Document généré le 24 sept. 2021 21:34 Québec français Les paroles s’envolent, les écrits restent Roger Chamberland La lecture d’oeuvres littéraires Numéro 109, printemps 1998 URI : https://id.erudit.org/iderudit/56351ac Aller au sommaire du numéro Éditeur(s) Les Publications Québec français ISSN 0316-2052 (imprimé) 1923-5119 (numérique) Découvrir la revue Citer ce compte rendu Chamberland, R. (1998). Compte rendu de [Les paroles s’envolent, les écrits restent]. Québec français, (109), 91–92. Tous droits réservés © Les Publications Québec français, 1998 Ce document est protégé par la loi sur le droit d’auteur. L’utilisation des services d’Érudit (y compris la reproduction) est assujettie à sa politique d’utilisation que vous pouvez consulter en ligne. https://apropos.erudit.org/fr/usagers/politique-dutilisation/ Cet article est diffusé et préservé par Érudit. Érudit est un consortium interuniversitaire sans but lucratif composé de l’Université de Montréal, l’Université Laval et l’Université du Québec à Montréal. Il a pour mission la promotion et la valorisation de la recherche. https://www.erudit.org/fr/ Les paroles s'envolent, par Roger Ch les éCritS restent e printemps nous d'une installation de Richard Langevin, Jean Rabouin, Jean Rabouin l'homme avec qui elle partage doréna­ Vous connaissez Jean Rabouin ? Probable­ réserve encore vant sa vie, et il faut dire que l'impres­ ment pas, moi non plus d'ailleurs. Je ne sa­ d'heureuses surprises sion d'entrer dans le décor et de circuler vais qui était ce chansonnier devenu l'un avec la parution de là où l'artiste se produira dans quelques des protégés de Richard Desjardins. Disons L instants permet un premier contact fort que ce professeur au collégial a attendu le nombreux albums que l'on nous sympathique. Quant au spectacle propre­ moment et la maturité pour produire un pre­ annonce depuis un moment déjà. ment dit, il se déroule d'une seule traite, mier album qui étonne par sa maîtrise des On pense à Laurence Jalbert et à Dufresne assurant le rôle de maître de cé­ mots et de la musique : « Le ciel est Michel Rivard qui gardent un rémonie et présentant ses chansons rouge\Les guerres séparent les amants\Des comme un survol de sa carrière. Enten­ larmes crèvent l'écran \Beyrouth a fait des certain silence depuis quelques dons bien qu'il ne s'agit pas d'une ré­ enfants\Mais le ciel redevient bleu\J'ai une années. Dans ce domaine, comme trospective, mais du bilan d'une carrière étoile dans les yeux\Quand c'est toi que je dans tout autre, il faut choisir le où la chanteuse règle ses comptes en vois (« L'Étoile filante »). L'univers de douce avec la critique et se place en re­ Rabouin n'est certes pas de tout repos : il temps propice pour que l'album trait de l'industrie du spectacle et de la dénonce, questionne, constate l'état des cho­ tombe à point nommé. Voyons un musique. Dorénavant, elle fera et dira ce ses là où elles sont dans un état pitoyable, peu les moments forts et les que bon lui semble, dut-elle écorcher au mais il y a parfois ce parfum de lumière qui passage certaines susceptibilités ou des s'appelle l'amour et la femme qui apparait moments faibles des saisons ego gonflés à bloc (ses propos controver­ comme un sursis donné au monde. Rabouin, passées. sés sur Lara Fabian et Céline Dion n'en qui joue du piano, est accompagné par une sont que la pointe de l'iceberg). basse ou une contrebasse, batterie et per­ Son album est à l'image de sa presta­ cussions, mais jamais la musique ne subor­ Diane Dufresne, Diane Dufresne tion : sobre et émouvant. On y retrouve donne le discours et la voix de cet écorché Celle qui a fait la pluie et le beau temps une femme forte de ses moyens et qui sait vif dont on attend le spectacle pour voir de dans les années 1970 et 1980 nous re­ traduire, grâce à la collaboration de Ma­ quoi il en retourne in vivo. vient en force avec un spectacle d'abord, rie Bernard, de Michel Jonasz ou Pierre présenté en exclusivité à Montréal à Grosz, avec une rare subtilité les moin­ l'automne puis à Québec au printemps, dres mouvements de sa condition. et un album qui en reprend le contenu. L'amour, le vieillissement, les souvenirs Changement de style, changement de cap d'enfance et autres sont autant de thèmes pour Diane Dufresne qui a troqué ses cos­ qu'elle traite avec profondeur et doigté, tumes flamboyants et ses esbrouffes en servi en cela par le piano d'Alexis échange d'un peu plus de simplicité, de Wessenberg et d'André Gagnon, la gui­ repli sur soi et d'un meilleur contact avec tare de Jerry De Villiers jr., le violoncelle le public. Son spectacle, présenté au Mu­ de Claude Lamothe ou les synthétiseurs sée d'art contemporain, se déroulait dans de Scott Price. Avec un tel compagnon­ une petite salle entièrement recouverte de nage, elle nous entraîne à sa suite, dans carton brut où s'entassaient à peine plus un univers qui est à des lieues de la mu­ de 150 personnes. En fait, il s'agissait sique populaire. QUÉBEC FRANÇAIS PRINTEMPS 1998 NUMÉRO 109 91 Linda Lemay atmosphère trop mielleuse, monocorde et à la recherche d'un Linda Lemay un emportement faussement lyrique au nouveau son, a dé­ Pour son second plan musical qui n'arrive pas à émouvoir cidé de reprendre album, Linda l'auditeur. Le spectateur pourra être em­ les 13 pièces les Lemay a décidé de porté dans le mouvement de la mise en plus représentatives poursuivre dans la scène que signe Gilles Maheu, mais que du répertoire de Jac- veine des auteures- nous ne pourrons voir au Québec avant ques Dutronc et compositrices et interprètes où le texte est un petit moment. En revanche, celui qui d'en faire un album. Le résultat est éton­ servi par une musique qui, sans être ac­ attendait un second Starmania sera amère­ nant tant le groupe est parvenu à garder le crocheuse au premier abord, dégage une ment déçu. Pas une seule mélodie accro­ cachet de ces chansons des années 1960, à atmosphère intime. De plus, Linda Lemay cheuse, sauf peut-être « Bohémienne », les dépoussiérer et à les interpréter dans un semble avoir trouvé une justesse dans l'in­ mais rien pour considérer cet opéra nouveau contexte où elles semblent tou­ terprétation qui rend bien justice aux thè­ comme un chef-d'œuvre. Une déception jours d'actualité. On peut, sans nostalgie, mes traités. Chansonnière du quotidien, à la mesure de nos attentes. fréquenter ce disque, le réécouter à satiété des petites peines et des grandes ambi­ sans se sentir nowhere. Même si Dutronc tions, L. Lemay évolue dans un monde qui Madame chante Dutronc s'est fait surtout connaître au cinéma, il n'en comporte sa part de joies et de peines sans Groupe Madame demeure pas moins que cette collection de que nous en subissions les contrecoups et Devant le succès remporté par une pub-télé titres réactive un courant da la chanson fran­ encore moins les exubérances : « Les filles pour une camionnette, le groupe Madame, çaise que l'on tient trop souvent en marge. seules\ elles habitent avec des copines, les filles seules\ Parlent des plats qu'elles cui­ sinent, elles s'engueulent\À propos de Great Jewish Music : Serge Gainsbourg, une production de John Zorn choses anodines qui les agacent » (« Les filles seules »). Il y a une mesure dans ce qu'elle veut raconter et dans ses états d'âme qui laisse croire que le monde est urieuse pmproductiod n que comestible tel qu'il est. Voilà un titre que Ccet albumm ddee Serge Gains- même l'usure du temps ne saurait altérer en profondeur, comme le constate s réunis par John d'ailleurs le journal Libération qui n'hé­ site pas à comparer ses textes à ceux de .x'sse d'étonner par Brel et Brassens. Il faut aimer ce style mu­ sical et accepter de s'y laisser aller sans ses proiets. 2 I chansons les craindre de s'y perdre. Une réussite sur toute la ligne. hours soin plus grande une Notre-Dame de Paris (d'après l'œuvre de Victor Hugo) textes Luc Plamondon musique Richard Cocdante audience dans le circuit de Il me serait difficile de dire du bien de ce production restreinte de la nouvel opéra de Luc Plamondon qui s'est musique dite alternative : .1 Mike Patton, associé à Richard Cocciante pour la mu­ . pour n en nommer quelques-uns. .si on a garde intacts le i sique afin de bâtir une œuvre musicale n'en esl pas de même des arrangements musicaux qui \ ont autour de celle de Victor Hugo. Avec des is sans jamais perdre leur accessibilité. Autrement dit, on s interprètes aussi talentueux que Daniel Lavoie, Bruno Pelletier, Luck Mervil, n annul certes pas renies lani i alhum. maigre tout, présente une certaine unite qui pour son volet québécois, Noa et Patrick n'est pas synonyme d'homogénéité. Kl il ne faut surtout pas penser que. placée sous Fiori, pour son volet français, auxquels l'étoile de David, cette musique seiait nécessairement teintée de klezmer ou de s'ajoutent Garou et Julie Zenatti, des ar­ \ iddisli : bien au contraire, Zorn a su s'entourer d'artistes qui échappent à eeite tistes inconnus de ce côté-ci de l'Atlanti­ ethnicisation forcée et s'inscrire en marge de ce qui se fait en musique populaire.
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