(If LA VIE ET LES OUVRAGES DE WILLIAi CAXrON, PREMIER IMPRIMEUR ANGLMS. Ex-trait de la REVUE BMTAJnIIQI,E. Mari 184. lh"terniiner (lune manière précise lé1)Û(1t1e Où limprimerie fut éial)lie chez, les diirétentes nations de lEurope; indiquer avec certitude chez laquelle de ces nations il faut chercher linventeur de cet art qui u exercé une si grande intinence sur notre civilisation moderne, ce sont là deux points de lhis- toire littéraire encore en litige aujourdhui, et qui donnent lieu à des discussions toujours renaissantes. Sans adopter, dès le principe, une opinion exclusive, si lon commençait par fixer daprès des documents authen ti- ques la date où chacune des grandes nations de lEurope 3 connu et pratiqué limprimerie, lon éclaircirait , si lon ne résolvait pas entièrement, cette double question. Quant à la part qui revient à lAngleterre, il suffit (le faire c.onnattre la vie de lhomme qui n imprimé le premier livre dans ce pays, et qui fut non-seulement un habile typographe, mais encore un auteur des plus féconds. Cette vie, qui ne laisse pas que de présenter beaucoup dintérét, se compose de deux parties bien distinctes que nous avons traitées séparément lhistoire de lhomme, Com- prenant dabord tous les faits qui le concernent et que le I - -- - - LTEQJE;) Document il il il il il Ili 1111 Ili II ID il 0000005541706 -2-- temps a laissé parvenir jusquà nous, ensuite lhistoire des ouvrages dont il est lauteur ou limprimeur. Nous avons dû commencer par lhistoire (le lhomme, quune particularité rend plus curieuse encore, cest que beaucoup de faits nous ont été transmis par Caxton, dans les prologues ou les obser- vations quil a placées en tête de ses ouvrages. William Caxto-n naquit vers VÎ12 dans la partie boisée du comté de Kent. On ne connaît sur son enfance quun détail donné par lui-même cest que , malgré les troubles politi- ques de celte époque, ses parents ne négligèrent pas de lui procurer linstruction en usage é cette époque. Mais il ajoute « que ce fut malheureusement dans un (les lieux les plus rudes et les plus grossiers (le lAngleterre. » On suppose avec rai- son que Caxton, bieii jeune encore, vint â Londres terminer Son éducation ; ce quil y a de certain, cest quen parlant (le cette ville, il la nomme « sa mère, dont il a reçu la nourri- ture et la vie. )) Environ dans sa dix-huitième année, Caxton fut placé comme apprenti chez un mercier de la Cité, appelé Robert Large, dont le commerce devait avoir une grande impor- tance, puisque, peu dannées après lentrée de William dans cette maison, le chef fut nommé successivement shérif et lord-maire. Une circonstance particulière prouve que la con- duite de Caxton dans cette première partie de sa vie fut ho-- norable et digne déloges cest que Robert Large, qui mourut en I1I41, lui laissa dans son testament une somme ac 20 marcs dargent. Après la mort (le son maître, William Caxton continua le genre de commerce auquel il sétait livré avec succès, et y acquit une grande considération. Choisi par la compagnie des merciers pour être son facteur en hollande, en Zélande et dans les Pas-Bas , il sacquitta de cette fonction avec la DruflenCo , lactivité intelligente qui paraissent lavoir distin- gué toute sa vie. u qui uzèiue s4-le, l tat (le mercier ne se hoînat pas Se1il(men fil 4fl)ffle!CC (l(S fll;lrchafl(lises diverses qui font -3— aujourdhui lobjet de cette profession; il comprenait encore tous les articles dameublement, de luxe, de parure, et même le commerce des manuscrits (t). Il ne faut donc pas être sur- pris des connaissances que Caxton a déployées dans les diffé- rentes branches de littérature cultivées de son temps. En 1!tGs, Caxton, âgé denviron cinquante ans, fut désigné au roi dAngleterre pour être lun des ambassadeurs ou des députés spéciaux que ce prince envoyait à la cour de Bourgo- gne pour ratifier le traité de commerce conclu plusieurs années auparavant avec les Pays-Bas. Le mariage que Charles, comte de Charolais, héritier de la maison de. Bourgogne, venait de contracter avec Marguerite, fille du roi dAngleterre, resser- rait encore les liens qui unissaient alors ces deux puissances; lune et lautre cherchaient à concentrer dans leurs mains la plus grande partie du Commerce de lEurope. A cette époque de sa vie, Caxtori exerça aussi dans les Pays-Bas la charge de consul pour ic commerce dAngleterre, sous le titre de maître et gouverneur des marchands de la nation anglaise. En cette qualité , il résida plusieurs années fi Bru- ges, parce que dans cette ville était située la maisoii consu- laire; au dernier siècle, on ly voyait encore ; elle se nom- mait la maison des Anglais de Bruges (). 1) En France comme en Angleterre, La corporation des merciers était lune des plus importantes. Leur commerce consistait en toutes sortes de marchandises de laie, mais surtout en objets dhabillement. On pcut lire dans une pièce de vers français, de la fin du treizième siêcle,lénuméra- tion des marchandises tenues par un mercier. Le D( dun mereier a été imprimé p. 14 des Proverbes et dictons populaires, etc, publiés par M. CRAPELET Paris, 1831, in-80 . —Voyez aussi sur les Merciers, SAUvAI., Antiquités de Paris, t. u, article des six corps de marchands. 2) S.trnaus, vol. u, p. 39, De Flandria iltnstrata, a fait graver cette maison ; cette gravure a été reproduite p. 78, t. Pr de la der- nière édition des 1ipographical Antiquities de ÂMEs. Ce qua les bio- graphes anglais ont donné comme un doute est devenu un fait certain depuis que M. PRAT. dans sa iNo[iro sur Cslard Mansion, libraire et imprimeur de la cille de Bruges en F,andres, dons le qtsinziénse .ii_ c-le, Paris, 15 20, inS, a cité un ealrait du reistr des jugenienu civils -4— Caxton fut accueilli avec distinction par Philippe le Ion, duc de Bourgogne. Ce prince, sur le déclin de $a vie, était alors au plus haut degré (le sa puissance. il étalait iIIe P11iPC toute royale, et les magnificences de sa cour lemportaient de beaucoup sur celle des autres princes ses contemporains. Ainsi, Caxton, dans le Prologue de lhistoire de Jason, impri- mée par lui vers 147, nous parle en ces termes dune cet-- tain chambre (lui se trouvait au chttcan (le Hesdin ; ( mais je me rappelle bien que le noble duc Philippe, premier fon- dateur de lordre de la Toison-dOr, fit faire une chambre dans le chAteau de Hesdin, où était peinte avec un soin par- ticulier la conquête de cette toison ; jai été dans cette cham- bre et jai vu cette peinture En souvenir des ruses dc Médée et de son savoir, le duc avait fait pratiquer dans cette chani- bre, avec beaucoup dart,.unc machine au moyen de laquelle les éclairs, le tonnerre, la grêle et la pluie étaienLsimulés à volonte, cc qui procurait un singulier plaisir. Plusieurs biographes ont avancé que non-seulement Caxtori fut accueilli avec faveur par Philippe le Bon et sa belle-fille, la princesse Marguerite, mais encore quil exerça dans la maison (le cette dernière une charge honorifique comme celle de gentilhomme, et fut employé dans (les voyages littéraires. On ne peut rien dire de certain à ce sujet; seulement, à cette époque de sa vie, Caxton, âgé denviron soixante ans, avait terminé la traduc- tion des Ifisloires troyennes, composées en français par Raoul Lefèvre, et dédiait son livre à la duchesse Marguerite, qui lui avait demandé dentreprendre ce travail. Caxton lui-même a pris soin de nous informer de ces diverses circonstances des échevins de la ville de Bruges, de tfti à 1l69; en voici le dé- but « Comme Daniel, F., Adrien dit Scepheor, Daniel demandeur dune part, et Joroneme Vente pour et au nom de Jacques Donc marchant de Gennes deffendeur dautre part, se soient soubmis et compromis de toutes les differences quils avoient ensemble, aux sentences, ordonnance et arbitraige de Willsmn (ton marchant dAnghtcrre, muaistre et gommer- fleur des marcha,,s de la nation dAnglet nrc par deça. » p. 89. -5— consignées sur le titre du volume; dans lintroduction , il ajoute à propos de sa personne des détails intéressants « Estimant que chaque homme doit suivre le commande- ment et lavis des sages, qui ordonne de fuir loisiveté, mère de tous les vices, et pour me livrer à un travail honorable dans un moment où je navais pas de grandes occupations javais pris la résolution de lire un ouvrage français qui contenait beaucoup dhistoires étranges et merveilleuses, à la lecture desquelles jai pris un grand plaisir. Je fus charmé autant par la nouveauté de la matière que par la beauté du langage, qui était dans une prose savante et harmonieuso Comme ce livre, écrit en français, navait pas encore été tra- duit en anglais, jai pensé faire une oeuvre digne déloges de lentreprendre, et qui serait aussi bien accueillie en Angle- terre que dans un autre pays. Afin de moccuper, je résolus de me livrer à cc travail je pris une plume, de lencre, et je mélançai dans la carrière hardiment, comme un coursier courageux. Je commençai à traduire cet ouvrage, connu sous le nom des Histoires tro1jenne; mais bientôt je inc rappelai mon ignorance et mon peu de connaissance des deux langues anglaise et française, car je nai jamais été en France; je suis lié et jai passé ma jeunesse dans la partie boisée du comté (le Kent, où lon parle, je crois, le plus rude langage de toute lAngleterre. Voici bientôt trente années que je suis resté presque toujours en Brabant, en Flandre, en Hollande et cii Zélande.
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