Alternatives Sud Sport et mondialisation Alternatives Sud Fondateur François Houtart Rédaction et administration Jacques Bastin, Enrique Cueto, Laurent Delcourt, Christophe Douxchamps, Bernard Duterme (directeur), Julie Godin, Liliane Kabugubugu, Aurélie Leroy, Carlos Mendoza, François Polet, Frédéric Thomas, Nathalie Vanhumbeeck Centre Tricontinental-Cetri Avenue Sainte Gertrude, 5 B-1348 Louvain-la-Neuve, Belgique Tél. : 32 (0) 10-48-95-60 / Fax. : 32 (0) 10-48-95-69 [email protected] / [email protected] / www.cetri.be Conseil éditorial (Afrique, Amérique latine, Asie) Sarah Ben Néfissa (Égypte), Saturnino Jun Borras (Philippines), Suzy Castor (Haïti), Yves Alexandre Chouala (Cameroun), Abdelnasser Djabi (Algérie), Leonard Gentle (Afrique du Sud), Pablo Gonzalez Casanova (Mexique), Laura Hurtado (Guatemala), Lau Kin Chi (Chine), Jude Lal Fernando (Sri Lanka), Edgardo Lander (Venezuela), Cristian Parker G. (Chili), Andres Pérez Baltodano (Nicaragua), Vinod Raina (Inde), Emir Sader (Brésil), Pablo Stefanoni (Bolivie), Maristella Svampa (Argentine), Mahaman Tidjani Alou (Niger), Antonio Tujan (Philippines) Éditeurs et centres associés Alternatives (Montréal), Aarc (Le Caire), Arena (Hong Kong), CASC (Managua), Cedetim (Paris), Cetim (Genève), Clacso (Buenos Aires), Cresfed (Port-au-Prince), Editorial Popular (Madrid), FTM-FMA (Dakar), Funde (San Salvador), CED-Grial (Louvain-la-Neuve) Diffusion et distribution en librairies SOFÉDIS et SODIS (Paris, France) Graphisme Signélazer (Bruxelles, Belgique) Illustration de couverture jACK TWO Alternatives Sud Volume 23-2016 / 1 Sport et mondialisation Points de vue du Sud Abonnement annuel à Alternatives Sud 4 numéros : 50 euros n Au compte IBAN = BE23 0001 3060 0291 du Centre tri- continental (Louvain-la-Neuve), La Poste, Bruxelles, BIC = BPOTBEB1 (Bruxelles) n Par carte de crédit Visa r Mastercard/Eurocard r N° ………………………………………… Date d’expiration : ……………………… Nom et signature : ……………………………………… À faxer au +32 10 489569 ou à adresser à : [email protected] © 2016, Centre Tricontinental et Éditions Syllepse ISBN : 978-2-84950-496-3 Éditions Syllepse 69 rue des Rigoles F-75020 Paris (France) [email protected] Centre Tricontinental Avenue Sainte Gertrude 5 B-1348 Louvain-la-Neuve (Belgique) [email protected] Éditeur responsable : Bernard Duterme, CETRI, Avenue Sainte Gertrude 5, B-1348, Louvain-la-Neuve Sommaire Éditorial 7. Sport et mondialisation Laurent Delcourt Points de vue du Sud 33. Jeux olympiques de Rio 2016 : gagnants et perdants Wagner Barbosa Matias et Fernando Mascarenhas 53. Technoscience, sport et médias : la triple hélice du développement ? Ivan de la Vega 71. Le modèle d’accumulation capitaliste de la FIFA Dale T. McKinley 95. Les Sud-Africains paient l’addition et la FIFA fait des profits Patrick Bond 107. Qatar 2022 : la Coupe du monde… de l’esclavage moderne Confédération syndicale internationale (CSI) 121. Spectacles urbains, méga-événements sportifs et inégalités en Chine Hyun Bang Shin 147. Derrière le rideau de bambou : le coût social des Jeux du Commonwealth de Delhi Laurent Gayer 157. Retombées des méga-événements sportifs, un examen critique Jay Coakley et Doralice Lange de Souza 175. Index 177. Liste des Alternatives Sud parus ALTERNATIVES SUD, VOL. 23-2016 / 7 Éditorial Sport et mondialisation Laurent Delcourt1 Aux antipodes des valeurs de l’olympisme, le sport-business est devenu une industrie très lucrative. Produit et reflet de la mondialisation, il lui imprime ses logiques marchandes, ses dyna- miques clivantes et ses dérives mafieuses.« Stade suprême » de cette compétition inégale, les méga- événements sportifs s’imposent comme un rite de passage pour les économies émergentes. Une fois le rideau tombé, les pays hôtes doivent sou- vent déchanter. Si les sports « modernes » trouvent leur origine au 19e siècle en Europe, et tout particulièrement dans l’Angleterre vic- torienne qui voit la codification de certains jeux traditionnels, l’uni- formisation de leurs règles et la naissance des premières socié- tés sportives, ils ne prennent réellement leur essor qu’à partir des années 1930 et, bien plus encore, après la Seconde Guerre mon- diale. Jusque-là activités d’agréments exercées principalement en amateur, passe-temps réservés le plus souvent à une élite cosmo- polite, les sports conquièrent alors toutes les strates sociales. Ils se démocratisent et une poignée d’entre eux deviennent, en l’espace de quelques décennies, de véritables phénomènes mondiaux de masse. Massification rapide donc, mais aussi professionnalisation, que l’on doit à une triple tendance (Duterme, 2006 ; Andreff, 2008 ; Bourg et Gouguet, 2012). 1. Historien et sociologue, chargé d’étude au Centre tricontinental (CETRI, Louvain-la-Neuve). 8 / SPORT ET MONDIALISATION La poursuite des conquêtes sociales d’abord, avec la hausse du pouvoir d’achat et la progressive généralisation des congés payés qui ont donné aux salariés de nouvelles possibilités de loisir. Le rétrécissement des distances physiques ensuite, avec la moderni- sation et la démocratisation des moyens de transport qui ont facilité la circulation des athlètes, des équipes et de leurs supporters. Le développement spectaculaire des moyens de communication vir- tuels, enfin, avec l’essor de la télévision, puis celui des nouvelles technologies de l’information, qui permet aujourd’hui à des milliards de personnes aux quatre coins du monde de suivre en direct une même épreuve sportive et de vibrer de concert devant les exploits et les performances des athlètes transformés pour l’occasion en « hommes-sandwichs de la publicité contemporaine » (Vigarello, 2002). C’est qu’avec leur diffusion massive, les activités sportives ne se limitent plus aux seuls initiés et seuls pratiquants. « Aujourd’hui, la distance ne le gêne pas, [le sport] se contemple du bout du monde et, à vrai dire, il se contemple encore plus qu’il ne se pratique. […] Au public enfermé dans les stades s’ajoute celui, immense, diffus, des téléspectateurs qui vibrent sur le canapé et triomphent par pro- curation » (Sur, 2010). De plus en plus suivies, les grandes com- pétitions sportives se sont ainsi transformées en véritables shows mondiaux dont l’audience atteint désormais des sommets : 3,6 mil- liards de téléspectateurs pour les Jeux olympiques d’été de Londres (2012), 3,2 milliards pour la Coupe du monde de football en Afrique du Sud (2010), trois milliards pour les Jeux olympiques d’hiver à Sotchi (2014), un milliard chaque année pour le Tour de France, plu- sieurs centaines de millions pour la Coupe de l’UEFA, autant pour le Super Bowl et les internationaux de cricket. Appelés à croître dans les prochaines années, au rythme de la croissance démographique, ces chiffres confèrent à ces compéti- tions une dimension inégalée. Très largement investies, suivies et commentées, elles se sont muées en spectacles globaux. On com- prend, dans ces conditions, que le sport de haut niveau soit très vite devenu une composante essentielle des relations internationales et que les grandes joutes sportives soient vécues comme un « nou- veau terrain d’affrontement – pacifique et régulé – entre États » (Boniface, 2014). ÉDITORIAL / 9 Une industrie très lucrative Mais si les grandes compétitions se sont imposées comme l’un des principaux terrains de projection de rapports de forces géos- tratégiques et politiques, le sport est aussi devenu une industrie particulièrement lucrative à mesure qu’il s’est transformé en spec- tacle global, en culture et en objet de consommation de masse à l’échelle de la planète. Les spécialistes estiment que le marché du sport, toutes activités confondues – production et vente d’articles de sport, de matériel et d’accessoires, billetterie, sponsoring, droits de diffusion, merchandising, formation, presse sportive, travaux pu- blics, revenus des athlètes professionnels, etc. –, représente près de 3 % de la valeur du commerce international, génère un chiffre d’affaires de quelque 650 milliards d’euros et connaît une crois- sance annuelle de 4 à 5 %, soit une progression supérieure à la croissance mondiale, laquelle stagne depuis des années aux alen- tours des 3 % (Bourg et Gouguet, 2012). En constante augmentation depuis trois décennies, les droits encaissés par les propriétaires d’événements sportifs atteignent aujourd’hui des sommets : 2,1 milliards d’euros pour la Coupe du monde de football de 2010 (Afrique du Sud), contre 830 millions pour celle de 2002 (Corée-Japon) et à peine 30,5 millions en 1986 (Mexique), soit une augmentation de plus de 6 000 % ; 2,6 mil- liards d’euros cumulés pour les Jeux olympiques d’hiver de 2010 (Vancouver) et ceux d’été de 2012 (Londres), contre 860 millions pour ceux de 2002 (Salt Lake City) et de 2004 (Athènes) (Bourg, 2010). Avec la croissance des investissements dans l’industrie du sport, l’augmentation sans cesse croissante des chiffres d’affaires, la flambée vertigineuse des revenus des sportifs de haut niveau et les coûts de plus en plus exorbitants des transferts, ces droits sont représentatifs de l’importance économique prise par le sport et sa mise en spectacle. Si ces droits génèrent un bénéfice considérable pour leurs déten- teurs, en particulier lorsqu’ils sont en position de monopole (FIFA, CIO, etc.), les spectacles sportifs qui leur sont associés se sont transformés en de formidables vitrines publicitaires pour quelques firmes, équipementiers sportifs (Adidas, Nike, Puma, etc.) et trans- nationales venues d’autres secteurs d’activités (Coca-Cola, Visa, Canon, Fuji, Phillip Morris, etc.). Les audiences stratosphériques
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