, ROLAND FURIEUX POEME HÉROÏQUE DE L’ÀRIOSTE. P-3//fV AL/S ROLAND FURIEUX, y * — POEME HÉROÏQUE DE L’ARIOSTK NOUVELLE TRADUCTION, Far MM. Panckoucke etîïamerï, TOME PREMIER. A PARIS , Chez îlassax, Libraire , Hôtel deTfcou, rue des Poitevins. M. D C C. L X X X V I I. Avec JppmiitioH et Privilège du BoL. amétxiS . ' ' • - : —OK -33 fi _ •~-'f -atS H&-ij A MONSEIGNEUR* LE COMTE P P. MO N T MORIN, M I N I. S XR.E BBS Affaires Etrangères et Secrétaire d’Ét.at, 'M ON S E1G NE UR En dédiant & M. le Comte? de Ecrgenne ZT.çl traduction de la Jérusalem délivrée-. , j’aurois voulu céléhrer est amour St l’ordre \uï a caractérisé toutes ses démarches ; ces vues sages et profondes d'une politique éclairée qui n’a jamais eu pour hase que le lonheut des Peuples ; cet amour infatigable pour le travail , qui lui a fait renoncer à tous les plaisirs pour ne s’occuper , que de la gloire et de la grandeur de notre auguste Monarque i cette confiance que sa sagesse a su inspirer aux amis comme aux ennemis de PEtat; j’aurois voulu parler de tant de grands èvéne- mens arrivés en si peu d’années sous ce règne et qui consacrent dans la postérité la mémoire du celle Roi et des Ministres qui y ont es part. Mais parler à M. le Comte de Vergeimes ie ses succès c'eût été blesser t sa modestie : Gujonrl’hui que la voix ie l'Europe s’est fd„ * entendre , et que la mort l’a enlevé à la Fiance on peut , sans craindre d’être taxé de lui Ministre flatterie , parler de avec éloge au que le Souverain a jugé digne de le remplacer 9. et qui, comme lui , deviendra cher à la Nation , en faisant tous ses efforts pour affermir de plus en plus cette paix univer- selle dont jouit l’Europe, et sans laquelle la prospérité des Nations ne peut être td solide « durable. Daigne^ * MONSEIGNEUR , agréer cet essai d’une traduction littérale et fidèle du plus grand de tms les Poètes , et permettre que Framery qui, à ma prière, a lies M. , voulu se charger de la traduction des ein% derniers volumes , s’associe à mott hummage ^ , si que tous deux nous, vous exprimions h profond respect avec lequelnous avons l’honneur d’être , M ONS E1G NE. UR Vos tïès-îïumMes et très- 5 » Mats 5787, ÇD’éissans serviteurs . Pan :çkodcs.£ s Fü.AM£S.y^ AVERTISSEMENT. Volumes , et Jj e s cinq premiers le Discours sur l’Art de traduire, sont de M-* Panckoucke. et la Les cinq derniers Volumes , font de M. Framery. Vie de FArioste , M, Povolery, Professeur de Langue Italienne, a fait les Argumens et la Table générale des matières qui se trouve à la fin du dixième Volume. On n’a pas cru devoir conserver les Argumens, qui se trouvent à h tète de chaque Chant des Editions Italiennes, parce que ces Argumens, renfermés dans une seule Stance , , æ Avertissement. ne donnent qu’une idée très-impar- faite du contenu de chaque Chant. Le texte Italien a été imprimé 4 sur celui de la belle Edition in- 8. de Londres , connue sous le nom de Melini et composée avec les types de Easkerville ; Edition qui passe pour très-correcte. M. Povolery s’esr chargé de la révision et correc- tion de toutes les épreuves du texte Italien de cette nouvelle Edition il les a revues jusqu a rrois fois et non content de cela , ii s’est adressé aux Savans d’Italie , qui lui ont procuré des corrections en assez grand nombre, de sorte que cette Edition aura du moins Favan» AVËÎLT I SSEMENT. XJ ïage a offrir le Texte îe plus pur et le plus correct qui ait paru de TAriosts. , , stij APPROBATION. par ordre ce Monseigneur le J' A x LU j Garde - des - Sceaux , le divin Ariàste ou 'Rolandfurieux 3 Poème héroïque nouvelle traduction littérale et fidèle. A Paris, le 24 Février I7S7. Signé GAILLARD, SUR m SUR L’ART DE TRADUIRE. Les Gens-de-Lettk.es forment une espèce de république toujours fubsis- tante au milieu dès nations civilisées dé la terre. Par leurs ouvrages, ils influent sur les lois, les moeurs, le gouvernement es l’administration : ce sont eux qui ont créé les sciences, perfectionné les arts, fondé les principes de toutes les choses, et sur-tout de cette morale universelle qui pourroit assurer le bonheur du genre humain. Ils consacrent la mémoire des iis grands hommes ; les éternisent ; les nations leur doivent une partie de leur grandeur et de leur éclat. Dans tous lés tems, ils n’ont cessé de combattre lés préjugés, la fanatisme et la superstition» J-fous leur devons nos jouissances les plus Tome t, 4 S S t7 S. l’a s T douces, îes plus vraies. Que seraient 5 sans les lettres, îes richesses & îa puis- sance ? Les grands Ecrivains d’Athènes et de Rome , depuis des siècles, font les délices des nations; leurs ouvrages sont îes vrais modèles du beau, du naturel, de !a simplicité ; on n’a rien produit de plus parfait que ces chefs-d’œuvre de l’antiquité. A tant de titres , peut-on douter qu’il ne fût infiniment utile d’en rendre la lecture facile et générale ? Les traduire, c’est îes naturaliser dans sa langue; c’est se rendre propres ces im- mortelles productions de l’esprit hu- main; c’est étendre le domaine de îa république : mais les traductions ne peu- vent etre un véritable présent, qu’autant que Pon y retrouve le génie, l’esprit, îe goût, et l’originalité des Ecrivains que l’on a jugés dignes de cette adoption, is*traduire librement, c’est les énerver. SI TRADUIRE. 5 c’est les mutiler ; peindre de profil ce que l’antiquité a peint en face. Tout Auteur traduit librement , est comme cea mon- noies qui perdent leur empreinte à farce de circuler \ on n’y reconnoît plus ni l’effigie du Prince, ni la date du tems où elles ont été frappées. Nous avons un très-grand nombre de traductions : il n’y a aucun Auteur Grec ou Latin qui n’ait été traduit plusieurs fois : Horace et Virgile l’ont été très -souvent, et toujours sur des plans différens. Chaque Traducteur croit avoir le droit de se former à cet égard un système parti- culier ; et cependant peut-on douter qu’il n’y ait pour l’art de traduire des principes vrais fixes , et immuables , comme il y en a pour toutes les con- noissances humaines , et que ces prin- cipes ne soient des bases , d’aprèî lesquels il faut partir, si l’on veut se 4 S V K l’a H. T conduire avec sûreté dans les travaux que l’on entreprend ? En effet , sans principes dans ies beaux arts , commq d'ans les sciences, on ne marché qu’en aveugle , et d’un pas mal assuré. Les. ouvrages manquent de plan , d’unité et d’harmonie : quelque esprit, quelque imagination qu’on ait , on ne peut atteindre à la perfection parce , que le génie seul ne suffit pas pour rendre un ouvrage parfait. Les règles, quoi qu’on en dise, ne mettent- point d’entraves au génie; elles ne servent qu’à arrêter sa fougue, à modérer son impétuosité , à le contenir dans de justes bornes. Shafcespear étoic un grand génie ; et ses ouvrages seroient ehers à l’Europe ainsi , qu’ils le sont à sa nation s il , eut connu les règles de l’art. Faute de cette connoissance il , n’a produit que des pièces imparfaites^ où B E T P. A D ï î î ï, 3 n’y a unité ni de iieu, ni de teins- nî d’action ; où des scènes sublimes sont toujours précédées ou suivies de scènes dignes des tréteaux de ia foire. Posons pour principe, que vkite tra- duction doit être littérale et élégante: mais, avant de développer ce principe , et d’eiï montrer l’application * iî faut traiter d’un objet qui y a immédiatement rapport, du génie des langues.; car si ies langues diffèrent tellement entr’eiîes, que ies beautés de i’une ne puissent être trans- mises dans une autre ; ie principe , sans cesser d’être vrai, pourroit présenter des difficultés si insurmontables dans son application, que ce seroit exiger l’im» possible d’un Traducteur. On entend par génie cette haute qualité de l’esprit qui suppose- de l’éten- due , de la force dans l’imagination , de l’activité dans l’âme. Le génie embrasse a 3 , 6 S u a l’a k. t îa nature entière il ; (*) crée , il invente imagine, H féconde les arts, anime ia marbre , fait respirer îa toiie t il repré- sente ,ou peint toujours îes choses d’une manière grande profonde et nouvelle. , Le mot de génie , appliqué à une langue, une a acception toute différente ; ii ex- prime ses propriétés , son caractère par- ticulier, ce qui la distingue essentielle- ment d’une autre langue : c’est ainsi que nous disons que le génie d’un peuple diffère d’un autre par son caractère , ses mœurs, ses usages, ses habitudes, ses vertus ou ses vices. Ce n’est- qu’en com- parant les idiomes enfr’eux qu’on peut , juger de leur génie ; ifs diffèrent princi- palement par leurs articulations plus ou moins dures par la flexi- , douceur ou la bilité de leurs sons, par leurs ascens- Natiu-am ) ampliiïitxr cmntm». B 2 T R A D U I ï 2.
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