Les Mailly-Fauverney

Les Mailly-Fauverney

LES MAILLY-FAUVERNEY ESQUISSE GÉNÉALOGIQUE par M. l'abbé Maurice CHAUME MEMBRE RÉSIDANT Aux jours troublés du onzième siècle commençant, tandis que Robert le Pieux dispute à Otte-Guillaume l'héritage du duc Henri le Grand, Dijon — alors possession du comte Hugues de Beaumont, sous la suzeraineté de l'évêque de Langres — se trouve confié à la garde de deux des plus nobles personnages de la province, Hum- bert de Mailly et Anne, son épouse ; à leurs côtés, un de leurs cousins, Gui le Riche, exerce les fonctions de vicomte ; un autre de leurs parents, Béraud l'Ancien, est abbé de Saint-Étienne... Quelques années plus tard, entre 1032 et 1050, c'est un fils d'Hum- bert et Anne, le prévôt Garnier, successeur de Béraud à Saint- Étienne, qui profite d'une absence du duc Robert pour jeter bas le mur du castrum, et agrandir ainsi son église abbatiale... Garnier est remplacé par un de ses cousins, Garnier le Riche, fils du vicomte Gui, qui gouverne Saint-Étienne jusque vers 1080... Au siècle suivant, toujours à Saint-Étienne, nous rencontrons comme prévôt un troisième Garnier, Garnier de Fauverney (1125), descendant en ligne directe de l'un des frères du premier Garnier... Un neveu de Garnier de Fauverney, Hervé, est abbé de Saint- Étienne en 1170; il se fait moine à Cîteaux et meurt abbé de la Ferté-sur-Grosne à une date voisine de 1178... En 1187, Guillaume, sire de Fauverney, apparaît comme l'un des garants de la seconde charte communale de Dijon... Ces noms et ces dates suffisent à montrer quelle place importante tient, dans le passé de Dijon, la maison féodale de Mailly-Fauverney, LES MAILLY-FAUVERNEY . 423 maîtresse, ou peu s'en faut, de tout le cours de l'Ouche, en aval de Dijon1. Sans prétendre retracer ici son histoire détaillée, on voudrait classer les différents personnages qui s'y rattachent, montrer les rapports généalogiques qui les unissent, et finalement suggérer une hypothèse sur leurs premières origines. I BRANCHE DE MAILLY § I. — Seigneurs de Mailly-le-Châleau (première période) I. — Geofïroi, Gozfredus Malliacensis castri dominus, contempo- rain de Brun de Roucy, évêque de Langres (980-1016) et du comte de Bourgogne Otte-Guillaume (f 1026). Ce dernier, en restituant 1. Un premier groupe de possessions était constitué, au voisinage de la Saône et sur le cours inférieur de l'Ouche et de la Tille, par les deux impor- tantes seigneuries de Mailly et de Longeault. La seigneurie de Mailly compre- nait les quatre localités de ce nom, Mailly-le-Cliâteau, Mailly-la-Ville, Mailly- le-Port et Mailly-Curtil (plus tard Mailly-l'Église) — aujourd'hui les Maillys (Côte-d'Or, con d'Auxonne) ; son importance lui venait, principalement, de ce qu'elle surveillait — à Mailly-le-Port — l'un des passages les plus fréquentés vers les pays du Jura. La seigneurie de Longeault comprenait les villages de l'ancienne paroisse de Premières (Beire-le-Fort, Longeault, Pluvault, Pluvet et Premières, auj. du canton de Genlis ; Soirans-Fouiïrans, auj. du canton d'Auxonne). — Entre la seigneurie de Mailly et celle de Longeault, la seigneurie du chapitre d'Autun ou terra S. Nazarii dite aussi fascum Mailleii, et com- prenant les villages de l'ancienne paroisse de Tillenay (Champdôtre, Pont, ïillenay, Tréclun, auj. du canton d'Auxonne), formait une annexe naturelle sur laquelle les seigneurs de Mailly exerçaient un certain nombre de droits traditionnels, usurpés ou consentis, sur lesquels il serait intéressant de faire la lumière (cf. Arch. C.-d'Or, G 838 et suiv. ). — Au delà de la Saône, la seigneurie de la Perrière (la Perrière, Saint-Seine-en-Bâche, Saint-Symphorien-sur-Saône, Samerey, auj. du canton de Saint-Jean-de-Losne) constituait dans le comté d'Auxonne une avancée qui explique comment les seigneurs de Mailly s'étendirent peu à peu dans la direction de Dole (Foucherans, Champvans, etc.). Le second groupe avait pour centre Fauverney (auj. du canton de Genlis), Crimolois et Sennecey (auj. du canton de Dijon-Est), enlin Neuilly-lez-Dijon (auj. du canton de Dijon-Sud). Une première annexe était constituée, du côté de l'est, par la seigneurie de Magny-sur-Tille (c°" de Genlis) — avant que celle-ci eût succédé, lors de l'échange conclu entre le duc Robert II et Guillaume de Pontailler, aux droits éminents de la primitive vicomte de Dijon ; une seconde annexe, au sud-est, comprenait Genlis, peut-être Varanges, peut-être aussi divers droits sur la seigneurie de Cessey — partagés avec Saint-Bénigne de Dijon ; une troisième annexe, du côté du nord et du nord-est, empiétait sur les terres de Saint-Étienne ou de Saint-Bénigne de Dijon à Quetigny, à Chevigny- Saint-Sauveur, à Bressey (auj. du canton de Dijon-Est). — Les deux impor- tantes seigneuries d'Arc-sur-Tille et d'Arceau pourraient être, à certains égards, 424 LES MAILLY-FAUVERNEY la terre de Cessey x à Saint-Bénigne de Dijon, après 1004, compte une grosse somme d'argent à Geoffroi de Mailly, sans doute en compensation de ses droits réels ou prétendus sur cette seigneurie (Chr. S. Ben., éd. Bougaud et Garnier, p. 134). Geoffroi de Mailly est peut-être le Joffredus miles, noster amicus, dont l'obituaire de Saint-Bénigne (Bibl. de Dijon, ms. 634) enre- gistre l'anniversaire à la date du 25 janvier ; — et aussi le Joffredus mentionné comme témoin, entre 1008 et 1015, d'une charte de Girard de Fouvent pour Bèze (Chron. Bes., éd. Bougaud et Garnier, p. 294). II. — Une génération inconnue2. III. — Foulques Ier, comte de Beaumont-sur-Vingeanne3 par son mariage avec Ermengeard, fille du comte Hugues V (Chron. Bes., p. 326 et 334-335) ; cité dans une charte du duc Robert en 1043 (Pérard, Recueil, p. 188 ; Dom Plancher, Hist. de Bourg., I, pr. n° 35 ; Petit, Ducs capétiens, I, n° 30) ; confirme, entre 1044 et 1060, les donations faites à l'abbaye de Bèze par Géboin de Beau- considérées comme de très anciens démembrements de la primitive seigneurie de Fauverney. — Fauverney lui-même paraît être l'héritier direct de l'oppidum Crulmulnense, Crimolois. 1. Côte-d'Or, con de Genlis. 2. Simple hypothèse. — On pourrait également abaisser Geolïroi Ier de Mailly d'un degré, et en faire le père de Foulques, seigneur de Mailly et comte de Beaumont : dans ce système, il pourrait être identifié au septième fils, jusqu'à présent inconnu, d'Humbert de Mailly et d'Anne. La seule difficulté vient de ce que, lorsqu'il paraît (entre 1004 et 1015), Geolïroi de Mailly est dit Mailla- censis caslri dominus : or, à cette date, Humbert de Mailly est certainement vivant. Par ailleurs, le centre patrimonial d'Humbert de Mailly est Fauverney, et ses descendants, dans leurs actes les plus importants, sollicitent toujours l'approbation des seigneurs de Mailly, leurs suzerains, et par conséquent leurs aînés. Ce sont ces considérations qui nous font regarder Humbert de Mailly, ancêtre des seigneurs de Fauverney, comme un cadet, et Geofïroi de Mailly, ancêtre des seigneurs de Mailly comme son aîné. Toutefois, si Humbert appartient à la génération née aux environs de l'an 950, Geoffroi peut appartenir aussi bien à celle-là qu'à la suivante (975) : autrement dit, il peut être aussi bien le frère aîné d'Humbert que le fils de ce frère aîné. On pourrait encore imaginer, il est vrai, que Geoffroi de Mailly, fils aîné d'Humbert, a été mis par celui-ci, bien avant sa mort, en possession du château • de Mailly et des terres de sa dépendance : dans ce système, la suzeraineté des sires de Mailly (branche aînée) sur les sires de Fauverney (branche cadette) s'expliquerait tout naturellement. 3. Côte-d'Or, con de Mirebeau. — Un essai de généalogie des comtes de Beaumont sur-Vingeanne a été tenté par A. du Chesne, Hist, généal. de la maison de Vergy, p. 97-99. — Tableau incomplet et partiellement exact dans Petit, Ducs capétiens, I, p. 93. LES MAILLY-FAUVERNEY 425 mont, oncle de sa femme (Chron. Bes., p. 326-327) ; renonce, en 1076, à ses prétentions sur Noiron 1 (Chron. Bes., p. 377). De sa femme, Ermengeard de Beaumont, il laisse deux fils : 1° Geoffroi, qui suit ; 2° Savari, connu par une charte de l'abbaye de Conques (Des- jardins, Cari, de Conques, n° 484) ; peut-être l'aïeul du Savari qui figure vers 1130 au nombre des témoins de Marteau Ier de Mailly (Chron. Bes., p. 464). Un fils aîné, nommé Ouri, figure peut-être aux côtés de son père Foulques dans une charte non datée de l'abbaye de Bèze (Chron. Bes., p. 327). § 2. — Seigneurs de Beaumont-sur-Vingeanne IV. — Geoffroi, premier du nom comme seigneur de Beaumont, deuxième du nom comme seigneur de Mailly, apparaît aux. côtés de son père Foulques lorsque celui-ci fait abandon aux moines de Bèze de ses prétentions sur Noiron (Chron. Bes., p. 377). En 1085, il fait donation du domaine de Verfontaines2 à l'abbaye de Conques (Desjardins, Cari, de Conques, n° 484). Entre 1106 et 1112, il passe un accord avec les chanoines d'Autun, au sujet de la terra S. Nazarii (Tillenay, Champdôtre, Pont et Tréclun) sur laquelle lui-même et ses ministérielles empiétaient à tout propos, uehemenli et intolerabili gravamine (A. de Charmasse, Cari. Egl. Aulun, III, n° 4). En 1114, il figure au nombre des fidejussores de son parent, Pierre Mauregard l'Ancien, sire de Montsaugeon et de Mirebeau (Chron. Bes., p. 396). La même année, il fait don à l'abbaye de Bèze, de son domaine de Nantilly 3, et, un peu plus tard, vers 1125, de celui de Saint-Seine-en-Bâche4 (Chron.

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