Glasgow 76. Le Défi Des Verts

Glasgow 76. Le Défi Des Verts

Dans la même collection : Giacomo Agostini : La fureur de vaincre. J.-C. Baudot et J. Séguéla : La terre en rond. Jean et Danielle Bourgeois : Les seigneurs d'Aryana. Pierre Chenal : La dernière tempête. Pierre Clostermann : Le grand cirque. Marc Combe : Otage au Tibesti. Anne-France Dautheville : Une demoiselle sur une moto. Et j'ai suivi le vent. René Desmaison : La montagne à mains nues. 342 heures dans les Grandes Jorasses. Fenouil : Une moto dans l'enfer jaune. Frison-Roche : Carnets sahariens. Jean-Claude Hallé : François Cevert : « La mort dans mon contrat ». Jean-Claude Le Faucheur : Chercheur d'or en France. J.-Y. Le Toumelin : Kurun autour du monde. John MacKinnon : Au pays des grands singes roux. Christian Mollier : Everest 74 : Le rendez-vous du ciel. R. Paragot et L. Bérardini : Vingt ans de cordée. Patrick Pons : Pari sur la chance. Freddy Tondeur : 10 000 heures sous les mers. A. Viant et P. Carpentier : La course du Grand Louis. Jacques Wolgensinger : Raid Afrique. GLASGOW 76 Le défi des « Verts » Du même auteur : « Prague, l'été des tanks » (Tchou, 1968) (en collaboration). « Guide secret des courses et du tiercé » (Tchou, 1969) (en collaboration avec Richard de Lesparda). « François Cevert. La mort dans mon contrat » (Flamma- rion, 1974). JEAN-CLAUDE HALLÉ GLASGOW 76 Le défi des « Verts » Préface de ROGER ROCHER L'Aventure vécue Flammarion Pour recevoir régulièrement, sans aucun engagement de votre part, l'Actualité Littéraire Flammarion, il vous suffit d'envoyer vos nom et adresse à Flammarion, Service ALF, 26, rue Racine, 75278 PARIS Cedex 06. Vous y trouverez présentées toutes les nouveautés mises en vente chez votre libraire : romans, essais, documents, mémoires, biographies, aventures vécues, livres d'art, livres pour la jeunesse, ouvrages d'utilité pratique, livres universitaires... © Flammarion 1976 Printed in France ISBN : 2-08-065020-3 A Marie-Françoise et au plus vert d'entre les Verts : mon fils Olivier, 9 ans. Préface Le 12 mai 1976, l'Association Sportive de Saint-Etienne a disputé à Glasgow la finale de la Coupe d'Europe des clubs champions. C'était son trente-troisième match dans cette compétition et, si le destin n'a pas voulu nous sourire, les Verts ont tout de même écrit là une des plus belles pages de leur histoire, une histoire riche en déceptions, en joies immenses comme en drames. Jouer la Coupe d'Europe est un honneur qui exige de se battre toute une saison avec cœur et détermination pour mériter le titre de champion. Il faut la préparer avec sérieux et rigueur pour faire face aux confrontations. Il faut Vaimer intensément pour lui donner sur le terrain le maximum de soi-même, afin qu'elle vous rende, en contre- partie, ce qu'on attend d'elle. Il faut lui accorder toute son importance pour la dimension sportive qu'elle représente. Il faut qu'elle demeure HUMAINE afin de rester au service exclusif de l'HOMME, pour le SPORT. Il faut lui rendre cet hommage de grandir les clubs en leur permettant de se développer dans l'intérêt du football de la nation. Il faut enfin la respecter pour qu'elle reste, longtemps encore et pour nous tous, comme vous le vivrez à travers le beau livre de Jean-Claude Hallé, la plus belle compétition du monde. Roger ROCHER, Président de l'Association Sportive de Saint-Etienne. Prologue Dominique Bathenay raconte : « A hauteur du centre du terrain, j'ai reçu une balle d'Hervé Revelli. Elle m'a légè- rement dépassé, m'entraînant vers la droite. Rummenigge se trouve devant moi : je le crochète à gauche. Il tente tout de même de me tacler et tombe. Balle au pied, j'attaque alors Beckenbauer : je le dribble. Je me trouve à vingt, vingt- deux mètres des buts. Je laisse un peu courir le ballon... je vois qu'il y a de l'espace, suffisamment pour armer ma frappe. Je suis sur mon bon pied, le gauche. Prendre ma chance, vite! Légèrement brossé de l'extérieur, le tir part... « Emporté par mon élan, déséquilibré, je tente tout de même de suivre des yeux la trajectoire du ballon. Elle est légèrement courbe... elle va surprendre Maïer, oui, elle le surprend... il n'esquisse que vaguement un geste... il est battu... » Le chronomètre de l'arbitre indique la trente-quatrième minute de la finale de la Coupe d'Europe des clubs cham- pions qui oppose l'équipe de l'Association Sportive de Saint- Etienne, moyenne d'âge 25 ans, à celle du Bayern de Munich, tenant du titre, moyenne d'âge 29 ans. Le Bayern, avec ses vedettes, Sepp Maïer, Franz Becken- bauer, Gerd Müller, champions du monde en 1974, a remporté les deux dernières années la compétition euro- péenne la plus convoitée. En vingt et un ans de coupe d'Europe, deux équipes seulement ont fait mieux : le Real de Madrid et l'Ajax d'Amsterdam. Ont fait aussi bien : les Portugais de Ben- fica et l'Inter de Milan. C'est tout. C'est à cette forteresse redoutable qu'en cette soirée du 12 mai 1976, les Marie-Louise de Saint-Etienne donnent l'assaut. Il y avait dix-sept ans qu'aucune équipe française n'avait atteint le stade final d'une quelconque compétition européenne. Les chiffres officiels donnent 30 000 Français présents à Glasgow. La télévision chiffre à 77 % l'indice d'audience de la retransmission. C'est dire que plus d'un Français sur deux, vieillards et nourrissons compris, se trouve ce soir-là de cœur avec les Verts. En Europe, en Afrique, sur les marches avancées de l'Asie, 300 millions de personnes sont devant leurs récepteurs. A la trente-quatrième minute, sur ce tir de Dominique Bathenay, le destin du match bascule. PREMIÈRE PARTIE L'ATTENTE 1 Glasgow, 12 mai 1976 - 8 heures du matin Deux coups frappés à la porte de la chambre ont réveillé Dominique Bathenay. « Entrez! » crie le jeune Stéphanois en se retournant dans son lit. Ce n'est un secret pour per- sonne : Dominique Bathenay n'aime pas se lever tôt. Ils sont quelques-uns dans l'équipe, l'Argentin Oswaldo Piazza ou Alain Merchadier, le défenseur, à dormir allègrement leurs onze ou douze heures chaque jour. C'est peut-être une coïncidence : ce sont les armoires à glace de l'équipe. Merchadier mesure 1,81 m, Piazza, 1,83 m et Bathenay 1,81 m. L'œil à moitié entrouvert, Dominique surveille le bruit du passe-partout dans sa serrure. Beurre, confi- ture et toasts sur un plateau, le serveur écossais fait son entrée. La direction de l'Esso Motor Motel d'Erskine, petite ville située à quinze kilomètres de Glasgow où l'équipe de Saint- Etienne a établi ses quartiers pour la finale de la Coupe d'Europe, a fait placer dans chaque chambre une bouilloire accompagnée de sachets de thé ou de café en poudre. Bathenay branche sa bouilloire, dépose un sachet de thé dans une tasse, commence à beurrer ses tartines. « Bathenay, dit Pierre Garonnaire, le recruteur de Saint- Etienne, c'est la force tranquille. Nous l'avions vu jouer en sélection du Sud-Est et nous lui avions demandé de venir faire un stage chez nous. Il a fait un bon stage, disons solide. Nous l'avons pris sans trop de conviction. Il était doué mais un peu lymphatique. Je pense qu'en lui-même, ce garçon croyait qu'il n'était pas capable de faire un professionnel. Ce métier lui faisait peur. Il part à l'armée, où il n'est pas très bon. Je me souviens d'avoir rencontré Lucien Troupel, entraîneur du Bataillon de Joinville où Dominique faisait son service. Troupel m'avait dit : « Ton Bathenay, il n'a pas l'air de trop savoir ce qu'il veut. Il fume sa cigarette, il est décontracté. En dehors de ça... » « Troupel a tout de même eu une grosse influence sur Bathenay. Il l'a un peu bousculé, lui a dit : « Tente ta chance! Tu es costaud, tu as un bon pied gauche, tu as tout ce qu'il te faut! » « Quand Bathenay est revenu de l'armée, on a senti qu'il avait changé. Plus attentif, plus dur à l'entraînement. Il a fait ses débuts à Nîmes en remplacement de Piazza contre le Danois Jansen. Si vous aviez vu ça! Il a pris Jansen, l'a mis dans sa poche du haut, l'a ressorti par celle du bas, l'a glissé dans celle de droite pour le ressortir à gauche! Il lui a tout fait! Jansen n'a pas vu un ballon de la partie. Bathenay n'a plus quitté l'équipe! » A l'issue des demi-finales de la Coupe d'Europe qui voyaient les « Verts » éliminer en Hollande le PSV d'Ein- dhoven, l'entraîneur hollandais Kees Rijvers déclare : « Si je devais prendre un seul joueur dans l'équipe de Saint- Etienne, je choisirais Bathenay. » Sa dernière tartine avalée, Dominique Bathenay se glisse de nouveau sous ses couvertures. Cinq minutes plus tard, il dort à poings fermés. Le trac des grands jours de finale, Dominique Bathenay ne connaît pas. Cette photo-là, toute la France l'a vue. Dans une ambiance de folie, les footballeurs de Saint-Etienne malmènent ceux de Kiev, et grignotent le retard pris au match aller : 2 buts à 0 concédés dans la boue de Simferopol. On ne remonte pas un handicap de deux buts contre une équipe comme celle de Dynamo, les spécialistes vous le diront. Pourtant, jetant toutes leurs forces dans la bataille, les Stéphanois réalisent l'impossible et mènent 2 à 0 devant les Soviétiques à la fin du temps réglementaire.

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