PARC NATUREL RÉGIONAL DU MONT PILAT SENTIER BOTANIQUE JEAN-JACQUES ROUSSEAU DE CONDRIEU (Rhône) a LA JASSERIE DU PILAT (Loire)

PARC NATUREL RÉGIONAL DU MONT PILAT SENTIER BOTANIQUE JEAN-JACQUES ROUSSEAU DE CONDRIEU (Rhône) a LA JASSERIE DU PILAT (Loire)

Cette rubrique est dirigée par A. SOUBEIRAN Ingénieur du G . R . E . F. Section Technique Centrale des Espaces Verts Sous-Direction de l'Espace Naturel Direction des Forêts 1ter, avenue de Lowendal PARIS - (7 e ) PARC NATUREL RÉGIONAL DU MONT PILAT SENTIER BOTANIQUE JEAN-JACQUES ROUSSEAU DE CONDRIEU (Rhône) A LA JASSERIE DU PILAT (Loire) AqUEMMIMMENUM S. LEBRETON, F . BELLON, M . BRUN, L . GÂCHE Class . Oxford 907.11 (44 x G 1 - 49 F) En réalisant la création du Sentier Botanique J.-J. Rousseau l'Association des Amis du Parc Nature! Régional du Pilat continue la ligne de conduite qu'elle s'est tracée depuis le début de son action. Ce sentier créé grâce à un travail en équipe, constitue un des premiers aménagements mis en place sur l'étendue du massif. Il représente en outre un véritable symbole : associant des données historiques à celles fournies par la géographie, rapprochant recherches botaniques et intérêts touristiques, il forme un trait d'union entre Condrieu et la vallée du Rhône d'une part, les hautes terres du donjon montagneux d'autre part. Joignant pour les marcheurs les département s voisins du Rhône et de la Loire, il contribue ainsi à donner au Parc Naturel Régional du Pilat le caractère régional qu'il doit avoir. Docteur B . MULLER. L'HISTORIQUE DU SENTIER En août 1769, Jean-Jacques Rousseau venait herboriser au Pilat suivant de peu Claret de la Tourrette et l'abbé Rozier, botanistes lyonnais qui installaient à l'époque le Jardin Botanique de l'Ecole Vétérinaire de Lyon, rassemblant les éléments d'une flore lyonnaise et constituant un herbier « riche de plus de sept mille plantes, dont quatre mille, ou spontanées dans le Lyonnais ou élevées dans les jardins herbier qui est conservé dans les collections de la ville de Lyon, et où figurent encore quelques fougères cueillies par Rousseau lors de son excursion au Pilat. La botanique est devenue pour lui, en effet, une passion . Il la pratique jusqu'au jour de sa mort . Il écrivait en 1765 'à un ami de Genève : « Je raffole de la botanique, cela ne fait qu'em- pirer tous les jours . Je n'ai plus que du foin dans la tète, je vais devenir plante moi-même et je prends déjà racine ... » Sous ces termes pittoresques se cache pourtant un botaniste averti . Il a une bibliothèque de tout ce qui parait en France et à l'étranger sur la botanique ; il herborise en France, en Suisse, en Angleterre et est en rapport avec tous les naturalistes de l'époque ; il constitue des herbiers de plusieurs milliers de plantes et le recueil de ses lettres sur ce sujet à ses amis et relations forme un livre de plusieurs centaines de pages, qui, avec les Rêveries du Promeneur Solitaire se détachent de son oeuvre de philosophe, montrant un apaisement de son caractère instable et inquiet : il se résigne « à ne trouver que dans la nature, le bonheur auquel il a aspiré toute sa vie . » 377 R . F. F . XXI - 5-1969 Son voyage au Pilat l'a cependant déçu et il le dit sans ménagement : J'y allai dans une mauvaise saison, par un très mauvais temps, comme vous savez avec de très mauvais yeux et avec des compagnons de voyage encore plus ignorants que moi — je partis à pied avec trois messieurs dont un médecin qui faisaient semblant d'aimer la botanique et qui, désirant me cajoler, je ne sais pourquoi, s'imaginèrent qu'il n'y avait rien de mieux pour cela que de me faire bien des façons — ils m'ont trouvé bien maussade — nous avons trouvé sur la mon- tagne un très mauvais gîte : pour lit, du foin ressuant et tout mouillé, hors un seul matelas rembourré de puces, et dont, comme étant le Sancho de la troupe, j'ai été pompeusement gra- tifié — un de nos messieurs a été mordu d'un chien — Sultan a été demi-massacré d'un autre chien ; il a disparu, je l'ai cru mort de ses blessures ou mangé du loup ... et ce qui me confond c'est qu'à mon retour ici, je l'ai trouvé tranquille et parfaitement guéri — la pluie et d'autres accidents nous ayant sans cesse contrariés m'ont fait faire un voyage aussi peu utile qu'agréable — le pire est que nous n'avons rien trouvé ... j'avoue aussi que nous errions sans guide et sans chercher à savoir où trouver les places riches », mais il ajoute à l'adresse de Claret de la Tourrette « je ne suis pas étonné qu'avec tous les avantages qui me man- quaient vous ayez trouvé dans cette triste et vilaine montagne, des richesses que je n'y ai pas vues ... ». C'est donc le dimanche 13 août 1769, que Rousseau quitte sa résidence de Monquin, près de Bourgoin (Isère), dès avant le lever du soleil, pour aller ce même soir souper et coucher à Vienne, passer le lendemain le Rhône à Condrieu et gravir la montagne en direction des sommets, par Pavezin et Pelussin. Ses compagnons sont les fils Boy de La Tour (dont l'un est mordu par un chien), le marquis de Beffroy, le baron d'Esquancourt, gouverneur militaire de Bourgoin, Messieurs Donin de Ro- sières, de Champagneux et le docteur Meynier . Monsieur Borin se joint à eux en cours de route, venant de Serezin. Certains prétendent que Rousseau coucha à Virieu au-dessus de Pelussin, dans la maison Lentillon, mais rien n'est moins sûr . Nos voyageurs arrivèrent certainement à l'actuelle Jasserie, appelée à l'époque la Grange de Pilat qui était propriété de la puissante Char- treuse de Sainte-Croix ; elle servait de refuge aux bergers qui gardaient leurs troupeaux et y engrangeaient le foin pour la mauvaise saison . Ils buvaient, chantaient, dansaient une par- tie de la nuit et menaient souvent la vie dure aux voyageurs qui échouaient chez eux. Une anecdote pittoresque, transmise oralement sans doute car Rousseau n'en fait pas état, complète ces récits : les notables de Doizieu apprenant l'arrivée du grand homme dans la région, se portèrent à sa rencontre . Ils le trouvèrent sombre et tourmenté — « assis et médi- tant devant la grande cheminée » nous dit Eugène Masson dans « la Jasserie et le Mont- Pilat » (1955) — « sous un arbre dans la montagne » affirme Mulsant dans ses « Souvenirs sur le Mont-Pilat » (1870). Le notaire de Doizieu, Maître Perrier acquis à la philosophie de Rousseau avait préparé un long discours pour lui montrer qu'il avait là, de fidèles doctrinaires . Rousseau dit simple- ment à ces messieurs, lorsqu'ils eurent fini : « Avez-vous vu mon chien ? » ce qui les laissa fort déçus. Rentré à Bourgoin ses malheurs ne furent pas finis pour autant . Un coup de vent emporte les papiers de l'herbier qu'il veut faire : « des plantes de Pilat » les rats et les fourmis man- gent sur sa table les graines qu'il y a mises à sécher ... Malgré ces adversités J .-J. Rousseau dit avoir trouvé des plantes intéressantes : il en dresse la liste : l'Arnica, la Digitale, l'Aconit napel, la Myrtille, la Doronique, la Renouée bistorte, le Prénanthes dont il aurait pu recueillir aisément un litron de semences . II est au comble de la joie lorsqu'il découvre ce qu'il croit être le Sonchus alpinus. Rousseau, on le voit, n'est pas un botaniste de « compilation » il n'a pas craint d'aller sur le terrain. Cette herborisation au Pilat est la dernière qu'il fit en altitude, et l'on peut ima- giner ce que représentait, il y a deux cents ans, une excursion en montagne. Une plaque marqua pendant plusieurs années son passage à la Jasserie ; cette plaque disparut au cours d'aménagements nouveaux de la ferme. L'anniversaire du bi-centenaire de la visite de Jean-Jacques Rousseau méritait mieux que le simple remplacement de cet écriteau . Une ouverture plus large a conduit à tirer un ensei- gnement de cette célébre herborisation : celui de vous proposer un pèlerinage, de vous offrir ce contact avec la nature que louait tant le grand philosophe, et qui nous devient de plus en plus mesuré, en créant le Sentier Botanique Jean-Jacques Rousseau, menant de Condrieu, point de départ qu'il cite, jusqu'à la Jasserie, où il coucha. A le parcourir, effaçons les soucis et les tracas de la vie moderne, partons à la découverte de la nature, dont la pérennité ainsi prouvée, n'est-elle pas la plus belle leçon de philosophie que nous puissions recevoir de Rousseau ? 378 Nature, loisirs et forêt APERÇU GÉOGRAPHIQUE DU SENTIER Le Sentier Botanique de Jean-Jacques Rousseau, au nom évocateur d'un illustre et curieux voyage, conduit, suivant une orientation NNE - SSO de Condrieu sur le Rhône à la Jasserie du Pilat, au bas du Crêt de la Perdrix. Il nous a élève » de l'altitude 150 à la cote 1434, au milieu de paysages marqués profon- dément par la présence des hommes, paysages variés, dont l'agencement harmonieux déter- miné par la croissance de l'altitude, suggère l'étonnante diversité du Parc Naturel Régional du Pilat. Sur le parcours de cette « coupe géographique vivante nous reconnaîtrons trois sections pour lesquelles les lignes suivantes nous aiderons à mieux comprendre les espaces décou- verts. ire section - de Condrieu au col de Pavezin Dès le départ de Condrieu, port autrefois actif sur le Rhône, une forte pente nous accroche ... on passe rapidement à flanc de coteau, de 150 à 300 mètres d'altitude . L'abrupt du profil retient mal le sol ; aussi bien, au temps de l'économie ancienne, les hommes y construisirent des terrasses et des banquettes et plantèrent les mûriers et la vigne.

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