UNIVERSITÉ DU QUÉBEC À MONTRÉAL LE PROJET POLITIQUE DE THÉODORIC LE GRAND À TRAVERS LES MUTATIONS DU POUVOIR ROMAIN DU v• AU VI• SIÈCLE MÉMOIRE PRÉSENTÉ COMME EXIGENCE PARTIELLE DE LA MAÎTRISE EN HISTOIRE PAR YAN ZURBACH JUIN 2014 UNIVERSITÉ DU QUÉBEC À MONTRÉAL Service des bibliothèques Avertissement La diffusion de ce mémoire se fait dans le respect des droits de son auteur, qui a signé le formulaire Autorisation de reproduire et de diffuser un travail de recherche de cycles supérieurs (SDU-522 - Rév.01-2006). Cette autorisation stipule que «conformément à l'article 11 du Règlement no 8 des études de cycles supérieurs, [l 'auteur] concède à l'Université du Québec à Montréal une licence non exclusive d'utilisation et de publication de la totalité ou d'une partie importante de [son] travail de recherche pour des fins pédagogiques et non commerciales. Plus précisément, [l 'auteur] autorise l'Université du Québec à Montréal à reproduire, diffuser, prêter, distribuer ou vendre des copies de [son] travail de recherche à des fins non commerciales sur quelque support que ce soit, y compris l'Internet. Cette licence et cette autorisation n'entraînent pas une renonciation de [la] part [de l'auteur] à [ses] droits moraux ni à [ses] droits de propriété intellectuelle. Sauf entente contraire, [l 'auteur] conserve la liberté de diffuser et de commercialiser ou non ce travail dont [il] possède un exemplaire. » REMERCIEMENTS Je réserve la primeur de ma gratitude à mes deux co-directeurs qui, par leur support, m'ont permis d'achever ce projet. Tout d'abord à M. Gaétan Thériault, professeur à l'Université du Québec à Montréal, présent depuis le tout début, pour son aide et ses précieux conseils et dont la patience, la sympathie et la disponibilité furent un appui inestimable au cours de ces années. Ma reconnaissance toute particulière aussi à M. Christian Raschle, professeur agrégé à l'Université de Montréal, pour une coopération éclairante qui en fit un guide stimulant, pour la constance de la promptitude de son assistance, sa patiente bénévolence et sa confiance, qui furent autant d'encouragements. Je tiens aussi à souligner mon obligation envers M. Richard Westall, professeur adjoint à la Pontificia Università Gregoriana de Rome, qui le premier avait accepté de co-diriger mon travail, pour sa générosité et la richesse de ses commentaires, de même qu'envers M. Michael Fronda, professeur agrégé à l'Université McGill, qui accepta gracieusement d'examiner mon travail. Leur participation, bien que plus courte, n'en permit pas moins de contribuer à l'orientation de mes recherches à des moments importants. Je tiens à finalement à remercier Mme Janick Auberger, professeure à l'Université du Québec à Montréal, pour m'avoir fourni l'impulsion initiale, moment court mais crucial, de même que Mme Pauline Léveillé et Mme Micheline Cloutier-Turcotte, assistantes à la gestion des études avancées à l'Université du Québec à Montréal, pour leur dévouement à faciliter mon parcours. Le tout ne serait pas complet sans l'expression de l'affectueuse reconnaissance de sa persévérance et de son appui à ma conjointe Maude. TABLE DES MATIÈRES RÉSUMÉ VI INTRODUCTION CHAPITRE! CONTEXTE I-ITSTORTOGRAPHIQUE 7 1.1 L'homogénéisation du concept d'Antiquité tarclive 7 1.2 Un nouveau cadre restrictif contraignant Il 1.3 Un retour à la périodisation classique ? 16 1.4 L'influence du contexte contemporain sur les historiens de l'Antiquité tardive 18 1.5 Nouvelle opportunité de faire ressortir les problématiques de la périodisation 21 1.6 Constance des problématiques pour l'étude de Théodoric et de son règne 25 CHAPITRE II LES SOURCES ANCIENNES 29 2.1 Des sources anciennes aussi engagées que les écoles d'interprétation modernes 29 2.2 Cassiodore 31 2.3 Ennode de Pavie 38 2.4 L'Anonymus Valesianus 42 2.5 Boèce 47 2.6 Dernières sources écrites 51 2.7 Sources non-écrites 55 ) CHAPITRE III THÉODORIC DANS LES BALKANS 59 3.1 Remarques préliminaires : fédérés, Empire et le vocabulaire du pouvoir 60 3.2 Place des Ostrogoths sur l'échiquier oriental 64 3.3 Jeunesse à la cour impériale et intrigues byzantines à Constantinople 66 3.4 Menaces au pouvoir de Zénon et carrière de Théodoric 73 3.5 Le départ pour l'Italie 83 CHAPITRE IV LE RÈGNE DE THÉODORIC 88 4.1 Un support massif de l'Italie à Théodoric 88 4.1.1 Les positions constitutionnelles de Théodoric et d'Odoacre 88 v 4.1.2 L'appui des Halo-romains 90 4.2 La proclamation de mars 493 94 4.2.1 Le Sénat 96 4.2.2 L'armée 98 4.3 Le processus original d'intégration des populations 101 4.3.1 L'exercitus et ses élites 101 4.3.2 L'aristocratie romaine 110 4.4 La prospérité 115 4.5 La renaissance du pouvoir impérial occidental 118 4.6 Agir comme un Empereur 127 4.7 Constance de la lutte avec l'Empereur d'Orient et chute de Théodoric 140 4. 7.1 Utilisation de Clovis par l'Empereur Anastase 141 4.7.2 Utilisation des luttes théologico-politiques par l'Empereur Justin 152 CHAPITRE V CONCLUSION 161 5.1 Theodoricus 163 5.2 À contre-courant de l'idée de déclin 168 5.3 Un autre dernier Empereur d'Occident 172 BIBLIOGRAPHIE 180 RÉSUMÉ Ce n'est que dans Je contexte historiographique récent, aidé par un apport d'informations nouvelles venant d'un regain d'intérêt philologique pour les sources écrites et de la mise en contexte de l'apport archéologique et épigraphique, que Je sujet du règne de Théodoric le Grand (V• et vi• siècle) commence à être traité plus en profondeur. Mais les recherches se font surtout en allemand et en italien, souvent sans traduction. Et si certaines sources ne sont pas encore diffusées, l'apport de disciplines connexes à l'histoire n'est pas largement intégré dans la recherche. Pourtant, l'étude du personnage de Théodoric Je Grand et de son gouvernement, bien que longtemps délaissées pour des raisons idéologiques, est centrale à l'étude de l'Antiquité tardive par l'échelle et la portée de son projet politique : s'appuyant sur d'impressionnantes réalisations, dont la principale conséquence fut le retour de l'Italie à son statut d'Empire d'Occident, Théodoric Je Grand y crée une idéologie particulière du pouvoir impérial, caractérisée par un retour au républicanisme classicisant typique à l'Occident. Son entreprise, marquée par sa propre élévation à la dignité d'Empereur, permit l'instauration d'un système original de coexistence entre Romains et fédérés normalisant pour la première fois leur interrelation de façon pérenne. Bénéficiant d'une conjoncture favorable due à un schisme religieux entre Ro!lle et Constantinople, Théodoric centralise à nouveau le pouvoir autour de Ravenne et redonne stabilité et prospérité à l'Italie avec le support de la puissante aristocratie italienne qui réinvestit les institutions publiques. Il récupère des territoires perdus et l'influence romaine sur toute l'Europe, ordonne un programme de constructions publiques d'une envergure inégalée depuis des générations, et donne un second soufile à la culture romaine par un patronage qui fait dire à ses contemporains qu'il incarne la renaissance de l'Occident romain. Ceci permet à Théodoric de cultiver une révérence impériale à son objet, en restant toutefois constamment soucieux de la légitimité constitutionnelle de sa gouvernance, ce qui lui permet de se présenter à l'Empereur d'Orient comme un égal de fait. Et bien que ce dernier ne le reconnût qu'à couvert, il est en Occident dominus, princeps romanus, et même Auguste. Ce succès politique repose sur un autre : celui d'avoir prouvé que ses solutions d'intégrations des fédérés en Occident, originales tout en s'inscrivant dans la romanité, étaient à même d'apaiser les tensions qui avaient conduit aux crises successives d'affaiblissement du pouvoir romain central en raison de l'influence grandissante des fédérés qui composaient alors la majorité de la force militaire, et dont il fallait constamment renégocier l'allégeance. Il s'agissait d'un modèle complexe, qui constitua certainement Je dernier gouvernement romain classique d'Occident. Théodoric le Grand est bien en ce sens un Empereur d'Occident, au moment où ce titre ne semblait plus pouvoir trouver de candidat. Le traitement du sujet n'est pas aisé, d'autant qu'il demande également l'interrogation de nos catégories d'interprétation. Ce travail s' intéresse donc dans un premier temps à la mise en contexte historiographique du suj et, qui sera suivi d'un retour sur la validité de ses principales sources écrites et à l'énumération d'autres sources qui lui sont utiles. Il tentera ensuite une mise à jour des informations concernant le parcours de Théodoric le Grand afi n de rétablir la complexité du personnage, dont la romanité, comme son importance politique dans l'Empire d'Orient, ont été minimisées. Ceci permettra dans un dernier temps de faire un examen affiné du règne de Théodoric le Grand dans Je but d'en dégager une interprétation sous l'angle politique. Mots-clefs : Théodoric le Grand, Antiquité tardive, pouvoir impérial, pol itique,foederati INTRODUCTION L'apparition de la discipline de l'Antiquité tardive a permis, en étant critique de la périodisation historique traditionnelle, de souligner son caractère abstrait. Si l'institutionnalisation de la périodisation a influencé l'interprétation des historiens vers un nivellement des caractéristiques de très longs pans de l'histoire constitués en une période, elle a été plus pernicieuse en ce qui a trait à ses bornes. Quoique celles-ci n'ont de charge symbolique, ou même de signification que pour les modernes à l'intérieur de ce système, la validation des bornes de la périodisation a créé une distorsion d'interprétation d'événements historiques qui se sont vus inscrits dans une narration de «début» ou de «fin», à l'encontre même du témoignage de leurs contemporains.
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