Lire en Vendée n° 27 Échos Musées Revue de la Société des Écrivains de Vendée et des amis de l’Historial de la Vendée L’expo Clemenceau décembre 2013 - mars 2014 LES ÉCRIVAINS DE VENDÉE LES AMIS DE L’HISTORIAL DE LA VENDÉE Claude Michelet (à gauche) épaté par la dynamique vendéenne en littérature lors du salon de Grasla en juillet dernier. À ses côtés, Yves Viollier, qui a reçu le prix Charette lors de cette mani- festation. Derrière, Wilfried Montassier et François Bon. Entre tradition et virtuel La Vendée, terre littéraire Le papier est peu à peu avalé par le virtuel, la Vendée résiste, Certes, depuis quelques années, mais pour combien de temps encore ?... le Printemps du livre de Montaigu a donné l’élan à la littérature au plus près de son public Certes, le virtuel, qui se passe d’intermédiaire, grignote de nom- Mais d’autres salons ont depuis fleuri sur notre breux secteurs économiques et la département, livrant par leur fréquentation un dy- librairie, les journaux et le livre namisme d’exception au rapport écrivains-public. Et n’échappent pas à cette redoutable cette année encore, le salon du livre de mer à Noir- concurrence. Certes, nous sommes moutier (juin) et le salon du livre de Grasla (juillet) nombreux à préférer le papier, mais ont confirmé ce statut. Il fallait voir l’étonnement chez les jeunes nés après 1985, le de Claude Michelet, le fameux auteur de Des grives mouvement est inéluctable. Car aux loups, leader de l’École de Brive, invité d’hon- eux sont « nés dans l’ordi, lisent neur du salon en pleine forêt de Grasla : dans l’ordi ! » Et ils dédaignent le Chez nous en Corrèze, ça fonctionne, mais chez papier. Et rien de moins sûr qu’ils changent d’avis vous en Vendée, ça marche du tonnerre de Dieu ! en vieillissant, tant cette révolution apparaît inéluc- La Vendée est une terre littéraire, avec un public table. Quoique... Le papier aura peut-être une se- qui ne manque désormais pas d’occasions d’appro- conde vie que nous ne soupçonnons pas aujourd’hui, cher des auteurs vedettes, mais aussi des auteurs et que nous ne verrons peut-être pas. des éditeurs qui habitent le terroir. Dans la forêt En attendant, c’est une réalité. Mais s’il est une des Brouzils, puisque nous l’évoquons, le public est province où le papier résiste encore, c’est bien la venu nombreux, malgré la canicule. On peut encore Vendée. Ce département est réfractaire de tradition. mieux faire en termes de fréquentation, admet Wilfrid Les salons du livre fleurissent (Montaigu, Noirmou- Montassier, le président de cette jeune manifesta- tier et Grasla en pointe cette année), les écrivains tion. Mais le Printemps de Montaigu ne s’est pas aussi, sans parler des éditeurs de notre terroir, de fait en un jour ! Nous continuerons à oser un salon plus en plus exigeants, audacieux même ! du livre en territoire rural ». La Vendée a aussi ses leaders : Jean Yole et Louis Car en Vendée, les auteurs maisons ont et leurs Chaigne avant-hier, Michel Ragon et Gilbert Prou- éditeurs et leur public, des lecteurs de proximité teau hier, Yves Viollier aujourd’hui, Bordage aussi, goûtant aux descriptions de proximité. Ce, dans ce grand spécialiste de la science-fiction du genre tous les genres, du polar à la nouvelle. La qualité est fantasy. inégale, et les mieux vendus ne sont pas forcément Question : quels seront nos leaders de demain ? les meilleurs, vaste débat ! Quoi qu’il en soit, les de jeunes talents apparaissent, mais pas encore de auteurs enracinés nous rapprochent concluait Claude chefs de file. Est-ce le Net qui nous les donnera? Michelet à Grasla. Ou la tradition ? Ph. G. Philippe GILBERT 2 Lire en Vendée - décembre 2013 - avril 2014 Prix des Écrivains de Vendée Peuple afghan où es-tu? Frédérique Jaumouillé Les Chantuseries, 259 p., 20 € Pourquoi les arbres se sont tus ? Les maisons se sont figées ? Pourquoi pendant des jours et des jours, la vie s’est terrée ? s’interroge l’auteur dans quelques strophes poétiques, un psaume plutôt, écrites dans son abri précaire L’interrogation, hélas – l’histoire récente nous l’a appris – demeure dans de trop nombreuses régions du monde C’est le journal d’une femme médecin qui, en 1981, gagne clandestinement l’Afghanistan pour une mission humanitaire. C’est le moment de l’in- vasion soviétique, celui de la résistance autour du commandant Massoud assassiné le 9 septembre 2001, deux jours avant les attentats du 11 septembre à New-York. Un journal écrit voici maintenant plus de trente ans et bien plus qu’un journal. Un témoi- gnage essentiel sans doute, mais aussi, et peut-être surtout, un hymne à ce pays envahi et violenté, à la poignante beauté de ses vallées et des montagnes de l’Indu Kush, au courage, à la misère et au combat des Afghanes et des Afghans. Car après l’Armée so- viétique, il y eut les talibans... Frédérique Jaumouillé a vécu cinq mois parmi les moudjahidin de la légendaire vallée du Panshir. Elle raconte l’attente au Pakistan avant de passer la frontière, les journées de voyage à dos de cheval, les mines meurtrières au bord du chemin, le rugisse- ment des Mig et le bourdonnement des hélicoptères soviétiques, les premiers blessés, les amputations, les bombardements, la peur. L’enfer parfois, « une atmosphère de fin du monde ». Ces jours et ses nuits sont racontés simplement, d’une écriture dépouil- lée, sans effets, qui soulève pourtant à chaque page l’émotion et la compassion. Au-delà de la réalité permanente d’une guerre atroce, Frédérique Jaumouillé s’est totalement im- mergée dans le quotidien des Afghans. Elle soigne, mais aussi, elle veille, elle fait la cuisine, elle encou- rage et réconforte. Elle aime en un mot et ce qui aurait pu n’être qu’un témoignage parmi d’autres prend, à cause de son humanité, une tout autre di- mension. Gilles Bély Lire en Vendée - décembre 2013 - avril 2014 3 Ils étaient dans la sélection... L’impasse du Séjour joyeuse au gré des rencontres ; l’amour s’en mêle, de Gérard Glameau quoi sortir le naufragé de l’eau... Le Jarosset, 356 p., 15€ C’est sans compter sur le destin malin qui com- plique toujours tout... Une jolie écriture balancée et Une recherche aussi pour l’auteur qui se lance ici poétique pour les tribulations de dans un premier roman qui ne manque pas d’ima- François, un peu perdu, un rien gination et promène son petit monde de la façon la paumé même, à la recherche de plus inattendue. son identité. La renaissance passe Gérard nous confie enfin qu’il « aimerait un jar- par l’impasse du Séjour où se forge une solidarité din où il pourrait faire pousser des mots ». E. T. Ludovic Clergeaud, Pacifiste et franc-maçon, il participe à la nais- métayer (1890-1956) sance du PC vendéen, avant de revenir à la vieille Florence Regourd maison, la SFIO dont il sera longtemps secrétaire de Geste, 401 p., 25 € la Fédération de Vendée. Dans une Vendée conser- vatrice et très à droite, il participe avec une constance C’est le portrait très fouillé d’un exemplaire à des joutes électorales difficiles. Il ten- personnage atypique, étonnant, tera aussi d’organiser, sans grande chance de succès, détonnant même dans la Vendée un syndicalisme paysan de gauche. Après la guerre du premier vingtième siècle, et ou- de 1939-1945, il ne se retrouvera pas dans la mise blié aujourd’hui, que dresse l’historienne Florence en place du syndicalisme agricole unitaire autour de Regourd, présidente du Centre de Documentation la FDSEA. Son action sera dès lors davantage poli- sur l’Histoire du Mouvement Ouvrier et du Travail tique: reconnu localement pour son engagement (CDHMOT). Celui de Ludovic Clergeaud, métayer social, il est réélu, dès le premier tour, conseiller autodidacte du Sud-Vendée et premier conseiller général de L’Hermenault. Anticlérical sans être anti- général socialiste du département, en 1937. Petit religieux, Ludovic Clergeaud aura été jusqu’au bout métayer de Marsais-Sainte-Radégonde, il était le fidèle à son idéal. Il meurt le 18 septembre 1956, à fils d’un métayer quasiment illettré. Né en 1890, il Marsais. s’engage très tôt dans le socialisme et la Libre pensée. G. B. Reviens Muzungu pour Kigali. Et c’est à l’occasion d’une banale ex- Hervé Perton cursion en direction du lac Kivu à bord d’un quatre la Boucle, 17 € quatre que son destin va basculer. Un accident. Elle heurte une moto. Et le Rwanda va l’empoigner, la La quarantaine a bel et bien été retenir. Elle va décider d’y construire sa vie. « Re- un tournant décisif dans ma vie de viens Muzungu ! » c’est un cri d’amour pour ce pays. femme... un nouveau souffle , où Et Hervé Perton a choisi d’écrire ce roman bien fait ma vie prenait enfin un véritable pour nous faire découvrir ce pays qu’il aime, une sens... » dit Stéphy, jeune capitaine autre vie, loin de la société de consommation, le de la Police. La voilà, en effet, sol- goût des autres, l’hospitalité africaine. licitée pour une mission au Rwanda. Elle s’envole Y. V. Ceux des Bords de l’Auzance tout un monde haut en couleurs qui renaît sous sa Henry-Pierre Troussicot plume. On devine le gamin du pays des Achards, Hérault, 23 € témoin de la comédie des adultes et ouvrant grand « Joue la vache » a été écrit en ses yeux et ses oreilles. Il ressuscite les battages, les février 1972. « L’Alambic des Ardil- veillées, les parties de cartes, avec leurs mots drus, lères » en septembre 2010.
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