La Légende Noire De La Sanûsiyya : Une Confrérie Musulmane Saharienne Sous Le Regard Français, 1840-1930

La Légende Noire De La Sanûsiyya : Une Confrérie Musulmane Saharienne Sous Le Regard Français, 1840-1930

La légende noire de la Sanûsiyya VOLUME 1 Institut de recherches et d'études sur le monde arabe et musulman, Aix-en-Provence JEAN-LOUIS TRIAUD LA LÉGENDE NOIRE DE LA SANÛSIYYA UNE CONFRÉRIE MUSULMANE SAHARIENNE SOUS LE REGARD FRANÇAIS (1840-1930) Volume 1 Publié avec le concours du ministère de la Coopération et du Développement et du centre national de la Recherche scientifique Éditions de la Maison des sciences de l'homme, Paris Copyright 1995 Fondation Maison des sciences de l'homme Imprimé en France Première de couverture Un lieu de mémoire : la première zâwiya sanûsî d'Afrique noire Chemidour (v. 1861-1862), République du Niger Photo de l'auteur, 1977 Relecture Georges Préli Gisèle Seimandi (IREMAM) Raymonde Arcier (MSH) Correction Pierrette Lecoq (IREMAM) Nora Scott Mise en page Nora Scott Responsable de la fabrication, conception et couverture Raymonde Arcier Sommaire du volume I Remerciements VII Avertissement IX Sigles et abréviations XI Introduction 1 I La lente construction d'un savoir sur la Sanûsiyya 1. La naissance d'un concept : le péril confrérique 9 2. La découverte de la Sanûsiyya : les voyageurs britanniques 21 3. La découverte de la Sanûsiyya : les sources françaises 31 4. Une étude pionnière : la notice de Léon Roches sur la Sanûsiyya (1855) 43 5. La Sanûsiyya à la conquête du Sahara central 55 6. Le barrage confrérique 87 7. Henri Duveyrier et l' «invention» de la Sanûsiyya 99 8. L'enquête de 1864-1865 : La Sanûsiyya ne fait plus peur 119 II Naissance et apogée de la légende noire 9. Eugène Ricard, l'inventeur de la légende noire : histoire d'une carrière 129 10. La préparation du terrain (1869-1873) 153 11. L'enquête de 1874 163 12. Le point de vue du spécialiste : le rapport Pilard 181 13. Les grandes manoeuvres : la mission du Cassard (1876) 195 14. La Sanûsiyya sous haute surveillance. Les rapports Féraud, Ibn Shâca et Delaporte (1876-1877) 207 15. La campagne anti-sanûsî en Algérie : l'affaire Ibn Takkûk (1876-1877) 235 16. Un consul de combat. Féraud à Tripoli (1879-1885) 259 17. L'affaire Muhammad al-Thanî (1881) 285 18. L'émergence d'un nouveau discours à Tripoli et à Benghazi (1885-1896) 295 19. L'apogée de la légende noire. Duveyrier et la genèse d'un pamphlet 305 20. La brochure de 1884 ou les mirages d'un savant 331 21. Duveyrier : la Sanûsiyya vue par l' «École algérienne» : Rinn, Le Châtelier, Depont-Coppolani 347 22. La Sanûsiyya vue de Tunis : la Rihla d'al-Hashâcishî 375 III Stratégies sahariennes de la Sanûsiyya 23. Cap vers le Sud : Le départ d'al-Mahdî à Kufra (1895) 411 24. Les premières implantations sanûsî dans le Sahara méridional (1860-1895) 437 25. La nouvelle frontière sanûsî : aux portes du Soudan central (1895-1900) 471 26. La fin d'une longue marche : Gouro (1899-1901) 495 27. La Sanûsiyya au Soudan central : Borno, Baguirmi, Ouaddaï (1896-1902) 523 28. Les comptes de la Sanûsiyya (1894-1901). Essai 551 Listes du volume 1 Cartes 589 Graphiques 589 - Tableaux 589 Remerciements Pour venir à bout de ce travail, il nous a fallu traverser quelques déserts, au sens propre comme au figuré. Il est malheureusement impossible de citer ici tous ceux qui, à un moment ou à un autre, nous y ont aidé. Notre reconnaissance ira donc d'abord à ceux dont l'appui et les encouragements furent décisifs : le professeur Claude Cahen, qui a dirigé ce travail jusqu'à sa retraite, et au-delà, Catherine Coquery- Vidrovitch, qui a bien voulu prendre le relais, et dont la confiance amicale et les utiles conseils ne nous ont jamais fait défaut, Adamou Aboubacar, alors maître-as- sistant de géographie à l'université de Niamey, qui nous a introduit auprès des lettrés et soufis d'Agadès et de l'Aïr, Saïd Bousbina, qui nous a assisté dans la lecture et le dépouillement des sources arabes. L'expression de notre gratitude s'adresse également aux institutions qui nous ont accueilli tout au long de ce parcours : l'université de Niamey, l'université Paris VII et le laboratoire Tiers-Monde Afrique, ainsi que la Maison des sciences de l'homme. Tous ceux et celles que nous y avons rencontrés, administrateurs, ensei- gnants et étudiants, nous ont beaucoup appris. Avertissement Translittération de l'arabe ' b t th j h kh d dh r z s sh s d t z cghfqklmnhwî (y). Voyelles : a, i, u ; â, î, û. Diphtongues : au, aw ; ai, ay. Pour simplifier l'édition et la lecture du texte, nous avons adopté, à la suite de nos collègues anglo-saxons et de certains spécialistes français (Louis Gardet, Michel Chodkiewicz), un système de translittération simplifiée, dépourvu de signes diacriti- ques. Les points souscrits n'ont pas été indiqués : les deux h de la langue arabe et les lettres emphatiques ne sont donc pas distingués. Dans la plupart des cas, les arabi- sants pourront cependant rétablir aisément la forme originale. Transcription des anthroponymes ethnonymes et toponymes Il est difficile de retenir en ce domaine une règle uniforme. Dans l'ensemble, les noms d'ethnies ont été rendus dans une forme phonétique simple : tuareg, tubu, zuaya, etc., sans marque du pluriel. Les noms de personnes ont été translittérés, selon les règles indiquées ci-dessus, toutes les fois que la source était arabe. L'orthographe francisée, telle qu'elle figure dans les archives coloniales, a été conservée dans la majorité des autres cas, notamment quand la forme originale arabe ne pouvait être restituée avec sûreté. Quelques noms africains, recueillis dans le cadre des enquêtes orales (Bugunu, Mabru, etc.) ont été transcrits dans une forme phonétique simple. Pour l'orthographe des toponymes, nous avons suivi l'usage de chaque pays (ainsi Borno, et non Bornou ; Borkou, et non Borku). Parfois, selon la leçon des textes cités en référence, des formes arabisées et francisées ont été concurremment em- ployées (ex. : Mourzouk et Murzuq). Kawâr, fréquemment nommé dans les sources arabes utilisées, a été préféré à Kaouar. Toutes les fois que cela était utile ou néces- saire, les équivalences ont été signalées entre parenthèses. Sigles et abréviations A.G.N. Archives du gouvernement, Niamey (Niger) A.G.T. Archives générales de Tunisie (Dar El-Bey, Tunis) A.M. A.E. Archives du ministère des Affaires étrangères (Paris) A.N.F. Archives nationales de la France (Paris) A.N.M. Archives nationales du Mali (Koulouba) A.N.S. Archives nationales du Sénégal (Dakar) A.N.S.O.M. Archives nationales, section Outre-Mer (transférées de Paris à Aix-en Provence) A.O.M. Archives d'Outre-Mer (Aix-en-Provence) B.A.L.A. Bulletin of Arabic Literature in Africa B. Ars. : Bibliothèque de l'Arsenal (Paris) B. C.A F. Bulletin du Comité de l'Afrique française, puis, L'Afri- que française B.E.T. Borkou - Ennedi-Tibesti B.I.F. Bibliothèque de l'Institut de France (Paris) B.I.F.A.N. Bulletin de l'Institut français (puis,fondaniental ) d'A- frique noire C.C.C. Correspondance consulaire et commerciale C. E. A. Cahiers d'études africaines C.G. Consul général C.H.E.A.M. Centre des hautes études d'administration musulmane (depuis 1958, Centre des hautes études administrati- ves sur l'Afrique et l'Asie modernes) C.M.I.D.O.M. Centre militaire d'information et de documentation sur l'Outre-Mer C.P.C. Correspondance politique des consulats E.I. Encyclopédie de l'Islam - E.I. 1 : lre édition ; E.I. 2 : 2e édition F.O. Foreign Office. G. A. L. Geschichte der arabischen Literatur, de Brockelmann G.G. Alg. Gouverneur (ou gouvernement) général de l'Algérie G.G.A.O.F. Gouverneur (ou gouvernement) général de l'Afrique / A.E.F. occidentale française / de l'Afrique équatoriale fran- çaise J.A.H. Journal of African History M. A.E. Ministère des Affaires étrangères (Paris) N.S. Nouvelle série Min. des colonies Ministre des Colonies / Ministère des Colonies P.R.O. Public Record Office R. (9. M. M. Revue de l'Occident musulman et de la Méditerranée (Aix-en-Provence) R. T. C. Revue des troupes coloniales S.H.A.T. Service historique de l'armée de terre (Paris) S.H.M. Service historique de la marine (Paris) T.M. Territoire militaire V.C. Vice-consul CARTE 1 La Sanûsiyya en Afrique septentrionale pendant la seconde moitié du xixe siècle Introduction Cette étude se place au confluent de l'histoire islamique, de l'histoire colo- niale et de l'histoire africaine. Par un choix délibéré, elle emprunte aux trois registres, et c'est la combinaison de ces trois approches qui nous a paru fé- conde. Histoire islamique Au centre de cette recherche se trouve une confrérie musulmane contempo- raine, née à La Mecque dans la première moitié du xixe siècle1. Quatre Maîtres successifs2 - Muhammad al-Sanûsî, le fondateur et l'organisateur3, Muhammad al-Mahdî, le continuateur de la baraka et le promoteur de la hijra vers le sud4, Ahmad al-Sharîf, le politique et l'homme de jihâd5 et Mu- hammad Idrîs, le témoin des grandes défaites et futur roi de Libye6 - ont donné au mouvement sa configuration définitive, celle d'une organisation missionnaire, prêchant l'islam aux plus déshérités des nomades, plantant des zâwiya-s (établissements religieux sédentaires) dans des terres souvent peu hospitalières, et qui, dans la seconde partie de son existence, après 1900, devient le fer de lance d'une résistance opiniâtre contre les puissances colo- niales : Français et Italiens notamment, Britanniques de façon plus ponc- tuelle. Par le recours à des sources arabes originales, et avec le souci d'une approche islamologique, nous avons cherché à comprendre et à restituer, dans leur cohérence interne, les stratégies successives et les différentes fonc- tions sociales de cette «entreprise» islamique qu'est la Sanûsiyya, véritable 1.

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