La France Et Le Roi. De La Restauration À Nos Jours (1814-1994)

La France Et Le Roi. De La Restauration À Nos Jours (1814-1994)

PRÉSENCE DE L'HISTOIRE COLLECTION dirigée par André CASTELOT LA FRANCE ET LE ROI DU MÊME AUTEUR Chez le même éditeur Georges Cadoudal ou la liberté (Prix Broquette-Gonin de l'Académie française, Prix Bretagne 1971) La Vendée en armes I : 1793 La Vendée en armes II : Les géants La Vendée en armes III : Les chouans (Premier Prix Gobert de l'Académie française 1983) Présentation de texte : Messieurs de La Rochejaquelein, du baron de La Tousche d'Avrigny Louis XVI - Le Prince, tome I Louis XVI - Le Roi, tome II Louis XVI - L'otage, tome III Le Comte de Chambord Une Histoire de la France (Prix des Intellectuels indépendants 1992) En préparation : Louis XV Chez d'autres éditeurs Le Monde au féminin (Somogy) La Fête de la Fédération (in Douze moments clés de l'histoire de France. Hachette-Réalités) Films Avec Guy Séligmann : Portrait de Cadoudal Avec Claude Mourthé : Le 1561 Jour Le Soleil et l'Ecureuil Avec Jean-Pierre Decourt et Philippe Erlanger : Richelieu I : L'envol du hobereau Richelieu II : Un évêque en enfer Richelieu III : L'amour et La Rochelle Richelieu IV : L'esclandre de la Saint-Martin Richelieu V : La patrie en danger Richelieu VI : Les caprices de la Providence Le Connétable de Bourbon Féeries Avec Jean-Jacques Guérin : Venise à Versailles, OTV Versailles et l'Indépendance des États-Unis, OTV Versailles est à vous, en collaboration avec Alain Decaux, de l'Académie française, et André Castelot, OTV Versailles à Canberra, OTV JEAN-FRANÇOIS CHIAPPE LA FRANCE ET LE ROI De la Restauration à nos jours 1814-1994 PERRIN 76, rue Bonaparte PARIS © Librairie Académique Perrin, 1994 ISBN 2.262-01031-5 ISSN 0768-018X A la mémoire de Philippe Erlanger. Pour Jean Ferré. « L'Histoire, comme une idiote, mécaniquement se répète. » PAUL MORAND, Fermé la nuit. REMERCIEMENTS L'auteur remercie son épouse, et Monsieur François-Xavier de Vivie de Régie, Madame Arlette Moreau, Madame Romain Leconte, Madame de Lannoy d'Humières, Madame Thérèse-Marie Mahé, et, tout particulièrement, Monsieur Éric Vatré. Il témoigne sa reconnaissance à Monsieur André Castelot, directeur de la collection. PROLOGUE La France a vécu treize cents ans de monarchie héréditaire, et cela sans compter la domination de la Gaule par un dictateur, deux chefs du principat puis une longue série d'empereurs romains. Après les Mérovingiens et les Carolingiens viennent les rois de la troisième race. De 987, avènement de Hugues Capet, à 1792, chute de Louis XVI, les Capétiens directs, les Valois, Valois-Orléans, Valois- Orléans-Angoulême ont régné sur notre pays. Le lundi 21 janvier 1793, à 10 heures 22 minutes, « la France s'est coupé la tête en la personne de Louis XVI » (Renan). Le drame de la place de la Révolution, ci-devant Louis XV, ne devait pas rompre le pacte entre la France et le Roi, qu'il meure prisonnier tel Louis XVII ou séjourne à Coblence, Vérone et ailleurs comme Louis XVIII. Comment les royalistes de l'extérieur ou de l'intérieur, émigrés et géants de la Vendée militaire, ont-ils vécu les heures rouges de la Terreur, noires de la Thermidorienne, grises du Directoire, prometteuses du Consulat, chargées de gloire de l'Empire ? Afin que de le savoir, deux hommes de plume, et non de sabre, vont nous renseigner : MM. de Rivarol et de Chateaubriand. Pourquoi ces deux gentilshommes ? Parce que le premier possède un immense talent, et peut-être du génie, mais il ne s'en targue pas, et que le second, même s'il nous irrite un brin par l'affirmation selon laquelle il se situe au-dessus des hommes, n'en donne pas moins l'exemple d'un retour à la Foi le menant bien vite à revenir aux Bourbons. Prenons bien garde ; la III dynastie abdique toutes prétentions à l'absolutisme dès 1795, et si le citoyen-général Bonaparte bientôt l'empereur Napoléon y revient, la IV dynastie va voir ses opposants se récrier devant l'arbitraire. La monarchie bourbonienne fait fi de la dictature napoléonienne. L'une s'appuie sur Montesquieu, l'autre sur le code civil édicté par un militaire. Pourquoi le président bordelais va-t-il l'emporter sur le législateur botté ? Parce que, devant les désastres subis par les armées de Sa Majesté Très Française, M. de Talleyrand, prince de Bénévent, et l'abbé, bientôt duc de Montesquiou, vont tenir pour indispensable, et faire accepter par nos compatriotes le retour de Sa Majesté Très Chrétienne. Sans nul doute, la défaite de Napoléon devant la n-ième coalition, la versatilité des Français n'ont-elles pas compté pour rien dans la Restauration. Avant que de gagner ce port que ne connaîtra point Antoine de Rivarol mais que touchera François-René de Chateaubriand, apprenons par leur truchement ce que furent les étapes calmes, immondes, pourries, ordonnées, épiques ayant précédé la rentrée de Monsieur puis de son aîné. Place au comte de courtoisie et au vicomte authentique. Ils seront, daignez nous croire, les plus avertis des guides. Politique et littérature forment chez nous un ménage uni. Nous ressentons un vif plaisir à saluer cette union. PROPOS LIMINAIRE C'était à Bruxelles, en ce mois de juillet 1792 où les provinces belgiques, relevant encore de l'Empire, donnaient asile aux émigrés. On ne comptait point les prélats, les ducs, les Excellences, les grandes dames échappés d'une France où, depuis bientôt trois ans, brûlaient les châteaux et leurs propriétaires, où pendaient au bout d'une corde les opposants, où, parfois, on mangeait le cœur des fidèles de la monarchie. Depuis l'échec de la journée du 20 juin, les bagnards de Brest et les volontaires de Marseille, certains d'eux aussi tirés de prison, convergeaient vers Paris. Prétexte : la défense de la Nation. Mobile réel : renverser le trône. La montée vers la capitale avait été marquée, tout au long du chemin, par des pillages, des incendies, des viols, des massacres. C'était à Bruxelles où l'espoir demeurait si vif de voir conforter le semblant d'autorité laissée à Louis XVI que l'on menait, pour s'étourdir, une existence guère en rapport avec l'imminence du tragique dénouement. Mme la comtesse de Matignon, hôtesse aussi belle que bonne, et spirituelle que charmante, offrait à dîner (nous dirions : à déjeuner). Si les invitations de la dame étaient recherchées, c'est qu'elle possédait l'art de réunir, autour de sa table, les illustrations d'un exil considéré par d'aucuns comme éphémère. Mme de Matignon était fille du baron de Breteuil, longtemps ministre du Roi, puis, à Soleure, le chef de son cabinet secret. Ce personnage, rougeaud, royaliste, réaliste, le disputait à M. de Calonne, gentilhomme, gentil, généreux, dans la confiance des princes. Navrante apparaissait cette lutte d'influence entre deux bons serviteurs. Calonne devait, ce jour-là, conter fleurette à Mme Vigée-Lebrun. Breteuil, présidant le dîner, s'efforçait de se montrer gracieux. Au demeurant, chacun oubliait les tristesses de l'heure en écoutant, toujours disert mais jamais ennuyeux, conscient des périls, conservant toutefois assez de grâce pour ne pas les souligner, M. le comte de Rivarol. Seul, un jeune seigneur portant « les cheveux plats et noirs » prisait encore moins que modérément : « Des évêques martyrs, à soutane de moire et à croix d'or ; de jeunes magistrats transformés en colonels hongrois [probablement des hussards de la légion de Mirabeau-Tonneau] et Rivarol que je n'ai vu que cette unique fois de ma vie. On ne l'avait point nommé. Je fus frappé du langage d'un homme qui pérorait et se faisait écouter avec quelque droit comme un oracle. L'esprit de Rivarol nuisait à son talent, sa parole à sa plume. Il disait à propos des révolutions : "Le premier coup porte sur Dieu, le second ne frappe qu'un marbre insensible. "J'avais repris l'habit d'un mesquin sous-lieutenant d'infanterie ; je devais partir en sortant du dîner et mon havresac était derrière la porte. J'étais encore bronzé par le soleil d'Amérique et l'air de la mer.[...] Ma figure et mon silence gênaient Rivarol ; le baron de Breteuil, s'apercevant de sa curiosité, le satisfit : "D'où vient votre frère le chevalier ?" dit-il à mon frère. Je répondis : "De Niagara. " Je me tus. Il hasarda un commencement de question : "Monsieur va... ?" "Où l'on se bat", interrompis-je. On se leva de table. » Le jeune insolent, c'était François-René de Chateaubriand. Il eût pu méditer cet aphorisme de M. de Rivarol à l'égard duquel il nourrissait un surprenant préjugé : « C'est sans doute un terrible avantage de n'avoir rien fait mais il ne faut pas en abuser. » M. de Rivarol avait émis ce conseil à l'usage des autres comme de lui- même en un temps qu'il atteignait déjà la gloire. C'était dans sa manière ; il excellerait dans les sérieuses comédies. M. de Chateaubriand, encore que non dénué d'humour, promènera souvent la tragédie dans le quotidien. Le deuxième romantique —Jean- Jaques demeure le premier — venait de rencontrer le dernier des classiques ; les prétendus suivants se contenteront d'être vieux. Le plaisant du dîner de Bruxelles réside dans le refus du Breton pauvre et inconnu d'engager le dialogue avec le Provençal à peine moins désargenté mais admiré par toute l'Europe. Tous les deux sont royalistes, attachés aux valeurs traditionnelles, Chateaubriand va risquer sa vie dans l'armée des Princes. Rivarol s'est, à Paris, exposé dangereusement par la publication du Journal politique national puis celle des Actes des Apôtres. De nos jours, lorsqu'il convient d'évoquer le roman vrai de la France et du Roi, Rivarol et Chateaubriand sont toujours présents dans les esprits.

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