Eugène Onéguine Piotr Ilyitch TCHAÏKOVSKI Scènes lyriques en 3 actes (7 tableaux) Livret de Constantin Chilovsky, d’après le roman éponyme d’Alexandre Pouchkine Créé à Moscou le 29 mars 1879 au Petit Théâtre du Collège Impérial de musique (Théâtre Maly) Orchestre national Montpellier Languedoc-Roussillon Chœur national Montpellier Languedoc-Roussillon Vendredi 17 janvier 20h00 Dimanche 19 janvier 15h00 Mardi 21 janvier 20h00 Opéra Berlioz / Le Corum Durée : 3h avec entracte Cahier pédagogique Saison 2013-2014 Réalisé par Bénédicte Auriol-Prunaret, professeur missionné au service éducatif Service Jeune Public et Actions Culturelles – 04 67 600 281 - www.opera-orchestre-montpellier.fr Eugène Onéguine Piotr Ilyitch Tchaïkovski Scènes lyriques en 3 actes (7 tableaux) Livret de Constantin Chilovsky, d’après le roman éponyme d’Alexandre Pouchkine Créé à Moscou le 29 mars 1879 au Petit Théâtre du Collège Impérial de musique (Théâtre Maly) Ari Rasilainen direction musicale Marie-Ève Signeyrole mise en scène et décors Lucas Meachem Eugène Onéguine Dina Kuznetsova Tatiana Anna Destraël Olga Dovlet Nurgeldiyev Lenski Mischa Schelomianski Le Prince Grémine Svetlana Lifar Madame Larina Olga Tichina Filippievna Loïc Félix Monsieur Triquet Yashi Tabassomi costumes Philippe Berthomé lumières Noëlle Gény chef des chœurs Nino Pavlenichvili chef de chant Marc Salmon assistant à la mise en scène Nouvelle production Chœur de l’Opéra national Montpellier LanguedocLanguedoc----RoussillonRoussillon Orchestre national Montpellier LanguedocLanguedoc----RoussillonRoussillon Des mots autour de l’œuvre « Eugène Onéguine est l’un des opéras les plus bouleversants du romantisme. L’indifférence du dandy Eugène, la fragilité de Tatiana, la douceur d’Olga et de Lenski n’ont jamais cessé d’émouvoir. Adaptée par Piotr Ilitch Tchaïkovski (dont la musique accompagne notre saison), cette œuvre essentielle de la littérature russe écrite par Alexandre Pouchkine en 1832, conserve toute sa cruauté. Après Janàček et La Petite renarde rusée en 2012, Marie-Eve Signeyrole propose sa lecture des émois amoureux de la jeune Tatiana. » Orchestre national Montpellier Languedoc-Roussillon « Ces scènes lyriques, qui refusent jusqu’au nom d’opéra, sont un des plus purs chefs d’œuvre du genre, car elles incarnent l’idéal suprême des Florentins, pères fondateurs de l’opéra : chanter comme on parle. » Piotr Kaminksi, Mille et un opéras « Beau doublé d'amis – hélas, bientôt duellistes […]. Le premier, prêt à mourir pour l'amour d'Olga, est aussi idéalement poète et exalté que le second recèle de morgue morbide et de superbe dédaigneuse. Tombé amoureux de Tatiana au moment où elle lui échappe, il sera "tué" à son tour, non d'un coup de feu, comme il a occis son ami Lenski, mais du vengeur "baiser de Salomé" que la jeune femme, jadis humiliée, lui donne avant de le quitter pour retourner à son mari, le falot mais généreux prince Grémine d'Alexei Tanovitski. » Marie Aude Roux, in Le Monde, 30 septembre 2013 « La semaine dernière, j’étais chez Lavroskaïa. La conversation porta sur les sujets d’opéra. Son imbécile de mari disait les pires inepties et proposait les sujets les plus invraisemblables. Lavroskaïa ne disait rien, se contentant de sourire avec indulgence. Soudain elle dit « Et si vous preniez Eugène Onéguine ? » L’idée me parut invraisemblable et je ne répondis rien. Puis, étant allé dîner tout seul dans une auberge, je repensai à Onéguine et, en y réfléchissant, je commençai à trouver l’idée de Lavroskaïa acceptable. Elle commença même à m’enthousiasmer et, vers la fin du repas, ma décision était prise. Je courus chercher le livre de Pouchkine. Je le trouvai non sans mal, rentrai à la maison, le relus avec émerveillement, et passai une nuit sans sommeil, dont le résultat fut un charmant scénario sur un texte de Pouchkine. Le lendemain, j’allai chez Chilovski, qui est en train d’adapter mon scénario à toute allure. [...] Tu auras du mal à croire à quel point je suis enthousiasmé par ce sujet. Je suis tellement heureux de me débarrasser de toutes ces princesses éthiopiennes, de ces pharaons, de ces empoisonnements, de toute cette emphase. Eugène Onéguine est d’une poésie infinie. Je reste cependant lucide, je sais qu’il y aura peu d’effets scéniques et peu d’action dans cet opéra. Mais la poésie de l’ensemble, l’aspect humain et la simplicité du sujet, servis par un texte génial, compensent largement ces défauts. » Tchaïkovski à son frère Modest, 18 mai 1877 « Peu importe que mon opéra soit peu scénique et manque d’action. Je suis amoureux de l’image de Tatiana, je suis émerveillé par les vers de Pouchkine. Il est vrai que l’on ne peut imaginer conditions plus favorables à la composition que celles dont je jouis ici. J’ai à ma disposition une maison entière, parfaitement meublée, et lorsque je travaille, je ne vois personne, excepté Aliocha. [...] J’ai déjà écrit le deuxième tableau du premier acte (Tatiana avec la nourrice) et j’en suis fort satisfait. L’essentiel du premier tableau est prêt également. » Tchaïkovski à son frère Modest, Glebovo, le 9 juin 1877 « Voilà ce qu’il me faut pour Onéguine : 1) des chanteurs de moyenne force mais bien préparés et sûrs d’eux-mêmes ; 2) des chanteurs qui sachent jouer tout simplement tout en jouant bien ; 3) il me faut une mise en scène sans luxe, mais qui corresponde rigoureusement à l’époque à laquelle se passe l’action (c’est-à-dire les années 1820) ; 4) les chœurs ne doivent pas être un troupeau de brebis comme sur la scène impériale, mais des humains qui prennent part à l’action de l’opéra. » Tchaïkovski à Karl Albrecht, inspecteur de la musique des théâtres impériaux, 15 décembre 1877 Un compositeur russe et international... Né le 7 mai 1840 au village de Votkinsk, dans le district de Viatka, fils d’un inspecteur de mines, il déménage à l’âge de dix ans à Petersburg, où il fera du droit, sans jamais abandonner la musique à laquelle, au départ, il ne semblait guère destiné. C’est après avoir obtenu son diplôme, et une fois entré dans la très hiérarchisée fonction publique, qu’il commence des études musicales plus approfondies à l’institut musical de Petersburg, bientôt Conservatoire, créé par Anton Rubinstein dont il sera l’élève dans sa classe de composition. Un des premiers compositeurs russes à pouvoir se vanter d’une formation aussi profonde et complète, il devient très vite (1866) professeur au Conservatoire de Moscou, tout en produisant ses premières œuvres symphoniques ( 1e symphonie , 1868) qu’il révisera infatigablement, jamais satisfait du résultat. Il en ira de même de sa première création lyrique ( Le Voïevode , 1869), partition qu’il détruira de ses propres mains. Il ne sera pas davantage content de son deuxième opéra ( Opritchnik , 1874), dont la création est suivie par celle d’une des œuvres les plus célèbres de l’histoire de la musique : son 1er Concerto pour piano (Boston, 1875). Très rapidement, sa gloire traverse les frontières ouvrant une série de voyages à l’étranger (26 au total). Mais l’opéra lui échappe encore, comme en témoigne sa troisième partition ( Vakoula le Forgeron , 1876) qui subit un échec retentissant, avant d’être retirée, révisée (sous le titre Tcherevitchki – Les Souliers ), et donnée à nouveau en 1887. La même année 1876, il triomphe pourtant avec le ballet Le Lac des Cygnes . Son premier succès lyrique suit de près la création moscovite de la 4e symphonie (1878) : c’est l’adaptation d’Eugène Onéguine de Pouchkine (1879). Deux années plus tôt, dans un geste insensé, eu égard à son homosexualité ouvertement pratiquée, il avait épousé une élève du Conservatoire, Antonina Milioukova ; l’erreur lui coutera la plus profonde de ses nombreuses dépressions. L’unique femme de sa vie mais d’une importance capitale, aura été la riche veuve Nadiejda von Meck avec laquelle il entretiendra une correspondance de treize ans (1876-1890), sans jamais la rencontrer, et qui le soutiendra financièrement avec une formidable générosité, lui permettant une vie libre de soucis. L’année 1881 apporte la création viennoise du Concerto pour violon (rageusement assassiné par le critique Eduard Hanslick, témoin de la profonde controverse esthétique qui entoure sa musique) ainsi qu’une nouvelle déception lyrique, La Pucelle d’Orléans. Mazeppa (1884) s’affirme avec plus de succès, davantage que l’Enchanteresse (1887), un succès d’estime suivi d’un nouveau triomphe chorégraphique, La Belle au bois dormant (1890) et du second chef d’œuvre lyrique tant attendu : La Dame de Pique (1890). L’heureuse année 1890 est cependant marquée par une rupture avec Mme von Meck. De retour d’une tournée américaine triomphale, il produit un double spectacle composé d’un ballet, Casse-noisette , et d’un opéra, Iolantha (1892) ; une fois de plus, le succès n’est pas au rendez-vous. L’année 1893 est consacrée à la composition de sa dernière symphonie, la Pathétique , créée à Moscou le 28 octobre 1893, une dizaine de jours avant sa mort (6 novembre). Cette dernière, dont les circonstances restent obscures, fut l’objet des légendes les plus fantaisistes. Admirable technicien ; orchestrateur de génie, doté d’une invention mélodique exceptionnelle, et d’un sens de la forme que démontrent les audaces, enfin reconnue, de son ultime symphonie, Tchaïkovski était né pour triompher à l’opéra, domaine qu’il conquit de haute lutte, ayant subi l’impitoyable loi des mauvais livrets. Il n’est pas fortuit que ses deux chefs-d’œuvre lyriques (dont la Dame de pique écrite en collaboration avec son frère Modeste) brillent aussi pas leur excellence littéraire. Son style, alliage parfait du génie national et de l’inspiration classique (Mozart était on idéal), n’a cessé d’être accusé de facilitée de sentimentalisme, reproches non dénués d’arrière-pensées, et fort heureusement ignorés par le public qui voue à ses œuvres les plus célèbres (trois dernières symphonies, ballets, deux concertos et deux opéras) un amour que rien n’altère.
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