Exposition Souffle nomade Contenu dossier exposition // médiation scolaire en ligne « Pour qui connait la valeur et aussi la délectable saveur de la solitaire liberté (car on n’est libre quand qu’on est seul), l’acte de s’en aller est le plus courageux et le plus beau. Égoïste bonheur, peut-être. Mais c’est le bonheur , pour qui sait le goûter. Être seul, être pauvre de besoins, être ignoré, étranger et chez soi partout, et marcher, solitaire et grand, à la conquête du monde. » Isabelle Eberhardt (1877-1904 ), écrivain voyageuse. « Dans l’islam, et particulièrement parmi les ordres soufis, la siyahat ou "errance", l’action ou le rythme de la marche fut utilisée pour permettre aux hommes de rompre avec les tentations du monde et de se perdre en Dieu. Le but du derviche était de devenir un "mort qui marche", quelqu’un dont le corps reste en vie sur la terre, mais dont l’âme est déjà au paradis. Un manuel soufi, le kashf-al-mahjub, déclare que, vers la fin de son voyage, le derviche devient le chemin et non celui qui l’emprunte, c’est à dire un lieu par lequel quelque chose transite, et non un voyageur suivant sa propre volonté. » Bruce Chatwin, écrivain-voyageur « Souffle nomade » J'aime marcher, rouler, voler. A pied, en voiture, en car, en avion... voyager rime en moi avec respirer, exister. Prendre de la distance, dans tous les sens du terme, avec son habitat, ses habitudes, ses relations, n'est-ce pas le premier pas vers la liberté vraie ? Larguer les amarres, suivre la direction du vent, s'éloigner du connu, se perdre dans l’horizon... rêve que je caresse tous les jours. Terra incognita, no man's land...sont des expressions qui m’incitent au départ. Le voyage véritable, celui qui entraîne, ensemble, corps et âme, est une promesse toujours renouvelée. Toute aventure, ne s’amorce-t-elle pas d’abord par un pas au dehors de (chez) soi ? Partir, loin si possible, pour l'étranger (ah le joli mot !), contempler de face des visages inconnus, entendre des accents étranges, goûter des saveurs nouvelles, habiter des lieux inédits... ajoutent de la vie à ma vie. Je me sens toujours un peu nomade lorsque, suivant des traces imaginaires, je chasse des images improbables ou cueille des instants de vie. L'œil en éveil, bienveillant, j'observe le monde, les gens, l'époque. Je cherche la bonne distance, j'affine l'intention, doucement je m'approche puis je prends la photographie pour mieux la rendre : la photographie est ma manière d’échanger, d’entrer en dialogue. J’aime partir, oublier mon identité figée, me perdre dans la rencontre. Chaque image est une trace, comme un caillou laissé sur le chemin, pour mieux me retrouver. Trouver mon propre équilibre, en contrebalançant les ombres et les lumières, voir plus clair, en ajustant la focale. Quant au temps, qui m'est compté, il s’écoule au rythme des clics de mon appareil qui s’est substitué au tic-tac de ma montre. Chaque photographie capturée est une image de moins dans ma vie... jusqu'au, chemin faisant, dernier clic qui me surprendra dans un ultime souffle... nomade ! 1 ISABELLE EBERHARDT, un compagnon de route..... La photographie est pour moi, tout à la fois: expression, impression, émotion, concentration. Une discipline de vie qui me permet de rester éveillé, émerveillé par ce qui s'offre à moi à chaque souffle. Ma relation au temps, s'en trouve modifiée, amplifiée. Un dialogue avec moi-même s'engage: trouver le bon angle, ajuster, composer, équilibrer, et guetter « l'instant décisif ». Je veux restituer le meilleur de moi-même, le meilleur de l'autre, le meilleur du monde. L'inattendu, voilà ce qui seul me pousse à prendre la route, appareil en bandoulière. Voyager n'est-ce pas partir vers l'inconnu ? S'extraire de son environnement sécurisé, prendre des risques, s'égarer, se retrouver... m'ouvrent à une part encore ignorée de moi-même, car au fond tout voyage, n'est-il pas double: extérieur et intérieur ? Chemin faisant, ma rencontre avec ISABELLE EBERHARDT, sa vie, son œuvre, a éclairé ma pratique photographique. Elle est devenue un compagnon de route, de voyage, d'errance et d'espérance. Nordine Chakri –Photographe. Désert de Taghit, Algérie ©Nordine Chakri 2 NORDINE CHAKRI Nordine Chakri habite Chambéry. Nombre de ses photographies ont été publiées dans Libération, la Croix, l'Evénement du Jeudi, Immigration magazine, supplément du Monde, Télérama et l'Humanité- Dimanche. Il a exposé à Chambéry et en Savoie, mais aussi à Bordeaux, Amiens, Rostock, Hanovre et Luchow. En 1995, il est lauréat du concours national ILFORD "noir et blanc". Ses travaux photographiques l'ont emmené dans plusieurs régions françaises mais également en Suisse, Italie, Algérie, Maroc, Turquie et en Jordanie. Le photographe est parti sur les traces d’Isabelle Eberhardt, ses photographies s’inspirent des différents lieux où Isabelle Eberhardt est passée ou a vécu (Genève où elle est naît le 17 février 1877, Marseille et l’Algérie qu’elle parcourt et où elle meurt le 21 octobre 1904, à l’âge de 27 ans). Au fur à mesure de son voyage, le photographe a tissé des liens et une relation quasi intime avec Isabelle Eberhardt. Véritable dialogue entre Isabelle et Nordine, l’exposition comprend des photos couleur accompagnées de textes, à la manière d’instantanés, extraits de l’ouvrage Les Journaliers d’Isabelle Eberhardt. Une belle occasion de découvrir le destin singulier et l’œuvre de cette journaliste, romancière et aventurière ! 3 Isabelle Eberhardt Repères biographiques 1858 Mariage à Moscou de Natalia Nicolaïevna Eberhardt et de Pavel Karlovitch de Moerder, général de l’armée du tsar, de quarante ans son aîné. Le couple aura six enfants. 1871 En raison de l’état de santé d’un des fils, départ pour la Suisse de Mme de Moerder, enceinte et de trois de ses enfants accompagnés de leur précepteur Alexandre Trophimovski. Augustin naît à Montreux à la fin de l’année. 1873 Mort du général de Moerder qui n’a pas revu sa famille depuis son départ pour la Suisse. 1877 Naissance d’Isabelle Eberhardt, le 17 février, à Genève. 1897 Mai : séjour à Bône (Annaba) 28 novembre : mort de Natalia de Moerder 1899 Le 15 mai, mort d’Alexandre Trophimovsky à Genève Séjour d’Isabelle Eberhardt en Tunisie 8 juillet : départ de Tunis pour le Sud Constantinois (Algérie). Première découverte du Sahara et d’El Oued. 1900 Janvier : voyage en Sardaigne. De février à juillet : entre Paris et Genève. Août : séjour à El Oued. Rencontre de Slimène Ehnni. Initiation à la confrérie des Kadriya. 1901 29 janvier : victime d’un attentat à Behima. 18 juin : procès à Constantine de son agresseur, condamné aux travaux forcés. Expulsion d’Algérie et séjour à Marseille chez frère Augustin. 28 août : Ehnni la rejoint à Marseille. 17 octobre : mariage civil à la mairie de Marseille. 1902 Janvier : retour en Algérie. Installation du couple à la Casbah. Juin, juillet : voyage à Bou-Saada et El-Hamel. Rencontre avec Lella Zeyneb, maraboute de la confrérie des Rahmania. 1903 Janvier : deuxième voyage à Bou-Saada et El-Hamel. Septembre : départ comme reporter de guerre dans le Sud oranais Octobre : Rencontre avec Lyautey à Aïn Sefra. 1904 Voyage à Oujda (Maroc). Mai : séjour à Kenadsa. Septembre : retour à Aïn Sefra et hospitalisation. 21 octobre : Isabelle Eberhardt meurt dans l’inondation d’Aïn Sefra. 4 1907 14 avril : mort de Slimène Ehnni. 1920 Suicide d’Augustin de Moerder à Marseille. Tombe d’Isabelle Eberhardt à Aïn-Sefra ©Nordine Chakri 5 Pour en savoir plus sur Isabelle Eberhardt Vidéos Interviews d’Edmonde Charles-Roux Archive INA : extrait de l’émission Apostrophes du 6 janvier 1989 à propos de la sortie du livre d’Edmonde Charles- Rous Un désir d’Orient, la jeunesse d’Isabelle Eberhardt (1er tome de la biographie d’I. Eberhardt) https://www.youtube.com/watch?v=C_DsIpG7b7E Archive INA : extrait émission réalisée lors de la sortie du livre d’Edmonde Charles-Roux, Nomade j’étais, les années africaines d’Isabelle Eberhardt (2ème tome de la biographie d’I. Eberhardt). https://www.youtube.com/watch?v=KIJ4DJHeWCo Extrait de « Isabelle Eberhardt ou la fièvre de l'errance'' de Ali Akika - Productions de la Lanterne https://www.youtube.com/watch?v=HI_YgRq0EWA Café littéraire au Festival Étonnants Voyageurs 1991 Marie-Odile DELACOUR, Jean-René HULEU, Père Cominardi. Débat animé par Maëtte CHANTREL et Christian ROLLAND. https://vimeo.com/45533314 Nous signalons un film de fiction qui retrace la vie d’Isabelle Eberhardt mais un film « éreinté » par la critique lors de sa sortie en 1991. Isabelle Eberhardt, film réalisé par Ian Pringle en 1991 avec Mathida May, Tchéky Karyo et Peter O’Toole. Ce film est disponible en VO anglais non sous-titré (durée 115 mn) sur : https://www.youtube.com/watch?v=YNj0IDvEXNg Film documentaire (Arte) https://www.youtube.com/watch?v=9rnJd4K_HVQ Articles de presse « Isabelle Eberhardt lance les femmes dans l’aventure ». Tribune de Genève, 15 mai 2009 www.unige.ch/presse/static/ideesgenie/PDF15EBERHARDT.pdf « Pionnières de la Suisse moderne, Isabelle Eberhardt: aventurière au pays des sables » article d’ Eléonore Sulser. Le Temps, 30 juillet 2014 https://www.letemps.ch/suisse/2014/07/30/isabelle-eberhardt-aventuriere-pays-sables 6 Gare de Genève ©Nordine Chakri 7 Exploitation pédagogique Quelques pistes L’œuvre d’Isabelle Eberhardt permet d'explorer de manière romanesque des terres lointaines jadis découvertes par des explorateurs qui les feront connaître au monde entier. Ecrivaine-voyageuse, exploratrice, journaliste, reporter de guerre, souvent qualifiée de « Rimbaud au féminin » I. Eberhardt laisse plus de 2000 pages d’écrits.
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