Roch-Olivier Maistre, Président du Conseil d’administration Laurent Bayle, Directeur général Dimanche 18 janvier Claude Debussy | Olivier Messiaen Dans le cadre du cycle La in du temps Du mardi 13 au mardi 20 janvier 2009 | Dimanche janvier 18 Vous avez la possibilité de consulter les notes de programme en ligne, 2 jours avant chaque concert, à l’adresse suivante : www.citedelamusique.fr Claude Debussy | Olivier Claude Messiaen Cycle La in du temps « Quand ils sentent approcher l’heure de leur mort, les cygnes chantent ce jour-là plus souvent et plus mélodieusement qu’ils ne l’ont jamais fait, parce qu’ils sont joyeux de s’en aller chez le dieu dont ils sont les serviteurs » : la légende, contée ici par Socrate dans le Phédon de Platon, a traversé les siècles et les frontières, de l’Antiquité d’Homère, Ésope ou Ovide à l’Angleterre de Shakespeare et Tennyson, l’Allemagne de Bürger et Brentano ou la Russie de Tchekhov. Cette prescience de la mort portée par l’espoir de la transiguration, Schubert l’a évoquée au début des années 1820 avec un poème de son ami Johann Chrisostomus Senn (Die Schwanengesang D 744) ; mais le « chant du cygne » que retiendra la postérité, c’est celui des lieder composés durant les derniers mois, d’août à octobre 1828, organisés en recueil après la mort du compositeur par l’éditeur Tobias Haslinger, qui leur donna le titre sous lequel ils sont connus. Schwanengesang, interprété le mardi 13 janvier par Nathalie Stutzmann et Inger Södergren, est un album composite, pour la simple raison que Schubert ne l’avait pas pensé comme un ensemble mais prévoyait deux publications diférentes, l’une pour les lieder d’après Rellstab, l’autre pour les Heine-Lieder (à ces deux cahiers, Haslinger ajouta le léger Die Taubenpost, sur un poème de Seidl). Les premiers sont caractérisés par leur élan musical, dû en grande partie à un piano très présent, d’une grande richesse ; si les thèmes restent proches des préoccupations schubertiennes (chants d’amour pour la bien-aimée, adresses à la nature, douleurs de la séparation…), tout pathos en est absent. Les lieder d’après Heine paraissent, eux, bien plus testamentaires : tendus, au-delà du lyrisme, lirtant parfois avec le presque rien, jusqu’aux mirages de Die Stadt ou du Doppelgänger, ce double halluciné. La mort, qui « voue l’homme et tout ce qu’il entreprend à l’incomplétude » (Christian Godin), vint bien souvent mettre le point inal à une œuvre ; rares furent les artistes, tel Rimbaud, qui choisirent délibérément la voie du silence et que la Faucheuse trouva sans projets ni brouillons. Pour un Rossini (et encore !) ou un Sibelius, combien de Mozart (Requiem), de Puccini (Turandot) et de Berg (Lulu, dont le compositeur, face à l’impossibilité d’achever, tira une suite l’année même de sa mort) – ou, du côté littéraire, de Novalis, de Stendhal et de Musil ! Ainsi de Debussy, qui ne réussit à arracher aux « usines du Néant » (selon son expression) que trois des « six sonates pour divers instruments composées par Claude Debussy, musicien français » prévues à l’été 1915. Ainsi de Purcell pour le semi-opéra de Thomas Durfey d’après Don Quichotte ; si les rushes du Don Quichotte d’Orson Welles ont attendu trente-cinq ans pour être inalement montés en 1994, presque dix ans après la mort du cinéaste, celui de Purcell, Eccles et Durfey se voit reconstitué par Philip Pickett et Peter Holman quelque trois cents ans après sa création. Angèle Leroy DU MARDI 13 AU MARDI 20 JANVIER MARDI 13 JANVIER – 20H SAMEDI 17 JANVIER – 20H MARDI 20 JANVIER – 20H Franz Schubert Don Quixote – Version de concert Veli-Matti Puumala Drei Klavierstücke D 946 Seeds of Time, concerto pour piano et Schwanengesang D 957 Semi-opéra de Henry Purcell et John orchestre Eccles Alban Berg Nathalie Stutzmann, contralto Livret de Thomas Durfey d’après Cervantès Lulu Suite Inger Södergren, piano Reconstitution réalisée par Philip Pickett et Peter Holman Ensemble intercontemporain Orchestre du Conservatoire de Paris MERCREDI 14 JANVIER – 15H New London Consort Susanna Mälkki, direction JEUDI 15 JANVIER – 10H ET 14H30 Philip Pickett, direction Hendrickje van Kerckhove, soprano SPECTACLE JEUNE PUBLIC Joanne Lunn, Une Bergère, Mellissa, Hidéki Nagano, piano Altisidora Carton Park Julia Gooding, Urganda, Marcella, Celida Concert électro-vidéo Dana Marbach, Une Bergère, La Dame, MERCREDI 21 JANVIER – 15H La Joie JEUDI 22 JANVIER – 10H ET 14H30 Juicy Panic / Gangpol und Mit Andrew King, Un Chevalier, SPECTACLE JEUNE PUBLIC Mami Chan, claviers, voix L’Amoureux, Hymen Norman Bambi, laptop, guitares Joseph Cornwell, Sancho, Saint-George La Boîte à joujoux Gangpol, laptop, ukulélé Michael George, Un Berger, Cardenio, Fantaisie lumineuse Guillaumit, graphisme, vidéo La Discorde Simon Grant, Montesmo, Jacques Musique de Claude Debussy Mark Rowlinson, Prologue, Texte d’André Hellé un Chevalier, un Galérien, Lissis Le Piano Ambulant François Salès, manipulations, caméra DIMANCHE 18 JANVIER – 16H30 et boniments Christine Comtet, lûte, orgue indien, Claude Debussy papier de verre Sonate pour violon et piano Antoinette Lecampion, violon, alto, Sonate pour violoncelle et piano crécelle, mélodica Sonate pour lûte, alto et harpe Joël Schatzman, violoncelle, cymbale Olivier Messiaen indienne Quatuor pour la in du Temps Sylvie Dauter, piano, carillon, kazoo Olivier Charlier, violon Bénédicte Ober et André Fornier, Sabine Toutain, alto mise en scène Anne Gastinel, violoncelle Pierre-Yves Boutrand, lumière et Juliette Hurel, lûte scénographie Florent Héau, clarinette Michel Bérof, piano Christine Icart, harpe DIMANCHE 18 JANVIER – 16H30 Salle des concerts Claude Debussy Sonate pour violon et piano Sonate pour violoncelle et piano Sonate pour lûte, alto et harpe entracte Olivier Messiaen Quatuor pour la in du Temps Olivier Charlier, violon Sabine Toutain, alto Anne Gastinel, violoncelle Juliette Hurel, lûte Florent Héau, clarinette Michel Bérof, piano Christine Icart, harpe Fin du concert vers 18h30. 5 Claude Debussy (1862-1918) Sonate n° 3 pour violon et piano en sol mineur Allegro vivo Intermède. Fantasque et léger Finale. Très animé Composition : février-mars 1917, à Arcachon. Création : le 5 mai 1917 à Paris, Salle Gaveau, par Gaston Poulet (violon) et Claude Debussy (piano). Éditeur : Durand. Durée : environ 14 minutes. La musique de Debussy presque toute entière s’exprime sur le ton interrogatif. Ce questionnement, il est rare qu’il échappe à l’urgence, pour ne point dire à l’angoisse. Déjà, comparer à Massenet les élégantes pièces du début relevait de la plus opaque surdité : que dire, aujourd’hui, de la légèreté avec laquelle on a évoqué l’efarement des œuvres ultimes ? Et qui donc dénonçait, dans les trois sonates, des renoncements néo-classiques ? En fait, les prémisses étaient pire encore : « Trente millions de Boches ne peuvent pas détruire la pensée française » airmait celui qui signait « musicien français ». Dans ces années, Debussy n’est certes pas la seule victime de cette ièvre nationaliste ; une chance paradoxale veut qu’heureusement, il en soit la plus grande. Dès lors, une intention minable – proscrire la « forme-sonate » parce que d’inspiration germanique – débouche sur des promesses immenses : dénouer le mélodisme tonal – c’était dans l’air à Vienne aussi ! – en l’abandonnant aux friches de l’esthétique baroque. Pris comme exemple, François Couperin allait sans doute à l’opposé – trouver de grandes formes – mais qu’importe : l’atomisation thématique, le mouvement brownien de plus en plus intempérant qui, chez Debussy, menaçait la « clarté française » (d’où l’insuccès de Jeux en 1913), trouve là une légitimité. Et le musicien s’élance, plus fantasque que jamais, débridant une imagination telle que l’angoisse y suscite une vitalité désespérée, relayée par l’invention instrumentale. Néo-classicisme ? Mais non : Debussy plus extrémiste que jamais ! La Sonate pour violon et piano est écrite alors que la Première Guerre mondiale s’éternise (février-mars 1917). Dieu merci, le sentiment nationaliste qui la motive n’afecte en rien la splendeur de la musique, l’absolue liberté du trait, l’étrangeté souvent angoissante de la moindre inlexion. L’œuvre se déploie d’abord en un long thème éperdu qui, par ses luidités mêmes, va engendrer diverses « improvisations ». Le second mouvement est simplement désigné comme Intermède et précisé comme « fantasque et léger » (autre déinition de la « pensée française » selon Debussy). Tout en cabrioles, en ostinati hésitants, en accelerandi zigzagants, il crée plus de malaise que de bonheur tandis que le inale, « très animé », s’évade bientôt vers une manière de mouvement perpétuel. Un épisode d’une langueur sans doute parodique mènera le discours vers une péroraison résolue. Certes, Debussy n’eut pas été lui-même contraint à la « forme sonate ». 6 Mais ni Haydn ni même la guerre n’entrent ici en ligne de compte ! Seulement les émois les plus subtils, traduits selon des lignes si rares, si imprévues que seules des formules très littéraires ont pu en suggérer le sens. L’œuvre fut créée sans retard (5 mai 1917). Ce fut la dernière apparition publique de Debussy. Marcel Marnat Sonate n° 1 pour violoncelle et piano en ré mineur Prologue Sérénade Finale Composition : juillet-août 1915 à Pourville. Création : le 4 mars 1916, Aeolian Hall de Londres, par Charles Warwick Evans (violoncelle) et Ethel Hobday (piano) ; création parisienne le 24 mars 1916, par Joseph Salmon (violoncelle) et Claude Debussy (piano). Éditeur : Durand. Durée : environ 12 minutes. L’œuvre fait la part belle au violoncelle et utilise toutes ses ressources expressives et timbriques. Debussy a d’ailleurs estimé nécessaire de préciser : « Que le pianiste n’oublie jamais qu’il ne faut pas lutter contre le violoncelle, mais l’accompagner ». Un début déclamatoire, aux allures d’ouverture à la française, mène bientôt à un thème plus lyrique de violoncelle dolce sostenuto, caractérisé par sa courbe descendante. Après un passage central plus agité, les deux thèmes reviennent et le mouvement s’achève sur des souvenirs du triolet initial.
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