Sites Et Monuments Historiques De Lyon

Sites Et Monuments Historiques De Lyon

SITES ET MONUMENTS HISTORIQUES DE LYON L'HERMÈS Deux auteurs lyonnais Nicole GONTHIER, maître de conférences à l'Univer- sité, spécialiste d'histoire, auteur du livre: Lyon et ses pauvres au Moyen Age Bernard SCHREIER, grand reporter-photographe, adjoint du chef du service photographique du journal LE PR O GRES, auteur de plusieurs romans policiers et d'un livre sur Lyon: Le temps d'une image. SITES ET MONUMENTS HISTORIQUES DE LYON Textes de Nicole GONTHIER Photos de Bernard SCHREIER 1ère édition 1985 L'HERMÈS 31, rue Pasteur 69007 LYON ISBN 2-85934-133-1 Dépôt Légal Avril 1985 Tous droits de traduction, de reproduction et d'adaptation réservés pour tous pays Qui apprécie sa ville voudrait transmettre son enthou- siasme pour elle à ceux qui la connaissent mal. Or les sites et les monuments d'une cité figurent comme autant d'éléments d'un puzzle incompréhensible si on ne les replace pas dans l'Histoire qui les a fait vivre. Découvrir le destin de Lyon, d'âge en âge, en privilé- giant des épisodes dont certains paysages ou quelques édifices sont aujourd'hui les jalons trop discrets, tel est le propos de cet ouvrage. Que l'on n'y cherche donc pas les descriptions critiques de l'historien d'art. Les auteurs ont voulu prouver - par le texte et par l'image - que Lyon peut se lire comme un roman; son aventure fabuleuse, chacun saura la mesurer d'un regard circulaire, depuis la ter- rasse panoramique de Fourvière. De Lugdunum à la métropole actuelle, l'histoire de la ville est écrite dans le paysage urbain mais sa lecture nécessite quelques clefs. Ce livre les fournira à l'étranger ou au lyonnais soucieux de dépasser les apparences et de pénétrer la réalité mer- veilleuse de leur cité. LYON, METROPOLE DES GAULES Le Site Avant d'être la capitale de l'occupant romain en Gaule, Lyon fut un des points clés du territoire des Ségusiaves, peuple celtique qui étendait sa domina- tion sur le Lyonnais, le Forez et le Beaujolais. La Saône et le Rhône servaient alors de fron- tières naturelles au territoire des Ségusiaves, le séparant de celui des Ambarres (département de l'Ain actuel) et de celui des Allobroges (répartis sur le Dauphiné et la Savoie). Au pied de la colline qui est aujourd'hui celle de la Croix-Rousse, au niveau de Saint-Vincent, un bourg s'était développé, car c'est là seulement que l'on pouvait le mieux réaliser la traversée de la Saône. Le bourg retirait profit à la fois du trafic routier et fluvial. Le nom celtique de cette primitive agglomération était Condate, ce qui signifie le confluent (1). Retenons ceci: le destin de la ville, sera à plu- sieurs reprises tributaire de sa position frontalière et de l'existence des deux fleuves, la Saône demeu- rant pendant longtemps le plus accessible, le plus utile des deux mais écartelant la ville sous des obé- diences différentes. La Saône est en effet un élément (1) La Saône rejoignait alors le Rhône au niveau du pont Bonaparte actuel. 1 essentiel du site. S'imposant aux roches cristallines entreprise vers 125 avant Jesus-Christ les avait ren- qu'elle rencontre, c'est par le défilé de Pierre-Scize, dus maîtres des terres littorales, de Narbonne à Aix entre les collines de la Croix-Rousse et de Four- et de la vallée du Rhône jusqu'à Vienne. En 58 av. vière, qu'elle pénètre au cœur de la ville. J.C., la Provincia Romana était gouvernée par Caius Face au bourg de Condate, la colline dont les Julius Caesar dont l'ambition était de s'illustrer au escarpements dominent la rive droite de la rivière même titre que Pompée dans une conquête militaire avait déjà vocation religieuse: les Ségusiaves lui- prestigieuse. Sous le prétexte d'arrêter la progression donnaient le nom de Lugdunum, dénomination que dangereuse des Helvêtes vers les territoires de la l'on retrouve dans plusieurs localités du monde celte. Gaule atlantique, il intervint pour la première fois La colline (dunum) de LUG (dieu corbeau dont l'effi- cette année-là, hors de la Province Romaine. Lyon gie s'inscrit sur plusieurs objets de fabrication locale) lui fournit une base de ravitaillement pour sa guerre était réservée sans doute au culte solaire. des Gaules: le camp fut établi sur la colline de Lug- Deux collines offrant un site de protection de part dunum, acropole dont l'intérêt stratégique ne lui et d'autre d'un axe fluvial utile, telles sont les données échappait pas. C'est là également que le gouverneur de la nature. Notons aussi, entre les deux bras du Munatius Plancus installa ses vétérans, les premiers Rhône, un espace encore mal drainé, une île intermé- colons romains, en 43 av. J.C. diaire qui faisait déjà partie du territoire allobroge (2). L'aspect de la ville devait se modifier tout à fait au 1er siècle de notre ère. Les empereurs s'intéressè- rent à elle et la dotèrent de monuments prestigieux. Les Romains à Lugdunum Auguste, Drusus et Claude, au début du 1er siècle, Hadrien, au début du second siècle, firent de La présence romaine à Lyon va transformer le Lyon la capitale administrative des Gaules, lieu de bourg en capitale des Gaules. Les Romains étaient les voisins immédiats des (2) Les limites de cette île étaient comprises entre la place des Célestins et la Ségusiaves puisque la conquête de la Narbonnaise place Gensoul actuelles. résidence du gouverneur, centre financier collec- 60 cités gauloises, rassurant les Romains quant à tant les impôts de la Lyonnaise, de la Belgique et de leur fidélité politique et religieuse. l'Aquitaine. Un atelier monétaire y frappait pour Désormais la prospérité s'inscrivait dans le paysage toute la province des pièces de bronze, d'argent et urbain. A Lugdunum, 4 aqueducs apportaient environ d'or à l'effigie de l'autel de Rome et d'Auguste. 75 000 m d'eau par jour, alimentant plusieurs En effet, Lyon était devenu, sous le règne de thermes. La colline se peuplait davantage: un nouveau Drusus, en 12 avant Jésus-Christ, la capitale reli- quartier d'habitations luxueuses s'était édifié à l'ouest gieuse des Gaules. Chaque 1er août se réunissaient de l'ancien camp romain. Désormais 2 forum se parta- sur les pentes dominant Condate des délégués des geaient la vie publique de la ville haute (3). Des tem- ples, des boutiques, des ateliers de céramique se répar- tissaient de part et d'autre des deux théâtres. Tout, sur la colline, visait à rappeler la vie romaine, la civilisa- tion urbaine et le confort qu'elle apportait à une popu- lation de plus en plus nombreuse et cosmopolite (4). Au pied de l'acropole, des ports actifs se répartis- saient sur la rive droite de la Saône, les nautes de la Saône et du Rhône, négociants et transporteurs grou- pés en compagnies, profitaient de l'augmentation de la population. Dans l'île des Canabae (5) s'était établie une population de marchands dont les somptueuses demeures aux belles mosaïques prouvent la richesse. (3) Le nom de Vieux Forum (Forum vetus) donna son nom à la colline de Fourvière. (4) Une forte colonie d'asiatiques - grecs ou originaires d'Asie Mineure - avait apporté le culte de la déesse Cybèle qui promettait la vie éternelle à ses initiés. Les vestiges du temple de Cybèle ont été retrouvés derrière les théâtres. (5) Canabae ou Kanabae: «entrepôts». 2 Selon l'antique coutume romaine de rejeter 3 les morts loin des demeures des vivants, les tom- beaux et les mausolées s'égrenaient le long des routes menant à la ville haute ou à l'île des Canabae. Le Déclin La prospérité ne résista pas aux crises qui ébran- lèrent le monde romain. En 196, lorsque deux empereurs prétendirent à la direction de l'Empire, Lyon choisit mal. Septime-Sévère, le vainqueur SITE DE CONDATE d'Albin mit la ville au pillage en 197. Le IIIème siècle voit le déclin de Lugdunum, son A l'emplacement de l'actuel quartier Saint- rôle politique en Gaule réduit au profit de Trèves Vincent se trouvait l'antique bourg gaulois de et d'Arles. Les premières invasions des Francs et Condate, nœud des passages routiers et fluviaux. des Alamans, les pillages et la destruction des En 61 avant Jésus-Christ, les premiers Italiens y aqueducs dont se rendent coupables des paysans apparaissent, bien avant la conquête militaire de la révoltés, les Bagaudes, au début du IVème siècle, Gaule par César: ce sont des marchands, chassés de tout contribue à ruiner la métropole des Gaules: un Vienne par une révolte des Allobroges. Ils viennent nouveau site est choisi pour une meilleure protec- trouver refuge et prospérité dans ce lieu qui est tion, un meilleur approvisonnement. alors celui de la confluence entre «le tumultueux Lyon devient une ville de la Saône. Rhône et la Saône tranquille». LE DEFILE DE LA SAONE A PIERRE-SCIZE Par un caprice de l'épigénie*, la Saône se glisse sort de quelques bastilles: sa démolition fut ordonnée entre le rebord du plateau lyonnais et la par les représentants en mission du parti montagnard Croix-Rousse. car elle était à leurs yeux un «des crimes des rois». Etranglée entre les rochers, elle fut délivrée grâce De cette citadelle ne reste donc que le rocher, au aux premiers travaux d'élargissement commandés pied duquel une grande route fut aménagée à la fin par Agrippa, lieutenant d'Auguste, au premier siècle; du XVIIIème siècle, moyennant la démolition des quelques rochers demeurent cassés à cet endroit, maisons qui étaient baignées par la rivière.

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