No 119, mars 2014 Une quotité responsable 6 Le Fou surfe sur le 47e 8 Vers une seule paroisse 9 Parenthèse bretonne 10 La Caquerelle, ou le chevreuil? 14 L’essentiel Richti, un quartier bien conçu 25 Les palets de Calgary 12 Lola en confiance 20 Editorial Lors des fêtes de fin d’année, à Londres, je n’échappe pas à la vi- site d’un immense complexe com- mercial: 4500 places de parc, 374 boutiques, 24 restaurants de toutes nationalités, 60 endroits pour boire et manger, 19 terrasses plein sud. L’une des deux sorties de l’autorou- te est bloquée. On perd 20 minutes à couvrir les 300 mètres nous sépa- rant du parc, au stop and go. On y serait plus vite à pied. A l’entrée du hall, comme support publicitaire, un hélicoptère, rien que ça! Des milliers de places sont A la décharge de Bonfol, le grand chantier, en janvier 2009. Coll. A. Lachat prévues au centre de cet espace, mais bien des clients ne trouvent • Perchoir pas à s’asseoir. Leur plateau-repas refroidit. Où est le confort? Alain Lachat Les restaurants forment une cou- ronne tout autour, et derrière sur Un bilan enthousiaste trois étages s’étirent en anneaux concentriques des boutiques. Ça Chaleureux, volubile, le tutoiement facile: tel apparaît donne une idée du gigantisme. Alain Lachat, de Fregiécourt, député et président Tout cela draine une masse de du Parlement jurassien pour l’année 2013. Un homme clientèle si compacte qu’il est im- de dialogue et de consensus qui veut faire aimer le Jura. possible de téléphoner. Les ondes sont saturées. Dire que les abeilles dans une ruche communiquent en- Une carrière en chantiers tre elles… La technologie de pointe Emile Lachat, le père d’Alain, était garde-frontière. C’est au hasard de l’un est censée nous faciliter la vie, ce de ses postes à Beurnevésin que naît Alain, en 1954. Lorsque le père prend sa genre de concentration la compli- retraite anticipée, la famille migre à Montignez, puis à Asuel. que et nous fait perdre du temps. Le jeune Alain suit les cours de l’Ecole cantonale à Porrentruy. Devenu des- On marche sur la tête. sinateur en génie civil au bureau Conrad Hofmann, il y travaille de 1973 On y va. Où? Droit dans le mur. à 1975, et y reviendra de 1980 à 1982. Entre temps, il effectue quatre ans à /jfc/ la carrière de la Malcôte, chez son oncle et parrain Louis Lachat, car dès > o 2 La Baroche Le rendez-vous des villages – N 119 – mars 2014 l’enfance il a été attiré par le chan- tier, les machines. Il passera en- suite huit ans comme chef de chan- tier dans l’entreprise Louis Froté à Miécourt. En 1989, la chimie bâloise mandate le bureau CSD, spécialisé dans la géologie, l’environnement et les tra- vaux spéciaux, pour ouvrir une an- tenne dans le Jura. Elle lui confie la direction de ce bureau. A la suite de la modification de l’ordonnance fé- dérale sur le traitement des déchets (2000), toutes les décharges doivent être assainies. C’est ainsi qu’en 2007, une société composée des huit firmes qui ont enfoui des déchets à Bonfol, la BCI (Basler Chemie Industrie), le nomme responsable du département du génie civil. En tant que directeur de chantier pour l’assainissement de la décharge de Bonfol (2008), il assure le lien politique entre «la Chimie» et les autorités jurassiennes. Il s’agit rien de moins que d’évacuer et incinérer en Allemagne plus de 150 000 tonnes de déchets. Cela sans compter à la fin la déconstruction de ce gigantesque chantier: des milliers de m3 de béton et de macadam et des milliers de tonnes d’acier à éliminer afin de reconstituer la forêt originel- Alain Lachat, chez lui. Photo jlm le du village ajoulot. Près de 16’000 arbres y seront plantés. Ce sera là Entre autres. Et, naturellement, il af- 60, il a assumé cette responsabilité le dernier chantier professionnel fronte l’épreuve du feu: «On apprend de premier citoyen du canton, qui d’Alain Lachat: «Ça fait 40 ans que je aussi à se faire ramasser aux assem- consiste à piloter le navire législatif, suis dans mon métier, je l’ai toujours blée communales…» et l’a exercée avec bonheur et compé- aimé. Je veux aller jusqu’au bout.» tence. Il a su convaincre ses collègues D’un perchoir du bureau du Parlement «d’avancer Des mandats locaux l’autre Rétrospective. Alain Lachat a 28 Notre citoyen de Fregiécourt est en- ans. Son intérêt pour la chose pu- tré au Parlement en tant que député Acquise il y a six ans et magni- blique l’incite à entrer au conseil suppléant dès 2007. Elu député en fiquement rénovée, la maison fa- communal d’Asuel. Il y reste 18 ans. 2010, il a participé aux travaux de miliale de Fregiécourt s’accroche Au cours de ses mandats successifs, la commission Environnement et au flanc ouest du Montillat. Elle il dirige tous les départements, sauf équipement, et ce jusqu’à la fin de domine toute la plaine d’Ajoie et celui des œuvres sociales. Il œuvre 2013. Actuellement, il est président la vue par temps clair suit au loin ainsi à plusieurs réalisations: une du groupe parlementaire libéral-ra- la chaîne du Lomont. Nid d’aigle? place de sport, la station intercom- dical. Elu comme président du Parle- Haut-lieu de ressourcement? Un munale d’épuration (SNEP), la mise ment pour 2013 par les députés avec vrai coin de paradis… en place des deux cercles scolaires… un excellent score de 53 voix sur o La Baroche Le rendez-vous des villages – N 119 – mars 2014 avec des projets et des idées qui ren- Après chaque sortie c’était la valse connaître la mentalité des gens de dront le Canton du Jura compétitif, des questions: dans quel restaurant différents districts, à accepter la po- ambitieux et novateur pour le bien étiez-vous, était-ce un repère de rou- sition de chacun, la recherche des de chaque Jurassienne et Jurassien.» ges ou de noirs? Si on allait boire les consensus, à apprécier le respect La seconde mission du président, cafés chez quelque belle fille convoi- réciproque. «Des tours de table offi- c’est «d’être aussi et surtout un am- tée, quel était le journal sur la ta- ciels difficiles se terminaient parfois bassadeur de notre République et ble: le Pays ou le Démo?» Selon lui, autour d’une table moins officielle Canton du Jura, de nos institutions. certaines blessures de ces années-là dans une métairie au-dessus de Les nombreuses sollicitations à l’in- sont encore visibles. Il souhaitait ar- Cortébert, où les gens se disent des térieur et à l’extérieur de celui-ci, demment – il souhaite toujours - ne vérités car il y a la confiance!» en Suisse et à l’étranger permettent plus vivre ces tensions. Si le vote a été digne et respectueux, de porter l’image de notre Canton. S’il se sentait tout particulièrement le 23 novembre dernier, le verdict fut Durant mon année de présidence, concerné, c’est en raison des neuf aussi sans appel: un refus net d’en- j’ai reçu 160 invitations. J’ai assumé années passées au sein de la délé- trée en matière. Une perche tendue 84 représentations, refusée. Comment ne pas déplorer dont une à Bruxel- Jura: certaines ce choix de la partie bernoise du les dans le cadre de blessures sont Jura historique. Quelle déception! la francophonie. Quel gâchis! Je me suis rendu à encore visibles Berlin, par l’entre- Valoriser la Baroche mise de l’ambas- Lorsqu’on évoque la Baroche, trois sadeur suisse dans mots viennent à l’esprit d’Alain cette capitale, dans le but spécial de gation jurassienne à l’AIJ dans le Lachat: «Nature. Environnement. promouvoir les cantons romands cadre de laquelle il a eu la chance Sécurité.» Par sécurité, il entend auprès de l’économie allemande. Il de participer dès le début à l’étude spécialement celle des enfants du faut être fier de notre République et institutionnelle, jusqu’au dépôt du Cercle scolaire de la Baroche, qui contribuer à ce que chaque nouvelle rapport final. «Beaucoup de séances bénéficient du transport scolaire. rencontre puisse donner l’envie à nos pas toujours évidentes à gérer, des Lui qui a participé aux deux étapes interlocuteurs de connaître ce coin concessions à faire, des décisions à de ce regroupement, il ne tarit pas de pays, ses habitants, ses richesses. prendre, des valeurs à faire passer.» d’éloges à son sujet: «6 degrés, 6 Il le mérite et je pense ne pas avoir Au cours de ces neuf ans, il a appris à classes: c’est le gage d’un enseigne- déçu les Jurassiennes et Jurassiens.» Le Jura et l’AIJ Le canton du Jura s’était engagé fortement dans le processus mis en place par l’AIJ (Assemblée interju- rassienne). Ce dossier phare destiné à rendre possible un avenir commun pour le Jura et le Jura bernois tou- chait particulièrement Alain Lachat. Le jour du scrutin d’autodétermina- tion du Jura, le 23 juin 1974, il avait vingt ans, tout juste le droit de vote. Contrairement à d’autres, qui ont vécu ce processus dans l’allégres- se, lui, il garde de cette période un goût amer. «Dans une Ajoie parta- gée et une Baroche divisée, nous, les Une représentation conviviale, en compagnie de son collègue député-maire Jean-Pier- re Gindrat et de l’ancien maire de Fregiécourt Maurice Fleury, lors de la brocante 201 jeunes, étions sujets aux diverses in- à Miécourt.
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