JeanMalval 1 Ancien médecin des Troupes coloniales Essai de chronologie tchadienne (1707-1940) avec une préface et des index de Marie-José Tubiana EDITIONS DU CENTRE NATIONAL DE LA RECHERCHE SCIENTIFIQUE - 15, Quai Anatole-France - 75700 PARIS 1974 « La publication de l'ouvrage du Dr. Jean Malval s'inscrit parmi les travaux entrepris par l'Equipe de Recherche Associée n° 240, qui continuent ceux de la Recherche Coopérative sur Program- me n° 45 » . Publications antérieures : - Aux Editions du C.N.R.S. : Lexique des parlers arabes tchado-soudanais, par Arlette Roth-Laly . Mission au Tibesti - Carnets de route ( 1933-1934) > par Charles Le Cœur. - Dans la collection « Etudes Nigériennes» (Niamey) : Les Marques de Bétail chez les Daza et les Azza du Niger, par Catherine Baroin . - Dossiers de la R.C.P. 45 Dossier 1 . Etudes Arabes (1966-1967), par Arlette Roth et Jean-François Fourcade . Dossier 2 . - Mission au Dar-Fur (1967), par Henri Sarre, Yves Reyre, Pierre Quézel et Pierre Bourreil (épuisé). Dossier 3 • * Index pour Albert Le Rouvreur, Sahariens et Sahéliens du Tchad, préparé par Jacques Vignet-Zunz et Jean-Maurice Le Gai. Dossier 4 .- Field-Work in Darfur (1965-1967), by Marie-Jose and Joseph Tubiana, Pierre Quezel and Pierre Bourreil, Yves Reyre and Henri Sarre . Dossier 5 . - Flore et végétation des plateaux du Darfur Nord-occidental et du jebel Gourgeil, par Pierre Quézel. © Centre National ISBNde la2- Recherche 222- 01625-8 Scientifique, Paris, 1974 PREFACE Le Docteur Jean Malval, médecin des troupes coloniales, a vécu au Tchad de 1926 à 1928, prin- cipalement au Kanem et au Ouaddaï. Sur place, son intérêt se porta rapidement sur l'histoire du pays et il commença à noter des renseignements puisés dans les premières archives des postes ou recueillis auprès des «anciens», Africains ou Européens. Par la suite, l'intérêt du Dr. Malval pour l'histoire du Tchad ne diminua pas, et c'est pour sa satisfaction personnelle qu'il constitua une chronologie détail- lée en puisant à des sources variées dont lui-même nous donne la liste. Ce travail, intitulé d'abord «Catalogue de faits tchadiens», nous fut communiqué par le Dr. Malval, d'une manière toute désintéressée, comme pouvant être un instrument utile pour nos recherches. Après en avoir pris connaissance nous avons pensé qu'il convenait de le mettre à la disposition de tous les chercheurs travaillant sur le Tchad, qu'ils soient historiens ou ethnologues, aussi bien que de tous les africanistes, enfin et surtout de tous les Africains. L'ouvrage du Dr Malval nous a paru particulièrement précieux pour la période précoloniale et coloniale, de 1800 à 1940. Il s'arrête à cette dernière date, plus précisément au 26 août 1940, avec le ralliement du Tchad à la France Libre, qui marque, d'après les propres paroles de l'auteur, le début d'une ère nouvelle. Cette chronologie permet de suivre mois par mois, et quelquefois jour après jour, les premiers détachements militaires dans leur course au Tchad. Elle apparaft ensuite comme une chronique de faits militaires qui montrent qu'au Tchad la péné- tration française ne fut pas facile. La conquête se heurta à une opposition sérieuse d'empires très cohérents : Rabeh et le Bornoul la Senoussiya du Kanem, le sultanat du Ouaddaï et la Senoussiya du Borkou pour ne parler que des obstacles majeurs. Le travail du Dr. Malval contient donc des informations sur l'histoire de la conquête et sur celle de la résistance concomitante des royaumes africains, deux volets indispensables à qui veut avoir une connaissance objective de la situation. Au-delà des événements militaires, nous découvrons aussi les problèmes quotidiens : difficul- tés du ravitaillement et du portage, entraînant de lourdes pertes en hommes, installation des postes, construction des routes, mise en place des communications télégraphiques et téléphoniques, début de la prophylaxie ... Nous lisons enfin les progrès de la connaissance. Toutefois, il ne faut pas chercher dans cet essai autre chose qu'une suite de points de repère présentés dans un ordre chronologique, sans commentaires ; mais nous pensons que cet ordre même, rigoureux, implacable, est suffisamment parlant. Cet Essai de Chronologie Tchadienne offre aux chercheurs un très utile instrument de travail, provisoire certes, regroupant des informations souvent très dispersées ; il doit être utilisé avec pru- dence, en se reportant aux sources (qui souvent se contredisent) chaque fois que cela sera possible. Il leur permettra d'établir des corrélations précieuses pour l'ethnologie historique. Cela reste malgré tout un essai portant la marque de son époque et comportant inévitablement des lacunes ou des erreurs qui pourront être rectifiées avec l'aide des utili sateurs, ce dont le Dr. Mal val et moi-même les remercions à l'avance. Marie-José T ubiana Chargée de Recherche au C.N.R.S. P.-S. Nous avons eu à déplorer, le 18 août 1973, la mort à l'hôpital militaire de Dijon du Docteur J ean Mal val. Il n' aura don c pas pu voi r imprimé ce I i vre auquel il a travai ll é j u squ' à I a derni è- re minute. INTRODUCTION Encadré de voyages pittoresques et lents, un séjour au Tchad de 1925 était certes une prenante initiation. Après forêts, fleuves, savanes, par la voie congolaise de notre pénétration, on découvrait des steppes lumineuses, aux populations diverses, éparses et démunies 0 Pratiquement terminée en 1914, parachevée après la guerre mondiale, la pacification débouchait non sans mal, par « l'ère des Commandants », sur une organisation valable du payso Une autorité militaire paternelle, où des gradés faisaient des chefs de subdivision convenables, dotait le territoire d'une bénéfique direction. Sous nos yeux, un monde sortait d'une obscurité plus que médiévale, des populations étaient arrachées à un re- tard séculaire. Après la manifestation de la force française, ces « Commandants » de tous grades répandaient notre justice, promesse d'un mieux-être déjà sensible. Les archaïques moyens de transport de l'époque faisaient du «Commandant» un homme du pays. Largement salué en brousse, bruyamment accueilli au campement, il avait un prestige considérable. Conformément à sa vocation, il mettait un point d'honneur à exercer son autorité avec mesure. Les effets de son action étaient évidents : la paix, la sécurité étaient acquises, et tout risque de famine écarté. On circulait en toute quiétude de N'Guigmi jusqu'à l'Ouadi Kadjia, et du Borkou au Salamat, sans armes et sans crainte de manquer d'eau ni de guides. Assagis, les turbulents Krédas du Bahr el Ghazal veillaient leurs troupeaux prospères. De cette tranquillité du grand pays, maintes fois consta- tée lors de tournées d'Assistance, le médecin peut amplement témoigner. D'autant qu'après la pandé- mie grippale de 1919, fièvre récurrente et épizooties fixaient l'attention sur les santés. Axé sur l'avenir de son cercle, le Commandant savait mieux que personne les vicissitudes de notre installation. Beaucoup de jalons, voire de témoins, évoquaient ce passé récent : une tombe, un fossé à Bir AI a I i, ailleurs un «tata» effondré, un «poste» oublié, cases alignées sous la clarté lunai- re. Le nom de Doudmourrah était familier à Fort Lamy, et davantage celui du faki Nahim à Moussoro. L'ancien interprète de Largeau (à jamais «le Colonel ») était en fonction à Mao ; le vieux Ganastou avait guidé jadis le lieutenant Cornet, et l'infirmier bambara chenu avait servi «Commandant Dix-Neuf» et connu le légendaire Moll ... Ces grands disparus paraissaient proches, comme l'épopée passionnan- te qu'ils avaient incarnée. Pour en savoir plus, on pouvait consulter les feuillets poudreux échappés aux termites, aux tornades et à d'autres agents destructeurs. Ce dont on se louait, tant cet hier avait déterminé la réalité d'aujourd'hui. A point nommé, tel camarade vient de recevoir « via Cotonou-Zinder » le récent ouvrage d'un grand africain, Les conquérants du Tchad. Mais, blessé au début de l'action le 22 avril 1900, Meynier se tait au seuil de son sujet. Faute d'écrits sûrs, on interrogera donc les anciens ; et leurs récits irisés à la lueur du photophore, ou magnifiés au long d'étapes ensoleillées, seront notre tradition per- sonnelle, un rien fabuleuse. Ainsi, cette merveilleuse histoire nous plaisait fort et nous pensions en vivre la digne suite. Resté fidèle à cette inclination, guère moins avide de compléter d'incertaines notions, nous eûmes plus tard loisir de puiser à source plus claire. Une littérature substantielle est heureusement accessible. Il en ressort que, depuis les initiatives de Gentil en 97 jusqu'à l'extension du Tchad à ses frontières de 1929, tout s'accomplit suivant une inéluctable logique. La destruction de Rabah et de ses séquelles nous oblige à chasser la Senoussiya implantée au Kanem. L'affrontement prolongé, souvent dramatique, avec le Ouaddaï, exige finalement notre occupation du Borkou. Attirés au Massalit, nous ne pouvons éluder l'appel du Tibesti. Ces événements connus, leur mécanisme, leur chronologie restent dignes d'attention. Les acteurs étant à la mesure de l'immense théâtre, l'action ne manqua pas d'intensité, fresque militaire coupée d'accalmies où la volonté des antagonistes ne faiblissait pas. Tandis que la pénétra- tion au Gabon, au Congo, en Oubangui, était relativement aisée, il en fut donc autrement au Tchad où elle rencontra de réels obstacles. Il n'est pas inutile d'y insister en ce catalogue de faits tchadiens. La trame des événements n'en sera que plus cohérente. Une profonde gratitude va aux personnes amies qui nous ont aidé. Et de façon toute particulière à Marie-José Tubiana qui, par sa haute compétence permit à ces notes de voir le jour. Dijon, Août 1972 Dr. Jean Malval ESSAI DE CHRONOLOGIE TCHADIENNE jusqu'en 1940 VIII s.
Details
-
File Typepdf
-
Upload Time-
-
Content LanguagesEnglish
-
Upload UserAnonymous/Not logged-in
-
File Pages19 Page
-
File Size-