La politique économique de François Hollande (2012-2014). Trahison électorale, ralliement économique, rupture politique Éléa Pommiers To cite this version: Éléa Pommiers. La politique économique de François Hollande (2012-2014). Trahison électorale, ralliement économique, rupture politique. Science politique. 2016. dumas-01526402 HAL Id: dumas-01526402 https://dumas.ccsd.cnrs.fr/dumas-01526402 Submitted on 23 May 2017 HAL is a multi-disciplinary open access L’archive ouverte pluridisciplinaire HAL, est archive for the deposit and dissemination of sci- destinée au dépôt et à la diffusion de documents entific research documents, whether they are pub- scientifiques de niveau recherche, publiés ou non, lished or not. The documents may come from émanant des établissements d’enseignement et de teaching and research institutions in France or recherche français ou étrangers, des laboratoires abroad, or from public or private research centers. publics ou privés. ÉLÉA POMMIERS Master 2 Sociologie et institutions du politique. 2015-2016 La politique économique de François Hollande (2012-2014). Trahison électorale, ralliement économique, rupture politique. Sous la direction de Frédéric SAWICKI. Mémoire de recherche Master 2 Université Paris I Panthéon-Sorbonne. UFR de Sciences politiques. !1 Remerciements J’adresse mes remerciements à tous ceux qui ont contribué à la réalisation de ce mémoire. Je remercie mon directeur de recherche, M. Frédéric Sawicki, pour m’avoir permis de mener ce travail, et pour ses conseils. Je tiens également à remercier les personnes rencontrées dans le cadre de cette étude, pour m’avoir accordé de leur temps et pour m’avoir livré leurs témoignages. Je remercie enfin tous les membres de mon entourage, famille et amis, qui m’ont soutenue dans cette entreprise de recherche et de rédaction. Mes remerciements vont tout particulièrement à Cécile, pour m’avoir, encore une fois, fait don de son temps, de toute sa capacité d’écoute, de tout son sens critique et de sa concentration afin de rendre ce travail aussi pertinent qu’il pouvait l’être. !2 Introduction 5 Chapitre 1 : La politique de compétitivité de François Hollande, conversion ou confession ? 23 A. De 2011 à 2014, récit d’un revirement politique. ...........................23 1. Compétitivité et baisse des charges dans le débat politique français. 23 2. La campagne de 2012, le moment électoral. 28 3. De 2012 à 2014, la conversion au « tout compétitivité ». 32 B. Un « tournant » idéologique de façade. ...........................................37 1. Le socialisme « à la française ». 38 2. Une « révolution copernicienne » fomentée de longue date. 44 3. Un « tournant » dans la continuité de la pensée « hollandienne ». 49 C. Une trahison électorale. ....................................................................55 1. François Hollande en campagne, la stratégie de l’évitement. 55 2. Compétitivité, chercher le clivage. 59 3. Discours public, discours interne, la compétitivité en catimini. 64 Chapitre 2 : La politique de compétitivité, une politique d’experts. 70 A. Les acteurs de la décision: l’exécutif à la manoeuvre. ...................71 1. L’effacement du parti socialiste. 71 2. La loi sans le Parlement. 76 3. La politique de compétitivité, une décision 100% exécutif. 82 B. Le poids des entourages « économiques » du pouvoir. ..................88 1. Think tanks et économistes: façonner le champ des possibles. 88 2. Représentants du monde patronal: peser sur l’agenda des réformes. 94 3. Conseillers ministériels et haute administration: un terreau fertile à la promotion d’une politique de compétitivité. 99 C. Un personnel dirigeant porteur d’une vision dépolitisée de l’économie. ............................................................................................106 1. Un profil particulier de conseillers. 107 2. Le cloisonnement de la pensée au sein de l’élite dirigeante. 112 3. L’économie, le domaine réservé des techniciens. 119 Chapitre 3 : De l’absence de projet économique à la rupture politique. 126 A. L’économie, une question omniprésente mais vidée de sens politique. ...............................................................................................126 1. L’économie, la nouvelle grammaire politique. 126 !3 2. L’Union européenne, matrice de la politique économique française. 133 3. La politique économique sans projet politique. 140 B. La politique de compétitivité: la décision publique aux prises avec les intérêts particuliers. .......................................................................146 1. Le mythe du « savoir » économique. 146 2. Accepter les intérêts de « l’élite économique ». 152 3. Abdiquer la vision politique. 159 C. La légitimité technique avant la légitimité électorale. .................165 1. Diriger l’Etat, mais sans forcément le servir. 165 2. Des entourages ministériels qui négligent le rôle du politique. 172 3. Faire de la politique sans être politique: le « citoyen » oublié. 176 Conclusion 184 Bibliographie 188 !4 Introduction L’objet de ce mémoire naît d’un précédent travail de recherche sur le rôle des think tanks dans l’élaboration de la politique économique. En voulant appréhender le rôle des élites économiques dans l’élaboration de la politique publique, nous avions étudié l’exemple du Pacte de Responsabilité. Nous avons ainsi pu montrer que les économistes - au sens d’universitaires diplômés en économie - et les représentants du monde patronal avaient incontestablement contribué à porter l’enjeu de la compétitivité dans l’espace public et politique. Nous avons également montré que, malgré les similitudes frappantes entre leurs revendications et la politique économique de François Hollande, ces acteurs n’intervenaient pas directement dans la décision. En effet, ils ne figurent pas dans les entourages directs du pouvoir. La question se posait donc de savoir pourquoi le gouvernement socialiste formé après l’élection de François Hollande avait adhéré au discours des économistes sur la compétitivité et en avait appliqué les préceptes en 2012. L’enjeu dépasse le simple intérêt scientifique, puisque la question agite le débat politique depuis le début du quinquennat de François Hollande. En 2013, un an après l’élection de celui-ci à la tête de la République française, Laurent Mauduit publiait un ouvrage intitulé L’Etrange capitulation1. Le journaliste y explique sur un ton cinglant son indignation face aux premières mesures économiques mises en oeuvre par le gouvernement socialiste. En se focalisant notamment sur la politique en faveur de la compétitivité adoptée par la majorité - incarnée par le Crédit d’impôt compétitivité emploi (CICE) - il montre que le gouvernement s’est engagée dans une voie économique en contradiction non seulement avec les promesses électorales du candidat socialiste, mais également avec la philosophie politique du Parti socialiste. Ce n’est pas de la première fois qu’un gouvernement de gauche est amené à renier ses promesses. Mais la particularité réside dans le fait qu’après son élection, François Hollande n’a pas cherché « un seul instant, une fois élu, à résister »2. Laurent Mauduit accuse ainsi le Président nouvellement élu en 2012 d’avoir renoncé à chacun de ses engagements dès la première année, en prenant l’exemple de la « révolution fiscale » annoncée, ou des 1 L.MAUDUIT, L’Étrange capitulation, Editions Gawsewitch, 2013. 2 L.MAUDUIT, op.cit, p.11 !5 promesses de celui-ci sur Florange. A cet ouvrage viendront s’ajouter des publications de députés « frondeurs » de la majorité, comme celui de Jean-Marc Germain intitulé « Tout avait si bien commencé », celui de Laurent Baumel, Quand le Parlement s’éveillera, ou encore de Delphine Batho, ministre de l’environnement démissionnaire en 2013, Insoumise. Ces publications ont en commun la critique -souvent virulente- de ce que les auteurs identifient comme les « renoncements » du gouvernement socialiste, et l’incompréhension affichée face à des mesures qui semblent avoir été dictées par la seule volonté de ce dernier. L’arrivée des socialistes au pouvoir en 2012 a en effet immédiatement provoqué un changement de discours, qui emprunte désormais beaucoup de son vocabulaire à la mouvance économique libérale, ainsi que la mise en oeuvre de politiques qui s’inscrivent également dans cette tendance. La lecture de la presse sur l’année 2012 témoigne également de ce qui apparaît être un « tournant » dans le discours socialiste. Dans un article du Parisien de janvier 2012, « Il fait l’impasse sur ces sujets-là »3, le quotidien s’étonne que la compétitivité ne fasse pas l’objet d’un chapitre spécifique du programme de François Hollande. De même, le Figaro titre le lendemain sur « Un programme qui laisse de côté la compétitivité »4. Pourtant, une fois au pouvoir, les politiques économiques qu’il met en oeuvre sont destinées à répondre à ce « déficit majeur de compétitivité ». Dès juillet 2012, le gouvernement demande à Louis Gallois la rédaction d’un rapport sur la compétitivité de l’industrie française. Au lendemain de sa publication, le 5 novembre 2012, le Premier Ministre annonce la mise en place d’un « crédit d’impôt compétitivité emploi » (CICE) pour répondre à ce problème, identifié comme origine première de la « panne » de l’économie française. Il consiste en une baisse de charges patronales sur les salaires, et entérine donc une première rupture par rapport au discours de campagne. Le 31 décembre 2013, lors de ses voeux aux Français, le Président de la République annonce qu’il souhaite renforcer cette politique en faveur de la compétitivité
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