Jean-François Reubell, L'alsacien De La Révolution Française

Jean-François Reubell, L'alsacien De La Révolution Française

JEAN-FRANÇOIS REUBELL L'Alsacien de la Révolution française OUVRAGES DE Jean-René SURATTEAU Le Département du Mont-Terrible sous le régime du Directoire, Paris, Les Belles Lettres, 1965. Les Élections de l'an VI et le coup d'État du 22 floréal (11 mai 1798), Paris, Les Belles Lettres, 1971. L'Idée nationale, de la Révolution à nos jours, Paris, Presses Universitaires de Fran- ce, 1972, traductions en espagnol (1975), en italien (1983), en allemand (1985). La Révolution française - Certitudes et controverses, Paris, Presses Universitaires de France, 1973. DIRECTION ET COLLABORATION : Dictionnaire historique de la Révolution française (Dictionnaire Soboul), Paris, Presses Universitaires de France, 1989. OUVRAGES COLLECTIFS : Occupants - Occupés, 1792-1814, Bruxelles, Centre d'histoire économique et so- ciale, 1969. Les Pays sous domination française (1799-1814), Paris, Centre de documenta- tion universitaire, 1968. ÉDITION : LEFEBVRE Georges, La France sous le Directoire (Introduction, mise à jour biblio- graphique, état des questions), Paris, Éditions sociales, 1977 ; 2e édit. 1984. RUFER Alfred, La Suisse et la Révolution française (Introduction et bibliogra- phie), Paris, Société des études robespierristes, 1973. ÉDITONS DE TEXTES : En collaboration avec Claude FOHLEN : Textes d'histoire contemporaine, Paris, SEDES, 1967. En collaboration avec Claude FOHLEN : Textes et documents sur l'histoire de la Franche-Comté, Dijon, Éd. du CRDP, 1966. JEAN-RENÉ SURATTEAU ALAIN BISCHOFF JEAN-FRANÇOIS REUBELL L'Alsacien de la Révolution française E DU RHI REMERCIEMENTS Je remercie tout d'abord mon ami Me Alain Bischoff, notaire à Mulhouse et Colmarien de naissance, tout à la fois amateur éclairé, bibliophile et biblio- graphe de l'histoire de la Révolution française, qui a soutenu et encouragé ce projet convenu avec Albert Soboul, peu avant la disparition prématurée de celui-ci. C'est grâce à l'active collaboration d'Alain Bischoff que ce livre peut paraître. Mes remerciements vont aussi à : - M. Jean-Marie Schmitt, archiviste de la Ville de Colmar que j'ai bien souvent consulté et dont la connaissance de l'histoire de sa ville - celle de Reubell – et de la généalogie alsacienne m'ont été du plus grand secours ; - M. Francis Gueth, bibliothécaire de la Ville de Colmar qui m'a ouvert toutes grandes les portes de son dépôt et m'a initié à la connaissance du legs Reu- bell ; - M. Yves Metman, conservateur honoraire aux Archives nationales qui m'a permis de débrouiller l'écheveau de la succession Reubell, grâce au souvenir gardé d'un de ses parents ; – l'agence généalogique Coutot-Roehrig et, en particulier, M. Lecole qui en dirige le bureau de Strasbourg ; je lui dois tous les renseignements nécessaires à la confection des tableaux généalogiques aussi complets que possible de la famille Reubell et de ses alliés. Je remercie enfin mon ami Georges Livet qui a bien voulu accepter de pré- facer ce livre. J.-R. SURATTEAU Conception graphique et couverture Jean-Marc Biais © 1995 - Editions du Rhin Tous droi ts réservés ISBN 2 86339 105 4 C'est Reubell qui était l'âme du Directoire. BARRAS POURQUOI REUBELL ? EAN-FRANÇOIS REUBELL a fait longtemps l'objet d'un oubli immérité. Au temps où étaient célébrés par les uns et honnis par les autres les grands hommes de la J Révolution, Reubell était simplement oublié – la pire des choses pour un homme politique. Comment s'expli- quer cette défaveur sur le plan national comme sur le plan régional ? • National car il a pâti du discrédit longtemps attaché au régi- me - celui du Directoire, instauré par la Constitution de l'an III - dominé par l'instabilité politique et la peur socia- le qui vont servir de prétexte au 18 Brumaire. • Régional car, comme le remarque Roger Jaquel dans son étude sur d'autres protagonistes alsaciens, Reubell n'a pas béné- ficié de l'intérêt attaché par l'historiographie locale aux deux branches principales que constituaient la tendance religieuse, la tendance politique et libérale, éléments essentiels de la recherche au XIX siècle. C'est pourquoi il nous faut être reconnaissant au Profes- seur Jean-René Suratteau, bien connu par ses travaux sur le Directoire, et à Alain Bischoff, pour n'avoir pas hésité à bri- ser le cercle du silence et à rendre au révolutionnaire haut- rhinois, « l'âme du Directoire », la justice qui lui est due. Non une œuvre hagiographique ni même de réhabilitation, mais un travail hautement scientifique, fondé sur des sources nouvelles, en l'occurrence les papiers de Reubell, acquis par la Bibliothèque nationale en 1931 et 1932, à la mort du der- nier héritier du révolutionnaire alsacien. Dépassant le cadre de la simple biographie, ce livre est une précieuse contri- bution à l'histoire d'un régime que l'on s'efforce de mieux connaître, de mieux comprendre, grâce à une appréciation plus exacte des difficultés de l'heure, sur le double plan inté- rieur et extérieur, où s'inscrivit l'action dynamique de Jean- François Reubell : le Directoire n'est pas à réhabiliter, mais à explorer et, surtout, à étudier en tant que « modèle » - souvent passionné - de la réalité politique, à un moment, au sortir de la Révolution, où il fallait « réinventer » la France. Alsacien, Reubell le fut sans conteste et le demeura toute sa vie : « de Colmar à Colmar », en passant par les assemblées parisiennes et la maison d'Arcueil, les séjours aux frontières et à l'étranger, telle s'inscrivit la trajectoire de sa destinée. Il est né à Colmar le 6 octobre 1747, a été baptisé en l'église Saint- Martin comme le relève un de ses biographes locaux, Félix Schae- delin ; né dans une famille de juristes, il est attaché à l'insti- tution marquante, le Conseil souverain, que Louis XIV installa en 1698 dans la capitale judiciaire de l'Alsace, devenue chef- lieu du Haut-Rhin, qui conservera sous l'Empire la cour d'ap- pel. Il est lié à Strasbourg également par l'université où il étu- die le droit germanique, comme celui du royaume, dans un établissement protestant – lui catholique - dont il défendra plus tard les droits nationaux, à l'instar de Guillaume Koch, futur recteur honoraire de la nouvelle université. Reubell, admis comme avocat au Conseil souverain, épouse Marie- Anne Mouhat, originaire de Grandvillars près de Belfort. La prise de possession de l'Alsace du nord au sud est complète : il la transcrira en actes pendant la Révolution. Le « parcours alsacien » reste classique. Avocat - refusant de reprendre le notariat paternel, peut-être plus lucratif mais combien plus pesant - bâtonnier en 1782, à l'âge de trente- cinq ans, porte-parole éloquent de ses confrères, il com- mence sa carrière politique avec les élections aux états géné- raux qui, rapidement, se transforment en Assemblée nationale. Une caractéristique essentielle bien mise en évidence dans cette biographie : entre les intermèdes parisiens, élections à la Convention, puis au Conseil des Anciens, missions à l'ex- térieur, Reubell revient sans cesse « se retremper » dans le cli- mat alsacien ; il en épouse même à l'Assemblée les outrances funestes, combattant avec passion la proposition de loi qui tendait à accorder aux juifs les droits de citoyens, écho d'une adresse de protestation envoyée à Versailles, le 31 décembre 1790, par le directoire et le conseil général du Haut-Rhin. Il subit d'ailleurs les contrecoups de la politique générale : il est rendu par certains responsable de la loi du 11 septembre 1790 qui prononce la suppression des Parlements, privant ainsi Colmar de son Conseil souverain. A la sortie de la Constituante, Reubell prend les fonctions de procureur-général-syndic du département du Haut-Rhin ; il se rend compte sur le terrain des difficultés qu'engendre l'application des réformes du nouveau système d'élection et de décentralisation introduit dans les départements et de l'acuité des problèmes propres à la frontière. Il découvre la valeur militaire d'un architecte strasbourgeois, à Belfort, Jean-Baptiste Kléber (qui vient de s'enrôler dans un bataillon de volontaires du Haut-Rhin). Reu- bell, de temps en temps, se retire dans sa « campagne » à Sigols- heim. Il reviendra enfin à Colmar à l'issue de sa vie publique, malgré les attaques dont il est l'objet quant à sa fortune, s'oc- cupe de son vignoble de Sigolsheim avant de mourir dans sa ville natale, le 24 novembre 1807, dans son logement de la maison Hosemann, laissant sa veuve dans une situation finan- cière précaire à laquelle Napoléon s'efforcera de remédier un peu. Cette unité attestée dans l'aventure d'une vie racontée avec simplicité et sobriété, se retrouve, non sans quelques ara- besques, dans ce destin politique qui, des rives du Rhin, passe sur les bords de la Seine. Le passage est délicat, la réus- site n'est pas assurée au sein de cette réunion de « provinciaux », que constituent alors les assemblées parisiennes où la paro- le est maîtresse. Pour certains (Jean Meyer) « député du Tiers, l'homme était pétri de contradictions » : peut-être pas, si l'on s'en rapporte à son origine et à son milieu. Il reste l'hom- me de sa classe : la bourgeoisie moyenne d'Alsace, les pieds sur terre et le front dans les nuages. Homme de la frontiè- re, attaché à la République qu'il entend défendre envers et contre tous, tous ces ennemis qu'il a vus de près sur les bords du Rhin, armées étrangères, émigrés agissants, prêtres réfrac- taires animés par le cardinal de Rohan, menées subversives issues de Suisse et des États riverains. Son activité s'inscrit suivant ces lignes de faîte : tout naturellement et sans problème de conscience, elle passe du plan régional au plan national, voire européen, à une époque où, justement, se reconstrui- sent et la France et l'Europe.

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