La photo de la couverture représente, sur un chapiteau de l'église de Nuaillé, le combat du dragon Nuaâ contre le chevalier Listang. RENDES ET CONTES D'AUNIS ET SAINTONGE DU MEME AUTEUR Petite histoire de La Rochelle, 134 p., 1964. Royan, son passé, ses environs, 134 p., 12 illustrations, 1965. Saintonge mystérieuse, Aunis insolite, 288 p., 47 illustrations, 1976. Comment vivaient nos ancêtres en Aunis et Saintonge, 248 p., 43 illustrations, 1977. L'humour en Aunis et Saintonge (avec H. Lahetjuzan), 400 p., 150 illustrations, 1978. A PARAITRE EN DÉCEMBRE 1979 : Sorciers, sourciers et guérisseurs en Aunis et Saintonge. Suivi d'une Petite histoire de l'occultisme et d'une Bibliographie raisonnée de l'apprenti sorcier. I.S.B.N. 2-86474-001 - Y- Robert/COLLE de /' Acadér/ie de Saintonge LECENDES ET CONTES D'AUNIS ET SAINTONGE 30 illustrations de Jacques Daniel Deuxième édition augmentée Editions Rupella L*a Rochelle 1979 © Robert Colle et Editions Rupella, La Rochelle, 1979. La loi du 11 mars 1957 n'autorisant, aux termes des alinéas 2 et 3 de l'article 41, d'une part, « que les copies ou reproductions stricte- ment réservées à l'usage privé du copiste et non destinées à une utili- sation collective » et, d'autre part, que les analyses ou courtes citations dans un but d'exemple et d'illustration, « toute représentation ou reproduction intégrale, ou partielle, faite sans le consentement de l'au- teur ou de ses ayants-droit ou ayants-cause, est illicite » (alinéa 1er de l'article 40). Cette représentation ou reproduction par quelque procédé que ce soit constituerait une contrefaçon sanctionnée par les articles 425 et suivants du Code pénal. INTRODUCTION A légende est un récit merveilleux, d'origine populaire, ce qui en fait son intérêt pour les études folkloriques. Les actes qu'elle rapporte sont évidemment faux, mais ils ont presque toujours un fond de vérité, cette vente ayant été déformée par le fait de la transmission d'abord, surtout s'il s'agit, comme c'est le cas ici, d'une transmission orale, et par l'imagination du conteur qui brode sur le thème pour le rendre plus attrayant ou plus impres- sionnant. L'origine la plus ancienne des légendes est l'explica- tion animiste de l'univers. Le primitif a constamment peur (peur du feu, de l'orage, des cataclysmes naturels, des animaux sauvages et de ses semblables) et il cher- che des explications à tout, la chose expliquée devenant moins terrifiante. Par exemple, les Grecs n'avaient plus peur du tonnerre quand ils disaient qu'il s'agissait d'une simple scène de ménage entre Zeus et sa femme. La légende explique les grands thèmes qui ont angoissé les hommes depuis les origines : la création du monde, la naissance, la mort, etc. Elle tend aussi à expliquer, plus modestement, certains objets ou certains phénomènes comme les mégalithes (dolmens, menhirs, tumuli) dont on avait peine à penser qu'ils aient pu avoir une origine humaine. Certaines légendes remontent peut-être à la préhis- toire, ou à la protohistoire, certaines nous viennent des Celtes, d'autres de l'Inde. Comme la plupart des faits de civilisation, il est impossible d'en fixer l'origine car rien ne se propage plus vite et plus facilement qu'une histoire. Par exemple, le thème de la chasse du sei- gneur de Beaufou qui paraît poitevin, nous le trouvons cité comme auvergnat dans le « discours exécrable des sorciers » de Bodin en 1603. Le thème du pont du Dia- ble se retrouve dans le monde entier, et chaque fois avec des détails locaux qui ont été rajoutés par le conteur et qui peuvent nous tromper sur sa véritable origine qui est inconnue ; en fait, beaucoup de ces thè- mes folkloriques ont dû naître dans plusieurs régions à la fois. L'esprit humain n'est pas illimité dans ses créations et je pense que les phénomènes de conver- gence sont très fréquents : par exemple les pyramides des Egyptiens et celles des Aztèques qui n'ont point de commune origine, bien que certains aient voulu le croire. La légende s'est longtemps maintenue grâce aux longues veillées d'hiver où, presque sans lumière, sans aucun des moyens modernes de se distraire, il fallait bien passer le temps : à la lueur du feu ou du chareil, on demandait aux vieux d'égayer ces interminables soi- rées. La légende est morte avec les veillées. Il faut se hâter de la fixer avant que le dernier vieillard, posses- seur de la tradition, ait disparu. Le premier qui ait recueilli les légendes en Saintonge est Georges Musset, en 1885, son livre est malheureusement introuvable aujourd'hui. D'autres, comme Geneviève Massignon, ont relevé le flambeau, ainsi que de nombreux folkloristes de nos jours. Qu'ils soient ici remerciés. Ce que je désire, c'est apporter une modeste pierre à cet indispen- sable édifice. D'après le Littré, le conte est « un récit d'aventures merveilleuses destiné à amuser » et ce mot serait syno- nyme de roman court ou de nouvelle. D'après le Littré toujours, la légende est « un récit mythique et tradition- nel » et, d'après le Larousse, « l'éclosion même de l'inspi- ration inconsciente des masses ». Cela veut dire que la légende, issue de la tradition populaire, a une valeur folklorique, elle peut nous ren- seigner sur la mentalité primitive, sur l'existence aussi de faits très anciens qui n'existent plus que par leur souvenir déformé. Les légendes mythologiques sont de ce type. Le conte, au contraire, est l'œuvre d'un érudit, par- fois fort ancien d'ailleurs, mais qui n'a pas de base popu- laire ou qui s'en est considérablement éloigné. Par exem- ple, la « légende de Foncillon » a été purement et sim- plement inventée par Jônain. Les « contes de Grimm » ont un fondement populaire, mais très arrangé. Peut-on distinguer un conte d'une légende ? En prin- cipe, oui. La vraie légende est courte et de forme mala- droite, tandis que le conte est une œuvre littéraire éla- borée avec introduction, développement et chute. La légende est explicative et symbolique, le conte est un pur jeu de l'esprit. En fait, il est très difficile de les distinguer car cer- taines légendes, recueillies par un érudit, ont été trans- formées par lui en conte et qu'il s'est produit un échange constant entre les deux genres. Par exemple, « le Rema- rin et Valérie » est-il un conte ou une légende ? Il est même probable que, à l'inverse du processus normal, la légende ait pour origine un conte : le thème des villes englouties doit beaucoup à l'histoire de Sodome et de Gomorrhe. Le peuple a transposé, localisé et adopté un récit qui lui avait été fait par un clerc. Cette confusion entre contes et légendes a été encore augmentée par des écrivains comme Paul Dyvorne qui a inventé des légendes (celle de l'yeuse d'amour) ou qui a mélangé des faits historiques avec des inventions (Matata) et publié sous le nom de « Folklore sainton- geais » des récits qui n'ont rien à voir avec le folklore. C'est pourquoi j'ai jugé plus honnête de séparer les légendes, qui ont un intérêt pour le folklore (encore ne faut-il pas en exagérer l'importance car il y a souvent contamination avec les contes) des contes proprement dits qui sont destinés surtout à divertir. I LÉGENDES Légendes païennes LES GEANTS ET GARGANTUA C'est un des thèmes les plus populaires, et qui existe dans tous les pays. Ce mythe a été étudié en 1868 par Gaidoz, en 1883 par Sebillot, en 1948 par Donten- ville, etc. La croyance aux géants a plusieurs origines : 1) L'existence d'hommes particulièrement grands (l'empereur Maximin mesurait, dit-on, 2,50 m) ou de races plus grandes que les autres. 2) La découverte d'ossements d'animaux préhistori- ques que nos ancêtres attribuaient à des êtres gigantes- ques. C'est ce qui s'est passé au xvie siècle, lors de la trouvaille des prétendus restes d'un prétendu roi Téuto- bochus. Voir pour cela la « Dissertation sur les osse- ments du roi Teutobochus. roi des Cimbres » de Nicolas Habicot (1613). Le chirurgien Mazurier les montrait en public sous Louis XIII. 3) L'existence des monuments mégalithiques (menhirs et dolmens), l'érection de ces pierres énormes laissant supposer l'action d'une force peu commune. Chez nous, Gargantua semble avoir absorbé les autres géants. Son succès date de la publication des Œuvres de Rabelais (1532), qui fut moine à Maillezais. C'est peut-être là qu'il en entendit parler. Mais Gargantua exis- tait déjà dans nos légendes locales, et cela depuis la plus haute antiquité. On discute encore sur ses origines : son nom semble le rattacher aux grosses pierres (Car ou Gar). Gaigoz, de son côté, voit en lui le dieu gaulois de la lumière Garuda. Dans la mythologie chrétienne, il est curieusement rapproché de saint Martin, l'un et l'autre fréquentant les lieux de pierres et d'eau. Mais deux différences les opposent : Gargantua lance une pierre, saint Martin la marque de son pied ou du pied de sa monture. Gargantua boit l'eau, saint Martin crée une source. On a aussi assi- milé Gargantua à Roland, l'un et l'autre étant d'une force prodigieuse. En Saintonge, on signale à Sainte-Ramée, un « châ- teau de Gargantua » en face du village des Guillet. Il s'agit plus probablement d'une combe appelée « le ber- ceau de Gargantua ». A Saint-Fort-sur-Gironde, se dresse le terrier de Beaumont. D'après la tradition populaire, il serait dû à la femme de Gargantua qui aurait voulu construire un pont sur la Gironde, en transportant de la terre et des pierres dans son tablier, et les cordons de celui-ci se seraient rompus.
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