No193194 - FEVRIER-MARS 1982 - 20 F o x • La France de François Mitterrand • Régionalisation et industrialisation • Presse et Politique • Les grèves: traditions et novations • Vieillir vers l'an 2000 • Quelle politique des finances publiques? • Napoléon imaginaire • Pologne: sentinelle de l'Europe François FEJTO - Emile ARRIGHI DE CASANOVA - Bernard VOYENNE - Gérard ADAM - Charles DELAMARE - Edmond ALPHANDERY - Jean BOISSONNAT - D.A. KERGAL - Philippe SÉNART - Yvan CHRIST - Henri BOURBON - Etienne BORNE Jean CHELINI - Alain POHER DOSSIERS ET ETUDES LA FRANCE DE FRANÇOIS MITTERRAND PAR FRANÇOIS FEJTO ............................... p. 2 PRESSE ET POLITIQUE: DES RAPPORTS AMBIGUS FRANCE PAR BERNARD VOVENNE ........................... p.l0 LAMENAGEMENT INDUSTRIEL Du TERRITOIRE ET LA REGIONALISATION PAR EMILE ARRIOHI DE CASANOVA ................ p. 13 VIEILLIR VERS L'AN 2000 FORUM PAR CHARLES DELAMARE .......................... p. 19 HISTOIRE DES GREVES: TRADITIONS ET NOVATIONS PAR GERARD ADAM ................................ p. 22 COMITÉ DE DIRECTION LES FINANCES PUBLIQUES A UN TOURNANT? Etlenne Borne, Henri Bourbon PAR EDMOND ALPHANDERV ........................ p. 26 6, rue Paul-Louis Courier - 75007 Paris LE POINT DE VUE DE JEAN BOISSONNAT ............... p. 33 C.C.P. Paris 14.788-84 - Tél. 544.75.50 LE MESSAGE DEDUARDO FREI Abonnement annuel ......................80 F PAR ALAIN POHER .................................. p. 40 Abonnement de soulien ..................100 F L'OPPOSITION POUR QUOI FAIRE? PAR ETIENNE BORNE ............................... p. 41 BONAPARTE EN BRUMAIRE OU LE NAPOLEON IMAGINAIRE PAR DOMINIQUE-ANDRE KERGAL .................. p. 44 ARTS LA VIE LITTERAIRE PAR PHILIPPE SENART .............................. p. 61 DU PASSEISME A L'ARCHAISME PAR VVAN CHRIST .................................. p. 67 RAGTIME - MEPHISTO PAR HENRI BOURBON ............................... p. 70 Somma ire NOTES DE LECTURE ENOUETE SUR LES IDEES CONTEMPORAINES DE JEAN-MARIE DOMENACH 193 — 194 PAR HUGUES BOUSIGES ............................ p. 73 LE SEL DE LA TERRE D'ALFRED GROSSER PAR HENRI BOURBON .............................. p. 75 LA VIE POLITIQUE bANS LA HAUTE-LOIRE DE 1815 A 1974 D'AUGUSTE RIVET PAR CLAUDE LANGLOIS ............................ p. 75 LE GAULLISME EN QUESTION? DE JEAN TEITGEN PAR JEAN-DOMINIQUE DURAND .................... p. 76 LA PENSEE D'HANNAH ARENDT PAR JOSEPH MACE-SCARON ....................... p. 78 LA PRODIGIEUSE AVENTURE DES PLANTES DE JEAN-MARIE PELT ET JEAN-PIERRE CUNY .......... p. 79 L'HISTOIRE CULTURELLE PAR JEAN CHELINI .................................. p. 60 1956, BUDAPEST, L'INSURRECTION DE FRANÇOIS FEJTO PAR ALBERT KALAYDJIAN ........... .............. p. 81 LES GENS, LES US, ET LES COUTUMES PAR JEAN CHELINI .................................. p. 83 PROPOS DU TEMPS Février - Mars 1982 LA SENTINELLE DE L'EUROPE 20F PAR ETIENNE BORNE ...............................p. 86 LA FRANCE JI FRANÇOIS MITTERRAND par François FEJTO L'article ci-après de notre collaborateur François Fejtd a paru en Octobre dernier dans la revue britannique "Encounter" et la revue allemande "Der Monat". L'auteur apour "France Forum', actualisé son étude à la mi-décembre 1981. Depuis cette date la vie a évidemment continué, des événements d'importance inégale se sont déroulés, parmi lesquels nous citerons: la poursuite de la politique du changement, la conférence de presse et l'interview télévisés du Président de k République, le débat sur l'éventualité d'une "pause" dans le rythme des re7ormes, le succès de l'opposition unie au législatives partielles de janvier 1982, la mise en place des nationalisations, la crise polonaise et le renforcement du pouvoir communiste par le Général Jaruzelski. Mais l'analyse de François Fejtô qui n'est pas simplement circonstancielle conserve son intérêt et sa pertinence. U fond, la victoire de François Mitterrand Ni sous la Troisième, ni sous la Quatrième, ni sous la aux élections présidentielles n'a pas été Cinquième République. "Nous en sommes, nous- une réelle surprise. Déjà en 1974 le candidat mêmes, fort loin". Or, en démocratie, ajouta-t-il, on A de la gauche faillit l'emporter sur Valéry gouverne avec une majorité et on n'obtient cette majortié Giscard d'Estaing. Il ne lui manquait pour cela que que par alliance. Les seules exceptions en Europe démo- quelques centaines de milliers dè voix (I). La vraie, la cratique sont l'Autriche et depuis peu, la Grande- grande surprise, non seulement pour l'étranger, mais Bretagne avec le parti de Mmc Thatcher. Aussi François aussi pour les Français, a été la victoire éclatante du P.S. Mitterrand refusait-il d'écouter en 1977-1978, après la aux élections législatives en juin 81. Personne n'avait rupture par les communistes de l'Union de la gauche, les prévu que le P.S. pourrait prendre une telle distance par voix qui lui suggéraient d'adopter une "ligne auto- rapport au P.C. et qu'il pourrait avoir à lui seul la nome ". Les socialistes, m'expliquait alors un vétéran de majorité absolue (2). Dans son livre publié à la veille des la SF10., l'ancien ministre Albert Gazier rallié à Mit- élections "Ici et maintenant", comprenant une série de terrand, n'ont d'autre alternative qu'ou bien gouverner conversations avec le journaliste Guy Claisse au cours de avec les communistes, ou bien gouverner avec la droite. l'été 1980 et où il s'est donné déjà comme vainqueur, Les expériences de centre-gauche, de troisième force, François Mitterrand justifiait son alliance avec les com- "l'adultère avec la droite" de l'après guerre, ne leur ont munistes par le fait qu'aucunparti politiquè "stricto- pas porté chance. sensu" n'a jamais obtenu en France la majorité absolue. LIS FACTEURS CONJONCTURELS âpreté celles de l'opposition, alors que la raison politique DE LA MONTÉE DU P.S. aurait commandé le renforcement de l'unité de la majo- rité. Beaucoup de chiraquiens ont laissé entendre qu'en Ainsi, la majorité absolue paraissait une chimère. Elle cas d'élimination de leur candidat au premier tour des st aujourd'hui une réalité. Pourquoi? Qu'est-ce qui a présidentielles, leurs voix iraient au second tour de préfé- )oussé dans le camp socialiste près de deux millions de rence à Mitterrand. Ce qui est arrivé, en réalité. Certains nouveaux électeurs venant en partie de l'extrême gauche, d'entre eux préconisaient la stratégie du pire: il conve- n partie du centre et de la droite? La première explica- nait de hâter la conquête du pouvoir par la gauche, afin ion qui vient à l'esprit est d'ordre économique. A que devant la catastrophe économique que celle-ci ne Dttawa, le 20juillet, François Mitterrand aexpliquéau manquerait pas de provoquer en quelques mois, Jacques Président Reagan: "si une très large majorité de Fran- Chirac puisse reparaitre sur la scène comme l'ultime ;ais s'étaient prononcés en ma faveur, c'était, pour une recours, un De Gaulle Il. Il s'agit de propos tenus par des sonne part parce qu'en France, le seuil de tolérance en militants partiaux; Jacques Chirac ne les a jamais cau- tatière de chômage fut pratiquement atteint" (3). Au tionnés à ma connaissance. En fait, beaucoup de gaul- ;ours des derniers mois du règne de Giscard-Barre, on listes et de conservateurs n'ont pas pardonné à Valéry ;'approchait dangereusement du chiffre de deux mil- Giscard d'Estaing d'avoir voulu les écarter de la vie lions. C'était trop pour la France, cela fournissait à politique - ou réduire leur importance - pour ouvrir la l'opposition un des meilleurs arguments de propagande voie à un centre-gauche. Ils ont réussi à casser la majori- :ontre l'ancien régime libéral qui légitimait son pouvoir té et ainsi largement contribué à la victoire des socia- n tout premier lieu par son efficacité économique, sa listes. capacité de maitriser la crise et d'éviter à la France la maladie anglaise. Il ne suffisait pas de montrer que comme l'histoire sans doute le reconnaîtra- 4' le septen- De l'analyse précise des scrutins présidentiel et législa- nat écoulé eut l'intelligence des nécessités rationnelles du tifs, des transferts de voix, des proportions d'absten- siècle finissant" (4) et, que tout compte fait et comparé à tions, François Goguel a pu conclure dans un article celui d'autres pays européens, le bilan de Giscard était publié par Le Monde (Il novembre 1981) qu'en fait onorabte. Plus de 500 000 jeunes chômeurs, dont l'électorat qui a permis le succès de la nouvelle majorité a beaucoup d'intellectuels, étaient une tache noire d'autant sans doute conféré aux partis de gauche la faculté de plus facile â exploiter contre le régime que le plan de lutte transformer profondément les structures de la société et contre le chômage, présenté par Mitterrand le 10 septem- de l'économie françaises, mais ne leur en a pas expressé- bre 1978, en Lorraine, proposait une solution rapide, ment donné le mandat. quasi miraculeuse de ce douloureux problème que l'on promettait de surmonter sans craindre une inflation plus Les communistes, de leur côté, ont contribué à la forte et un déséquilibre aggravé du commerce extérieur! victoire du P.S. par la stratégie insensée d'après 1977 qui (5). s'est retournée contre eux. Selon Mitterrand, les origines de cette stratégie, visant â réduire l'importance du Parti Le chômage a été donc un des facteurs qui ont sérieu- Socialiste, remontent â l'automne 1974. A peine deux ;ement influé sur les élections présidentielles, puis légis- ans après la signature du Programme commun, les com- [atives, ne serait-ce que parce qu'il a amené au P.S. la munistes se sont aperçus que contrairement à leurs rTtajorité des voix des jeunes de I Sans et plus. Maisje ne prévisions - ce seraient surtout les socialistes qui profi- Dense pas qu'il fut, parmi les causes immédiates, teraient de l'alliance (6). Par la suite, ils ont été de plus en :onjoncturelles, le facteur le plus décisif. François Mit- plus déçus de perdre le leadership de la gauche. Ils :errand doit une grande partie de son succès à ce que avaient rêvé, en effet, comme François Mitterrand le dit J'aucuns ont appellé la "trahison de Jacques Chirac", dans son livre, "L'abeille et l'architecte" à une situation tinsi qu'au déclin spectaculaire et inattendu du Parti italienne: Parti Communiste fort, à 40%, Parti Socia- :ommuniste.
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