Terres rouges Histoire de la sidérurgie luxembourgeoise «Terres rouges – Histoire de la sidérurgie luxembourgeoise» est un projet de recherche scientifique qui focalise les multiples facettes technique, économique, commerciale, politique, diplomatique, sociale, culturelle, etc. des deux industries minière et métallurgique du Grand-Duché, de leurs ramifications à l’étranger respectivement du contexte de la sidérurgie luxembourgeoise Histoire international dans lequel elles évoluent. Déclinés suivant quatre axes, les objectifs du projet sont: la conservation des d’archives industrielles; la sauvegarde de la mémoire vive des différents acteurs du monde sidérurgique; la compilation d’une base de données biographique consacrée aux ingénieurs, directeurs et administrateurs des forges du pays; la publication des résultats de recherche dans la présente collection. Dans ce 1er volume, le jeune historien Fernando Ricardo Baptista Barra examine le sort des Ostarbeiter qui travaillaient dans nos usines pendant l’occupation nazie; Gérald Arboit, le directeur de recherche au Centre français de recherche sur le renseignement (CF2R), dévoile l’épisode du bombardement des usines métallurgiques par l’aviation alliée pendant la Première Guerre mondiale; Jeanne E. Glesener et Frank Wilhelm de l’Université du Luxembourg font revivre la poésie et la magie de la sidérurgie à travers les romans littéraires de Joseph Leydenbach, Willy Gilson et Nicolas Ries; par le biais de son inventaire des livres de correspondance de l’ancienne forge de Eich, Gilles Regener, le conservateur des fonds industriels aux Archives nationales, relate les relations étoffées entretenues dès la fin du XIXe siècle par nos maîtres de forges avec l’étranger. Fernando Ricardo BAPTISTA BARRA | Les Ostarbeiter dans la sidérurgie luxembourgeoise (1942-1945) Jeanne E. GLESENER - Frank WILHELM | La sidérurgie dans la littérature francophone luxembourgeoise Gérald ARBOIT | Dans les soubresauts de la Grande Guerre: Bombardements, renseignement et affairisme au Luxembourg Gilles REGENER | Inventaire des livres de correspondance de l’usine Metz à Eich CENTRE D’ÉTUDES ET DE RECHERCHES EUROPÉENNES Ministère d’État | Ministère de la Culture, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche | Ministère de l’Éducation nationale et de la Formation professionnelle 1 ROBERT SCHUMAN Terres rouges Histoire de la sidérurgie luxembourgeoise Collection dirigée par Charles Barthel et Josée Kirps Volume 1 © Centre d’études et de recherches européennes Robert Schuman, Ministère d’État Archives nationales de Luxembourg, Ministère de la Culture, de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche Luxembourg, juin 2009, ISBN 978-2-9599749-0-8, version imprimée Luxembourg, février 2012, ISBN 978-2-919773-08-4, version électronique Centre d’études et de recherches européennes Robert Schuman, Ministère d’État, Archives nationales de Luxembourg, Ministère de la Culture, de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche Sommaire Préface 4 Jean-Claude Juncker Préface 6 Octavie Modert Préface 8 Joseph Kinsch Introduction 10 Josée Kirps et Charles Barthel Les Ostarbeiter dans la sidérurgie luxembourgeoise (1942-1945) 16 Fernando Ricardo BAPTISTA BARRA La sidérurgie luxembourgeoise sous l’occupation 19 La structure démographique et le statut social des Ostarbeiter 34 Les conditions de travail 43 La vie en-dehors du travail 50 Après la Libération 60 Conclusion 70 L’image de la sidérurgie dans les romans des Luxembourgeois francophones Joseph Leydenbach, Willy Gilson et Nicolas Ries. Des années fastes à la crise des années 1970 72 Jeanne E. GLESENER et Frank WILHELM La poésie et la magie de l’industrie lourde 73 L’univers romanesque 74 La vision d’un financier romancier 77 Une lecture plus sociale de l’industrie du fer 79 Agriculture versus culture industrielle 85 Le démiurge technicien 89 La mythologie au service de la représentation de la sidérurgie 90 Dans les soubresauts de la Grande Guerre: Bombardements, renseignement et affairisme au Luxembourg 96 Gérald ARBOIT Les bombardements alliés sur le Grand-Duché de Luxembourg 99 Les bombardements alliés sur la sidérurgie luxembourgeoise 107 L’Arbed et les bombardements alliés 115 Un monde en mutation 123 Les livres de correspondance de la Société en commandite des Forges d’Eich Metz et Cie Inventaire sommaire des archives Arbed déposées aux Archives nationales de Luxembourg 124 Gilles REGENER Index 208 3 Préface Jean-Claude Juncker 4 omme chez la plupart des Luxembourgeois, la sidérurgie éveille en moi des sentiments personnels très intenses. C’est d’abord un réflexe qui, je l’avoue, est Clargement teinté de nostalgie. À l’instar des étincelles d’une coulée, il fait rejaillir dans ma mémoire toute une gerbe de souvenirs intimes datant des temps quand l’horizon du Bassin minier était tapissé de hauts-fourneaux et que le ciel changeait de couleur au rythme du soufflement des charges à l’aciérie. Je pense alors à la rue où j’habitais – «ma» rue – par où passait chaque jour cette marée éternelle d’ouvriers à vélo se rendant au poste pour relayer ceux qui, crevés par huit heures de labeur fatigant, mais honnête, rentraient au foyer pour un repos bien mérité. Je vois dès lors aussi réapparaître cette grille à l’entrée de l’usine, où j’attendais si souvent mon père, et qui constituait en quelque sorte pour nous, enfants, une limite infranchissable. Derrière elle s’étendait le monde des adultes auquel nous n’avions pas accès, mais pour lequel nous étions pleins d’admiration et que nous aurions bien aimé imiter, … si nos parents n’avaient pas caressé d’autres projets. Ils voulaient réserver à leurs rejetons une destinée à la fois meilleure et plus facile que celle qui leur était réservée. Car, pour chers qu’ils soient, ces rêves d’enfance ne doivent pas nous induire en erreur. Le développement incessant des forges modernes au cours des cent-cinquante dernières années n’est pas seulement synonyme d’une accumulation fabuleuse de richesses et d’une ascension sociale spectaculaire de générations d’enfants de prolétaires; elle ne correspond ni exclusivement à cette série de grands exploits techniques réalisés grâce au génie de nos ingénieurs ni uniquement à ces formidables records de productivité battus par des légions de métallos fiers de leur boulot; elle ne se réduit pas non plus à un patron hors norme comme Émile Mayrisch et son Entente Internationale de l’Acier, qui ont contribué à faire connaître notre petit pays à travers le monde entier. Non, à côté de ces indéniables pages de gloire, un siècle et demi d’industrie du fer au Grand-Duché sont également entachés de revers: des conditions de travail et de rémunération, très éloignées du niveau auquel nous sommes habitués aujourd’hui, suscitèrent maintes grèves et troubles sociaux; une protection contre les accidents souvent déficiente causa la mort de nombreux camarades, tant à l’usine qu’à la mine; des crises conjoncturelles et structurelles mirent plus d’une fois à rude épreuve le personnel des entreprises, mais aussi le pays entier et l’ensemble de ses citoyens. Voilà pourquoi je félicite Madame Josée Kirps, directrice des Archives nationales de Luxembourg, Monsieur Charles Barthel, directeur du Centre d’études et de recherches européennes Robert Schuman et tous leurs collaborateurs d’avoir entamé ce travail de longue haleine qu’est la conservation d’archives, la compilation de témoignages oraux et l’exploitation des sources recueillies pour transmettre à la postérité une image objective des multiples facettes, positives et moins positives, d’une branche d’activités qui, plus qu’aucune autre, a façonné le Grand-Duché et ses habitants, luxembourgeois et immigrés. Sans doute le projet Terres rouges – Histoire de la sidérurgie luxembourgeoise nous aidera-t-il à mieux comprendre notre patrimoine économique, politique, social et culturel, mais aussi à puiser de l’espoir en ce moment difficile que nous traversons actuellement. S’il y a en effet une leçon à tirer d’ores et déjà de cette épopée de l’industrie du fer, c’est assurément celle que la solidarité nationale nous a toujours permis de triompher des dépressions les plus graves voire d’en sortir «retrempés». Jean-Claude Juncker Premier Ministre Luxembourg, mai 2009 5 Préface Octavie Modert 6 râce à la préservation d’archives, la sélection et la conservation à long terme des informations essentielles, qui doivent demeurer témoin et source de notre histoire, Gnous arrivons à reconstituer notre histoire et à en partager la connaissance avec le plus grand nombre. Ensemble de documents produits dans l’exercice d’une activité pour garder trace de certaines actions, les archives ne sont pas conçues à l’origine pour servir l’histoire. Ce n’est qu’au fil du temps qu’une partie d’entre elles acquiert une finalité historique – elles deviennent alors un élément constitutif du patrimoine national. Avant d’aborder un fonds d’archives, il convient de connaître l’histoire, le fonctionnement et l’activité de l’institution ou de l’entreprise dont il émane. Actuellement, les Archives nationales de Luxembourg conservent plus de 3.000 mètres linéaires d’archives industrielles en provenance d’Arbed transférées par tranches successives à partir de la fin des années 1980. L’idée de développer autour de ces documents un projet de recherche scientifique consacré à la naissance de la sidérurgie moderne au Luxembourg et à son essor, voire à son intégration dans le tissu industriel en Europe et dans le monde aux XIXe , XXe et XXIe siècles, est née fin des années 1990. Elle a pu être relancée par le présent Gouvernement et repartir sur des bases concrètes au courant de l’année écoulée. En effet, exploiter les archives historiques d’Arbed est une aubaine, eu égard à son action pour le développement industriel et économique du Luxembourg, eu égard également au rôle joué par certains de ses dirigeants dans l’histoire de la construction européenne dans l’entre-deux-guerres et au niveau de la réalisation de la CECA. À travers le premier volume de la collection Terres rouges – Histoire de la sidérurgie luxembourgeoise se réalise enfin un nécessaire projet de compilation qui montre comment des esprits visionnaires ont transformé le visage du Luxembourg et le destin de plusieurs générations d’hommes.
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