DOSSIER PÉDAGOGIQUE RAZZLE DAZZLE l’art contre-attaque ! 1er degré 1 Introduction Dans le cadre du Centenaire 14-18, le musée national de la Marine à Brest présente sa nouvelle exposition au titre énigmatique : « Razzle Dazzle, l’art contre-attaque ! ». Autour des commémorations du débarquement des Américains à Brest en 1917, cette exposition présente un sujet aussi méconnu que surprenant : le camouflage Razzle Dazzle (éblouissant, aveuglant, tape à l’œil) des navires pendant la Première Guerre mondiale. En novembre 1917, les premiers convois débarquent les troupes américaines à Brest. Ils seront bientôt 1 million à transiter par la cité du Ponant. Mauritania, Olympic , Leviathan … les navires réquisitionnés traversent l’Atlantique fardés d’étranges fresques qui leur confèrent un air de zèbre ou d’arlequin. Avec le camouflage terrestre, le Razzle Dazzle est peut-être l’innovation la plus insolite de la Grande Guerre : sous- marin, avion, char... Basée sur le principe des illusions d'optiques, elle a pour objectif de tromper les sous-marins ennemis en créant de faux effets de perspective afin de rendre difficile le calcul du cap et de la vitesse. Cette peinture aux motifs abstraits et géométriques est inspirée du cubisme ; elle est créée par des artistes mobilisés. Pour présenter ce sujet aussi méconnu que surprenant, le musée national de la Marine, met en regard une centaine d’œuvres originales avec les créations contemporaines du collectif XYZ. En résidence au château, et 100 ans après les artistes qui l’initièrent, les plasticiens Guillaume Duval et Jean-Baptiste Moal nous transportent dans l’univers graphique et coloré du Razzle Dazzle . Sommaire Liens avec les programmes p.3 Repères p.4 Documents p.9 Activités p.14 Repères bibliographiques p.24 Offre public scolaire p. 25 Informations pratiques p.26 2 Liens avec les programmes 1er degré : Cycle 3 – CM2 Thème 3 : La France, des guerres mondiales à l’Union européenne B.O. n°11 du 26 novembre 2015 CONNAISSANCES DÉMARCHES On cherchera de manière prioritaire à faire comprendre à l’élève : À partir des traces de la Grande Guerre et de la Seconde Guerre • que la France a connu deux conflits mondiale dans l’environnement des élèves (lieux de mémoire et mondiaux ; du souvenir, paysages montrant les reconstructions, dates de commémoration), on présente l’ampleur des deux conflits en les • que ces deux conflits ont été marqués par situant dans leurs contextes européen et mondial. une violence extrême et massive ; On peut étudier les acteurs du conflit, les types de combats (armement, phases du conflit), la vie à l’arrière, le rôle des • que cette expérience a conduit la France femmes, le bilan et l’impact durable sur les sociétés européennes à s’engager dans la construction des deux conflits. Combinées à une chronologie, les cartes européenne. peuvent, dans un premier temps, servir de support à un rappel de quelques évènements clés de chaque conflit. Compétences travaillées (Domaines du socle : 1, 2, 5) • Se repérer dans le temps : construire des repères historiques, utiliser des documents donnant à voir une représentation du temps (dont les frises chronologiques), à différentes échelles, et le lexique relatif au découpage du temps et suscitant la mise en perspective des faits, mémoriser les repères historiques liés au programme et savoir les mobiliser dans différents contextes. • Se repérer dans l’espace : • Construire des repères géographiques. • Mémoriser les repères géographiques liés au programme et savoir les mobiliser dans différents contextes. • Raisonner, justifier une démarche et les choix effectués : poser des questions, se poser des questions, formuler des hypothèses. Vérifier. Justifier. • Comprendre un document : en saisir le sens général, l’identifier et savoir pourquoi il doit être identifié, extraire des informations pertinentes pour répondre à une question, savoir que le document exprime un point de vue, identifier et questionner le sens implicite d’un document. HISTOIRE DES ARTS Domaine artistique : arts visuels Connaissances et compétences associées Donner un avis argumenté sur ce que représente ou exprime une œuvre d’art: • Résumer une action représentée en image, ……………… Dégager d’une œuvre d’art, par l’observation ou l’écoute, ses principales caractéristiques techniques et formelles: • Retrouver des formes géométriques et comprendre leur agencement dans une façade, un tableau, un pavement, un tapis. • Dégager d’une forme artistique des éléments de sens. ( cubisme) Relier des caractéristiques d’une œuvre d’art à des usages, ainsi qu’au contexte historique et culturel de sa création: • Mettre en relation une ou plusieurs œuvres contemporaines entre elles et un fait historique, une époque, une aire géographique ou un texte, étudiés en histoire, en géographie ou en français. Se repérer dans un musée, un lieu d’art, un site patrimonial: Être sensibilisé à la vulnérabilité du patrimoine. 3 Repères I - De l’océan aux tranchées : everybody Razzle Dazzle* Quelle image avons-nous de la « Grande Guerre » (1914-1918) ? Souvent celle de poilus agonisant dans une tranchée. Soldats partis la « fleur au fusil » dont un sur cinq seulement reviendra du front. Plus de 10 millions de morts et 20 millions de blessés ou de gueules cassées (soit près de la moitié de la population française actuelle) dont la moitié étaient des civils : tel est le bilan de celle qu’on espérait alors être la « der des ders ». Quel rôle a joué la Marine pendant la Première Guerre mondiale ? Batailles des Dardanelles ou du Jutland : hormis quelques affrontements majeurs, la guerre navale est plutôt méconnue. Pourtant, elle a fait rage sur toutes les mers du globe. Cette guerre qu’on peut qualifier de totale et industrielle a vu naître de nombreuses innovations : hydravion, mitrailleuse, sous-marin, char de combat, etc. La plus insolite fut peut-être le camouflage. D’abord terrestre, il se décline rapidement sur les navires qui cherchent à se cacher des U-boot allemands. Cette peinture disruptive – le Razzle Dazzle , encore appelée dazzle painting- est inspirée du cubisme. On y reconnaît également les influences du futurisme ou du vorticisme. Ces motifs abstraits et géométriques confèrent aux embarcations un air de zèbre ou d’arlequin. Cette innovation s’illustre à Brest, ville choisie par les états-majors américains comme principal port de débarquement des troupes. En effet, avant de combattre sur le front français, les soldats américains traversent l’Atlantique sur des navires maquillés de lignes géométriques aux couleurs contrastées. Un siècle plus tard, il parait étonnant que ces peintures pourtant si tape à l’œil et éblouissantes* soient tombées dans l’oubli. 1. Une guerre nouvelle Aviation, artillerie, chars, gaz, sous-marins, moyens de communication : la Première Guerre mondiale est marquée par des avancées techniques considérables. La science, l’industrialisation et la production de masse sont dédiées aux innovations dans le domaine de l’armement et de la technologie militaire en général. Les armes à feu et les armes individuelles se multiplient à la fois en diversité et en efficacité. Le pistolet-mitrailleur, les mitrailleuses, les grenades et lance-flammes prennent une place de plus en plus importante dans l’armement. L’artillerie connaît également des progrès liés aux besoins de la guerre de tranchée qui nécessite des armes plus lourdes pour détruire les lignes ennemies et faire un maximum de blessés avant l’assaut. Les premiers véhicules blindés motorisés apparaissent et permettent de renouer avec la guerre de mouvement (mars à novembre 1918). La combinaison du char, de l’aviation et de l’infanterie conduit ainsi les Alliés vers la victoire. Cette guerre est également la première où les dirigeables puis les avions, jouent un rôle tactique important, notamment pour la Marine. Ces technologies sont liées à l’engagement massif de sous-marins de combat, les U-Boot allemands qui conduit à une véritable guerre de course menée contre les flottes commerciales. Le camouflage terrestre puis maritime va alors se poser en riposte à ces nouvelles tactiques. 2 L’art au service de la guerre Août 1914 : les soldats français partent au front en pantalon rouge garance… Une tenue inadaptée qui en fait des cibles faciles face aux Allemands alors déjà en uniforme feldgrau (vert-de-gris) depuis 1907. L’idée du camouflage nait alors de manière concomitante dans la tête de deux hommes : le peintre Lucien-Victor Guirand de Scevola (1871-1950) et le collectionneur et mécène Eugène Corbin (1867 – 1952) aidé par son ami, le peintre et décorateur Louis Guingot (1864-1946). Mobilisés sur le front à l’automne 1914, ils sont confrontés aux problèmes 4 de visibilité des pièces d’artillerie et de leurs servants. Ils ont alors l’idée de recouvrir les hommes et les canons de blouses et toiles peintes se fondant dans le paysage. Ayant convaincu l’état-major de l’efficacité de tels dispositifs, une première équipe d’une trentaine d’hommes est officialisée le 12 février 1915 autour des deux hommes. Bientôt ils vont étendre la pratique à de nombreux domaines : tenues, artillerie, véhicules, dépôts, routes, avions, navires. La création de cette section est notamment liée à la guerre de position (novembre 1914-mars 1918) qui maintient les troupes face à face et les oblige à demeurer invisibles. Plus de 200 artistes aux profils très hétérogènes vont y participer, en particulier des décorateurs de théâtre, rompus aux effets de trompe l’œil, tel que Eugène Ronsin (1874-1937) qui sera ensuite affecté ensuite au camouflage maritime. On compte également de nombreux peintres cubistes tels que Georges Braque (1882-1963) ou André Mare (1885-1932), exercés à la déformation de la réalité. Impressionnée par les résultats français, l’armée britannique fonde une section analogue en mars 1916 suivie par la Belgique, l’Italie et les États-Unis, en liaisons étroites avec la section française. II Brest, port(e) de la Première Guerre mondiale À l’entrée en guerre des États-Unis en avril 1917, faute d’installations portuaires suffisantes, le port de Brest se révèle impropre à recevoir l’importante logistique nécessaire aux centaines de milliers de soldats américains dont l’engagement en Europe est programmé.
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