Germanica 23 | 1998 Le roman historique dans les pays scandinaves au XXe siècle Elena Balzamo (dir.) Édition électronique URL : http://journals.openedition.org/germanica/1243 DOI : 10.4000/germanica.1243 ISSN : 2107-0784 Éditeur Université de Lille Édition imprimée Date de publication : 1 décembre 1998 ISBN : 0984-2632F ISSN : 0984-2632 Référence électronique Elena Balzamo (dir.), Germanica, 23 | 1998, « Le roman historique dans les pays scandinaves au XXe siècle » [En ligne], mis en ligne le 27 janvier 2012, consulté le 06 octobre 2020. URL : http:// journals.openedition.org/germanica/1243 ; DOI : https://doi.org/10.4000/germanica.1243 Ce document a été généré automatiquement le 6 octobre 2020. © Tous droits réservés 1 SOMMAIRE Présentation Elena Balzamo De l’histoire au roman l’expérience danoise Jean Renaud Le roman historique récupéré par le modernisme ? Quelques exemples de la littérature danoise Merete Stistrup Jensen Gunnar Gunnarsson et le « roman du peuplement de l’Islande » Einar Már Jónsson Les Frères jurés (extrait) Gunnar Gunnarsson Gobi de Tor Åge Bringsværd. Histoire(s), Histoire, Historia : de la fascination de raconter Régis Boyer Eyvind Johnson ou le bon usage de l’histoire Philippe Bouquet « On a tiré sur le roi ! » Elena Balzamo L'écho du champ de bataille. La Saga de Gösta Berling comme roman impérial Vivi Edström Carl-Henning Wijkmark : où commence l'histoire ? Elena Balzamo Parallèles L’histoire comme farce ou la déconstruction de l'histoire dans Turlupinde Leo Perutz Jean-Pierre Chassagne L’Histoire revisitée À propos du roman historique romantique de Ricarda Huch Georges Ueberschlag Germanica, 23 | 1998 2 Présentation Elena Balzamo 1 Lorsque le roman historique apparaît au XIXe siècle, il traduit la conscience naissante de la durée historique, de la diversité des époques et de la spécificité de chacune d’entre elles. Au XIXe, le genre se propose de retrouver et d’explorer le temps passé, mais assez vite les motivations changent, d’autres ambitions se greffent sur le projet initial : le « passé » du roman historique est de plus en plus contaminé par le « présent ». A l’aube du XXe siècle, le roman historique est déjà très différent de sa forme classique, mais il ignore encore les grandes mutations qu’il aura à subir au cours du nouveau siècle. Mutations liées, en premier lieu, aux changements de la science historique, de l’idée même que l’homme moderne se fait du passé, des rapports qu’il entretient avec lui. Mais aussi des mutations d’ordre proprement littéraire, déterminées par l’évolution de l’ensemble des « belles lettres », régies par des lois générales, mais aussi différentes selon les pays et les littératures... 2 Le propos du présent numéro de Germanica,consacré au roman historique dans les pays Scandinaves, n’est pas d’établir une typologie du genre, ni même de faire un bilan de son développement, fût-il provisoire, mais d’esquisser quelques approches possibles, en fournissant un certain nombre d’échantillons de réflexions sur le genre bigarré et hétérogène qu’est le roman Scandinave « traitant de l’histoire » – on ose à peine le terme de « roman historique ». En effet, que peut-il y avoir de commun entre une épopée romantique de Selma Lagerlöf et un roman d’introspection de Carl-Henning Wijkmark ? Entre les aventures hautes en couleurs des personnages de Gunnar Gunnarsson et les histoires fragmentées de Peer Hultberg ? Une pareille diversité de matériau exige beaucoup de souplesse dans le traitement et qui sait si le principe de mosaïque, implicite à tout numéro thématique n’est pas, en fin de compte, l’approche la plus adéquate ? 3 Des constantes dans l’évolution du genre existent, certes, et elles ne doivent pas être ignorées. C’est précisément de les dégager que se propose M. Renaud, en brossant un panorama du roman historique danois dans l’article qui ouvre le volume. Sa réflexion est reprise et développée par Mme Stistrup-Jensen qui se livre à une analyse détaillée de quelques auteurs danois contemporains. Germanica, 23 | 1998 3 4 M. Jonsson fait la même chose pour le roman historique islandais, en l’occurrence l’œuvre de Gunnar Gunnarsson et ses « romans du peuplement de l’Islande ». L’auteur s’efforce tout particulièrement de mettre en évidence les rapports qui existent entre l’écriture romanesque et l’évolution de la science historique de l’époque en question. Pour mieux illustrer son propos, nous faisons suivre son article d’un extrait du roman analysé, dans une traduction inédite de M. Boyer, pour enchaîner ensuite sur l’étude d’un type très différent du roman historique norvégien, celui de T.A. Bringsvaerd, dont l’auteur est le même M. Boyer qui a troqué ici sa veste de traducteur pour celle d’historien de la littérature. 5 En quittant l’Islande et la Norvège, nous voici en Suède, avec un article de synthèse, bien que consacré à un seul auteur, de M. Bouquet : il s’agit de l’œuvre charnière dans l’évolution du roman historique suédois, celle du Prix Nobel de littérature E. Jonsson. Et dans la même optique, une étude sur un auteur contemporain, lui aussi fasciné par l’histoire, Ch. Wijkmark (par Mme Balzamo). En restant toujours dans le domaine suédois, on trouve l’étude d’une œuvre qui n’est pas considérée habituellement comme un roman historique stricto sensu,la célèbre Saga de Gösta Beding,dont l’auteur, Mme Edström, démontre les liens intimes avec l’histoire. Une autre approche possible de l’étude du roman historique est esquissée dans l’article On a tiré sur le roi !dont l’auteur, Mme Balzamo, analyse les différentes « habillages » littéraires du même événement historique, en l’occurrence l’assassinat du roi Gustave III lors d’un bal masqué à Stockholm. 6 Et pour terminer, deux articles consacrés aux auteurs de langue allemande, respectivement L. Perutz et R. Huch, dus à MM. Chassagne et Uberschlag, qui suggèrent des parallèles intéressants avec le corpus principal, celui des textes Scandinaves. A la fin de ce rapide tour d’horizon, on s’aperçoit que l’on a parcouru une distance non négligeable : un siècle d’écriture, centrée sur la représentation du passé, en plusieurs langues, sur plusieurs modes. N’est-ce pas une invitation à rêver à ce que le genre deviendra au XXIe siècle ? Germanica, 23 | 1998 4 De l’histoire au roman l’expérience danoise Von der Geschichte zum Roman: das dänische Modell Jean Renaud e 1 Au début du XIX siècle, les romantiques danois prêchent, entre autres, le retour aux sources. Parmi eux, B.S. Ingemann (1789-1862), célébrant le culte des héros du passé national, publie entre 1826 et 1836 toute une série de romans historiques : Valdemar Seier(« Valdemar le Victorieux »), Erik Menveds Barndom(« L’enfance d’Erik Menved »), Kong Erik og de Fredløse(« Le roi Erik et les proscrits ») et Dronning Margrethe(« La reine Margrethe »). Dans la seconde moitié du siècle, les romans de Carit Etlar (pseudonyme de Carl Brosbøll, 1816-1900) ou de H.-F. Ewald (1821-1908) sont populaires auprès de toutes les couches sociales. Mais bientôt le roman historique danois change de caractère : l’intérêt psychologique devient primordial, comme l’illustre Fru Marie Grubbe(« Madame Marie Grubbe ») que publie, en 1876, J.-P. Jacobsen (1847-1885). Outre la richesse des détails historiques et la langue colorée d’expressions propres au XVIIe siècle, J.-P. Jacobsen montre en cette noble Jutlandaise une femme qui a le courage de vivre selon les lois de sa propre nature, face à tous les préjugés. Dès lors qu’il a brisé son carcan, que devient le roman historique au XXe siècle ? *** 2 Un frère et une sœur le marquent chacun de son empreinte au cours des premières décennies : Johannes et Thit Jensen. 3 Kongens Fald(« La chute du roi »), publié en 1900-1901, est conçu par Johannes V. Jensen (1873-1950) en réaction contre le symbolisme. Le roi en question est Christian II qui, au début du XVIe siècle, rêve de refaire du Danemark une grande puissance, mais qui, oublieux des réalités politiques, échoue dans sa tentative et finit ses jours en prison. L’autre personnage essentiel du roman, Mikkel Thøgersen, au terme d’une existence de mercenaire, finit par partager la déchéance du roi dont il devient le geôlier. Le roman Germanica, 23 | 1998 5 mêle l’histoire et la fiction en une fresque portée par un sens réel des grands ensembles littéraires et par une prose robuste et dynamique. Jamais encore la pénétration psychologique n’avait été mise au service d’un tel sens de l’histoire et de l’épopée, vivifiée par un sentiment métaphysique. 4 Ensuite, de 1908 à 1922, Johannes V. Jensen publie les six volumes de son œuvre monumentale, Den lange Rejse(« Le long voyage »), basée sur la théorie (historiquement insoutenable) qui fait des Goths les ancêtres du monde entier en général et de Christophe Colomb en particulier. Mais, au delà de cette théorie, Den lange Rejseretrace la lente ascension de l’homme vers la lumière depuis le fond de la nuit des temps. L’auteur a voulu ainsi embrasser l’histoire de l’humanité par le biais de la fiction. 5 Thit Jensen (1876-1957), pour sa part, après avoir posé avec beaucoup d’intensité et d’indignation la situation des femmes dans un monde dominé par les hommes, entame à partir de 1928 une série de romans historiques. Dans Jørgen Lykke,en 1931, elle présente cette grande figure de la Renaissance, qu’elle revêt de toute son imagination. Stygge Krumpen,en 1936, met en scène le neveu de l’évêque d’Ålborg, Niels Stygge, alors que sonne le glas du catholicisme au Danemark. Puis Thit Jensen se tourne vers le Moyen Age et elle écrit, entre 1940 et 1953, les quatre volumes de Kong Valdemar Atterdag og Dronning Helvig(« Le roi Valdemar Atterdag et la reine Helvig »).
Details
-
File Typepdf
-
Upload Time-
-
Content LanguagesEnglish
-
Upload UserAnonymous/Not logged-in
-
File Pages119 Page
-
File Size-