![Line Tragćdie Symbolique: „Les Pierres Vivantes”](https://data.docslib.org/img/3a60ab92a6e30910dab9bd827208bcff-1.webp)
Le lunero, 40 centimes sulsses (80 groszy) Direction: Varsovie, Złota 8, tel. 732-82; administration, publi­ city Królewska 13, tel. 223-04 Succursale d'admini- stration: Paris, 123, boul. St. Germain, Librairie Gebethner et Wolff Abonnement d un an: 4 francs suisses REV UE MENSUELLE__________________________________ Nr. 78 Varsovie, 15 mars 1933 Huitićme annee Rene Lalou line tragćdie symbolique: „Les pierres vivantes” „Ił jouait les trisłesses et les pour qu'elles s'imp os ent ainsi des le pre­ couvrir ce qu elle imagine etre son Mont- declare-t-il ailleurs, il ne suffit pas d'etre un „bonheur de papillons"; c'est pair de qu'ils sioient con d amn es ä fuir ap res un desirs des heros, I’eternelle cica­ mier contact. sal vat. Enfin ce grand flot de passions re- j femme, bien que toutes aient Vhabitude semblables detours que Torgueil masculin bref sejour dans les cites dont aucune ne trice de lesprit de 1’homme Jan-Topass nous avertit que ,,1’oeuvre tombe; les noma des s’eloigineot; la ville, ! den raisonner ä perte de vue“. Misogy- atteint parfois ä la sagesse... les satis fait ? I Is laissent, derriere eux, Si Tallegorie des „Pierres vivantes" dans nos coeurs, un eveil, un mecontente- (Berent: „Les pierres vivantes“) de Berent est .intellectuelle par excellence", que 1'auteur est avant tout un artiste: ,,chez est claire, eile ne s en der oule pas moins ment qui est le premir signe de tout elan 11 est toujours fort imprudent de pre- Berent, ecrit-il, La phrase tient dune me­ dans deux plans de la- pensee. Le premier redempteur. Non, nous n'avons pas encore tendre j tiger un ecrivain sur un seul de dalik pour la nettete die la frappe et d un sens, le plus evident, touche au röle des vu triompher ce royaume de TEsprit sur ses ouvrages. Or, -on na encore tr adult en beau vers par la melodie et l eclat". Ce poetes dans la vie quotidienne. L'entree l a terre dont les ingenus oontemp ora ins France qu'-un livre de Wacław Berent, lero- gout de Berent pour les recits tres fine- des baladins dans la cite, Berent la com- des „Pierres vivantes" annonęaient le pro- man-fresque des „Pierres vivantes“*). Aus- ment ciseles, nous Taurions devine rien mente ainsi: „vraiment, c'est 1’enfer meme che avenemetit. Tons leurs calcu Is etaient si ai-je longtemps hesite ä exprimer dans qu’au plaisir avec lequel, dans „Les pier­ qui a fait invasion dans la ville paisible". faux; les no tres ne sont probablement la „Pologne Litteraire“ des impressions res vivantes“, ill module ä nouveau la Mais I'enfer, ce sera le reveil pai'en de guere plus exacts. Mais la valeur du mes­ qu aur ait pu dissiper une -connnissance chanson de Sire Lancelot. Ajoutons que, tou-tes les tentations: .„les grandes pro­ sage des chevaliers errants ne dependait complete des oeuvres de Berent. Mais j'ai grace ä la maitrise du traducteur Paul messes du monde et de la vie sortent point de ces esperances qui furent toujours lu la belle etude que lui consacre Jan-To- Cazin, la prose framęaise dies „Pierres vi­ comme des tentatrices de totites ces bouti­ deques; Tessentiel, c'etait leur foil dans pass dans ses „Visages d'ecrivains“: et tout vantes'' reflete Les preoccupations raffinees ques foraines. Les marchands et les poetes TEsprit: „mieux vaut, peut-etre, conclut ce que je pourral dire prend si natur elle- d un subtil musicien du verbe. Quant aux accumulent dans le secret des arnes les Berent, que nous ne voyions pas se rdali- rnent place dans le cadre qu il a -trace que sentiments, dans une remarquable analyse desiirs de la jouissance", Les marchands ser le royaume de TEsprit, s'il nous en je ne cr-ains plus de m'egairer. II f-aut que de „La vermoulure", roman qui date de vendent, les poetes distribuent ces magni- reste en revanche Inspiration". Tel est son la personnalite de Berent seit bien mar­ 1903, Jan-Topass observait que les person- fiques etoffes de pourpre dont nous re- dernier mot. Et notre reponse sera de voir quee et pnofonde l’unite de son oeuvre nages de Berent eprouvent, comme une couvrlrons la grisaille de nos mediocres dans „Les pierres vivantes" beaucoup plus „vertigineuse attraction", la hantise de la existences. Le supreme hommage aux bi­ qu'une Symphonie pitt ores que et fougueuse; *) Collection Polonaise. 5. Venceslas mort, Pour quo! done Berent fait-il peser str ions et aux saltimbanques, un vieux ! j entends: une veritable somrne de ces Berent. Les pierres vivantes. Traduction sur tons ses acteurs cette obsession? C'est, mait-re-mire le leur rendra, dans une heure : aspirations humaines dont la pathetique de Paul Cazin. Paryż, „N. R. F.“, (1932); repondra This to,rien litteraire, „que la ou Tivresse augmente sa lucidite avec sa grandeur est sans doute llee ä la conscience p. 376. substance morale et la substance intellec­ franchise: „C est un medecin qui vous le qu'elles ne seront jamais apaisees. tuelle de ces jours d hier lui repugnent". dit: vous etes les domptears du cauchemar Rien die surprenant si, pendant la Grande de ce monde, de VAcedia". Est-il indis­ Guerre, Berent s'est cree une sorts d'alibi kret d entendre ici 1'echc d'une confession en comp os ant 1 epopee medievale des „Pier­ per sonn eile? Un penseur aus si hautain res vivantes“, Jan-Topass Ta suivi jusqu'en que Berent ne fut-il pas expose ä souffnir, ce refuge; c’est dans cette for ter esse que lui aussi, maintes fois, de cette „acedie", nous Tabor dons, recons tituamt aisement le des crises d'humeur sombre dont il nous mouvement de pensee qui Ty conduisit, dit qu'elles assiegent les moines en leurs Avec „Les pierres vivantes" Berent retraltes? Parlant de leur art aux jongleurs, nous pLonge au plus anonyme de ce moyen- le vieux mire leur dit encore: „11 n'y a que äge „enorme et delicat“ que notre Verlaine ce jeu diviin pour echapper aux tristesses admirait en bloc et de confiance. Le nom de la vie". „Les pierres vivantes" prouvent de la cite, nous Tignorons; nous savons phot. Ryś assez quelle somptueuse evasion un Be­ seulement que Rome est situee „de Tautre WACŁAW BERENT rent salt trouver dans ce „jeu divin" de cöte des moots". Nulle indication precise a reęu le Prix d’Etat litteraire 1932 Tart. sur le siecle oti se deroule Taction, sauf Mais Toeuvre justifiierait mal son titre qu'un pur souffle die charite franciscaine de nouveau, se blottit dans sa hideuse ba- nie? Peut-etre, plutöt: mefiance p-our les si eile ne liber a it que son auteur; eile ne attendriit parfois cette vision d antes que. nalite. femmes qui proclament leur independance nous laisserait alors que le droit de re­ Un morne ennui accable La ville au centre Comme la cite par sa cathedrale, cette et refusent d'etre ces instruments de per- peter la plainte du Goliard: „delivrez de de laquelle une cathedrale got hique dr esse prestiigieuse resurrection des „Pierres vi­ fectionnemeot intime que Tecrivain sou- leurs tourments ceux qui ne peuvent ac- son inebranlable certitude. Et voici que vantes" est done dominee par une volonte haite trouver en el les. Ainsi, du moiins, me complir leur destinee". Aussi Berent a-t-il parait une troupe de baladins, menee par d'alldgorie. Si touffu que soft par end-roits semble-t-il permis d interpreter telle com- voulu que ces pierres du passe revivent le Goliard. Sous leur influence, la foule ce puissant rec.it, la pensee qui Tinspire paraison de TAcrobate: „La femme est pour nous aussi, nous donnent un enseigne- s'eveille, foule bigarree oü se coudoient appairait clairement, Bien avant que Be­ pour le p oete ce qu est p our moi la cor de ment universel. II le revele dans un epi­ les seigneurs et les marchands, les moines rent ne le confirme, nous avons coimpris raide et ce qu est Tours pour le dompteur, logue, tour ä tour railleur et lyrique: ,,Ce- et les truands, les jongleurs et les escho- que ,,ce n est pas seulement le moyen-age II y a un grand danger pour le corps et ci est le roman des ämes vagabond es et liers. La foil et Theresie se melent; tons qui se deroule dians ce roman". Ne Ta-t-il pour Tame dans tout art". Et pourtant de 1 eternelle inquietude de 1 esprit humain les mythes, chretiens, parens, chevaleres- pas de ja signifie, un p-eu plus rudement, lorsqu'il depeint un couple d’amants en­ qui vous est oonte ici sous la figure des ques, reprennent leur force explosive; Dio­ en observant que „les femmes trouveront laces, levres seellees, membres confondus, choses anciennes... Gar en chacun de vous nysos reparait et Pan excite les charnel- partout des conteurs ä leur convenance“ Berent, un instant, desarme: „Tous, nous reste latente la force indomptable de ces les concupiscences; la Mort, ä son tour, et qu'il n'appartient point ä ce genre d'a- volons nos meilleurs moments de vie ä la epoques". II faiut, en effet, que persistent, entre dans le jeu et la danse de vie de- museurs? Lorsqu'il parle des femmes, Be­ tristesse de la vie et ä la mort qui nous tres differents en apparence, unis dans un vient une ronde macabre, La masse s e- rent, tradlucteur du „Zarathoustra“ et es­ guette". Ne nous etonnons pas qu’ensuite commun ideal, en tous les temps, des che­ branle; guidee par le fantome du Goliard, say is te nietzscheen, n'oublie pas de se mu­ il conseille ä tous les passants de regarder valiers errants qui nous fassent rougir de MARJA DUNIN: Illustrations pour eile part en quete du Graal pour Je­ tt ir du fouet: „pour comprendre un roman, avec „un sour ire de pitie" ce qu'il nomme notre veulerie quotidienne.
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