Atlas pratiquE des pAysAgEs D’AuvergnE / fichE ensemblE de paysage Les montagnes boisées 2 hAUT-lIvRADOIS 02 « C’est un enchantement qu’une 1. SITUATION la Dolore / 2.02 E Haute vallée de la Dore / 2.02 promenade sans guide à travers ces F Vallée de la Dorette / 2.02 G Cotes du Livra- Le Haut-Livradois, situé dans le département dois / 2.02 H Bassin de Saint Amant-Roche-Sa- sapins aux dimensions prodigieuses du Puy-de-Dôme et à l’extrémité septentrionale vine. dont les fortes ramures se dressent du département de la Haute-Loire, fait partie ainsi que des bras tendus pour de la région du Livradois-Forez à l’identité géo- interdire le passage. Les pas enfoncent graphique forte. Il est composé de vastes pla- 2. GRANDES COMPOSANTES teaux et de hauts sommets qui dominent, sur DES PAYSAGES dans la mousse épaisse, on aspire à son versant occidental, la plaine du Livradois pleins poumons devant les merveilleux (7.02) . Il fait face aux monts du Forez (1.10), 2.1 forêts et forêts... coloris peints comme à la gouache situés plus à l’est, de l’autre côté de la vallée sur la capuche d’un champignon, on de la Dore (9.08). Les paysages du Haut-Livra- Sur ces plateaux granitiques d’altitude (1000 dois s’apparentent à ceux des autres plateaux mètres en moyenne), l’agriculture n’est pas à découvre une merveille architecturale granitiques de l’Auvergne : horizons vallonnés, son aise, contrairement aux forêts de hautes dans l’entrelacement délicat des maisons de granite, petites parcelles de culture, futaies. L’épais manteau forestier est omnipré- branches, on se perd dans un fourré prairies humides, sapinières et pinèdes... mais sent sur le Haut-Livradois. C’est le caractère où la lumière se fait confuse pour ils s’en distinguent par une grande dominante premier de ce grand paysage. Les ambiances forestière et une organisation des lieux de vie forestières y sont remarquables. Les taux de déboucher bientôt dans une clairière en clairières agricoles. Seuls quelques fonds de boisement atteignent des valeurs que cer- aux perspectives infinies... » vallées plus ou moins larges demeurent plus tains considèrent comme « maximum vital » Georges et Pierre PAUL, Le Pays de Velay et ouverts, pâturés ou cultivés. avec une moyenne de 60 % sur le canton de Le Brivadois, édition U.S.H.A, Aurillac, 1930 La Chaise-Dieu. C’est tout autour de la com- Cet ensemble appartient à la famille de pay- mune de La Chaise-Dieu, sur cette forme de sages : 2. Les montagnes boisées croissant ou de «fer à cheval», que s’établis- sent des records de taux de boisement (74 % à Les unités de paysages qui composent cet en- La Chapelle-Geneste, 75 % à Berbezit…). semble : 2.02 A Plateau de la Chaise-Dieu / 2.02 Deux grandes formes forestières sont l’expres- B Plateau de Saint Germain-l’Herm / 2.02 C Pla- sion de deux modes très différents de relation teau de Mons et de Virennes / 2.02 D Vallée de de l’homme au milieu : DREAL AuvergnE www.paysages.auvergne.gouv.fr Février 2015 page 2 / LEs montAgnEs boiséEs / Haut-Livradois 2.02 d’intermédiaires, où des futaies régulières ou irrégulières peuvent tout à fait présenter un mélange d’essence, un sous-étage et une lumi- nosité suffisante pour permettre l’expression d’une strate herbacée diversifiée. 2.5 diversité mycologiqUe et cUeillette des champignons L’une des richesses écologiques de ces bois est d’ordre mycologique. La cueillette privée et la revente aux usines de Saint-Alyre-d’Arlanc sont des pratiques communes. Les pratiques de cueillette sont devenues rares dans le courant du 20e siècle. Aujourd’hui réglementées, elles subsistent encore sous des formes isolées sur les plateaux forestiers d’altitude auvergnats où elles ont été durant longtemps l’une des res- sources majeures, particularité de ces territoires (Haut-Livradois, Margeride...). Ambiance brumeuse sur une lisière du Haut-Livradois 2.6 Une hypothèse poUr expliqUer le taUx de boisements élevé dU haUt- • les futaies de hêtres et de sapins, grands boi- dans les secteurs les plus élevés mais aussi de livradois sements dits « historiques » ; nombreuses plantations d’épicéas et de sapins • les futaies régulières monospécifiques de douglas (plus bas en altitude) traitées en fu- Une hypothèse pour expliquer le taux très résineux. taies régulières très serrées (densité initiale élevé de boisements des plateaux granitiques 2500 pieds/ha) et peu éclaircies. Le pin syl- du Haut-Livradois serait le départ des enfants 2.2 les grands boisements « histo- vestre est présent dans les secteurs plus secs, d’agriculteurs du Livradois vers les pôles in- riqUes » notamment dans les versants sud des petites dustriels d’Issoire, Saint-Étienne, Thiers et Cler- vallées. mont-Ferrand. Les boisements historiques (Bois grand, Bois Il existait par ailleurs une « culture » du bois très noirs, Taillades, forêt de Lamandie...) marquent 2.4 physionomie des forêts et am- marquée sur ce territoire pauvre où les hommes de leurs futaies de hêtres et de sapins les som- biances partaient l’hiver pour travailler dans les grandes mets de ce plateau granitique. Ils sont à l’image forêts de l’est de la France (et notamment dans de l’idée que l’on se fait d’une forêt « naturelle », La physionomie de ces peuplements dépend la Meuse). Ils revenaient au printemps et en été en opposition à une forêt plantée d’exploita- du rapport entre feuillus et résineux et de leur pour travailler dans leurs petites exploitations tion. Ces forêts sont gérées en futaie jardinée, répartition au sein du peuplement (aléatoire, (semis, récolte des fourrages...). Cette « culture très rare en Auvergne : essences diversifiées organisée, soulignant les vallées...). Elle dépend du bois » a favorisé le développement des plan- de feuillus et résineux, arbres d’âges différents. aussi du dessin du parcellaire. tations sur ce massif pendant l’exode rural. Le sous-bois présente des strates de végéta- Les ambiances paysagères au sein de ces mas- tion arbustive et herbacée. Les clairières sont sifs dépendent en particulier de la nature des 2.7 le jeU historiqUe de l’homme et de nombreuses. L’exploitation est sélective pour peuplements. Par exemple, de nombreux sec- la forêt : les «clairières habitées» favoriser le développement de tel ou tel sujet, teurs forestiers monospécifiques plantés trop souvent par coupe manuelle. Les milieux sont serrés et ne bénéficiant d’aucun entretien sont Les clairières habitées sont un motif paysager d’une grande richesse, notamment avec la pré- impénétrables et se transforment en no man’s et écologique du Haut-Livradois. C’est la forme sence de zones humides de pentes. Ces boise- land (pas de lumière, très peu de vie végétale qu’a pris au fil du temps l’occupation humaine ments ont un caractère «magique». et animale en dehors des résineux plantés). Au sur ce territoire où la forêt regagne régulière- contraire, d’autres secteurs plus diversifiés for- ment de l’espace. Les clairières habitées sont 2.3 les massifs forestiers dU « sapin ment des paysages forestiers grandioses avec souvent nées de l’implantation des sites ca- roi » et aUtres résineUx des arbres immenses, majestueux, des am- sadéens (prieurés ou abbayes rattachées à la biances de sous-bois montagnards tapissés de Chaise-Dieu) qui ont, pendant des siècles, dé- Les conditions écologiques favorisent l’im- myrtilles, et de champignons. Entre ces deux friché, exploité et rendu habitable cet univers plantation et le développement du sapin modèles de sylviculture domine une multitude austère et clos. Si les plus importantes sont Atlas pratiquE des pAysAgEs D’AuvergnE / FichE EnsEmble de pAysAgE / page 3 celles de la Chaise-Dieu, de Saint-Germain- rôle particulier, elle paraît plus petite, fermée ; ter des prairies temporaires. D’un point de vue l’Herm, de Fournols, le Haut-Livradois est par- une clairière située en rebord de plateau offre paysager, on a donc vu disparaître les champs semé de clairières beaucoup plus petites, ha- une vue lointaine sur d’autres paysages, une de céréales au profit de prairies artificielles. bitées et composées de hameaux et de fermes clairière de bassin met en valeur le paysage de La mise en place des quotas laitiers (1984) a agricoles. Associées aux constructions d’étangs vallée, les bords de la rivière. constitué un frein au développement de l’éle- et à la maîtrise de l’eau, le système des clairières 3. La présence d’une route, d’un village, d’un vage laitier et beaucoup de petits exploitants cernées de forêts que l’on rencontre en Haut- site : ces différents événements renforcent la que l’industrie laitière ne souhaitait plus collec- Livradois est la résultante paysagère d’un clairière dans son rôle d’espace habité et lui ter à cause des coûts de déplacement (en par- monde organisé «en réseau» né au 11e siècle donnent une grande valeur. ticulier des doubles actifs) continuent d’entre- sur le plateau de La Chaise-Dieu et aujourd’hui tenir leurs parcelles avec des petits troupeaux révolu : le monde casadéen. 2.8 gagner et regagner dU terrain allaitants. La part de ces acteurs du territoire sUr la forêt : périodicité dU niveaU dans le maintien de l’ouverture des clairières est La diversité des clairières est liée à trois critères d’occUpation forestier loin d’être négligeable. fondamentaux : La période actuelle est une période d’occupa- 1. Leur taille : elle varie entre des ensembles Les plateaux d’altitude du Haut-Livradois ont tion maximale de la forêt sur l’espace ouvert. d’une ou deux parcelles (à peine un hectare) été jadis très fortement peuplés. Les périodes Les terrains forestiers naturels ou plantés se à des centaines d’hectares pour la clairière de de fort peuplement (première moitié du 19e voient parfois jusqu’aux portes des hameaux La Chaise-Dieu.
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