Livraisons De L'histoire De L'architecture, 14 | 2007, « Piscines » [En Ligne], Mis En Ligne Le 21 Mai 2015, Consulté Le 18 Juillet 2020

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Livraisons de l'histoire de l'architecture 14 | 2007 Piscines Édition électronique URL : http://journals.openedition.org/lha/421 DOI : 10.4000/lha.421 ISSN : 1960-5994 Éditeur Association Livraisons d’histoire de l’architecture - LHA Édition imprimée Date de publication : 10 décembre 2007 ISSN : 1627-4970 Référence électronique Livraisons de l'histoire de l'architecture, 14 | 2007, « Piscines » [En ligne], mis en ligne le 21 mai 2015, consulté le 18 juillet 2020. URL : http://journals.openedition.org/lha/421 ; DOI : https://doi.org/ 10.4000/lha.421 Ce document a été généré automatiquement le 18 juillet 2020. Tous droits réservés à l'Association LHA 1 SOMMAIRE Les baignades en rivière d’Île-de-France, des premiers aménagements à la piscine parisienne Joséphine-Baker Isabelle Duhau La piscine de Pantin (1935-1937), une réalisation architecturale et sociale d’envergure Christelle Inizan Bains-Baden, les piscines bruxelloises Isabelle Pauthier La piscine du palais de cristal à Metz : une « apocalypse joyeuse » Christiane Pignon-Feller Strasbourg, Colmar, Mulhouse : les programmes de bains municipaux en Alsace au début du XXe siècle. Une politique volontaire d’hygiène publique Patrice Triboux La piscine municipale de Bruay-en-Artois et le socialisme municipal d’Henri Cadot Marc Verdure De la « fresque primitive » au mur « où tout est ornement » : les contributions d’André Lhôte à une théorie de l’art mural (1920-1940) Jean-Roch Bouillier Livraisons de l'histoire de l'architecture, 14 | 2007 2 Les baignades en rivière d’Île-de- France, des premiers aménagements à la piscine parisienne Joséphine- Baker1 Swimming in the river of the Ile-de-France: from the first facilities to the Josephine Baker swimming pool Flussbadeanstalten in der Île-de-France, von den ersten Einrichtungen zu dem Schwimmbad Josephine Baker Isabelle Duhau « En général, tout établissement de bains sur les eaux ne peut manquer d’avoir une grande supériorité sur ceux construits dans l’intérieur d’une grande ville. L’illusion de la belle nature peut-elle jamais naître au milieu de ces petits jardins factices, circonscrits dans un étroit terrain ? Vous n’avez pas quitté la fatigue des rues, le bruit des cabriolets, des fiacres, la scène n’a pas changé : au lieu que dans les bains sur la Seine, c’est un nouvel air que vous respirez, un nouveau monde sur la plage duquel vous abordez, en laissant sur la rive, comme un souvenir importun, les idées sombres et mélancoliques qui ne cessent de vous obséder dans les fracas de la ville2. » Si l’homme se baigne depuis la nuit des temps en milieu naturel, la construction d’équipements spécifiques sur les rives de nos cours d’eau ou de nos lacs ne semble pas remonter à plus de trois siècles. Le bain public est une pratique courante dans les mondes antique ou arabe ; ceux-ci ont construit des édifices publics à cet usage au cœur de leurs villes. Notre imaginaire évoque sans difficulté les thermes romains ou les hammams orientaux. Cependant, en Occident, la tradition du bain avait disparu (seul le bain thérapeutique restait quelquefois prescrit), la religion chrétienne rejetant la nudité et édictant des règles de pudeur strictes. Le thème mythologique de Venus au bain sert de prétexte aux artistes, dans la tradition classique, pour représenter le corps féminin nu dans un paysage champêtre. À Paris, au XIIIe siècle, on trouve le long de la Seine de rares installations stables d’étuves dont on ne connaît pas les caractéristiques Livraisons de l'histoire de l'architecture, 14 | 2007 3 architecturales et qui disparaissent à la Renaissance, l’usage des pommades et les onguents venus d’Italie devenant la règle de la toilette. Pour ceux qui aiment l’eau, il ne reste que le bain en rivière. Le mois d’août des Très riches heures du duc de Berry (musée Condé, Chantilly) montre quelques baigneurs s’ébattant dans la Juine, tout près d’Etampes. On sait que le roi Henri IV était friand de ces bains froids qu’il pratiquait à Saint-Germain tandis que Louis XIV se baignait également à Valvins3. À partir du XVIIe siècle, les Parisiens sont plus nombreux à se baigner dans la Seine, comme à la porte Saint-Bernard4, mêlant un souci d’hygiène au plaisir rafraîchissant de l’eau, aux beaux jours. Leur nudité troublant l’ordre public, la nécessité d’installations spécifiques s’impose, la baignade sauvage demeurant la règle partout ailleurs dans les lieux isolés. Les établissements de bains se multiplient au XVIIIe siècle, le naturel et l’exercice physique étant mis en avant par les nouvelles théories des Lumières et les médecins se montrant de plus en plus favorables aux bains. Ces institutions proposent baignoires et bassins collectifs mais il faut attendre la fin du siècle pour qu’apparaissent les premières écoles de natation. Dès lors, les établissements au bord de nos rivières se multiplient afin de répondre à la demande d’une pratique sportive naissante, tandis que le bain d’hygiène se replie peu à peu dans la sphère privée5. 1 Les évolutions techniques et architecturales des équipements répondent à leurs évolutions fonctionnelles. D’abord structures rudimentaires, les baignades se perfectionnent afin de garantir davantage de sécurité aux nageurs (cloisonnement pour réguler le courant, fond artificiel en pente douce), de leur proposer plus de confort (vestiaires individuels, location de serviettes et de costumes), des services complémentaires (espaces de repos, restaurants, salons privés ou dancings) ou bien encore des aménagements ludiques (plages, toboggans ou plongeoirs). Les établissements flottants, installés pour la belle saison et remisés l’hiver, côtoient ceux devenant définitifs au fur et à mesure que leurs équipements se développent, que les rivages sont aménagés ou que les constructions en béton se substituent aux premiers bains en bois. Paris, pionnière en matière de baignades en rivière, se voit à partir de la seconde moitié du XIXe siècle peu à peu distancée par les nombreuses installations des rivages franciliens suscitées par la mode de la partie de campagne dominicale. Dans l’entre-deux-guerres, les baignades, de plus en plus sophistiquées, deviennent de véritables établissements nautiques polyvalents baptisés « plages », rivalisant avec les établissements balnéaires attirant la haute société dans des villégiatures luxueuses. Tandis que les premiers bains en eau vive étaient nés d’une réhabilitation de l’eau dans l’hygiène et la santé corporelles, la nudité des corps dans l’espace urbain ainsi que la sécurité des baigneurs constituent des problèmes récurrents pour les pouvoirs publics, contraints à réglementer et surveiller strictement les baignades. Après guerre et jusqu’aux années 1960, grâce au développement des loisirs aquatiques, les baignades en rivière connaissent encore quelques saisons d’engouement, avant que la multiplication des piscines couvertes artificielles répondant aux besoins croissant de l’enseignement de la natation aux scolaires et de la pratique sportive, et surtout la pollution des rivières, n’oblige les établissements à fermer définitivement leurs portes. Livraisons de l'histoire de l'architecture, 14 | 2007 4 Installations démontables et structures pérennes Limites lexicales 2 Aucun terme spécifique ne qualifie les dispositions qui permettent les bains en eau vive, dits froids. On y pratique la natation dans ce que les textes mentionnent successivement ou alternativement comme des bains, des écoles de natation, des baignades, des plages ou des piscines. L’absence de définition pour ce lieu (qu’il borde une rivière ou qu’il soit totalement artificiel) dans le Grand dictionnaire universel du XIXe siècle de Pierre Larousse (1866) est symptomatique et atteste le caractère récent de l’encadrement de la baignade. Selon la dernière édition du Grand Robert de la langue française (2001), la piscine « est un grand bassin où l’on se baigne en commun » (l’expression « piscine de natation » apparaissant en 1865) ; le bain est défini entre autres comme « l’action d’entrer dans l’eau pour le plaisir et éventuellement dans l’intention d’y séjourner, de nager » tandis que la baignade « est à la fois l’action de se baigner en mer, en lac ou en rivière et l’endroit d’un cour d’eau ou d’un lac où l’on peut se baigner ». Cette dernière définition sous-entend que la baignade se pratique en plein air mais dans des lieux qui ne sont cependant pas nécessairement aménagés pour cet usage. Les techniciens décrivent ceux-ci plus précisément. Selon eux6, les baignades sont des bassins naturels ouverts, des plages aménagées en bordures des rivages de la mer ou englobant des portions de cours d’eau, ou bien encore utilisant des lacs et des étangs naturels. Les bassins constituent des établissements de natation que l’eau traverse en circuit ouvert, partiellement naturel et partiellement artificiel. Enfin, les piscines comportent un bassin en plein air ou couvert et sont un aménagement totalement artificiel, fonctionnant en circuit fermé. Ainsi, aujourd’hui encore en Île-de- France, on se baigne en rivière dans quelques lieux plus ou moins façonnés par l’homme, de la crique naturelle dégagée de ses herbages aux installations techniques plus sophistiquées. Des bateaux – pontons… 3 L’Encyclopédie explique que les bains sont un terme d’architecture correspondant à de grands et somptueux bâtiments. Elle distingue les bains artificiels de ceux dits naturels qui sont, ou chauds, comme ceux des eaux minérales, ou froids, comme l'eau des rivières. L’ouvrage ajoute qu’à cette date : 4 Les bains publics sur la rivière, ne sont autre chose que de grands bateaux, appelés toue7, faits de sapin, et couverts d'une grosse toile, autour desquels il y a de petites échelles attachées par des cordes, pour descendre dans un endroit de la rivière où l'on trouve des pieux enfoncés d'espace en espace, qui soutiennent ceux qui prennent le bain8.

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