
DICTIONNAIRE HISTORIQUE & STATISTIQUE DES PAROISSES CATHOLIQUES DU CANTON DE FRIBOURG LE P. APOLLINAIRE DELLION, Ord. Cap. MEMBRE DBS SOCIÉTÉS D'HISTOIRE DE LA SUISSE ROMANDE ET DU CANTON DE FRIBOURO CONTINUÉ par l'abbé François PORCHEL HEUBRE ÜBS MÊMES SOCIÉTÉS ONZIÈME VOLUME FRIBOURG IMPRIMERIE ET LIBRAIRIE DE I'ûEUVRE DE SAINT-PAUL 259, rue de Morat, 259 1901 DICTIONNAIRE HISTORIQUE ET STATISTIQUE DICTIONNAIRE HISTORIQUE & STATISTIQUE DES PAROISSES CATHOLIQUES DU CANTON DE FRIBOURG LE MEMBRE DES SOCIÉTÉS D'HISTOIRE DE LA SUISSE ROMANDE ET DU CANTON DE FRIBOURG CONTINUÉ MBUBRB IJKB itUS ¦OCIÉTÉS ONZIÈME VOLUME FRIBOURG IMPRIMERIE ET LIBRAIRIE DE L'ŒUVRE DE SAINT-PAUL 259, rue de Morat, 259 1901 Le R. P. Apollinaire Dellion, dont on connaît les qualités de l'esprit et du cœur, plein d'œuvres et de mérites, a été enlevé par la mort avant d'avoir pu achever cette œuvre, à laquelle il travaillait depuis de longues années. Dans ce Dictionnaire, d'une importance historique considérable pour le canton, et en particulier pour les paroisses, on doit avant tout rendre hommage au travail soutenu et persévérant. L'œuvre n'est pas parfaite ; il pourrait y avoir çà et là plus de concision, un style plus limé ; on y trouve aussi quelques longueurs, même des redites. Mais on s'incline devant ce labeur tout de recherches et de patience, pour lequel il ne fallait rien moins que sa riche nature. Sur son lit de souffrances, voyant avec une résignation toute chrétienne sa dernière heure s'approcher, le R. P. Apollinaire m'a prié avec instance de continuer son œuvre. Je le fais d'autant plus volontiers que, pendant ces dernières années, il m'avait choisi pour son collaborateur, et qu'il m'a toujours considéré et traité comme ami. Ce sera là tout mon mérite. L'abbé François Porchel. Villars-les-Joncs, 14 septembre 1900. DICTIONNAIRE HISTORIQUE ET STATISTIQUE SAINT-AUBIN Altitude : Le haut du village 503, l'église 471, le bas du village 452, le pont neuf sur la Broyé 441, les Friques 450. Patron : Saint-Aubin. Statistique décembre 1888, Saint-Aubin. Les Friques. Nombre des contribuables 415 152 Valeur des immeubles. 1,632,778 fr. 112,895 fr. Capitaux 208,842 fr. 31,310 fr. — Produit de l'impôt sur l'industrie. 98 fr. Produit de l'impôt sur les fortunes. 4,369 fr. &37 fr. Dépenses pour l'assistance des pauvres 4,457 fr. 227 fr. Fonds d'écoles (4 écoles et 118 enfants) 39,564 fr. 13,743 fr. La Paroisse. Elle s'étendait primitivement de la Broyé au lac de Neuchâtel, comprenant Saint -Aubin, les deux communes de Villars, Delley, Portalban. Aucun document n'est venu nous dire l'époque de sa fondation et les noms de ses fondateurs. Cette paroisse, composée de populations laborieuses et vigoureuses, est située dans une contrée fertile. L'origine de S.-Aubin et de ses environs se perd dans le chaos du temps. Cette belle contrée était certainement habitée pendant que les Romains peuplaient Avenches. Mais quel était son nom ? Le village occupait-il le même emplacement ? L'histoire ne peut répondre à ces questions. La présence d'évêques à Avenches fait supposer que les villages du voisinage eurent des chrétiens dès les VII" et VIII e siècles. Avenches et toute la contrée furent totalement saccagés par les Allémanes : « His diebus, Allemani in pago Aventicensi ultra Juranum... ingressi sunt... maximam partent territorii Aventicensis incendio concremant. » (Chron. de Frédegaire.) La population fut en partie égorgée et l'autre partie se sauva par la fuite. Dès que le flot des peuples barbares se fut écoulé, les habitants en fuite se rapprochèrent de leurs habitations incendiées et ils recommencèrent à bâtir et à former des villages; mais cette nouvellepopulation, devenue en majorité chrétienne, donna au villagele nom du patron de l'église. S. Aubin, évêque d'Angers, vivait de 470 à 550; le village de S.-Aubin n'a donc pu prendre ce nom avant le VIIe ou le VIII" siècle. L'acte le plus ancien qui cite S.-Aubin est de l'année 1073 ou 1074. L'évêque Burcard d'Oltingen se trouvait à Avenches. Son père, Bucco ou Buccon d'Oltingen, avait commis un forfait sur le cimetière ou dans l'église de Riaz; pour obtenir son pardon et expier son crime, Bucco donna, en 1073, à l'église de Lausanne une vigne située à S.-Aubin, dans le Vuilly,sur le chemin public qui conduit à la forêt. La charte fut expédiée par le chancelier Othelin à Avenches, 28 octobre 1073, en présence de l'évêque Burcard, d'Almaric et d'Aymon, avoué, du consentement de Conon, fils de Buccon. (Cart. de Laus., p. 209; etc. Zeerleder Urk., I, 36.) Le second acte est de l'année 1090; noble Robert, seigneur d'Estavayer, avec le consentement de Renaud son fils et d'Ulric son frère, abandonne à l'église de S.-Aubin une rente de 4 sols qu'ils possédait à Delley sur une pièce de terre. (MM. du baron d'Est., acte au commissariat romand à Berne.) En 1166,la chapelle de Portalban et l'église de S.-Aubin sont citées : Ecclesia S. Albini et capella de Portubanni. Les Oltingen avaient des propriétés à S.-Aubin et dans les environs; mais on ne peut trouver l'origine et l'étendue de leurs droits. En 1192, quatre personnages de Villars en Vuilly, appelés Simon, Pierre, Gerold et Charbuns, renoncèrent au monde et entrèrent comme frères convers dans le couvent des Prémontrés de Bellelay. Ils donnèrent à l'église de ce monastère tout ce qu'ils possédaient en terres, champs, vignes et forêts. Amédée, comte du Genevois, renonce en faveur du monastère à tout droit qu'il pouvait avoir sur eux. Donné au couvent de Payerne, 8 septembre 1192. Honorius 111, dans la confirmation des possessions et des privilèges de l'abbaye de Bellelay, cite les propriétés du monastère de Villars, 1225. (Monum. de l'évêché de Bâle.) Le 10 mars 1310, Othon de Champvent, évêque de Lausanne, confirme aux chanoines de S.-Maire de Lausanne le patronage de l'église de S.-Aubin, dans le Vuilly, qu'ils possédaient de toute antiquité, et tous les biens de la dite église; les rentes nécessaires à l'honnête entretien du curé furent réservées. Le bénéfice étant vacant, le Prieur de S.-Maire y déléguera un chanoine comme curé, qui sera présenté à l'Evêque pour en obtenir l'institution. Les chanoines de S.-Maire ne furent pas toujours très doux pour les curés de S.-Aubin. Jean de Rossillon, évêque de Lausanne, cédant aux prières du Prieur et du couvent de S.-Maire, oblige le curé à garder, entretenir et habiller un chanoine que le Prieur seul choisira : il aidera le curé dans ses fonctions. Le curé aura droit à toutes les rentes et fruits du bénéfice. Fait en 1336. (Arch. de Laus., corn, de M. Grremaud.) La même année 1336, fr. Thomas de Verier, chanoine de S.-Maire, chassa de l'église de S.-Aubin Girard de Romont, clerc séculier, qui, en vertu d'une grâce du Siège Apostolique, s'était introduit dans ce bénéfice et se considérait comme curé. Donné sous le sceau de l'Evêque. (Id.) La famille de Romont fut établie dans le village de Villarsles-Friques ; elle existait encore dans le XVe siècle. Jacques de Romont, de Villars, était oncle de Jean de Romont. Jacqnes de Romont, établi à Fribourg, possédait plusieurs bâtiments à Villars, 1424-1458. L'évêque Jean de Rossillon, en 1337, accorda plusieurs indulgences et faveurs à l'autel de la sainte Vierge que le curé Girard avait fait construire dans l'église de S.-Aubin, et qu'il avait doté lui-même.(Id., même com.) Le donzel Jean dit Mon d'Estavayer donna plusieurs rentes à l'église de S.-Aubin avec le consentement de Henri, fils de feu Herriman de Portalban (Poraban). Ce Herriman était chevalier ; il avait d'autres enfants. Par acte du mois d'août 1322, et sous le sceau de la Cour de Lausanne et du Prieur des Frères prédicateurs de Lausanne, noble Henri, fils de feu Aymon d'Agnens, donna aux Religieuses dominicaines d'Estavayer tous ses droits sur le devin d'Agnens, situé près de la terre de son frère Renaud, au nord, et les terres du couvent de Payerne et des seigneurs de Fond, au sud. (Arch. des Dominic.) A côté des nobles d'Agnens, nous trouvons les nobles de Portalban (Poraban), qui sont peut-être une branche des Agnens. Aymon, fils de feu Herremani de Portalban, chevalier, Hermetus et Raynold, ses fils, empruntent 60 sols du curé Girard, 1332; et Aymon de Portalban emprunte à lui seul 9 livres du même curé. (Com. de M. Gremaud.) Noble Jacques de Portalban fit une fondation considérable à l'église de S.-Aubin ; il lui céda sa part de la dime de Delley et de Portalban, en ajoutant une rente de 5 sols à percevoir sur le port de Portalban, pour les messes qui se célébraient dans la chapelle de S.-Jacques de Portalban. (Id.) Il paraît que le curé Girard était riche ; dans les années 1335 et 1336, plusieurs personnes lui font des emprunts plus ou moins considérables. La seigneurie de S.-Aubin parvint à la Savoie après la conquête quête du pays de Vaud par Pierre 11, ou peu après. Humbert de Savoie, comte de Romont, légua cette seigneurie à Antoine Anglici ; mais, retirée en partie par Louis de Savoie, elle lui fut, en 1444, inféodée à nouveau ; il la céda, en 1457, à Pierre Anglici (Anglais), fils naturel de son frère, pour 150 florins.
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