ABSTRACT LE CINEMA DE BANLIEUE : UN REGARD NOVATEUR ET AVENTUREUX SUR UN TERRITOIRE DIFFICILEMENT IDENTIFIABLE By L. Ami Ali This thesis, written in French, tackles the emergence of banlieue cinema in France and the groundbreaking eye that it brings to bear on the complex social fabric in the liminal territory of the banlieue. The media coverage in France on the banlieues, due to very problematic filming techniques, perpetuates certain clichés. Banlieue cinema, including documentary films and fictional films, while denouncing it, tries to remedy it. Through their films, the filmmakers condemn the media’s approach to these underprivileged territories in France and respond to it by estimating the sufficient distance, as phenomenologists would do it, to properly represent the banlieues. They also answer it by using colors very well, portraying classical binaries or by completely immersing their camera and offering us a wide-scope view of the banlieue. Analyzing the cinematography of these films will help us recognize the insightful perception that banlieue cinema has brought to the topic. However, it also shows us that there is still a long way to go because the stereotypes that these films try to erase die hard in the collective unconscious. LE CINEMA DE BANLIEUE : UN REGARD NOVATEUR ET AVENTUREUX SUR UN TERRITOIRE DIFFICILEMENT IDENTIFIABLE Submitted to the Faculty of Miami University in partial fulfillment of the requirements for the degree of Master of Arts by L. Ami Ali Miami University Oxford, Ohio 2019 Advisor: Dr. Mark McKinney Reader: Dr. Elisabeth Hodges Reader: Dr. Jeremie Korta Reader: Dr. Mark McKinney ©2019 L. Ami Ali This Thesis titled LE CINEMA DE BANLIEUE : UN REGARD NOVATEUR ET AVENTUREUX SUR UN TERRITOIRE DIFFICILEMENT IDENTIFIABLE by L. Ami Ali has been approved for publication by The College of Arts and Science and Department of French and Italian ____________________________________________________ Mark McKinney ______________________________________________________ Elisabeth Hodges _______________________________________________________ Jeremie Korta Table of Contents Acknowledgements……………………………………………………………………………….iv Introduction……………………………………………………………………………………….1 I. Du film-documentaire au film fictionnel de banlieue : l’enjeu de la bonne distance quand il s’agit de filmer la banlieue……………………………………………………………...3 1. Le cinéma et son approche phénoménologique…………………………………………...3 2. Quel est l’enjeu de la “bonne distance” ? Réapprendre à regarder les banlieues : de la caméra stigmatisante des médias à la caméra du réalisateur…………………………….12 3. “L’effet de réel” des films fictionnels de banlieue comme baromètre de la bonne distance…………………………………………………………………………………..20 II. Justesse de la cinématographie pour représenter de manière fidèle l’espace de la banlieue…………………………………………………………………………………..28 1. Le jeu astucieux des couleurs : moyen d’identification des acteurs en banlieue………...28 2. Une caméra en pleine immersion nous donnant une vision panoptique de la banlieue….34 3. Une banlieue construite en opposition avec la ville de Paris suivant le schéma : centre/périphérie…………………………………………………………………………39 III. Quel résultat : des clichés bannis ou simplement revisités ?.............................................46 1. Des clichés dépeints par les trois films notamment ceux liés à la monotonie de la vie en banlieue sans solution concrète………………………………………………………….46 2. Des clichés dépassés notamment grâce à la promotion d’un multiculturalisme décomplexé par les trois films………………………………………………………...…51 3. Une représentation pourtant toujours difficile due à l’hétérogénéité de la banlieue……......................................................................................................................55 Conclusion……………………………………………………………………………………….61 Bibliographie……………………………………………………………………………………..63 iii Acknowledgements First and foremost, this master thesis is dedicated to my parents. Everything I am and I seek to be in this world is modeled after you. The love, the admiration and the gratitude that I have for you is immeasurable. My warmest regards to my mother, you are the cornerstone of the family. I also want to thank my research director Dr McKinney who has always been very supportive of me and of my choices. Thank you for meeting with me every other week and responding to my emails when I was overseas. To the incredible three years I have spent in Ohio, at Denison and Miami University and especially to Michel Pactat, Elisabeth Hodges and Christine Armstrong, I lack the proper words to define the scope of change you brought into my life and to fully comprehend the emotional roller coaster it has been. To all the people and places I connected and discussed extensively with, Fred Porcheddu, Elise Mignot and Pierre Cotte and all my students who have continuously been an incredible source of inspiration for me throughout the year. Thank you to my friends in the United States who have always been there for me and who have always encouraged me to follow my dreams. It is to all of you that I owe my deepest gratitude. iv Introduction Les médias ont souvent fait défaut à la banlieue parisienne, ou cette ceinture urbaine à la périphérie de la capitale française. Dotée d’une géographie peu avantageuse et d’une concentration de malheurs sociaux, la banlieue n’a jamais pu vraiment émerger positivement sur nos écrans. Toutefois, le constat superficiel de cette tragédie que les médias produisent n’aide en aucun cas la compréhension de ce phénomène social de très grande ampleur. Alors que les médias s’y intéressent peu, le documentaire, ou encore “l’interprétation créative de la réalité” selon John Grierson (Lépine, Mediapart) va prendre la relève et aller au-delà des clichés transmis par les médias. Le documentaire incarne un genre cinématographique qui naît avec Robert Flaherty et Nanook of the North (1922). Il s’agit du premier film sans scénario imaginaire qui ne va pas travailler avec des acteurs mais avec des individus réels en les montrant tels qu’ils sont dans leur vie de tous les jours (Douhaire). Le documentaire va donc manipuler quelque peu la réalité car il va la réinterpréter mais va également se référer à certaines zones du réel. Le documentaire est un moyen de lecture du monde réel, notamment grâce aux procédés cinématographiques qu’il emploie comme le traveling, le plan-séquence, ou encore le gros plan. Ces techniques souvent considérées comme honnêtes et authentiques car au plus proche de la réalité nous offrent une vision panoptique de la banlieue. Le documentaire, genre cinématographique à part entière, accompagné d’une voix off et dont le but est d’informer va donc être avant-gardiste. Puis il va laisser place au cinéma direct, qui est à proprement parler, un cinéma-documentaire, un genre hybride entre la fiction et le documentaire. Le cinéma, lui-même à la fois fiction et documentaire, quand il est direct va avoir une toute autre visée. Le cinéma direct va nous proposer une vérité historique, qui a pour but de retranscrire la réalité. Il va opter pour une technique légère avec peu de personnes sur le lieu du tournage pour éviter au maximum le parasitage et la manipulation de la scène qui se veut directe et instantanée (Boily, 5)1. La visée de la fiction va nous donner accès à une vérité plus romancée, plus dramatique qui ne va pas nécessairement avoir de lien direct avec la réalité. Le cinéma direct va agir sur le monde en évitant de lisser ses travers ou ses imperfections et ses motivations vont pouvoir se lire à travers sa cinématographie. Ce cinéma plus brut va être la marque de fabrique du “cinéma de banlieue” qui va à travers la fiction de son scénario, relater les histoires des “petites 1 Caroline Boily, La représentation du réel dans le cinéma direct : à la jonction de la pratique et de la théorie documentaire. Université du Québec à Montréal, 2010, p. 5. 1 gens”, souvent issues de ces quartiers grâce à un casting sauvage. La dure réalité de ces banlieues est alors contenue et évoquée à travers plusieurs aspects de ces films de banlieue. Ainsi, le cinéma français en créant le nouveau genre du cinéma de banlieue, et en adoptant les codes du documentaire va s’engager politiquement et va proposer un nouveau regard sur ces “zones impénétrables”. Le regard porté sur ces banlieues va être plus pédagogique et moins accusateur car il tente de comprendre les raisons pour lesquelles la vie est plus triste en banlieue. L’art cinématographique, de par ses codes et ses différents témoignages devient alors révélateur d’un phénomène social mais va aussi parfois tomber dans les clichés qu’il tente de dénoncer. Afin de prouver cela, nous nous servirons de deux films documentaires : De l’autre côté du périph : Au cœur de la cité (1997) par Bertrand Tavernier et son fils Nils Tavernier et Banlieues sous le feu des médias (2006) de Christophe-Emmanuel Del Debbio. Nous illustrerons également notre argument à l’aide de trois films de banlieue : La Haine (1995) de Mathieu Kassovitz, Ma 6-T va cracker (1997) de Jean-François Richet et enfin L’Esquive (2004) d’Abdellatif Kechiche. Nous verrons dans une première partie que le documentaire de par la bonne distance qu’il cherche constamment et son réalisme foncier va renouveler et dénoncer le regard caricatural des médias. Ces deux techniques vont être reprises par le cinéma de banlieue. Puis, nous observerons que les films de banlieue vont aussi être novateurs dans la représentation de l’espace de la banlieue, grâce à une utilisation précise des couleurs, à l’alternance entre point de vue subjectif et objectif, ou encore à l’usage de gros plans et plans séquence mais également grâce à la séparation entre la banlieue et la capitale. Cette représentation de la banlieue va être très fidèle à la réalité. Enfin, nous analyserons l’impact de ces films en matière de production de clichés, c’est-à-dire de stéréotypes sur la banlieue qui ont trait au langage très cru qu’on y utilise, au machisme ou encore au communautarisme. Nous partirons du double sens du mot “cliché” qui est un élément inhérent au processus filmique du cinéma et qui peut aussi apparaître comme un résultat de celui-ci.
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