre 2016 www.thelasource.com Une Latine au Canada par Charlotte Cavalié artir vivre au Canada était Pun rêve d’adolescente. Une quête de lointain, de grands espaces. Une vie simple, près d’un lac à l’orée d’une forêt. Un milieu naturel pour prendre racine, loin, très loin de mes terres natales : le Languedoc et le Sonora. Le sud de la France et le nord-ouest du Mexique. Deux bouts du monde que tout op- pose, en apparence. Car l’Es- pagne est bien là, ancrée. Au vaguesfil des siècles, migratoires dans lesont veines, semé dessur hybrides.les figures. Des Conquêtes « latins » auet « latinos », en une lettre, un sens nouveau. C’est en grandissant qu’on Photo de James Nicholson s’éloigne du sol. Et, paradoxa- lement, plus on s’en éloigne, plus on prend conscience de ses racines. Me voilà donc, Yoga : plus controversé qu’on le croirait Française et Mexicaine, dou- blement latine. par eduard lladó vila C’est lorsqu’une personne uti- les cheveux pour avoir une Le yoga n’échappe donc pas Les années passent, le songe lise de manière ostentatoire coiffure afro. En Amérique du aux critiques. canadien se transforme et mû- Peu d’activités jouissent au- des codes, pratiques ou objets Nord, cette notion fait d’au- rit. Vancouver, entre jungle Un détournement culturel jourd’hui d’une telle vénération. liés à une communauté ayant tant plus rage qu’elle fait écho urbaine et forêts millénaires, En raison de ses bienfaits pour historiquement subi des dis- au souvenir de l’oppression Le cas le plus récent alliant yoga semble être un bon compro- la santé et de sa valeur spiri- criminations que le concept subie par les populations abo- et appropriation culturelle a mis. En plus, la province est tuelle, le yoga est devenu un in- anglophone. Parfait ! Je vais contournable de la vie contem- poraine urbaine. À Vancouver, Beaucoup de gens voient le yoga comme une classe de gym anglais. toute une industrie autour du enfinDe toutepouvoir façon améliorer je n’aurais mon yoga s’est développée ces der- où améliorer la souplesse et gagner en équilibre corporel. pas le choix puisque tout est nières années. Cependant, cet James Nicholson, enseignant du yoga à refaire : trouver un appar- essor est-il compatible avec le “ tement, un travail, découvrir caractère sacré que cette pra- d’appropriation culturelle rigènes. D’où les soupçons éclaté en novembre dernier à la la ville, ses environs, rencon- tique a en Inde, son pays d’ori- émerge. Citons par exemple le d’appropriation qu’éveille, aux suite de la suspension d’un cours trer des gens, se lier d’amitié. gine ? Le yoga ne serait-il pas fait de s’habiller avec des vê- États-Unis et au Canada, l’adop- de yoga à l’Université d’Ottawa, Et puis, je n’ai pas spéciale- l’objet d’un phénomène d’ap- tements propres à des minori- tion de toute pratique cultu- en Ontario. Cette décision, adop- ment envie de fréquenter des propriation culturelle ? tés indigènes ou de se traiter relle provenant de l’étranger. Voir “Yoga” en page 8 Français ou des Mexicains au Canada. Comme dirait la chan- son « Ça ne vaut pas la peine Dans ce numéro de laisser ceux qu’on aime … » (merci Michel Rivard) pour l’étranger. La danseuse et finalementDu moins, calquer c’est cesa quevie jeà pensais en arrivant ici en oc- Circuler en bateau chorégraphe Tara pour visiter les villes : Cheyenne interroge je me suis mise à chercher une attraction la société moderne destobre repères, 2015. Assez mes rapidement, repères : produits alimentaires, fri- touristique populaire dans son spectacle Page 9 peries, librairies, cafés, gale- Page 10 ries, musées, architectures Voir “Verbatim” en page 2 2 La Source Vol 16 No 26 | 13 au 27 septembre 2016 Pourquoi l’université de la Colombie-Britannique Le grain de sel de Joseph Laquerre attire-t-elle les étudiants étrangers ? par teresa CheunG société du Grand Vancouver, très l’Équateur, a notamment appré- multiculturelle. Plus que jamais, cié le Jump Start consistant en Le mois de septembre marque elle est soucieuse du maintien de deux semaines d’orientation et le début d’une rentrée univer- son assise internationale et de d’adaptation avant le début des sitaire chargée et intense, par- l’intégration des nouveaux arri- cours : « Jump Start m’a été très ticulièrement pour l’universi- vants. En effet, elle accueille des utile pour rencontrer des amis et té de la Colombie-Britannique. m’intégrer au Canada ». Récemment classée par le différentes. Si la présence pré- Pour autant, Louis Gonick Shanghai Ranking Consultancy dominanteétudiants de des plus Asiatiques de 140 cultures parmi remarque une séparation comme étant la deuxième les étudiants étrangers est re- réelle entre étudiants locaux meilleure université du Cana- marquée, la proximité géogra- et étrangers. La majorité de da, elle est forte du nombre phique d’UBC avec l’Asie joue un ses amis sont originaires de de ses étudiants étrangers. rôle important sans pour autant pays étrangers. Comme men- Cette année, ils sont 14 382 être la raison principale dans le tionné précédemment, UBC contre quelque 46 000 Cana- choix universitaire par les étu- est un reflet de la société de diens, soit près d’un quart du diants étrangers. Sa renommée Vancouver, remarquable par total des étudiants inscrits. prestigieuse et sa philosophie sa facette multiculturelle. Ce- Pourquoi choisissent-il de de l’éducation en sont des mar- pendant, la distance entre les venir étudier à Vancouver et queurs déterminants. étudiants locaux et les étu- plus particulièrement à UBC ? diants étrangers est constatée Leurs enjeux sont-ils les L’importance de l’intégration malgré les efforts de l’univer- mêmes que pour les étudiants des étudiants étrangers sité pour encourager la mixité, venant du Canada ? Un écart très important des notamment grâce à sa semaine Suite “Verbatim” de la page 1 vent plus francs que les Cana- tarifs d’inscription aux pro- de bienvenue. C’est le cas des antérieures au XXe siècle. Des diens anglophones, les Français L’université de la Colombie- grammes est constaté pour les fraternités, très présentes - et les Mexicains auront plutôt Britannique, communément étudiants étrangers. Selon Spen- dans les universités nord- tantes dans les moments de so- tendance à se lier d’amitié as- appelée UBC, est constituée de figureslitude. familières, si réconfor deux campus dont le principal Sans oublier les petits plats à éviter totalement certaines est situé près du centre-ville traditionnels que l’on savoure sezpersonnes. rapidement ou, à l’inverse, de Vancouver et le deuxième à comme des madeleines de Au Canada, les codes de Kelowna. La majorité des étu- Proust. Les haricots noirs au comportement entre collè- diants sont inscrits au campus piment jalapeño, le mole et la gues, amis ou couples semblent de Vancouver, une sorte de ville salsa Valentina. Ses saveurs qui plus distants. Chaque rela- miniature avec tous les aména- me rappellent le Mexique et la tion prend un certain temps gements à l’intérieur. Sa proxi- cuisine ranchera de mes tantes. à se construire, il y a comme mité avec une nature riche offre Presque inconnues en France, des étapes à suivre. En France, des conditions d’apprentissage on les trouve dans tous les comme au Mexique tout va exceptionnelles et renforce sa coins de rue à Vancouver. beaucoup plus vite. renommée internationale. En Le Languedoc, quant à lui, C’est peut-être pour cette outre, UBC propose des cursus Schüngel Julian par Photo semble plus lointain. Il y a bien raison que je me suis plus ra- variés allant des sciences liées Campus de Vancouver. quelques restaurants et supé- pidement liée d’amitié avec américaines, qui s’avèrent peu rettes de type méditerranéen des francophones (Français, ouvertes à l’accueil de membres à Vancouver. Tenus par des Belges, Québécois) et des latino- non canadiens. Cela s’explique Italiens, des Libanais ou des américains qu’avec des Cana- par le fait que ces derniers n’ont Turcs, leurs spécialités sont diens anglophones. Mais petit pas les relations sociales né- à petit, des relations se tissent. cessaires pour se faire inviter comparables avec celles de ma Patience ! dans ces groupes. En revanche, délicieusesrégion natale. mais difficilement Lorsqu’on part vivre à ils choisissent souvent d’inté- Par contre, Vancouver a un l’étranger, lorsqu’on se déra- grer à la place des associations atout non négligeable pour les cine, il y a toujours un temps ou des groupes à l’orientation Français et les Mexicains. La d’attente pour s’acclimater. internationale. profusion de marchés, de trai- Trouver ses repères tout en Cette absence de mixité est teurs et de restaurants de très - bonne qualité. Aussi, de nom- tions, telles des arborescences. instructeurs. Selon Spencer breux événements culinaires créantLe fait de d’avoirnouvelles une ramifica double Gee,également UBC estconstatée connue chez comme les sont organisés tout au long culture dès la naissance n’est étant « les Nations-Unies de la culture de Vancouver » où les étudiants aux origines variées cohabitent ensemble, mais où subsiste la mentalité de forma- tion et d’appartenance à des Photo par Curtis Jones groupes distincts. La culture de Les nouveaux étudiants sont orientés dès la rentrée universitaire. groupe prime alors sur la forma- à la forêt, de la médecine en pas- cer Gee, instructeur à UBC, les tion d’une identité universitaire sant par les humanités. tarifs d’inscription sont parmi unique.
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