Les Cahiers de la Mémoire Contemporaine 13 | 2018 Varia Édition électronique URL : http://journals.openedition.org/cmc/277 DOI : 10.4000/cmc.277 ISSN : 2684-3080 Éditeur Fondation de la Mémoire Contemporaine Édition imprimée Date de publication : 1 octobre 2018 ISSN : 1377-1256 Référence électronique Les Cahiers de la Mémoire Contemporaine, 13 | 2018 [En ligne], mis en ligne le 05 novembre 2019, consulté le 24 septembre 2020. URL : http://journals.openedition.org/cmc/277 ; DOI : https://doi.org/ 10.4000/cmc.277 Ce document a été généré automatiquement le 24 septembre 2020. Les Cahiers de la mémoire contemporaine 1 SOMMAIRE Avant-propos Albert Mingelgrün Voorwoord Albert Mingelgrün Sociabilité juive et musique en Belgique (1830-1930) Michèle Fornhoff-Levitt In the Port City We Meet? Jewish Migration and Jewish Life in Antwerp During the Late 19th and Early 20th Centuries Veerle Vanden Daelen The “Belgian” Jewish Experience of World War One Janiv Stamberger Réfugiés juifs d’Allemagne nazie en Belgique (1938-1944). Une esquisse Insa Meinen La communauté juive organisée face à l’engagement pro-palestinien (1973-1982) Catherine Massange et Jean-Philippe Schreiber Surviving Hitler. An Antwerp Jew’s Compelling Testimony Jeffrey Kleiman Notes de lecture Parcours d’enfants cachés Albert Mingelgrün La langue du IIIe Reich Jacques Déom En Jeu. Histoire & mémoires vivantes Sophie Milquet Les Cahiers de la Mémoire Contemporaine, 13 | 2018 2 Avant-propos Albert Mingelgrün 1 Les treizièmes Cahiers que publie la Fondation de la Mémoire contemporaine montrent une nouvelle fois qu’elle entend continuer à faire connaître la variété des aspects de l’existence juive en Belgique au fil de ses évolutions. 2 Elle revient ainsi à la problématique de l’immigration à Anvers à la fin du XIXe siècle et au début du XXe tout en traitant, chronologie oblige, de l’expérience spécifique de la communauté dans le cadre du conflit 1914-1918. 3 Ce qui se met en place et se déroule vingt ans plus tard permet d’aborder le sort qui est réservé en Belgique aux réfugiés juifs d’Allemagne nazie et de revenir sur la Shoah et… Anvers à travers la figure représentative d’Alter Kleiman. 4 Dans un tout autre ordre d’idées, est présentée ensuite la diversité des réactions provoquées par l’engagement pro-palestinien de certains parmi les autres membres communautaires à une époque spécifique, de la guerre du Kippour (1973) à celle du Liban (1982). 5 Partie prenante de la pluralité à l’œuvre, ce numéro offre encore un développement relatif à la sociabilité juive et à la musique en Belgique (1830-1930). 6 Je souhaite enfin rappeler que vient de paraître Une éthique de la fraternité : Georges Schnek se raconte…, hommage ô combien légitime à sa personne… Les Cahiers de la Mémoire Contemporaine, 13 | 2018 3 AUTEUR ALBERT MINGELGRÜN Docteur en philosophie et lettres, professeur émérite à l’Université libre de Bruxelles et professeur à l’Institut d’Études du Judaïsme, Albert Mingelgrün est président de la Fondation de la Mémoire contemporaine. Il mène des recherches sur la littérature de la Shoah. Les Cahiers de la Mémoire Contemporaine, 13 | 2018 4 Voorwoord Albert Mingelgrün 1 Met de inmiddels 13de uitgave van onze Bijdragen willen wij opnieuw de verscheidenheid en de ontwikkelingen van het Joods bestaan in België in al haar aspecten verkennen. 2 Zo komen wij terug op de immigratieproblematiek te Antwerpen eind 19d – begin 20ste eeuw, eveneens als op de specifieke beleving van de Joodse gemeenschap in het licht van het gewapend conflict 1914 – 1918. 3 Wat zich 20 jaar later verwezenlijkt en afspeelt, laat ons toe het lot van de uit nazi- Duitsland afkomstige Joodse vluchtelingen te behandelen, de Shoah en… Antwerpen aan de hand van het kenschetsend verhaal van Alter Kleiman. 4 Tevens hebben we nadien een overzicht van de verscheidene reacties op het pro- Palestijnse engagement van sommige leden van de Joodse gemeenschap op het moment van de Jom Kippoer-oorlog (1973) en de Israëlisch-Libanese Oorlog (1982). 5 In onderhavig nummer komt ook het pluralisme aan bod in een artikel over de Joodse sociabiliteit en muziek in België (1830-1930). 6 Tenslotte wens ik de lezer eraan te herinneren dat onlangs met het boek Une éthique de la fraternité : Georges Schnek se raconte… een terecht eerbetoon aan diens persoon verschenen is. AUTEUR ALBERT MINGELGRÜN Doctor in de Letteren en Wijsbegeerte, professor emeritus aan de Université libre de Bruxelles (ULB), sectie Romaanse Talen en Literatuur, professor aan het Institut d’Études du Judaïsme en Les Cahiers de la Mémoire Contemporaine, 13 | 2018 5 voorzitter van de Stichting voor de eigentijdse Herinnering. Hij voert onderzoek naar de litteratuur over de Shoah. Les Cahiers de la Mémoire Contemporaine, 13 | 2018 6 Sociabilité juive et musique en Belgique (1830-1930) Michèle Fornhoff-Levitt 1 Si les Lumières n’inventent pas la sociabilité – cette aptitude, considérée comme une vertu sociale essentielle, à « fréquenter agréablement ses semblables » –, elles en forgent le terme et appuient le progrès et la lente mutation des sociétés occidentales entre la fin de l’Ancien Régime et le milieu du XIXe siècle vers un nouvel esprit1. L’assemblée devient dès lors « originale en ce sens qu’aucune cause apparente ne semble en motiver les réunions, si ce n’est une propension toute naturelle au commerce des hommes », observe l’historien Ran Halévi : « À la notion d’association, on voit ici s’adjoindre – peut-être pour la première fois – celles de loisir, de plaisance et d’agrément, sans inspiration avouable connue. »2 2 Issue de la première Haskalah qui culmine tout au long de cette même période, la modernité juive, stimulée par un cadre communautaire concentré et une ouverture au monde extérieur notamment par le commerce, participe pleinement de cette « fabrique » de la sociabilité séculière3. Laïcisée, individualisée, politisée, voire démocratisée, la nouvelle sociabilité fait, au nom de la morale, le procès de l’État absolutiste : les contemporains aspirent à des cadres associatifs moins contraints, à l’adhésion volontaire au groupe, à des statuts et des règlements non imposés de l’extérieur mais adoptés de l’intérieur. « L’essor de la sociabilité reflète à la fois la dilatation de la sphère privée, son autonomisation, mais aussi sa capacité à proposer en retour à la sphère publique dont les déséquilibres et les heurts sont manifestes, un mode d’organisation sociale plus harmonieux », commente l’historien français Pierre- Yves Beaurepaire, spécialiste des pratiques sociales et du monde au siècle des Lumières4. 3 Clef par excellence pour la compréhension des mécanismes socioculturels, la sociabilité met au grand jour le développement de réseaux nationaux et internationaux. Dans ce contexte, la musique s’impose comme outil de prédilection, cimentant les liens communautaires, au delà de la synagogue, et mettant en lumière des formes d’appartenance à la communauté juive autres que celles de la confession. Dans les pages qui suivent, nous verrons comment, pratiquée traditionnellement au sein et Les Cahiers de la Mémoire Contemporaine, 13 | 2018 7 autour des temples de la vie musicale comme les lieux de culte, les conservatoires ou les salles de concert, la musique pénètre également les espaces de la sociabilité privée des salons, des cercles musicaux ou encore – de manière plus discrète – de la loge, et comment les musiciens juifs en Belgique – compositeurs, virtuoses ou animateurs – l’ont instrumentalisée pour souder leurs liens communautaires pendant le premier siècle d’existence du pays5. La modernité juive 4 Placées sous le signe de l’émancipation mais aussi de la sécularisation, obligeant les Juifs à repenser leur relation avec le monde extérieur, les Lumières juives abordent la modernité « de l’intérieur » et soulignent sa dimension humaine – individuelle et collective – porteuse de sens. « Progressivement, la judéité s’est affranchie du judaïsme, jusqu’à s’incarner dans une figure nouvelle, celle du juif sans dieu ou du juif laïque », estime l’historien Enzo Traverso, par une « assimilation à l’extérieur et un effondrement à l’intérieur »6. Cette judéité émancipée, sorte de substrat moral, d’engagement existentiel, voire d’ethos, transcende désormais les frontières de la communauté religieuse bâtie autour de la synagogue pour s’intégrer, au prix de ses droits collectifs et communautaires, dans les sociétés et les cultures d’accueil. Elle se rapproche de la notion de « juif déjudaïsé » développée par Raymond Aron, « non croyant, non pratiquant, [...], sans culture juive », voire de celle de « juif non-juif » qu’Isaac Deutscher exposait en 1958 pour esquisser le profil de l’intellectuel en rupture avec la religion et la culture héritées, considérée au fil des temps comme une métaphore de la modernité juive7. 5 Le cosmopolitisme, « dimension centrale et fondatrice de la modernité juive » cimente l’essor socio-économique et l’assimilation culturelle8. Il ne s’agit pas de la perte d’une identité culturelle spécifique, mais plutôt de sa transformation par l’adoption généralisée de la langue et de la culture du pays d’accueil. Si les modalités d’existence du judaïsme conservent encore parfois un ancrage religieux, sa dynamique s’inscrit dans la création de vastes réseaux économiques ou culturels nationaux et transnationaux, alimentés par la sécularisation des modes de vie et la cristallisation des valeurs – éducation, formation, éthique, accomplissement, etc. – dans un processus de Bildung suivant la tradition allemande autodidacte où philosophie et éducation se lient dans un mouvement de maturation personnelle et culturelle. 6 Mais cette émancipation engendre aussi un dilemme : la difficulté, voire l’impossibilité de retourner au judaïsme traditionnel et, avec la montée de l’antisémitisme dans le dernier tiers du XIXe siècle, la non-appartenance nationale. Par cette exterritorialité, ce statut d’outsider découlant de l’exclusion sociale, la conscience de la judéité n’est plus tributaire de la religion, mais du cosmopolitisme, faisant du Juif un « citoyen du monde », un Weltbürger 9.
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