Jérôme Gindrat Ment Insolite

Jérôme Gindrat Ment Insolite

Asuel • Charmoille • Fregiécourt • Miécourt • Pleujouse Le rendez-vous des des villages villages No 101, septembre 2009 Un pressoir tout neuf 5 Les ânes, des bêtes pas bêtes 12 Au petits soins de l’Erveratte 14 Triathlon d’Asuel 15 Stage en terre étrangère 20 L’essentiel Les aînés se souviennent 22 Les montgolfières d’Alain Cassi 6 Cigognes: un arrêt à Miécourt 16 Editorial A 1er numéro, éditorial exceptionnel. J’hésitais… La canicule et ses ef- fets sur les organismes humains? La crise économique qui prive cer- tains de leur travail, ou la grippe et ses conséquences sur notre société? J’énumérais ainsi des sujets dans ma tête quand j’ai vu passer, par ma fe- nêtre un, puis deux, puis trois grands oiseaux blancs: des cigognes. Je me suis précipité dehors. Le spec- tacle était exceptionnel. Plusieurs di- zaines de cigognes blanches, en mi- gration vers le sud, se posaient sur les toits du village pour y passer la Jérôme et Karine Gindrat et, de gauche à droite, Chloé, Sarah et Loïc. nuit. J’en ai compté une centaine. Bien vite, ces grands voiliers ont at- • Portrait tiré l’attention des habitants de Mié- court qui, spontanément, sont sortis de chez eux pour admirer l’événe- Jérôme Gindrat ment insolite. De bouche à oreille, plus de cent personnes se sont trou- Spécialiste en assurances sociales, il dirige le Service vées à les regarder. Les commentai- des cotisations à la Caisse de compensation du canton res allaient bon train… La plupart du Jura. C’est aussi l’un des cinq conseillers de La Baro- des gens déambulaient dans les che, responsable du dicastère des œuvres sociales. Eta- rues, observant chaque maison, cha- bli depuis peu à Pleujouse, Jérôme Gindrat, le benjamin que toit, chaque cigogne. D’autres promenaient des personnes âgées du Conseil, s’engage à fond au service de la collectivité. en voiture. D’autres encore sortaient un banc et des chaises et improvi- Jérôme Gindrat m’ouvre sa porte, encadré de ses deux aînés: Loïc, 4 ans, et saient un apéritif en contemplant les Sarah, 3 ans. Son épouse Karine, souriante, se tient juste derrière lui dans grands échassiers. le couloir menant au séjour. Si discrète est la présence du bébé sommeillant Le soir du 19 août 2009 au coucher du soleil, il régnait à Miécourt une dans une couche sur le canapé que je ne l’ai pas devinée. C’est Chloé, trois ambiance très particulière. Tout le mois. Loïc pose aussitôt la question qui tue : «Tu repars avec le monsieur, monde était joyeux, détendu, captivé: papa?» Le monsieur, c’est moi. Deux déductions immédiates: au cas où je il y avait communion entre la nature l’ignorerais, son papa est quelqu’un de très occupé, et… la vérité sort de la et les hommes. /mj/ bouche des enfants, refrain connu. > o La Baroche Les villages au rendez-vous – N 101 – septembre 2009 «Vous n’avez pas toujours vécu l’a amené à s’établir à Lucerne ou à La qualité prime ici, non?» Son œil bleu pétille Lausanne. la quantité derrière les fines lunettes pendant Il fallait un représentant de la com- qu’il fait non de la tête. Il se décrit Le social, un domaine mune de Pleujouse au sein du Conseil «un peu comme une pièce rappor- qui évolue de la Baroche. Jérôme a été appro- tée». En fait, pas tant que cela. Son En 2004, il entre à la Caisse de com- ché en raison de ses compétences grand-père était de Pleujouse, il y a pensation du canton du Jura, res- professionnelles. Avant d’accepter toujours vécu, exploitant un domai- ponsable du Service des cotisations cette charge, il jugeait important de ne agricole. Son père a passé des an- – au sens large: contrôle d’affilia- connaître les conseillers avec lesquels nées au village avant de partir pour tions, etc. Ainsi se rend-il chaque il siégerait, être sûr qu’il s’entendrait raisons professionnelles dans le can- jour à Saignelégier pour son travail, avec eux. La perspective de confron- ton de Neuchâtel. Karine elle aussi mais qu’importe, l’autoroute n’est tations stériles, très peu pour lui. Ce est d’origine ajoulote. Il y avait un distante de son domicile que de préalable lui était d’autant plus im- terrain familial à l’entrée du village quelques kilomètres. Dès son jeune portant qu’il serait le benjamin de côté Fregiécourt, Jérôme a choisi d’y âge, il a été habitué à prendre des l’équipe, côtoyant des personnes bâtir sa maison en 2003. responsabilités. Le petit service qu’il d’expérience sans avoir encore jus- Retour au pays Qu’est-ce qui pousse un homme jeune qui a grandi à Neuchâtel – Co- lombier plus précisément – c’est un peu du même, à revenir s’établir au pays? L’appel de la terre familiale, du patrimoine, peut-être? Jérôme ne le dit pas, le hasard parfois vous pousse un peu du côté du cœur. Une certitude: Karine et Jérôme ne se voyaient pas fonder une famille dans une ville, avec tous les problèmes que cela suppose. Ils ont opté pour «un cadre de vie plus serein pour les enfants». A Pleujouse, au cœur de la Baroche, question de calme et de sérénité, ils sont servis. Ici, pratiquement toutes les commodités de la ville sont à leur por- tée, sans les inconvénients. «Grâce au ramassage scolaire, mes enfants iront dans des écoles différentes. Et rendez- Le château de Pleujouse, un lieu familier à Jérôme Gindrat dès son enfance. vous compte, ils mettront moins de temps pour s’y rendre que moi qui y gère – 7 personnes en tout, 4½ postes que-là exercé lui-même de mandat allais à pied!» – lui convient parfaitement. La hié- politique. Jérôme Gindrat a passé son enfance rarchie veille à ce que le personnel et Il est devenu conseiller au terme à Colombier, dans le canton de Neu- l’équipement collent à l’évolution la d’élections libres et s’est vu logique- châtel. Depuis sa sortie de l’école de plus récente en matière de pratique. ment attribuer le dicastère des œu- commerce, il est toujours resté dans Le social, c’est tout sauf monotone. vres sociales. «On s’imagine que le les assurances sociales, se perfection- Exemple? «En 2010, il y aura redis- social, c’est beaucoup de paperasse; nant sans cesse jusqu’à l’obtention du tribution de la taxe CO2. C’est dès ça fait toujours un peu peur. Alors brevet fédéral en assurances sociales. maintenant toute une réflexion à vous comprenez, ça rassure d’avoir C’est une spécialité très pointue qui, engager, une planification à mettre au Conseil quelqu’un de la bran- au gré des postes occupés dans diver- en place. Il ne faut pas croire, l’AVS che…» C’est un fait que le Conseil de ses institutions publiques ou privées, change beaucoup…» la Baroche profite davantage de son o La Baroche Les villages au rendez-vous – N 101 – septembre 2009 expérience professionnelle que l’in- de précarité. C’est explosif!» A l’ave- en arriver là. La société est déjà dure verse… Et les papiers, ça le connaît, nir, annonce Jérôme, le traitement pour les adultes, elle le sera encore l’homme ne nie pas être à l’aise avec des dossiers exigera de plus en plus plus pour les jeunes. C’est avant qu’il l’aspect administratif de sa charge. de professionnalisme. Dès 2012, les aurait fallu agir, en amont, pour évi- Pour autant, il n’aime pas l’idée que situations plus complexes seront re- ter les situations problématiques plus son rôle se réduise à une simple ges- prises par le canton. Heureusement, tard.» tion technique de dossiers. Ce qui car cela devient trop lourd pour des Quant à lui, le diagnostic est clair : l’intéresse avant tout dans l’action édiles locaux. La maladie du siècle, c’est le manque sociale, c’est l’aspect humain, le tra- Le domaine d’intervention spécifi- de communication. «C’est un com- vail en équipe, le contact avec les que de notre conseiller se déploie sur ble: on «communique» soi-disant à gens… plusieurs fronts. Sa mission consiste l’opposé de la Terre grâce aux sites à faire le lien avec les services so- dits sociaux, et l’on n’est pas fichu de A deux c’est mieux ciaux, à s’occuper de l’aide sociale, se parler entre voisins. Le défi, c’est Après six mois de travail collégial, à trouver des tuteurs et curateurs de faire se rencontrer les jeunes. Ne on le sent rassuré, tout en demeurant disposés à prendre des mandats de vaut-il pas mieux qu’ils se retrouvent prudent. Le système d’un représen- gestion. Sont aussi de sa compéten- entre eux plutôt que de traîner dans tant par village lui paraît judicieux: ce la protection de la jeunesse (par la rue ou d’être voués à eux-mêmes? chacun des conseillers apporte exemple les problèmes de droits de son expérience locale. Tout com- garde), les demandes de l’antenne- Mais il faut se bouger! me le maire de la Baroche, le jeune prévention, les conventions pour Jérôme Gindrat voudrait motiver les conseiller juge très sain l’état d’esprit enfants nés hors mariage (concer- jeunes pour qu’ils se mettent ensem- de l’exécutif. Un vrai débat y a lieu. nant notamment la pension alimen- ble. Il entend par là qu’ils s’organi- Chacun exprime sent, apprennent à faire valoir leurs librement ses idées, Le défi, c’est de droits, à défendre leurs intérêts.

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