Claude Qu nechdu Sceau du 4 e bataillon des Volontaires des Ctes du Nord 5 Pays d’Argoat N° 1 Joseph Lohou Claude Qu nechdu, un personnage hors du commun oubli de l'histoire II est d'usage de citer la soci t bretonne de la fin du )VIII e si*cle comme +une soci t , acculturation faible , l' crit o- l'alphab tisation est retardataire... /1. Ce 0ugement doit 1tre nuanc par 2uel2ues e3ceptions notoires et c'est ce 2ui m'a incit , publier deu3 lettres, crites dans des circonstances e3ceptionnelles, par le citoyen Claude Qu nechdu, cultivateur , Callac en 1811. Claude Qu nechdu na6t , 7erdiriou en Plus2uellec le 8 mars 189 . Ses parents, Claude Qu nechdu et Jeanne Thomas, font partie des paysans ais s de la paroisse. La famille compte 2uel2ues pr1tres de bonne renomm e : le vieil oncle Pierre Qu nechdu signe les registres paroissiau3 pendant plus de soi3ante ans, de 1990 , 1820 - un record de long vit -, et un autre Pierre Qu nechdu dit + le Jeune /, desservant la paroisse, meurt , 41 ans en 1808. Du ct maternel, sa grand-m*re FranAoise Bu Cennec a, dans sa lign e, trois oncles pr1tres avant 1800 : Jean, Jac2ues et J rosme Bu Cennec. Sur les recommandations de Buillaume-Armand Floyd, recteur de Plus2uellec, il re0oint vers 1881 ou 1882 le coll*ge de Quimper 2. Celui-ci, de grande r putation, n'est plus tenu par les 0 suites depuis leur interdiction d'enseigner par le Parlement en 1892. Il se trouve en classe de rh tori2ue dans l'ann e 1888, comme il le dira plus tard dans sa lettre. Cette formation n'est pas e3ceptionnelle , l' po2ue, il ne fait 2ue suivre, , 2uel2ues ann es d'intervalle, son petit cousin de douCe ans son a6n , FranAois Abgrall. Celui-ci, fils de Charles Abgrall et de Jac2uette Qu nechdu, galement n , Plus2uellec, en 1858, est d 0, avocat , Quimper et il sera lu d put du Finist*re au conseil des Cin2-Cents, le 1 er prairial de l'An VII, totalement ignor de sa paroisse. Claude Qu nechdu rentre , Plus2uellec en 188 , ses tudes termin es. En avril 18 0, nous le retrouvons greffier, il r dige la liste des citoyens actifs de la municipalit de Plus2uellec pour la formation du d partement. Au mois de 0uin 18 1, lors2ue les rumeurs de guerre commencent , circuler apr*s la fuite du roi Louis )VI , Varennes, la Constituante d cide 2ue des bataillons de +volontaires/ seraient form s avec des hommes tir s au sort parmi les Bardes nationau3. Claude Qu nechdu, accompagn de Nicolas EF) ,Hves-Iarie Buyot de Callac et d'Hves Brossard de Duault, est affect sous le n° 128 le 18 septembre 18 1 au 4 e bataillon de la Barde nationale 3. Ils re0oignent Rostrenen, puis le bataillon est form , Saint-Brieuc. Claude est un 0eune homme d'une belle prestance, d'une taille sup rieure , la moyenne, il mesure 5 pieds, 4 pouces et 9 lignes, soit 1 m*tre 89 environ4. Sur 19 bataillons, 90 seulement peuvent 1tre organis s, ces troupes m diocres lisaient leurs cadres et taient distinctes de l'arm e de ligne et portaient un uniforme diff rent Claude Qu nechdu se retrouve ainsi lu par ses pairs, capitaine de la 5 e compagnie du 4 e bataillon des Volontaires des Ctes-du-Nord. Notre capitaine est tou0ours sous les armes lors2ue la L gislative d clare le 11 0uillet 18 2 +la Patrie en danger/ et ordonne la lev e de 50 000 hommes nouveau3 de la Barde nationale. Ces +volontaires/ de l'An I ne furent pas non plus incorpor s , l'arm e de ligne. La loi les autorisait , 2uitter les arm es au 1er d cembre de cha2ue ann e, beaucoup rentr*rent dans leur foyer d*s la fin de 18 2. _____________________________________________________________________________________ e e 1. Jean Ieyer, Le notaire rural, p. 10. Les actes notari s, source de l'+ Nistoire sociale du )VI au )VIII si*cle /, actes du collo2ue de Strasbourg, mars 1 88, librairie Istra. 2. Le coll*ge de Quimper tait dirig , cette po2ue par l'abb Claude Le CoC, 2ui fut lu v12ue constitutionnel d'Ille-et- Vilaine le 28 f vrier 18 1 et d put du m1me d partement , l'Assembl e nationale le 10 avril 18 1. 3. Documents administratifs et 0udiciaires de la p riode r volutionnaire E18 0-1800), archives d partementales des Ctes- d'Armor, cote 1L981. 4. Iesures anciennes : 1 pied O 33 cm, 1 pouce O 28,8 mm, 1 ligne O 2,25 mm. Claude Qu nechdu dut en profiter car les gendarmes de Callac durent se rendre , Plus2uellec le 20 octobre 18 3 afin de porter une r 2uisition au3 citoyens Claude Qu nechdu de 7erdiriou, Corentin Beaudoin de Lestr diec et Iathieu Le Bourhis de Nellaouet avec ordre de se rendre , Callac, puis de se diriger sur Corlay et Rostrenen. Il reste au 4 e bataillon de 18 2 , Thermidor de l'An IV Efin 0uillet 18P), date , la2uelle il fut d missionn par le g n ral Noche, mais nous n'en connaissons pas la raison 9. Ces bataillons de volontaires ont laiss peu d'archives et il est difficile de suivre les p r grinations de Claude pendant ces 2uatre ann es. D'apr*s les g n rau3 sous les2uels il sert, nous pouvons le suivre dans l'arm e de l'Ouest avec la2uelle il combat , Nantes, Torfou et Pontorson contre les Vend ens. Sceau du 4 e bataillon des Volontaires des Ctes du Nord 5 Claude Qu nechdu revient donc , Plus2uellec vers la fin de 0uillet 18 9 sous le Directoire et au cours de la Constitution de l'An III. Il a maintenant 28 ans r volus et convole en 0ustes noces , Callac, le 3 Fructidor An V E21 aoRt 18 8) avec Anne-Iarie-Hvonne Nuitorel et vient s' tablir , Restellou-Tanguy, distant d'un Silom*tre et demi , vol d'oiseau de son village d'origine, 7erdiriou. Il fait profession de cultivateur et nous le retrouvons en 1803 , la municipalit de Callac. Il est lecteur au coll*ge d'arrondissement au3 lections de l'An )I et est mentionn comme militaire, agent et ad0oint municipal, mari avec trois enfants. Ses revenus annuels sont valu s , 30.000 francs 8. Peu apr*s, ses tats de service lui font obtenir un poste de receveur de contributions directes, poste plus 2u'honorifi2ue 2ui lui fait franchir une autre tape dans l' chelle sociale. Lors de la vente des biens nationau3, il repr sente la municipalit au cours de la vente du convenant du manoir de 7ernormand , Hves-Buillaume Bouranton, tenancier du lieu. Iais Claude avait-il pris 2uel2ues mauvais penchants au3 arm es ou des d boires con0ugau3 l'avaient-il pouss , la boissonF Nul ne le sait, mais son comportement appara6t de plus en plus anormal au cours de l'ann e 1810. Les crises d' thylisme alternent avec des acc*s de d mence aigus. A Saint-Brieuc, d but d cembre 1810, on le retrouve parcourant les rues dans le plus simple appareil. Il est enferm , la maison d'arr1t et lib r le 10 0anvier 1811, apr*s 2u'il ait retrouv la raison 8. _____________________________________________________________________________________ 5. Archives municipales de Buingamp, VI - Dl. 9. Archives militaires, chTteau de Vincennes, cote )U 29, 28, 28. 8. Archives nationales, Caran, Paris. Vlections, cote F/lc/III/CdN. 8. Archives nationales, Caran, Paris. Justice, cote BB/18/255 EA4- 1028). Rentr , Callac, il rechute peu apr*s X il est accus de menaces de mort et de tentative d'incendie envers son beau-fr*re Nuitorel. Avec une hache, il se porte au domicile de celui-ci , Restellou, il 0ure de lui donner la mort et dans un de ses acc*s, il casse porte et fen1tres. Averti par les voisins proches, le maire de Callac, J rosme-Ale3andre Buiot demande au chef de la gendarmerie de se rendre ma6tre du forcen et de le conduire, en prime abord, , la maison d'arr1t 10 . Puis le lendemain 25 0anvier 1811, Claude Qu nechdu est transf r , la prison de Buingamp o- il demeure 0us2u', la fin du mois d'aoRt de la m1me ann e. Iais laissons maintenant le soin , Claude de nous faire part, dans sa premi*re lettre, de son malheur et de tenter ainsi d'att nuer la triste impression laiss e par son attitude pr c dente. Comme le dit si bien I. Le Borrec, secr taire g n ral de la pr fecture, dans une lettre adress e au ministre de la Justice le 13 septembre 1811 : +Un homme dans la force de l'Tge, ayant un e3cellent fonds d' ducation et d'instruction et 0oignant , cet avantage celui d'appartenir , une famille honn1te... / 11 Premi*re lettre +Vclairer une faction, c'est la vaincre. / +Ionseigneur, son e3cellence le Iinistre de la Justice, +C'est un p*re de famille, c'est encore un malheureu3 patriote 2ui 0adis a eu l'honneur de bien m riter de la patrie et de ses infortun s camarades, c'est un capitaine de l'arm e de l'Ouest, 2ui ose recourir , la source m1me de la 0ustice de Sa Ia0est Imp riale contre l'oppression de ses ennemis. +Ai-0e asseC souffert, ai-0e asseC comprim une 0uste r criminationF Il y a cin2 mois 2ue priv de mes enfants, 0e tra6ne dans la prison ma p nible e3istence.