Palestine 59 Solidarité janvier 2017 | 3 € Dans ce numéro Répondre au mépris du droit La réponse des dirigeants israéliens à l’exi- Les dirigeants israéliens qui avaient ces der- 2 Recherche et gence de la communauté internationale de niers temps essayé avec des moyens colossaux développement : mettre fin à la colonisation et d’œuvrer pour une d’embellir leur image, ont semble-t-il, totalement le militaire en solution sous égide internationale a été du même abandonné ces tentatives de séduction au profit embuscade ordre que la politique menée à l’encontre des d’une confrontation directe avec l’ensemble de 4 Palestine : l’avenir se Palestiniens : arrogance, mépris du droit et néga- la communauté internationale. Ils envisagent joue aussi à Bruxelles L tion des droits nationaux du peuple palestinien. maintenant l’annexion pure et simple de la 4 Encadré Horizon L’initiative de Paris ? « Un procès Dreyfus Cisjordanie. Leurs atouts principaux sont l’adhé- 2020 moderne ». La résolution de l’UNESCO sur la sion d’une écrasante majorité d’Israéliens à leur 7 Étiquetage des produits des judaïsation forcée de Jérusalem ? Un acte anti- politique et l’élection de Donald Trump qui leur a colonies : sémite niant toutes relations entre Jérusalem, les promis monts et merveilles après le 20 janvier un pas en avant vers juifs et le judaïsme, alors même qu’elle rappelait 2017. l’arrêt de l’importation le lien entre la vieille ville et les trois religions Cent ans après la déclaration Balfour, soixante- 9-10 Fiche formation monothéistes. dix ans après le crime commis avec prémédita- 11 Israël dans un La résolution 2334 est vue comme le résultat tion en se basant sur cette déclaration, cinquante processus de fascisation d’un complot international visant Israël et les ans après l’occupation israélienne de juin 1967, 13 2017, année de tous juifs. Israël n’avait pas l’habitude d’être rappelé il est temps que la communauté internationale se les dangers ? à l’ordre, même timidement. Cela lui a permis de réveille pour réparer au moins une partie des 15 Deux jeunes commettre des massacres à répétition contre la dégâts auxquels elle a elle-même participé. israéliennes refusent population de Gaza, d’étendre ses colonies et Ceux qui ont misé sur la disparition de la ques- de servir dans l’armée d’en construire d’autres au mépris de conven- tion palestinienne de la scène internationale d’occupation tions qu’il a lui-même signées, de rationner l’eau avec la situation dramatique dans laquelle est 16 Pour un pour les Palestiniens, de faire obstacle à leur plongée la région, doivent comprendre que la engagement des collectivités locales liberté d’entreprendre et de mouvement, d’ac- question palestinienne demeure centrale. Ne rien françaises centuer la répression contre toutes les franges faire pour la résoudre serait jeter de l’huile sur 17 Missions de la population palestinienne. Les enfants même les braises des conflits qui embrasent la région solidaires : à n’y ont pas échappé, certains écopant de lourdes et dont l’Europe paie déjà le prix. la rencontre des peines allant jusqu’à seize années de prison. Condamner et réaffirmer les principes ne suffit Palestiniens qui résistent Les rapports d’ONG et d’institutions internatio- plus. Il faut sanctionner, car non seulement les 18 Le projet nales qui décrivent la situation désastreuse se dirigeants israéliens se moquent des paroles, de formation sont pourtant multipliés, les alertes lancées par mais, contre toute logique, ce sont eux qui bran- professionnelle les chefs de mission de l’Union européenne en dissent les menaces de sanctions. On croit rêver ! dans les camps de réfugiés de Chatila et de poste à Jérusalem indiquent depuis longtemps Netanyahou et son équipe n’ont que mépris Borj el Barajneh ce qu’il faut faire pour mettre fin à cette situation. pour l’initiative diplomatique française. Ils l’ont 20 Comment la Les travaux des agences de l’ONU, dont le déclaré en juin et décembre 2016, et à la veille du récupération de Conseil des Droits de l’Homme, ont, à de multiples 15 janvier 2017. Il faut en tirer les conséquences. textiles usagés reprises, condamné la politique israélienne mais La France doit reconnaître l’État de Palestine peut aider la Palestine Israël persiste et signe dans sa politique de net- dans les frontières de 1967 avec Jérusalem Est 21 3 000 nuits, à voir toyage ethnique. Situation inédite qui s’explique comme capitale, car, comme l’avait rappelé absolument par l’absence totale de sanctions ou de menaces Laurent Fabius, « ce n’est pas une faveur, un 22 Le « Yes Theatre » de sanctions. passe-droit, mais un droit ». n ou jouer c’est exister 24 Échos du Conseil Taoufiq Tahani National Coopération Union européenne/Israël Recherche et développement : le militaire en embuscade L’accord d’association UE-Israël signé en novembre 1995 quelques jours avant la tenue de la conférence euroméditerranéenne de Barcelone remplace l’accord de coopération du 20 mai 1975. Un accord global qui implique un approfondissement substantiel des relations entre UE et Israël. L’accord de 1995 comporte une nouveauté qui concerne l’intensification de la coopération scientifique et technologique. L’article 40 renvoie à un accord particulier qui ne nécessite pas de ratification parlementaire. L’UE et Israël ont alors négocié en 1996 un accord distinct pour permettre la participation d’Israël au 4e programme de Recherche et développement. Israël est alors le seul pays non européen pleinement associé au programme UE de Recherche et développement. En 2014, Israël signe avec l’UE l’accord d’association au programme Horizon 2020 dont la dimension sécuritaire-militaire est indéniable. Comment en est-on arrivé là ? e domaine où la coopération entre l’Union euro- les technologies de l’information et de la communica- péenne et Israël est la plus pernicieuse est sans tion (TIC), les détecteurs, le stockage de l’énergie, la pho- doute celui de la recherche-développement. En tonique, les imprimantes 3D, la biométrie, etc. Le premier vertu d’accords signés avec l’Union européenne, accord entre l’Europe et Israël a été signé en 1975. Depuis il les centres de recherche où les industriels israé- a été complété par différents protocoles additionnels pour liens sont « admissibles à un financement au étendre son champ d’application et répondre aux nouvelles même titre que les entités des États membres (1) ». Pour conditions résultant de l’élargissement de la Communauté LIsraël, cette participation au programme de recherche eu- en Union européenne. Et en 1996, un accord de coopération ropéen lui permet de renforcer ses capacités militaires et scientifique et technique entre l’Union européenne et Israël sécuritaires. Pour l’Union européenne, le risque est que les permet la participation d’Israël au Programme-cadre pour technologies développées sur fond de crédits européens la recherche et le développement (PCRD) mis en place et soient utilisées par Israël pour commettre des violations financé par l’UE, qui lançait alors son e4 PCRD. du droit international… Les pays non-membres de l’Union européenne impliqués Pour favoriser la compétitivité de son industrie, l’Union dans le Programme-cadre pour la recherche et le dévelop- européenne a mis en place depuis plusieurs décennies pement doivent s’acquitter d’une cotisation pour avoir le des programmes de recherche dotés d’importantes enve- droit de présenter un nombre illimité de projets dans un loppes financières. Or les industriels militaires sont de gros large éventail de domaines – allant de l’environnement à consommateurs de crédits de recherche. Certes, les ques- l’espace, en passant par la santé, le transport, les nanotech- tions militaires n’étaient pas jusqu’à présent directement de nologies, la communication, etc. – et contribuer au budget. la compétence de la Commission européenne, mais depuis Cette taxe est basée sur un ratio entre le PIB du pays et celui les attentats du 11 septembre 2001, l’Union européenne s’est de l’Union européenne (2). Lorsqu’un de leurs projets est re- impliquée de plus en plus dans ces domaines sous couvert tenu, cela permet aux entités (centre de recherche, indus- de renforcer la sécurité. D’autant que nombre de technolo- triels du pays non-membre) de recevoir un financement gies de ce secteur sont duales ou double usage, c’est-à-dire pour le mettre en œuvre en participant à des plates-formes à la fois civil et militaire, comme, par exemple : les systèmes de coopération. Les représentants des pays associés ont sans pilote (drones), la robotique, la nanoélectronique, également, sous certaines conditions, la possibilité de (1) Cf. CORDIS (2009b) FP7 Third Country Agreements : International (2) Cf. ISERD (2006), Israel and the European Framework Programme for instruments associating Third countries to FP7. Research and Development, looking ahead the FP7 2007-2013. 2 | Palestine Solidarité janvier 2017 participer en tant qu’observateurs dans les comités et or- Outre cette précaution – élémentaire — une autre semble ganes exécutifs du Programme-cadre. C’est notamment avoir été prise qu’il faut examiner de près. En effet Horizon le cas pour Israël qui est coordinateur de plusieurs pro- 2020 intègre dans ses « Lignes directrices » une mise en grammes… Le 7e Programme-cadre, couvrant les années garde contre un éventuel détournement de la recherche, re- 2007 à 2013 (3), contient pour la première fois, un programme commandant de prendre des précautions (comme nommer spécifique de projets concernant la sécurité doté de 1,4 mil- un conseiller éthique indépendant ou un comité d’éthique) liard d’euros, soit 200 millions par an. La contribution finan- pour se prémunir contre cela. On pourrait penser que l’uti- cière d’Israël à ces projets a été à hauteur de 535 millions lisation de fonds pour la recherche civile au profit d’une uti- d’euros, mais en contrepartie, elle a reçu un financement lisation militaire fait partie des détournements possibles.
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