PENNARBED Revue régionale de géographie, sciences naturelles, protection de la nature Publication trimestrielle 34eannée 1988 Volume18 Fascicule 1 n° 128 L'anse de l'Aber en Roscoff Louis Chauris . 1 Les goëlands et le spemot Jean-Yves Monnat . 12 Rencontres naturalistes Une tortue de kemp sur les galets . 19 A propos d'esturgeon.. 20 La bellardie germandrée dans le Finistère . 22 Échos du bout du monde Nouvelles des réserves 1987 24 Livre d'école ou stage à Trunvel ........... ... 30 Livres ........................ ···· · ·············· 31 Cotis•tions et 1bonnements : Adhbion simple . 70 F ~tudienb. 35 F Adhésion 1t ebonn1ment Pen ar Bed . 150 F Adhbion et ebonnement ~tudienb . 1 15 F Abonnement seul . 1 00 F Tovt ttcovn•ff conctm•nt tf'S rtQit~n t~ CM'~ COI•UttQn) tu .U)('f'\1\fm r r.n lr\ (omrTUnot\ otPtMll&fotiOI"t r ~OOCumtnl~f"~#tSW"f~ 5(PN8 üP )l 166 h,.t AMIOit funct. l9l00 BREST Ttl 1961490718 Le courrier concernant la rédaction d e Penn ar Bed (projet d'arti cles . courrier aux auteurs) est à adresser à : Marcel Le Pennee, S.E.P.N.B., Faculté des Sciences 29287 BREST Cedex - Tél. 98.03.16.94 Photo de couverture: Paysage. Dos de couverture: Poster de François Bourgeon. L'anse de l'Aber en Roscoff Un ancien marais littoral envahi par la mer Louis Chauris Au cours des derniers millénaires, le littoral septen­ trional du Pays de Léon a subi d'importantes modifi­ cations liées aux variations du niveau marin. Depuis quelques siècles, les interventions humaines se sont ajoutées aux facteurs naturels. La baie de Goulven fournit un excellent exemple de telles tranformations. L'anse de l'Aber en Roscoff offre une nouvelle illus­ tration de la fragilité des zones littorales et de l'inter­ férence des modifications anthropiques avec les processus naturels. ..... 0 •••• r ·c- m ~ -- ~ ~-- - =l~~ ~' .-· ..••. - · _._lfo~~~ê"':'J:""""'~· · ~-~~-. .I::.-~ . .h~ ·-n$:\dt~~~-- ~ -~~~ u a.. ..:-• ~ ....-. ~. ,..:. • -~~~~~ •<> '"1~=- ;f. .:,....; ._ ~ L'aber à m a rée montante. Ruisseau de l'Aber, avec un méandre près de la sortie du polder. A u fond, Roscoff et l'ile de Batz. marque les limites de l'avancée de la mer Une évolution rapide éémienne. La plateforme littorale, émergée du trait de côte et immergée, est hérissée d'innombrables récifs fossiles ou actuels. Ces monad­ noks(1) sont encore plus ou moins empâ­ La rég ion roscovite est située à l'extrémité tés par les revêtements quaternaires: res- nord-est du Pays de Léon. Le plateau du Léon est en contact avec le bas pays côtier par une falaise morte haute d'une cinquan­ (1) Les monadnoks sont des récifs résiduels qui domi­ taine de mètres au sud de l'Aber et qui nent une plateforme d'érosion. ._.. L'A BEll . -~ ~- ·. ·· ·. ·. ... -.. :.··. .·.· •.. ... .· :~ ...:· ...: . ·.:·:·.. .. 1 1 ... ·· .. - 1 c h e. n a.L cl e. l ' i' 1 e de. ··(3·;, ·~·-,:_. ·· ... .. R~,v~ :·· ... · ... .. .. .. '.j" ·. · ... ····· du vents> lOO t<.. /h .... t ... ., ......... .. .. ·:.· ···"' • ......_ 1 1 ,.... ':.;~-i ·.. :·.. >.,r.· . ·:~.-·---- ---- R~~e.r "Doun · ~?. .;-··:: '· ·::-: .·· ···. -.....·· .. P"E.R.Ii_ARIDIC T. RoscoFF .,_-._, - ~)i " ··· · · ·> ~ ··. :'\.·< [31 R . oc: h s~nte.c --~~ (232 . .. ,o···· o····· ···· POULDU : ... ~ ·: ·· <;) o(orn al l k -·13 ; ·: {.' ~ - . .. oa. \; .. ~ - ,. -- -, -. -. ~- -_ -::: G• .~r· .... : sÏ·É ·~ ' , ' '.- - 1 . ...... , 1 ..... - . \ . ms___ . 1 ~ 1 i . - . 1 , ,. '- ~ SANTEC. ' •\ ' ~7 ·· . ._~u en ' Te.~e.-nn·. - . -, 1 1 2Km c~ _, --~ -~ ... -- - . .._ La région de Roscoff 1: Limite des plus basses mers. 2: Limite orientale des sables dunaires de Santec. 3: Limite orientale de la pellicule sableuse. 4: Autres dunes. 5: Tourbiè res littorales. 6: Zones humides. 7: Direction principale de la houle. tes de plages éémiennes, head(2) et limons de-Léon, fournit une assez bonne image wechseliens souvent très épais, petits de la morphologie côtière au nord de San­ dépôts tourbeux flandriens, larges placa­ tec avant l'isolement de l'île de Batz. A pré­ ges de sables dunaires déposés depuis sent, seules quelques pointes rocheuses l'Age du Fer jusqu'au 18e siècle. résistent encore, à l'ouest de Siee et de Batz, mais d'anciens promontoires, comme Le recul de la côte est particulièrement Roc'h Santec ou Reyer Dou n, sont réduits rapide sur les plages dunaires : dans la à l'état de récifs isolés sous l'influence partie nord-est du Pouldu, 65 mètres entre conjuguée de la transgression marine et 1846 et 1970; dans la partie centrale du des houles occidentales. Dossen, 50 mètres en trente ans. Les reculs spectaculaires sont liés à la coïncidence de fortes tempêtes avec les grandes Un ancien marais littoral marées. Au Dossen, ce sont huit à dix mètres de dunes qui ont été emportés au début de novembre 1967,1ors d'une marée de cœfficient 112 accompagnée de vents Malgré son nom, l'Aber de Roscoff n'offre de 115 km / h. De tels reculs ont modifié peu guère de traits communs avec les abers de à peu le trait de côte. La dépression enva­ la côte nord du pays de Léon ; ceux-ci hie par le sable, qui s'étend actuellement à correspondent aux rias des géographes, l'est du Dossen en direction de Saint-Pol- c'est-à-dire des rivières dont le cours infé­ rieur, souvent profondément encaissé a été envahi par la mer. L'anse de l'Aber est une large dépression (1800 m sur 1100 rn) (2) Masse boueuse de pierrailles et d'arène fluant sur les pentes en période de dègel aux époques glaciaires à fond plat, entièrement située au-dessus (coulées de solifluxion). de la ligne de mi-marée, où divague à 2 basse mer un maigre filet d'eau en prove­ nance du marais qui la prolonge au sud­ ouest sur plus d'un kilomètre en direction Les modifications anthropiques du Pouldu. Au sud-est, l'horizon est barré par la falaise morte, au nord-ouest par le cordon dunaire de· Perharidic acc roché à Toute la partie sud-ouest de l'Aber a été quelques . monadnocks granitiques. Plu­ soustraite au domaine maritime par la sieurs pointements rocheux surgissent construction, au 19e siècle, d'une digue de dans l'anse elle-même. 500 mètres de long en vue de l'établisse- Quel contra l'te entre la levée ancienne soigneusement construite en blocs shisteux dressés verticaleme_ryt et les enrochements réc ents au mieux formés de blocs entassés sans ordre. ·,!2 !~:.r·~ -· ,: .:;·.~. iL-;:l·~.· ! ' :.. _ .... ~ . '· ...,:-.._ ~.... t'9 ~· ~). '...[!> . ' •., #W'"'"""" ..... -", ~· •• V> ;:: ::J .c"' (.) .~ ::J 0 ...J 3 ment d'un polder. Actuellement, les agri­ rapie. Avec ses petites falaises rocheuses culteurs continuent de déverser du sable et ses plages dunaires, la côte ouest de sur la zone marécageuse pour étendre les l'Aber a mieux conservé son caractère surfaces cultivables. La partie sud-est de naturel primitif; cependant, des murs sou­ l'anse est également limitée par une levée vent anciens 1imitent localement le domaine qui supporte la route Roscoff-Santec. On du centre hélio-marin de Perharidic, tandis remarquera le contraste entre le mur de que des enrochements tendent à présent à cette levée ancienne, soigneusement cons­ ourler la base des dunes. En fait, seule truit en gros moellons schisteux dressés Penn ar Men, la pointe de Perharidic à verticalement, et les enrochements récents l'extrémité septentrionale de l'Aber, offre du fond méridional de l'anse, formés de encore un caractère sauvage. Par ailleurs, blocs entassés sans ordre ou d'amoncel­ plusieurs pointements rocheux affleurant lements divers (poteaux en ciment brisés.. .) dans l'anse ont été transformés en car­ du plus déplorable effet. Presque toute la rières et parfois totalement défigurés (l'an­ rive est de l'anse est bordée de murs qui cien rocher 13 de la carte marine par protègent les installations de thalassothé- exemple). Les modifications anthropiques dans l'anse de l'Aber et ses abords 1: Zone rocheuse non aménagée. 2: Dunes non enrochées. 3 : Murs, digue levée. 4: Enroche­ ments de types variés. 5: Pointements rocheux exploités. 6 : Zone humide. 7: Prélèvements de sables lourds. Roc'h '•r 'Bleiz: 0 Enez GLQ~'i7 6J'l o Rolea. [1]2 Ene>. lec:lo.nt~ *Roc.'ll a.r Go reet. fnc.c.J .. lfop~ [1]3 "Penr'\ ar Me.n B4 Perhi>ridic. IT]s 8 F="ls ANSE t-====::1 14 87 * DE' L'ABER An se da. 1'ovlcl.u / /~ \ / - Pa'Cu_cf_ ~ ,~1 ~--­ ......... ... __ ', PrQtH~u_l ----- "Poulct.u _..- -- / ------ 1/ \\' ~ ..... - - ,,'~\ \\~'\ '"."" -,\-!'t 7ïl " __ · llm 4 gallo-romaine (environ 1500 ans BP). Elle a entraîné l'envahissement du marais littoral Une fine pellicule sableuse par le nord. En dehors des affleurements rocheux, le sol de l'Aber est constitué par un revête­ L'empreinte marine ment limoneux le plus souvent gris-bleu, et localement de teinte beige comme dans les zones marginales ouest et est. En amont de la digue, le sol du polder est également formé par ce limon gris-bleu. La mince pellicule de sédiments meubles Les limons et plus rarement la tourbe, intertidaux de l'Aber est soumise à la dou­ affleurent parfois directement sur l'estran. ble action des vagues et des courants de Ailleurs, la couverture sableuse reste tou­ marée. L'examen de la rose des vents à la jours peu épaisse, de l'ordre de quelques station météorologique, toute proche, de dizaines de centimètres au maximum. Le l'île de Batz, indique la nette prédominance sable fin de surface (3) passe vers le bas à des vents du secteur ouest. La résultante un gravier analogue au cailloutis arénifère des vents supérieurs à 100 km / h est orien­ de la base des limons qui en semble la tée approximativement ONO-ESE. La plus source. grande partie de l'Aber se trouve ainsi en zone d'abri : les grandes houles occiden­ tales sont arrêtées par la presqu'île de Per­ La présence d'anciennes prairies de joncs haridic, et l'île de Batz protège l'anse des dont les rhizomes sont encore visibles.
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