MÉMOIRE DES DÉLIBÉRATIONS DU CONSEIL EXÉCUTIF SÉANCE DU let FÉVRIER 1995 A 10 H 00 SOUS LA PRÉSIDENCE DU PREMIER MINISTRE ET MINISTRE DE LA CULTURE ET DES COMMUNICATIONS MONSIEUR JACQUES PARIZEAU Membres du Conseil exécutif présents: Monsieur Jacques Parizeau, Premier ministre et ministre de la Culture et des Communications Madame Louise Beaudoin, Ministre déléguée aux Affaites intergouvernemental es canadiennes Monsieur Paul Bégin, Ministre de la Justice et ministre responsable de l’application des lois professi onnelles Madame Jeanne Blackburn, Ministre de la Sécurité du revenu et ministre responsable de la Condition féminine Monsieur Jacques Brassard, Ministre de l’Environnement et de la Faune Monsieur Jean Campeau, Ministre des Finances et ministre du Revenu Monsieur Guy Chevrette, Ministre d’tat au Développement des régions, ministre des Affaires municipales, Leader parlementaire du gouvernement et ministre responsable de la réforme électorale Madame Rita Dionne-Marsolais, Ministre déléguée au Tourisme, ministre responsable de la Régie des installa tions olympiques Monsieur Jean Garon, Ministre de l’ducation Monsieur François Gendron, Ministre des Ressources naturelles Madame Louise Harel, Ministre d’tat à la Concertation et ministre de l’Emploi Monsieur Jean-Pierre Jolivet, Whip en chef du gouvernement Monsieur Marcel Landry, Ministre de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation Monsieur Richard Le Hit, Ministre délégué à la Restructuration Monsieur Jacques Léonard, Ministre des Transports Madame Pauline Matois, Ministre déléguée à l’Administration et à la Fonction publique, présidente du Conseil du trésor et ministre responsable de la Famille Monsieur Serge Ménard, Ministre de la Sécurité publique Monsieur Daniel Paillé, Ministre de l’Industrie, du Commerce, de la Science et de la Technologie Monsieur Jean Rochon, Ministre de la Santé et des Services soci aux Certains renseignements ont été caviardés dans ce document, et ce, en vertu des dispositions de la Loi sur l’accès aux documents des organismes publics et sur la protection des renseignements personnels (RLRQ, chapitre A-2.1). Les articles pertinents apparaissent aux endroits concernés. MÉMOIRE DES DÉLIBÉRATIONS LE 1%?ÉVRWR 1995 LA REVUE DE LA SITUATION POLITIQUE Le premier ministre indique à ses collègues qu’il a pris connaissance du compte rendu des délibérations de la séance du Conseil des ministres de la semaine dernière. Beaucoup des éléments qui ont été évoqués quant au fonctionnement du gouvernement sont pertinents. Il est bon de faire le point sur cette question après quelques mois au pouvoir. Plusieurs ministres ont eu raison de souligner que le Comité des priorités monopolise bien des choses et ce, étant donné l’abolition des différents comités ministériels permanents. Cependant, le Comité des priorités peut aussi inviter des ministres à discuter des dossiers litigieux entre eux. Par ailleurs, il est devenu évident que la lune de miel du gouvernement est terminée. Les médias ont commencé à marteler certains incidents de parcours. Il est possible de se ressaisir devant l’opinion, mais notre prudence s’est relâchée dans les relations que nous avons entre nous et cela est déplorable à l’approche du référendum. Il faut se rappeler que la fièvre monte et que n’importe quel incident peut prendre des dimensions gigantesques. Il faut donc que nous soyons prudents dans nos déclarations et dans nos humeurs les uns par rapport aux autres. Il indique qu’il a reçu des lettres évoquant la nécessité de faire une place plus grande aux femmes au sein de la Commission nationale en vue du référendum et mentionnant également que le mémoire portant sur la perception des pensions alimentaires doit être examiné cette semaine au Conseil des ministres. Il est inouï que des gens de l’extérieur aient eu vent de nos discussions internes. Il faut donc être prudents dans nos rapports avec la presse, avec notre entourage et entre nous. Il doit exister un minimum de solidarité entre nous, même avant qu’une décision soit prise par le Conseil des ministres. Même si toute notre action doit être menée dans le contexte du référendum, il nous faut résoudre les problèmes de la société le plus rapidement possible. Madame Blackburn répond qu’elle n’a que fait ressortir l’importance du vote des femmes au référendum. Elle ajoute qu’elle n’a jamais discuté de cela avec madame David. Elle souligne qu’elle est toujours loyale et discrète. Cependant, beaucoup de fonctionnaires ne souhaitent pas l’adoption de cette loi et se prononcent sur les fondements du projet. La fuite vient peut-être des fonctionnaires. De plus, quatre députés ont collaboré à l’élaboration de ce projet. D’ailleurs, il est bon de signaler que certains députés se croient encore dans l’opposition. Le premier ministre lui répond que ce n’est pas l’incident qui est en cause, mais ce qu’il représente. Le dossier de la perception des pensions alimentaires est un dossier délicat qu’on tente de mettre au point de la meilleure façon. Il ne sait pas d’où viennent les rumeurs. Cependant, il faut être solidaires puisqu’à l’approche du référendum, la population portera un jugement sur la performance du gouvernement. Madame Dionne-Marsolais indique qu’elle remercie le premier ministre de la libérer du ministère de la Culture et des Communications, puisqu’elle ne parlait pas le même langage que les gens de ce milieu. Les événements récents à cet égard ont été orchestrés par l’Opposition afin de conserver un contrôle marqué sur ce milieu. Une telle chose peut se produire dans d’autres domaines. Il faut tirer une leçon de cet incident et considérer l’avenir plutôt que le passé. Le débat qui entourera l’adoption de la Loi sur la perception des pensions alimentaires sera agité, car la moitié de la population est composée d’hommes. Il faut nous servir de cette expérience pour consolider les relations que nous avons entre membres du Conseil des ministres. Le premier ministre reconnaît que ce risque existe et que la prochaine cible pourrait être le secteur de la santé et des services sociaux. Dès que des perturbations surviendront, il nous faudra réagir ensemble de façon solidaire. Pour monsieur Ménard, le gouvernement doit maîtriser le déficit, ce qui l’amènera à prendre des décisions difficiles qui affecteront souvent les régions. De telles décisions ne peuvent qu’affecter les services à la population. Il faudra nous concerter afin d’annoncer 2 de bonnes nouvelles en même temps que ces décisions difficiles. Il faudra aussi tenter de démontrer que les services ne seront pas affectés et que des emplois pourront être créés. Il faut trouver le moyen de faire cela en collaboration avec les délégués régionaux. II nous faut démontrer à la population que le gouvernement met sur pied des projets dans le but de créer des emplois structurants qui auront de meilleurs résultats dans le développement des régions. Le premier ministre indique qu’il retient cette suggestion et que la “salle des projets” pourrait être cet outil de concertation. Madame Marois signale qu’on aura bientôt une discussion au Conseil des ministres sur les réductions budgétaires qui affectent la population et les régions, et ce sera alors le moment de faire cet exercice. Le premier ministre indique que cette discussion aura lieu lorsque la Revue des programmes sera terminée. Par ailleurs, il faut se rappeler que le gouvernement se retrouve dans la plus mauvaise période de l’année en termes médiatiques. Pour monsieur Le Hir, il existe en ce moment un exercice concerté de déstabilisation du gouvernement et nous ne réagissons qu’au jour le jour. Il faut analyser ce phénomène en profondeur. La concertation semble présente de façon plus évidente dans certains médias. L’arrivée du réseau RDI de Radio-Canada a un effet d’amplification sur ce plan. Cette société d’État se comporte de façon partisane. II faut démonter cette machine qui tente de déstabiliser le gouvernement. Il ajoute qu’il a été surpris de constater que la lune de miel du gouvernement se soit estompée si rapidement. Quelqu’un lui a fait un commentaire à cet égard. Dans le premier mois du nouveau gouvernement, les médias percevaient que nous agissions dans l’intérêt commun. Ils croient maintenant que notre agenda partisan a pris le dessus et ce, depuis la publication de l’avant-projet de loi sur la souveraineté du Québec. C’est pourquoi un agenda de projets démontrant que nous sommes un bon gouvernement est nécessaire. Monsieur Chevrette croit qu’il faut également déterminer comment contrer ce phénomène. Il faut tout d’abord solidariser le Conseil des ministres et les députés ministériels. Ceux-ci n’acceptent pas que certains ministres s’interrogent sur le bien-fondé du projet de loi concernant la perception automatique des pensions alimentaires. De plus, les députés sont très perméables aux lobbys. Il faut mettre sur pied un groupe qui réfléchit à cette question et qui prépare une contre-attaque. Il faut annoncer des projets simultanément. Par ailleurs, beaucoup de ministres sont trop crédules vis-à-vis leur appareil administratif. De plus, il n’est pas certain que tous les ministres abordent les questions des régions de la même façon. Nos députés sont inquiets de l’attitude de certains ministres. Les ministères à réseaux ont beaucoup de difficultés à répondre aux demandes des députés. Nous avons suscité des espoirs et nous devons maintenant faire face à la pression qu’ils ont engendrée. Mais il faut d’abord être solidaires. Pour monsieur Garon, le gouvernement fédéral dispose certainement d’un pion dans chaque média. Il existe une machine organisée qui lutte contre notre gouvernement, qui a sa stratégie et qui connaît nos intentions. Il considère que l’affaire Dionne-Marsolais a été montée de toutes pièces. Il faut nous organiser pour lutter contre ce phénomène.
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