ENS Louis-Lumière La Cité du Cinéma - 20, rue Ampère BP 12 - 93213 La Plaine Saint-Denis Tel. 33 (0) 1 84 67 00 01 www.ens-louis-lumiere.fr Mémoire de Master Spécialité cinéma, promotion 2016-2019 Soutenance de juin 2019 EXPRESSIONS SENSIBLES PAR LE CADRE ET APPROCHES DE LA CAMÉRA PORTÉE Naomi AMARGER Ce mémoire est accompagné de la partie pratique intitulée : SALE TEMPS Directrice de mémoire : Sylvie Carcedo Présidente du jury cinéma et coordinatrice des mémoires : Giusy Pisano Page !1 sur ! 129 ENS Louis-Lumière La Cité du Cinéma - 20, rue Ampère BP 12 - 93213 La Plaine Saint-Denis Tel. 33 (0) 1 84 67 00 01 www.ens-louis-lumiere.fr Mémoire de Master Spécialité cinéma, promotion 2016-2019 Soutenance de juin 2019 EXPRESSIONS SENSIBLES PAR LE CADRE ET APPROCHES DE LA CAMÉRA PORTÉE Naomi AMARGER Ce mémoire est accompagné de la partie pratique intitulée : SALE TEMPS Directrice de mémoire : Sylvie Carcedo Présidente du jury cinéma et coordinatrice des mémoires : Giusy Pisano Page !2 sur ! 129 REMERCIEMENTS Des remerciements infinis à toutes les personnes qui ont participé à la concrétisation de ce mémoire de fin d’études : Sylvie Carcedo Giusy Pisano Peter Deming Benoît Delhomme Philippe Roussilhe Myriam Vinocour Thomas Hardmeier Yves Angelo Dominique Villain Franck Pavloff et les Éditions Cheyne Natasca Chroscicki et Thibault Ribéreau-Gayon chez Arri France Didier Nové et Jean-Michel Moret Terra Bliss, Sal Giarratano et John Blackwood de Panavision New-York Yoann Gotthilf et toute l’équipe d’Everoad Christine Aubry Anne-Laure Huet Agnès et Antoine Amarger Emmanuelle et Marie-Catherine Raynaut Ma merveilleuse équipe de tournage : Guillaume, Denis, JM, Léa, Kelly, Réjane, Ariane, Marianne, Valentin, Martin, Louise, Chloé, les figurants, les chats et leurs adorables propriétaires… Page !3 sur ! 129 RÉSUMÉ EN FRANÇAIS Le sujet de ce mémoire de fin d’études est né de mon questionnement sur le travail d’un opérateur et sa manière de transmettre une émotion par un cadrage, en particulier dans le cas de la caméra portée. Grâce à l’exploration de quelques avancées techniques notables ayant mené aux caméras légères que nous connaissons aujourd’hui, je m’intéresse à l’évolution du rapport entre l’opérateur et la caméra, et à l’impact des façons de cadrer et points de vue utilisés sur le spectateur de cinéma. Je propose notamment une analyse de l’utilisation des défauts de l’image dans le remarquable film At Eternity’s Gate (2018) réalisé par Julian Schnabel et filmé par Benoît Delhomme, pour étudier le rôle que les imperfections techniques peuvent avoir dans une narration. LISTE DES MOTS CLÉS EN FRANÇAIS Caméra portée Technique Cadrage Mouvement Spectateur Défaut Émotion Point de vue Sensibilité Subjectivité Page !4 sur ! 129 ABSTRACT The idea of this Master’s thesis comes from my will to have a better understanding of how the camera operator is working, and how he manages to share his emotion through the frame, especially in handheld camera work. By exploring the notable technical progress that led to the light cameras we know today, I want to study the evolution of the relationship between the operator and the camera, and the impact that the different ways of framing and different points of view have on the viewer. I then propose an analysis of the use of flaws in the image of At Eternity's Gate (2018), a film directed by Julian Schnabel and operated by Benoît Delhomme, to discover the role that technical imperfections can have in storytelling. LISTE DES MOTS CLÉS EN ANGLAIS Handheld Technical Framing Movement Spectator Flaw Emotion Point of view Sensitivity Subjectivity Page !5 sur ! 129 TABLE DES MATIÈRES INTRODUCTION………………………………………………………………...…9 PARTIE I - L’ÉVOLUTION DU RAPPORT À LA CAMÉRA I. Historique des évolutions techniques, vers la libération de la caméra……….12 I. 1. Cadre et point de vue…………………………………………………….…….12 Héritage du théâtre……………………………………………………..…….….12 Mise en mouvement et arrivée du son………………………………………..…14 Le langage de la caméra………………………………….………………………17 I. 2. Du chat sur l’épaule à la libellule dans l’oeil : la naissance de la caméra portée…………………………………………………………………………………20 Le Caméflex et l’Aäton sur l’épaule…………………………..…………………20 La Paluche et ses successeurs du numérique..……………………….…………22 II. La perfection des imperfections…………………………….…………………..25 II. 1. La course à la perfection technique….………………………………………25 Vers un idéal de fluidité : steadicam et stabilisation…………………………….25 Réalisme et immersion.…………………………………………………………..28 II. 2. La poésie du cadrage imparfait………………………………………………31 Le Dogme 95……………………………………………………………………..31 La caméra proche de l’humain…………………………………………………..33 II. 3. Le culte des aberrations……………………………………..………………..35 Nostalgie de la pellicule………………………….………………………………35 Les éclairements parasites……………………………………………………….39 Page !6 sur ! 129 PARTIE II - UN REGARD D’ARTISTE SUR LE MONDE I. Etude de cas : At Eternity’s Gate, la caméra impressionniste…………..……...43 I. 1. Un seul coup de pinceau……………………………………………………….44 Comme une peinture…………………………………………………………….44 Configuration de tournage………………………………………………………46 La fragilité de la vie.……………………………………………………………..48 I. 2. La puissance émotionnelle des défauts.………………………………………50 La séquence de la séparation…………………….………………………………50 Les défauts optiques……………………………………………………………..54 II. L’objectivité impossible………………………………………………………….57 II. 1. L’opérateur et ses émotions…………………………………………………..57 Les préférences de cadrage.……………………………………………………..57 La signature de l’auteur………………………………………………………….60 II. 2. La réception d’un film.………………………………………………………..62 The Female Gaze……………………..……………….…………………………62 La subjectivité du spectateur de cinéma.…………………..……………………64 PARTIE III - LA CAMÉRA COMME PARTENAIRE DE JEU I. Les rôles de la caméra…………………………………………………………….68 I. 1. Le traitement subjectif…………………………………………………………68 Les différents types de caméra subjective……………………………………….68 L’adresse au spectateur…………………………………………………………..72 Page !7 sur ! 129 I. 2. La caméra « objective » : suiveuse ou spectatrice……………………..……..73 La caméra suiveuse active.………………………………………………………73 La caméra spectatrice passive ou « audience camera »…………………………74 Le travail du cadre dans deux films d’Alfonso Cuarón…………………………76 I. 3. L’approche de Reed Morano : un entre-deux ?………………………………80 La sensibilité d’une réalisatrice cadreuse.…………………………….…………80 La caméra de biais………………………………………………………………..81 II. Le tournage de ma PPM : la caméra portée au service du récit……..….……84 II. 1. À la recherche de l’image du film…………………………………………….84 Caméra et optiques………………………………………………………………84 L’évolution de l’éclairage……………………………………………………..….85 II. 2. Expérimentations sur le cadre……………………………………………….87 Accessoirisation et répartition du poids…………………………………………87 Trouver la bonne distance..………………..……….……………………………88 Respirer avec l’acteur : le plan séquence de fin.…………………………….…..90 CONCLUSION……………………………………………………………………..93 BIBLIOGRAPHIE…………………………………………………………………..95 FILMOGRAPHIE……………………..…………………………….……….……..98 TABLE DES ILLUSTRATIONS……………………………………………….…101 ANNEXES……………………………………………………………………….…104 Bethke Effet…………………………………………………………………….104 Dossier de préparation de la PPM…………………………………………..…105 CV……………………………………………………………………………….129 Page !8 sur ! 129 INTRODUCTION En 2015, pendant ma deuxième année de Licence d’Études Cinématographiques à l’Université Paris Diderot, j’ai réalisé et cadré un court-métrage documentaire dans lequel j’accompagnais ma grand-mère en Bretagne, sur les traces de mon grand-père décédé. Je cadrais à l’épaule avec une Sony PMW100, sur les plages, les chemins des promenades qu’ils faisaient ensemble, dans leur appartement rempli de souvenirs… Pour le dernier plan du film, je lui avais demandé de faire son tri des vêtements de mon grand-père devant la caméra. Après avoir sorti quelques chemises, elle les a serrées contre sa poitrine avec une émotion spontanée non dissimulée. Bouleversée, j’ai voulu zoomer sur ses mains, mais un sanglot a provoqué une saccade brutale dans le zoom. Au montage, j’ai coupé la saccade (en montant le plan large, puis le plan serré après le zoom) sur les conseils d’un de mes intervenants qui disait que ce défaut faisait sortir le spectateur du film. Mais la deuxième intervenante n’était pas de cet avis : au contraire, elle trouvait que ce défaut de cadrage exprimait mon émotion face au geste de ma grand-mère, et était une belle façon de faire ressentir ma présence et ma sensibilité par le cadre. J’ai hésité pendant quelques jours et finalement fait le choix de conserver la saccade du zoom. Mais ce questionnement sur l’intérêt narratif d’un mouvement de caméra imprévu et la puissance émotionnelle qu’il peut susciter m’interroge toujours, au cours de mes visionnages de films, de mes lectures d’entretiens de directeurs de la photographie et bien évidemment lors de mes expériences de tournage. Ce bouleversement dans ma conception du cinéma est à l’origine du thème choisi pour mon mémoire. Je souhaite étudier les différentes manières d’exprimer une émotion au travers de la caméra en me limitant aux cas d’un tournage de film de fiction. J’ai choisi de m’intéresser à la caméra portée qui, selon moi, est une manière de cadrer qui suppose une présence particulière : une disponibilité sans faille, une écoute de chaque instant et la plus grande concentration du filmeur. J’ai moi-même Page !9 sur ! 129 ressenti cette intensité en tant que directrice de la photographie débutante ayant eu quelques expériences de jeu face à la caméra : je ne me suis jamais sentie aussi émotionnellement impliquée dans une scène qu’avec la caméra sur mon épaule.
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