ÉTUDES FRANÇAISES PUBLIÉES PAR L'INSTITUT FRANÇAIS DE L'UNIVERSITÉ DE SZEGED LA FORTUNE INTELLECTUELLE DE VERLAINE (France, Allemagne, Autriche, Hongrie) PAR SZEGED, 1933 Institut Français de l'Université de Szeged. Directeur: Béla ZOLNAI. Chargés de cours: Zoltán BARANYAI, Géza BÁRCZI. Lecteur: H.-F. GRENET. Études Françaises publiées par l'Institut Français de l'Université de Szeged. 1. André Dudith et les humanistes français. Par Jean FALUDI. Si le rôle politique joué par Dudith est bien connu, il n'en est pas de même de son activité littéraire; en particulier, ses rapports avec les humanistes français sont restés jusqu'à présent mal définis. M. Faludi cherche à préciser 'les dates de ses séjours en France, les relations qu'il y a nouées. — A. D. M. (Revue d'HJst. Eccl„ 1928). L'auteur a bravement entrepris de nous apporter quelque chose de précis sur les rapports très vagues que des générations de compi- lateurs et d'historiens avaient mentionnés comme ayant existé entre Dudith et certains érudits français, tels que Muret, Ratnus, Théodore de Bèze. — F.-L. Schoell (Revue des Études Hongroises, 1928). Magyarul: Minerva 1928. (Vö. Irodalomtôrténet, 1928:177.) — Cf. Pierre Costil: André Dudith, humaniste 'hongrois. Paris, Les Belles Lettres, 1934. 2. H.-F. Amie), traducteur. Son européanlsme. Ses relations avec la Hongrie. Par Vilma de SZIGETHY. Indem die Verfasserin in ihrer trefflichen Arbeit die historisch-geisti- gen Vorbedigungen, die psychologisch-persönlichen Voraussetzun- gen jener Situation aufdeckt, die Amiel zum Übersetzer Petöfis wer- den liess, zugleich an der Hand seiner Übersetzungen Amieis Ver- hältnis zum ungarischen Problem erwägt, bringt sie dankenswerte Beiträge zur vergleichenden Literaturgeschichte. — J. Turôczi- Trostler (Fester Lloyd, 20. Juli 1929). Mademoiselle Szigethy étudie les traductions faites par l'auteur du „Journal intime", et insiste sur le recueil des „Étrangères"... D'une façon vivante et intelligente Mademoiselle Sz. trace la genèse de ce recueil... — Léon Bopp (Revue des Études Hongroises, 1929). Die fleissige Arbeit enthält eine eingehende Würdigung der Über- setzertätigkeit Amieis... Im Anhang wird auch der aufschluss reiche Briefwechsel zwischen Amiel und Meltzl mitgeteilt. — B. v. Pu- 'känszky (Deutsch-ung. Heimatsblätter 1930:80). L'étude, très sérieusement établie, est une nouvelle preuve du tra- vail efficace accompli en Hongrie sur les questions de littérature européenne. — Revue de Littérature Comparée, 1930:322. Magyarul: Jezerniczky Margit: Amiel, Meltzl,Petöfi. (Széphalom 1931). Э -i D о «7 FRANCIA TANULMÁNYOK KIADJA A SZEGEDI EGYETEM FRANCIA PHILOLOGIAI INTÉZETE 11. VERLAINE A KRITIKA TÜKRÉBEN (Franciaország, Németország, Ausztria, Magyarország) IRTA GEDEON JOLÁN SZEGED, 1933 ÉTUDES FRANÇAISES PUBLIÉES PAR L'INSTITUT FRANÇAIS DE L'UNIVERSITÉ DE SZEGED 11. LA FORTUNE INTELLECTUELLE DE VERLAINE (France, Allemagne, Autriche, Hongrie) PAR JOLÂN GEDEON Verlaine qui vas titubant, Chantant et semblable au dieu Pan Aux pieds de laine, Es-tu toujours simple et divin, Ivre de ferveur et de vin, Bon saint Verlaine? {Anne de Noailles : Les Ombres). .l'ignominie de Verlaine" (la critique). F. Porche et Billy. SZEGED, 1933 A szegedi rn. kir. Ferencz József-Tudományegyetem Bölcsészet-, Nyelv- és Történettudományi Karához benyújtott doktori értekezés. Biráló: Dr. Zolnai Béla egyet. ny. r. tanár. Társbíráló: Dr. Schmidt Henrik egyet. ny. r. tanár. Szeged Városi Nyomda és Könyvkiadó Rt. 33-1150 Introduction. Derrière le titre prometteur mais imprécis de cet ouvrage se cache l'histoire de la carrière dp Verlaine, telle qu'elle s'est dégagée devant les critiques contemporaines et postérieures. Le thème même était assez compliqué, im- possible à réduire à l'histoire de la fortune littéraire d'un seul poète. Verlaine, outre qu'il a été un des plus grands poètes de là littérature française, a aussi été l'homme le plus intéressant c'p son époque. Etudier Verlaine, c'est trou- ver devant soi à la fois le symbolisme dont Verlaine a été le „prince" élu et Verlaine lui-même, l'homane que nous font connaître les témoignages contemporains et postérieurs. La base de cet ouvrage a été la Bibliographie Verlai- nienne de G. A. TOURNOUX que nous avons complétée par nos propres recherohes: l'histoire critique des controver- ses symbolistes et les données de la critique postérieure à l'ouvrage de TOURNOUX, c'est à dire à l'année 1911. Il n'existe aucune autre source, bien que les biographes de Verlaine mentionnent souvent les moments critiques du début de Verlaine, Edmond LEPELLETIER et M. Pierre MARTINO fournissent des données précieuses à ce sujet. Cela, devient un lieu commun de la critique de constater que son époque n'a pas reconnu la valeur de Verlaine, que ses oeuvres sont restées longtemps inconnues, — mais ce ne sont que des remarques dispersées dans les ouvrages consacrés à l'oeuvre et au caractère de Verlaine. 6 Le présent ouvrage est — pour ainsi dire — un recueil de variations sur le même thème, un miroir critique qui re- flète non seulement la fortune intellectuelle d'un poète, mais de toute une époque et quelque chose de l'éternel humain: l'homme hors du commun, avec son génie et aussi ses grandes faiblesses. FRANCE. I. Verlaine et les écoles littéraires. i. Le Parnasse. L'époque parnassienne de Verlaine — largement traitée par M. Maurice SOURIAU1 — ne fournit guère de matière à qui désire écrire l'histoire de la critique verlainienne. Les articles sont peu nombreux qui étudient les premiers poèmes et volumes de Verlaine. La vérité est qu'il avait déjà publié la meilleure part de son oeuvre, que ses poé- sies étaient depuis longtemps enregistrées et oubliées, quand on commença à le fêter. Mais passons en îievue les données critiques, d'ailleurs insignifiantes, des quinze pre- mièrps années: ces années ne sont insignifiantes que du point de vue de l'historien de la critique, en réalité elles sont marquées par l'apparition des oeuvres représentati- ves de Verlaine. 1866: Verlaine débuta par quelques poésies dans Le Parnasse Contemporain. BARBEY d'AUREVILLY réagit dans son article Les trente-sept médaiUonnets du Parnasse con- temporain,:' selon la méthode de la critique conservatrice de tous les temps: il érigeait, en 1866, un piédestal aux auteurs arrivés et découvrait ceux qui n'avaient plus be- soin d'être découverts — mais pour les jeunes, pour les innovateurs, il n'avait que réprobation et raillerie. Les 1 Maurice Soùriau: Histoire du Parnasse. Paris, Spès, 1929. 2 Nain Jaune, nov. 1866. 10 idoles du romantique BARBEY d'AuREViLLY étaient Victor HUGO et Alfred de MUSSET, les nouveaux talents „décou- verts" étaient LECONTE de LISLE, Théophile GAUTIER et BAUDELAIRE. Les autres, Verlaine, MALLARMÉ, François COPPÉE et VILLIERS de I'ISLE-ADAM, attendaient en vain un mot bienveillant. L'imagination de l'auteur des Dia- boliques était excitée par BAUDELAIRE et c'est pourtant avec l'aversion du bourgeois de 1860 qu'il parlait des raffi- nements pervers de ce dernier, mais c'était justement cette perversité qui l'intéressait. Quant à Verlaine, il le consi- dérait comme „un Baudelaire puritain", mais à ses yeux ce n'était pas un mérite pour Verlaine d'être plus puritain que BAUDELAIRE. Il le regardait comme un imitateur sans talent chez qui l'influence de BAUDELAIRE se mêlait étran- gement à celle de Victor HUGO et d'Alfred de MUSSET. Et il l'engageait à renoncer à la poésie... S'il est vrai que BARBEY n'était pas très perspicace, il faut dire pour son excuse que les Parnassiens eux-mê- mes ne se doutaient pas du talent de Verlaine. Ils parta- geaient l'avis de BARBEY OU plutôt — ce qui est encore pis — ils passaient leur confrère sous silence, bien qu'en 1866 eût déjà paru son premier volume: les Poèmes Saturniens. Verlaine envoya ces poèmes à ses amis, aux autorités de la vie littéraire: à Victor HUGO, LECONTE de LISLE, BAN- VILLE, SAINTE-BEUVE. Tous remercièrent en une lettre po- lie. LECONTE de LISLE louait la beauté de la forme, BAN- VILLE considérait Verlaine comme un des plus grands poè- tes de l'époque, Victor HUGO saluait en lui son digne suc- cesseur et SAINTE-BEUVE fêtait en lui le grand talent. Tous le comblaient d'épithètes louangeuses, — mais aucun d'eux ne l'apprécia suffisamment pour écrire un article sur le nouveau volume et le faire connaître au public. Les Poè- mes Saturniens se perdirent dans l'indifférence de la cri- tique.3 3 Edmond Lepelletier: Paul Verlaine. Paris, 1923, p. 140. et suiv. 11 Le cénacle du Parnasse était dès lors formé; dans le salon de LEÇONTE de LISLE se rencontraient les Parnas- siens et la jeunesse, acceptait leurs idéals littéraires. On ne recevait pas volontiers Verlaine dans ce cercle. Le Par- nasse voulait rester dans les limites de la moralité bour- geoise, dans la vie comme dans la littérature — et on nec témoigna aucune bienveillance au caractère bohème de Verlaine. C'est pour cette raison qu'à l'occassion de l'appa- rition de son premier volume, quoiqu'il suivît leurs idéals littéraires — les membres du Parnasse ne lui firent aucune réclame et ne consacrèrent pas un seul article à l'ouvrage. Dans son livre sur l'histoire du Parnasse,4 Maurice SOURIAU se demande pourquoi Verlaine ne put s'imposer au Parnasse. Et il l'explique en partie par des dispositions de sympathie ou d'anitipathie ¡et surtout en arguant qu'on sentait dans la poésie de Verlaine les accents d'une époque nouvelle, que l'on pressentait en lui le dissident. Il n'était pas sympathique aux Parnassiens: l'homme était étrange et dangereux et il leur faisait craindre pour leurs posi- tions littéraires. Ce n'est qu'une supposition de Souriau et qui n'est pas justifiée: la critique du temps ne présente rien de semblable et la littérature verlainienne des années suivantes ne découvrit pas non plus l'importance véritable de l'époque parnassienne de Verlaine: ses critiques s'ac- cordèrent à dire que ses années parnassiennes étaient insignifiantes et que ses premiers volumes ne trahissaient rien des talents qui le destinaient à devenir le chef de toute une époque.
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