UvA-DARE (Digital Academic Repository) Jean Rotrou adaptateur de la comedia espagnole Birkemeier, S. Publication date 2007 Document Version Final published version Link to publication Citation for published version (APA): Birkemeier, S. (2007). Jean Rotrou adaptateur de la comedia espagnole. General rights It is not permitted to download or to forward/distribute the text or part of it without the consent of the author(s) and/or copyright holder(s), other than for strictly personal, individual use, unless the work is under an open content license (like Creative Commons). Disclaimer/Complaints regulations If you believe that digital publication of certain material infringes any of your rights or (privacy) interests, please let the Library know, stating your reasons. In case of a legitimate complaint, the Library will make the material inaccessible and/or remove it from the website. Please Ask the Library: https://uba.uva.nl/en/contact, or a letter to: Library of the University of Amsterdam, Secretariat, Singel 425, 1012 WP Amsterdam, The Netherlands. You will be contacted as soon as possible. UvA-DARE is a service provided by the library of the University of Amsterdam (https://dare.uva.nl) Download date:26 Sep 2021 JEAN ROTROU ADAPTATEUR DE LA COMEDIA ESPAGNOLE Sven Birkemeier Op het omslag : David, Jacques Louis (1748-1825): Apelle et Campaspe , 1814. Lille, Musée des Beaux-Arts. Drukwerk: F&N Eigen Beheer, Amsterdam ISBN: 978907867513 6 JEAN ROTROU ADAPTATEUR DE LA COMEDIA ESPAGNOLE ACADEMISCH PROEFSCHRIFT ter verkrijging van de graad van doctor aan de Universiteit van Amsterdam op gezag van de Rector Magnificus prof. dr. J.W. Zwemmer ten overstaan van een door het college voor promoties ingestelde commissie, in het openbaar te verdedigen in de Aula der Universiteit op donderdag 7 juni 2007, te 12:00 uur door Sven Birkemeier geboren te Münster, Duitsland Promotiecommissie Promotor: Prof. dr. C.G. Meerhoff Co-promotor: Dr. J. Jansen Overige leden: Dr. C. Couderc Prof. dr. J.M. Koppenol Prof. dr. J.T. Leerssen Dr. A.C. Montoya Prof. dr. P. Pelckmans Prof. dr. P.J. Smith Faculteit der Geesteswetenschappen - 1 - INTRODUCTION « L’imitateur libre ne copie ni ne traduit : excepté dans l’expression de quelques grandes vérités qu’il retrouve après son modèle, il ne se rencontre pas mot à mot avec lui ; il emprunte un sujet, et, en gardant le fond invariable, il le traite autrement ; des personnages, et, leur laissant l’attitude et le caractère consacrés, il souffle en eux une vie nouvelle [...] Le poète, souvent à court de temps pour chercher et créer, a, en revanche, trop de facilité pour s’astreindre à de pénibles luttes contre un texte, et trop d’essor pour ne pas s’échapper »1. C’est ainsi que Jules Jarry caractérise, en 1868, le mode d’adaptation de Jean Rotrou (1609-1650). Sans vouloir juger de façon aussi personnelle et générale que Jarry, nous sommes à la recherche de la « méthode » d’adaptation du poète, dans un contexte bien défini. De fait, le sujet de cette étude, l’adaptation de la comedia espagnole par Rotrou, se situe à l’intersection de deux thématiques plus vastes : d’une part, l’œuvre dramatique de Jean Rotrou, d’autre part, l’imitation de la comedia , ou, champ plus vaste encore, de la littérature du siècle d’or espagnol dans la France du XVII e siècle. La délimitation de ce champ d’investigation est un choix personnel, tout en étant conditionné par le cadre institutionnel de notre entreprise, qui s’inscrit dans un projet de recherche impliquant quatre études individuelles portant toutes sur le phénomène de l’imitation textuelle dans la littérature européenne entre 1500 et 1700 2. 1 Jarry, Jules : Essai sur les oeuvres dramatiques de Jean Rotrou , Lille : Quarré, 1868, pp. 78-79. 2 Ce projet de recherche, financé par l’Organisation Néerlandaise pour la Recherche (NWO), est intitulé « Imitation: between Plagiarism and Originality. The Scope and Boundaries of Textual Imitation ( imitatio auctorum ) in European Literature from c. 1500 to c. 1700: Italy, France, Netherlands », et pendant la durée du projet, tous les exécutants étaient associés à l’Université d’Amsterdam (UvA). Dans ce cadre, trois projets de doctorat et un projet « post-doc » ont été réalisés. Chaque projet de doctorat est centré sur un sujet particulier ayant rapport avec la problématique de l’imitation dans le cadre d’une littérature nationale, (italienne, française ou néerlandaise). Le projet de post-doc a été exécuté par Jeroen Jansen, docteur ès- lettres, notre co-directeur de thèse et en même temps directeur du projet cité ci-dessus. Il approche la question de l’imitation dans une perspective plus générale et multinationale : l’accent y est mis sur l’apprentissage du procédé d’imitation à la Renaissance, et sur la réflexion contemporaine concernant l’imitation. - 2 - Lorsqu’on considère l’imitation de la comedia en France, Rotrou est une figure clé en raison de la présence massive de textes espagnols (dramatiques en particulier) parmi les sources de son œuvre. Une douzaine de sujets, soit un tiers de sa production connue, est inspirée de la littérature espagnole, ce qui fait de Rotrou, en termes de fréquence, le plus important des adaptateurs de sujets espagnols de son époque 3. Avec La Bague de l’oubli (1629), il est à notre connaissance le premier à adapter une pièce espagnole à la scène française. C’est avec cette adaptation de La sortija del olvido de Lope de Vega (1562- 1635) que Rotrou lance la mode de la comedia espagnole dans le monde dramatique français. Il devait y avoir une sorte d’attirance particulière pour ce genre en France car Rotrou a puisé dans le vaste corpus dramatique du siècle d’or jusqu’à la fin de sa carrière. Mais cette affinité frappante entre Rotrou et la dramaturgie espagnole n’est pas la seule raison de notre choix. Bien que Rotrou soit généralement placé en quatrième place parmi les dramaturges du XVII e siècle, après Corneille, Molière et Racine, il reste encore relativement inconnu pour ceux qui ne s’intéressent pas de près au théâtre français de la première moitié du siècle dit « classique ». Selon Joseph G. Morello, la réputation de Rotrou, pourtant un des auteurs les plus populaires de son temps, diminua en même temps que l’appréciation de l’époque dite « pré-classique » par la critique littéraire 4. Cette explication nous semble tout à fait pertinente, et la critique moderne ne recommence à s’intéresser à Rotrou que vers le milieu du XX e siècle, lorsque Jacques Schérer publie sa Dramaturgie classique en France 5, ouvrage qui revalorise le « préclassicisme ». Autre désavantage de Rotrou dans l’histoire littéraire : on lui a amèrement reproché sa pratique d’adaptateur. Ainsi, Claude Bourqui remarque que Rotrou fut « relégué par la critique du XIX e siècle au rang de « pâle imitateur » »6. Et en effet, au début du XX e siècle encore, F. E. Buchetmann écrivait qu’étant donné la part des sujets imités dans l’œuvre dramatique de Rotrou, il ne pouvait plus être considéré comme un poète « original »7. Ce jugement vient d’un critique allemand, et sa dureté a pu être occasionnée 3 Seul Thomas Corneille, avec onze sujets espagnols, peut l’égaler en nombre de pièces. Toutes les adaptations de celui-ci paraissent après la fin de la carrière de Rotrou. Il prend, pour ainsi dire, le relais. 4 « Despite his generally acknowledged position as the best dramatist of the seventeenth century after Corneille, Molière, and Racine, Jean Rotrou remains a relatively obscure figure. One of the most prolific writers of his period, and, from all appearances, one of the most popular, his personal reputation declined with the corresponding decline in the reputation of the literary period of which he was so integral a part ». Morello, Joseph G. : Jean Rotrou , Boston : Twayne Publishers, 1980, p. 7. 5 Schérer, Jacques : La dramaturgie classique en France , Paris : Nizet, 1950. 6 Bourqui, Claude : Les sources de Molière , Paris : SEDES, 1999, p. 8. 7 « So kann die immer wieder aufgestellte, mit mehr Wärme als Überzeugungskraft verteidigte Behauptung, Rotrou sei ein origineller Dichter, nunmehr als gründlich widerlegt angesehen werden, so gründlich, wie vielleicht selten bei einem anderen Dichter ». Buchetmann, F.E. : Jean de Rotrou’s Antigone und ihre Quellen. Ein Beitrag zur Geschichte des antiken Einflusses auf die französische Tragödie des XVII. Jahrhunderts , Erlangen : Deichert, 1901, p. 4. - 3 - par un certain chauvinisme qui a fait porter des jugements peu favorables sur d’autres représentants de la littérature française, comme le faisaient ces « érudits d’outre-Rhin s’ingéniant à rappeler tout ce que Molière « devait » à ses prédécesseurs étrangers, dans l’intention de minimiser son importance au panthéon des génies littéraires de l’humanité »8. Certains étaient plus nuancés. En 1883, Félix Hémon, qui regrette la réputation médiocre de notre auteur, appelle Rotrou « l’homme que la critique, volontiers esclave des préjugés, a dédaigné si longtemps ! »9. En 1891, Steffens se déclare d’accord avec Guizot qui disait en 1852 à propos de Rotrou que « ce qu’il a emprunté, il a encore le mérite de l’avoir découvert, de l’avoir senti, de l’avoir rendu »10 . Reste le fait que l’attention des éditeurs à son égard n’est pas grande au XIX e siècle. Nous trouvons une édition des œuvres complètes de Rotrou 11 , des recueils de pièces choisies 12 , et une édition de Venceslas 13 . Cela dit, un certain nombre d’ouvrages critiques et biographiques témoigne de l’intérêt croissant de la critique 14 . Pendant la première moitié du XX e siècle, certaines œuvres sont rééditées 15 . Mais ce n’est qu’avec l’édition critique de Cosroès par Jacques Schérer en 1950 16 et celle de Venceslas par Wolfgang Leiner en 1956 17 que la critique redécouvre vraiment notre poète.
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