Festival De Cannes : Après 60 Ans, Chacun Son Cinéma…

Festival De Cannes : Après 60 Ans, Chacun Son Cinéma…

Document generated on 09/26/2021 7:11 a.m. Ciné-Bulles Le cinéma d’auteur avant tout Festival de Cannes Après 60 ans, chacun son cinéma… Michel Coulombe Volume 25, Number 3, Summer 2007 URI: https://id.erudit.org/iderudit/33535ac See table of contents Publisher(s) Association des cinémas parallèles du Québec ISSN 0820-8921 (print) 1923-3221 (digital) Explore this journal Cite this article Coulombe, M. (2007). Festival de Cannes : après 60 ans, chacun son cinéma…. Ciné-Bulles, 25(3), 12–17. Tous droits réservés © Association des cinémas parallèles du Québec, 2007 This document is protected by copyright law. Use of the services of Érudit (including reproduction) is subject to its terms and conditions, which can be viewed online. https://apropos.erudit.org/en/users/policy-on-use/ This article is disseminated and preserved by Érudit. Érudit is a non-profit inter-university consortium of the Université de Montréal, Université Laval, and the Université du Québec à Montréal. Its mission is to promote and disseminate research. https://www.erudit.org/en/ EVENEMENT Festival de Cannes Après 60 ans, chacun son cinéma MICHEL COULOMBE Que retiendra-t-on du 60e anniversaire du Festival de Cannes? a fait dire à l'acteur mexicain, décidément coupé du monde, que Un spectaculaire feu d'artifice au-dessus de la Méditerranée? Le c'était très drôle... bref concert du groupe U2 aux marches du Palais? Le passage éclair de Jane Fonda sur la Croisette, dans le rôle de la fille bien­ Mais peut-être au fond cet anniversaire, cette soixantaine qu'on veillante de Henry Fonda rendant hommage à son père? Le numéro a voulu associer à la jeunesse plus qu'au grand âge — la vieil­ d'acteur d'Alain Delon montant le célèbre escalier avec des mi­ lesse a bien mauvaise presse — sera-t-il à jamais lié à la présen­ miques de chanteur rock, une broche STAR épinglée au revers de tation du film Chacun son cinéma, production pour laquelle le sa veste, au bras d'une très jeune femme qu'il bécotait à répéti­ Festival a réuni 35 des meilleurs réalisateurs contemporains, dont tion, en l'occurrence sa fille? L'image de ce yacht échoué sur la le vénérable Manoel de Oliveira, âgé de 98 ans. Ceux-ci devaient rive, pollueur de luxe qui rappelait à quel point la planète can­ raconter, en trois minutes, des histoires qui se passent dans les noise, couverte de paillettes, arrosée de champagne, se situe loin salles de cinéma aux quatre coins du monde. Plusieurs de ces des préoccupations exprimées dans l'inquiétant documentaire maîtres du septième art ont offert une vision pessimiste et pré­ environnementaliste The 11th Hour, produit par le très médiati­ senté des salles désertées ou, même, trois fois plutôt qu'une, que Leonardo DiCaprio? fréquentées par des aveugles. Ainsi Ken Loach se moque de la production courante, partageant la perplexité d'un père et de son En revanche, on aura vite fait d'oublier l'absence des têtes d'af­ fils qui peinent à trouver un film convenable parmi un ensemble fiche de la politique française, Nicolas Sarkozy et Ségolène Royal, de sous-productions à peine plus ridicules que celles qu'on pré­ tous deux plus d'une fois annoncés par la rumeur, mais forcés de sente dans certains cinémas. Le plus sombre d'entre tous est tourner le dos au jet-set international pour mettre en place le gou­ assurément le cinéaste canadien David Cronenberg qui se met en vernement, mobiliser le Parti socialiste ou se disputer les légis­ scène dans le rôle du dernier Juif au monde dans le dernier latives. Aussi les acteurs ont-il pu occuper tout l'espace médiati­ cinéma au monde, un homme suicidaire dont l'irréversible déses­ que, se prêtant à tour de rôle à un rituel répétitif sous l'œil des poir est commenté par deux présentateurs au discours aussi vide photographes, de la descente de la limousine à la symbolique mon­ que rassurant. La fin est imminente, on feint de l'ignorer... tée des marches, censée les rapprocher du firmament d'où ils viennent. On avait, une fois encore, l'impression qu'ils y étaient Cet assemblage de courts métrages aura permis à quelques-uns tous, les Angelina Jolie, George Clooney, Catherine Deneuve, de ses auteurs particulièrement cinéphiles de saluer certains des Gérard Depardieu, Jean Dujardin, Maggie Cheung et autres films qui les ont marqués. La Jeanne d'Arc de Dreyer pour Diane Kruger. Certains s'en tirent mieux que d'autres au jeu du Atom Egoyan. La Grande Illusion pour les frères Coen. La bain de foule. Chaleureux, Brad Pitt allait au-devant de son Sortie des usines Lumière pour Alejandro Gonzalez Innaritu. public, sensible aux nombreuses heures d'attente passées par Puis il y a les thèmes : la nostalgie chez Claude Lelouch; la déri­ plusieurs pour l'apercevoir, même furtivement, aux bras de sa sion chez Walter Salles; l'hédonisme chez Gus van Sant; la ciné­ compagne. Gael Garcia Bernai a fait beaucoup moins forte im­ philie tout azimut chez Nanni Moretti qui tient à la fois son pro­ pression, transformant la première de sa première réalisation, pre rôle et celui de son fils; la férocité chez Lars von Trier qui Deficit, à la Semaine internationale de la critique, section paral­ prend les grands moyens pour faire taire un voisin trop bavard. lèle dont il était le parrain, en projection privée, au mépris des Certains ont profité de l'occasion pour se mettre de l'avant, centaines de personnes qui faisaient bêtement la file, jusqu'à ce comme Youssef Chahine qui rappelle sans un soupçon d'humi­ que leur impatience tourne à la colère et à l'affrontement. Ce qui lité l'hommage que lui a rendu le Festival ou Théo Angelopoulos 12. VOLUME 25 NUMÉRO 3 CINE3ULLES Cinéma de la Plage 2 qui reprend des images de L'Apiculteur pour mettre en scène très silencieuse, mauvais présage, puis à un public de première une rencontre entre Jeanne Moreau et Marcello Mastroianni. On qui l'a longuement ovationné. On a présenté ce nouveau film n'est jamais si bien servi... comme le dernier volet d'une trilogie entreprise avec Le Déclin de l'empire américain et Les Invasions barbares, positionne­ Roman Polanski, qui prépare l'adaptation de Pompeii, un roman ment stratégique qui relève davantage de l'habile mise en marché de Robert Harris, avec, dit-on, Scarlett Johansson et Orlando que d'une lecture éclairante de l'œuvre du cinéaste québécois. Bloom, a, quant à lui, trouvé une façon de se démarquer de ses D'une part, parce que le seul lien dramatique évident avec les collègues lorsqu'il a quitté, excédé, la conférence de presse col­ deux précédents films est la présence de Pierre, le personnage lective où, à son avis, les questions n'étaient pas au niveau des interprété par Pierre Curzi, très affecté par un récent divorce. cinéastes de renom à qui on les posait. Il faut toutefois préciser D'autre part, parce que les thèmes abordés renvoient à tous les que son film n'appelle pas de questions fondamentales. On y films de Denys Arcand des 20 dernières années, chroniques désen­ découvre un homme dont les râles insistants gênent un couple chantées de la vie contemporaine, y compris Jésus de Montréal, venu voir Emmanuelle. Ils finiront par comprendre que le Love and Human Remains et Stardom. Le sens de la vie, la gêneur est en fait un homme blessé qui vient tout juste de tomber mort, la célébrité, entre autres sujets. Et, au final, un individu du balcon. « Dites, M. Polanski... euh... » face à lui-même, revenu à l'anonymat dans Stardom, arrivé à l'heure des adieux dans Les Invasions barbares, seul face au Cette année, pendant que la presse commentait un à un chacun fleuve Saint-Laurent dans L'Âge des ténèbres. Tôt ou tard chez des films de la compétition officielle, au Québec, plus que partout Denys Arcand il faut accepter sa condition, renoncer à la fuite en ailleurs, on attendait impatiemment la clôture, la dernière séance, avant, freiner sa course. celle qui permettrait de voir L'Âge des ténèbres, le film tant at­ tendu de Denys Arcand. Après avoir lancé des signaux contra­ L'Âge des ténèbres dresse le portrait d'un homme, un fonction­ dictoires quant à l'état d'avancement de la production, pas prêt naire comme il en existe des milliers d'autres, employé sans gran­ pour la compétition, prêt pour la clôture, puis produit du matériel de envergure, mari effacé, père incapable, fils impuissant. Le promotionnel peu convaincant sous le titre The Age of Ignorance film superpose trois instantanés, le portrait de cet homme tel que avant d'opter pour un nouveau titre anglais, Days of Darkness, les autres le perçoivent, celui de l'homme qu'il rêve d'être et celui, le film a enfin été projeté, d'abord à une presse internationale enfin, de l'homme qu'il choisira de devenir, ce qu'on découvre CINF3t7Z-Z.ES VOLUME 25 NUMÉRO 3 .13 EVENEMENT Festival de Cannes L'Âge des ténèbres de Denys Arcand Sicko de Michael Moore par petites touches, à travers une série de rencontres, ici avec un d'autres se trouvaient dans cette situation certes inconfortable, professeur désespéré victime de harcèlement, là avec une impro­ mais tout à fait dans la nature du processus créatif, à commencer bable spécialiste de la recalibration du Feng Shui qui s'assure que par le film gagnant de la section Un certain regard, California les employés de l'État évoluent dans un environnement où cir­ Dreamin', lancé dans de terribles conditions, son réalisateur, cule correctement l'énergie.

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