Université de Cergy-Pontoise UFR Lettres et Sciences humaines 2015-2016 Département d’Histoire Master 1 « Histoire, civilisations, patrimoine », parcours « Mondes modernes » L’INFANTERIE LEGERE, DE LA REVOLUTION JUSQU’A LA CHUTE DU PREMIER EMPIRE THIBAULT PETIT Sous la direction de M. le professeur François PERNOT 1 L’INFANTERIE LÉGÈRE, DES GUERRES DE RÉVOLUTION A LA CHUTE DU PREMIER EMPIRE 2 L’INFANTERIE LEGERE Des guerres de Révolution à la chute du Premier Empire Insigne en forme de cor de chasse, emblème des troupes légères (Photo DR) Images de couverture - Officier et Chasseurs basques en 1793 et 1795, in Ernest Fort, Miquelets, chasseurs de montagne, légions diverses et corps francs sous la 1ère République et le Premier Empire, Bibliothèque nationale de France, département Estampes et photographie, PETFOL-OA-505. - Voltigeur d’infanterie légère (Hersent), probablement du 13e régiment, 1809, in Ernest Fort, Uniformes de l’infanterie légère sous le Premier Empire, Bibliothèque nationale de France, département Estampes et photographie, PETFOL-OA-493. 3 L’INFANTERIE LÉGÈRE, DES GUERRES DE RÉVOLUTION A LA CHUTE DU PREMIER EMPIRE 4 INTRODUCTION Avant de parler des troupes légères de la Révolution et du Premier Empire, je souhaite expliquer mon choix quant au sujet étudié. Premièrement, j’ai toujours été fasciné par l’histoire militaire et l’armée en général. L’expression de puissance nationale et de dissuasion a quelque chose de mystique que je trouve fascinant, notamment dans son évolution à travers les âges. La Révolution française et le Premier Empire sont deux périodes que j’apprécie plus particulièrement. L’épopée impériale est pour moi une période faste et unique. Sans être totalement fasciné par Bonaparte, d’autres acteurs de cette période, plus ou moins anonymes, ont contribué à me la rendre extrêmement intéressante. De ce fait se dégage une grande volonté d’approfondir les méandres de cette époque. C’est pour cette raison que je souhaite étudier l’infanterie légère des périodes révolutionnaire et impériale. En effet, dans mes nombreuses lectures et recherches, j’ai constaté la faiblesse de la documentation sur celle-ci en elle-même, alors qu’on ne compte plus les ouvrages sur la Grande Armée ou sur celle de l’An I, sur la Garde Impériale ou sur les fulgurantes unités de cavalerie plus les portraits de personnalités de la Révolution et de l’Empire. Tout comme on ne compte plus les auteurs et ouvrages généraux sur cette période en elle-même. Mais rien ou presque sur l’infanterie légère… C’est donc avec l’accord et l’appui de François Pernot, professeur d’Histoire moderne à l’université de Cergy-Pontoise, spécialiste de l’histoire de la Défense nationale et directeur de ce mémoire de recherche, que j’ai décidé de me lancer dans ce sujet afin d’une part, de réaliser ce master en recherche sur l’histoire des civilisations et du patrimoine des mondes modernes et d’autre part, et surtout, pour étancher en partie ma soif de connaissance à propos de cette période qu’est la fin de l’époque moderne française. Je voudrais remercier particulièrement mon directeur de mémoire de recherche, pour son aide, sa disponibilité et ses apports dans le domaine des armées françaises de toutes les époques ainsi que pour tous les enseignements qu’il m’a dispensés durant mes années d’études à l’université de Cergy-Pontoise. Je souhaite également remercier mes camarades de reconstitution historique de France, de Belgique et de Suisse, pour l’apport de documentations et d’annotations précieuses, mais aussi pour le grand plaisir à revivre l’histoire en leur compagnie. 5 L’INFANTERIE LÉGÈRE, DES GUERRES DE RÉVOLUTION A LA CHUTE DU PREMIER EMPIRE « Les troupes légères, disait le Roi de Prusse dans son instruction, sont, pour le général, le flambeau qui doit continuellement l’éclairer sur la situation, les mouvemens et la nature des desseins de l’ennemi. J’ajouterai qu’elles sont au corps de l’armée, ce que les yeux et les oreilles sont au corps humain : toujours en garde, ces sens doivent non-seulement l’avertir des coups qu’ils voient et qu’ils entendent se diriger contre lui, mais ils doivent indiquer la direction de ceux qu’il veut porter lui-même à son adversaire. »1 Frédéric II, puis le général Guillaume-Philibert Duhesme, définissent ainsi l’utilisation originelle des troupes dites « légères » comme mobiles, aptes aux manœuvres rapides sur un champ de bataille et le plus souvent à l’avant du gros des troupes. Leur origine est antérieure et non une invention de l’Ancien Régime ou de la Révolution française. Si la Révolution française débute le 14 juillet 1789 avec la prise de la Bastille, ce n’est qu’après la déchéance du roi en septembre 1792 que la France fait face à la première coalition déclenchée par la déclaration de guerre de la République française au « Roi de Bohème et de Hongrie ». Jusqu’en 1815, la République puis l’Empire français s’opposent à sept coalitions2, notamment durant les difficiles guerres d’Espagne et du Portugal3 ainsi que pendant la campagne de Russie de 1812 où les troupes légères se distinguent. La dernière coalition prend forme durant la période des « Cent Jours » et est fatale à Napoléon Ier puisqu’elle aboutit à sa défaite dans la « morne plaine » de Waterloo le 18 juin 1815, ce qui précipite sa seconde abdication et la fin du Premier Empire français. C’est dans ce contexte de vingt-trois années de guerres successives que l’armée française doit innover pour trouver les chemins de la victoire. Ces innovations touchent notamment les unités d’infanterie légère, devenues une composante incontournable dans toutes les armées d’Europe. 1 Duhesme, Précis historique de l’infanterie légère, 1814, p. 249. 2 1re : 1792-1797 ; 2e : 1798-1802 ; 3e : 1805 ; 4e : 1806-1807 ; 5e : 1809 ; 6e : 1812-1814 ; 7e : 1815 3 1808-1814. La guerre se solde par une défaite française, et par la restitution du trône d’Espagne à Ferdinand VII de Bourbon lors du Traité de Valençay. 6 L’infanterie est le corps des unités militaires qui se déplacent et combattent à pied à l’aide d’armes blanches ou à feu. Le mot vient de l’italien infanteria, dérivé de « infante », l’enfant. Le terme apparaît au XVIe siècle en Espagne où il était courant de nommer les princes royaux, les infants, à la tête des armées, les hommes sous leurs ordres ont donc pris le nom d’ « Infanteria ». A la fin du XVIIIe siècle, elle est l’épine dorsale d’une armée et est d’ailleurs appelée la « reine des batailles » car à cette époque le combat en plaine redevient une habitude, ce qui encourage grandement son utilisation. L’infanterie de ligne, la plus répandue, agit en tant qu’unité compacte qui allie le feu et le fer par le biais du mousquet à baïonnette, lequel permet de saturer le champ de bataille par le feu et se battre au corps à corps. L’infanterie légère est le nom donné à la fin de l’Ancien Régime, puis sous la Révolution et l’Empire aux bataillons de chasseurs à pieds et voltigeurs, par opposition aux autres formations à pieds qui constituent la ligne et marchent en bataillons serrés face à l’ennemi. Le comte de la Roche-Aymon défini la différence entre les légers et la ligne, et préconise l’enrôlement d’un certain type de soldats, de la façon suivante : « En réfléchissant au service de l’infanterie légère, il est évident que cette infanterie aura toujours des marches plus longues, plus difficiles, plus rapides que l’infanterie de ligne ; qu’elle devra aussi faire un plus grand usage de son feu individuel. Il est donc très avantageux de lui donner des hommes d’une complexion robuste, accoutumés à marcher et il se servir de leurs armes... »4 L’infanterie légère opère généralement en avant des formations de ligne ou bien sur les flancs d’un contingent ennemi pour harasser, « tirailler ». Ce type d’unité remonte à l’Antiquité, lorsque les Grecs dénommaient psilites les combattants voués à opérer seuls ou en formation dispersée comme les archers ou les frondeurs. De même, les vélites romains étaient une véritable unité légère comparée aux légionnaires lourds.5 Les premiers consistaient en une infanterie mobile et armée de javelots pour harasser les cohortes adverses. Le légionnaire payait lui-même son équipement pendant l’époque romaine et les vélites apparaissent comme un moyen de recruter également des soldats des basses classes sociales et donc d’enrôler plus d’hommes. Napoléon utilise la même méthode en 1804, la taille des hommes remplaçant l’argent pour le recrutement des voltigeurs de la Grande Armée. Ce terme de vélite est d’ailleurs repris pour désigner une unité de la garde impériale.6 4 La Roche-Aymon, Des troupes légères, 1817, p. 74. 5 « De même les Romains, nos grands maitres dans l’art de l’organisation des armées, avaient pour troupes légères leurs Célères, leurs Vélites et leurs Férentaires », Beurmann, Traité sur l’infanterie légère, p. 12. 6 Unité réservée aux jeunes volontaires provenant des milieux aisés de l’Empire et destinée à la formation des officiers subalternes. Créée par décret du 30 nivôse de l’an XII. 7 L’INFANTERIE LÉGÈRE, DES GUERRES DE RÉVOLUTION A LA CHUTE DU PREMIER EMPIRE C’est dès l’armée royale que le terme « chasseur » est mentionné pour la première fois. En 1743, pendant la guerre de Bohême, est créé le corps des Chasseurs de Fischer, du nom du capitaine les commandant. Cette petite unité a pour but d’attaquer furtivement les troupes ennemies afin de les harceler et les forcer à se retrancher dans leurs places fortes.
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