Ministère de l'Industrie, de la Poste et des gw-gg-g- - _ Télécommunications PREFECTURE HAUTE-SAVOIE Risques de déstabilisation d'unefalaise à Reyvroz (Haute-Savoie) au-dessus de la Dranse de Thonon et de la RD 902 (visite du 9 octobre 1997) Etude réalisée dans le cadre de la mission de Service public du BRGM 97-H-313 octobre 1997 R 39714 l INTRimSI AU SItVICI Dl lA n*ll Risques de déstabilisation d'une falaise à Reyvroz (Haute-Savoie) Mots clés : Risques naturels, Mouvements de terrain. Chute de rochers, Reyvroz, Haute- Savoie, Préfecture, Protection Civile. En bibliographie, ce rapport sera cité de la façon suivante : BRGM (1997) -Risques de déstabilisation d'une falaise à Reyvroz (Haute-Savoie) au- dessus de la Dranse-de-Thonon et de la RD 902 (visite du 9 octobre 1997). Rap. BRGM R39714, 15 p., lfig.,6ph. © BRGM, 1997, ce document ne peut être reproduit en totalité ou en partie sans l'autorisation expresse du BRGM. Rapport BRGM R 39714 Risques de déstabilisation d'une falaise à Reyvroz (Haute-Savoie) Synthèse La Direction Départementale de la Protecfion Civile de la Haute-Savoie a demandé au BRGM (SGR/RHA) d'intervenir, dans le cadre de sa mission de Service public, sur un site rocheux à Reyvroz (au sud de Thonon-les-Bains), au-dessus de la Dranse et de la RD 902, dès lors qu'avait été signalé par la commune, l'écartement d'une importante fissure. L'examen géologique avait pour but de déceler un éventuel risque d'éboulement mettant en péril les riverains et les usagers de la RD 902. La visite des lieux a été effectuée le 9 octobre 1977 par J.C. Barféty, en présence de MM. Costa, maire de Reyvroz et L. Berthet, habitant. Conclusion de la visite Une écaille rocheuse faite des poudingues quatemaires de la Dranse, évaluée à 12- 15 000 m^, est découpée par une fissure verticale de 50-60 m de côté environ et elle repose, selon un plan presque horizontal, sur un substratum de petits bancs dolomitiques, pliis tendres, mais apparemment compact. Les témoins, placés vers 1950 sur le sommet de la fissure, en deux sites éloignés d'une quinzaine de mètres, indiquent en un point seulement, un écart de 2,7 cm apparu en 1996-1997. C'est le seul indice mesuré de mouvement. Les autres observations en surface ou en pied de falaise n'apportent pas de vérifications probantes ; cependant, une vingtaine de mètres à l'est, en pied de paroi, des fissures semblent récentes. Il n'y a donc pas de signes laissant prévoir un éboulement à court terme, d'autant que l'écart enregistré sur im témoin n'est pas probant. Il est donc recommandé vivement à la commune de placer de nouveaux repères, opération qui sera suivie par un géologue et d'en faire le relevé quatre fois par an, dans un premier temps. Le découpage de la falaise par une fissure est très ancien, peut-être contemporain du stationnement du glacier würmien, et il ne semble pas pouvoir être réactivé par les séismes affectant la Haute-Savoie, d'intensité relativement faible. Par contre, l'action de l'eau, du gel, peut progressivement détériorée la stabilité du massif. Rapport BRGM R 39714 Risques de déstabilisation d'une falaise à Reyvroz (Haute-Savoie) Sommaire 1. Localisation et objet de la visite 7 2. Contexte géologique et relevés des désordres 9 3. Risques potentiels et recommandations 13 Conclusion 15 Liste des illustrations Fig. 1 - Plan de localisation à 1/25 000 6 Ph. 1 - Vue générale depuis la RD902, en rive droite de la Dranse : fissure verticale séparant une barre rocheuse (poudingues), vue vers le sud 8 Ph. 2 - Prolongement de la fissure à la surface du plateau, vue vers le nord 8 Ph. 3 - Vue en surface de la fissure - noter le gros bloc de granite, coincé en tête de crevasse 10 Ph. 4 - Vue de détail des deux témoins décollés : E = 2,7 cm 10 Ph. 5 - Vue de la fissure principale à sa base, près du substratum dolomitique (couverture d'éboulis au pied de la fissure) 12 Ph. 6 - Vue sur 2 fissures récentes situées à une vingtaine de mètres à l'est de la crevasse principale 12 Rapport BRGM R 39714 Risques de déstabilisation d'une falaise à Reyvroz (Haute-Savoie) î«_' r-etemes VieO* lesrSplavs ^ < -\(. y la Moulin ^>«.-- "J^-A\ a\ v •* - *^f V les Bcanfl«? .\ 4\'* \ \-des ExcoHo«. 4' ''*i \\ • O 250 Fig. 1 - Pian de localisation à 1/25 000. 6 Rapport BRGM R 39714 Risques de déstabilisation d'une falaise à Reyvroz (Haute-Savoie) 1 . Localisation et objet de la visite La commune de Reyvroz (Haute-Savoie), située à une dizaine de kilomètres au SSE de Thonon-les-Bains, est bordée au nord, le long de la Dranse et en rive gauche, par d'importantes falaises de poudingues, toutes de 50 à 80 m. En contrebas, mais en rive droite de la Dranse, la RD 902, Thonon-Morzine, est dominée par les mêmes falaises. Depuis plusieurs dizaines d'années (aimées 1950 environ), une fissure remarquable, découpant une volumineuse écaille de rochers, a attiré l'attention des riverains et des services de l'Equipement, qui avaient alors posé une série de trois témoins métalliques (fers à béton et placage de ciment) sur le haut de la fissure afm de repérer d'éventuels mouvements. Selon les renseignements foumis par la Direction de la voirie et des transports de la Haute-Savoie, arrondissement de Thonon (Conseil général), ces témoins ont été surveillés jusque dans les années 1960, sans que des déplacements aient été relevés. Par contre, durant le printemps 1 997, un habitant de Reyvroz, Lucien Berthet, habitué du site, a constaté un écart de plusieurs centimètres qui n'existait pas auparavant. Il devenait, dès lors, indispensable de contrôler cette observation et d'en connaître les causes. De là se posait la question de la stabilité des masses rocheuses impliquées. Grâce aux renseignements foumis par la Direction de la voirie de Thonon (MM. Benoist et Cosne) et la présence sur le terrain de M. Costa, maire de Reyvroz et de R.L. Berthet, la visite du site a été réalisée le 9 octobre 1997 par J.C. Barféty. Par rapport au chef-lieu de la commune, les désordres constatés se situent près du lieu-dit "Chéresson", en contrebas du point coté 593 de la carte IGN (fig. 1) à l'aplomb d'une nouvelle ligne EDF-HT. Rapport BRGM R 39714 Risques de déstabilisation d'une falaise à Reyvroz (Haute-Savoie) Ph. 1 - Vue générale depuis la RD 902, en rive droite de la Drame) : ßssure verticale séparant une barre rocheuse (poudingues) vue vers le sud. Ph. 2 - Prolongement de la fissure à la surface du plateau, vue vers le nord (on ne relève aucun indice de mouvement récent). 8 Rapport BRGM R 39714 Risques de déstabilisation d'une falaise à Reyvroz (Haute-Savoie) 2. Contexte géologique et relevés des désordres L'ossature du plateau de Reyvroz est faite par l'épaisse carapace (50 à 1 00 m) dite des "Poudingues de la Dranse" donnant de hautes falaises assez continues de Thonon à Bioge. C'est un conglomérat résultant de l'alluvionnement d'un ancien cours de la Dranse existant entre la glaciation du Riss et celle du Wiirm. Ces dépôts datent donc de plusieurs dizaines de milliers d'années et sont constitués de galets centimétriques à pluridécimétriques, bien cimentés et massifs. Le glacier du Wiirm les a recouvert et a déposé de nombreux blocs, souvent encore visibles à la surface du plateau : blocs erratiques de granite (dont l'exploitation a pu être active et dont on repère encore des vestiges = bloc portant les traces d'un découpage artisanal, à quelques pas de la crevasse étudiée). Cette formation quatemaire repose sur im substratum dolomitique que l'on observe bien à la base des falaises, au droit de la fissure. 11 s'agit de petits bancs clairs (gris à blonds) de dolomies inclinées avec un très faible pendage vers l'amont. C'est le Trias supérieur des géologues, ici relativement imperméable par rapport aux conglomérats susjacents ; on relève en plusieurs points, des venues d'eau dans le talus d'éboulis bordant le pied des falaises. L'inclinaison de l'interface poudingues/dolomies est très faible, légèrement vers l'aval. La fissure observée (ph. 1) recoupe toute la falaise de poudingues, soit sur 50-60 m de haut environ jusqu'aux dolomies, où elle ne semble pas pénétrer ; cependant, la présence de terre et d'éboulis nuit à l'observation et on ne peut affirmer si la fissure se poursuit en profondeur ou non. Sur toute sa hauteur, la fissure conserve une ouverture à peu près constante, soit une à quelques dizaines de centimètres ; il ne paraît pas y avoir de décalage vertical, ce qui laisse supposer que le substra dolomitique n'est pas impliqué dans le mouvement. Sur le plateau, la fissure, élargie par l'érosion sur plusieurs mètres, se développe sur 50-60 m de longueur, rectiligne et orientée à peu près N-S (ph. 2). Lc fait remarquable est la relative abondance de blocs de granite, d'origine glaciaire, coincés entre les lèvres de la crevasse ; certains ont un volume de plusieurs mètres cubes. Soit, leur présence résulte d'un essai de comblement par l'homme à l'époque historique, soit ils ont été déposés là par les glaces ; en ce cas, la fissure est très ancienne, datant de l'époque où la masse du glacier pouvait déstabiliser les conglomérats sous-jacents, en porte-à-faux le long des rives de la Dranse, déjà largement encaissée sur son cours actuel.
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