Histoire De Reignier.Rtf

Histoire De Reignier.Rtf

Historique des Communes de Haute-Savoie REIGNIER-ESERY En patois: Renyi. Surnom: lou Raffi (merdeux, diarrhéiques, à cause du cidre) par ceux d'Arthaz; (les Moquerands, moqueurs), féminin : (les Moquerandes). La commune de Reignier est située sur la rive gauche de l'Arve (arua: eau courante), sur des terrasses d'alluvions fluvio-glaciaires et sur des coteaux bien exposés. C'est une bourgade à l'allure de petite ville, presque ancienne avec, le long de sa rue principale des maisons du siècle dernier, au moins à deux étages, mais cette impression est aujourd'hui trompeuse, car elle s'est rapidement, presque trop rapidement, peuplée depuis une vingtaine d'années. Elle s'est adjointe une "commune" plus rurale et agreste mais devenue résidentielle, Esery; et après un inévitable dépeuplement des hameaux au profit du chef-lieu, on voit ces lieux-dits et hameaux se repeupler sous l'effet de poussée démographique; et de plus, Genève n'est pas loin (13 km) et les frontaliers trouvent à Reignier d'excellentes conditions de séjour puis d'implantation. La commune s'étage de 407 m au nord, près du lieu où le Viaison (de vas, préindoeuropéen = source) qui fait limite à l'ouest-nord-ouest avec Monnetier- Mornex, se jette dans l'Arve, ce même Arve bornant à l'est la commune de Reignier avec Arthaz et plus au sud Nangy à 830m, borne géodésique située au sud-ouest, près de la limite avec La Muraz à l'ouest et Pers-Jussy au sud. Enfin, au sud-est, c'est Scientrier qui jouxte Reignier. La commune est composée d'une trentaine de hameaux et lieux-dits. La population s'est installée surtout le long des axes de circulation. Près du village (hameau) de Saint-Ange, à l'orée d'un bois de chênes semé de blocs erratiques, se trouve le célèbre dolmen de Reignier, classé en 1887 parmi les monuments historiques. C'est une grande table en granit de 4,90 m sur 4,50 m supportée par trois dalles épaisses, longtemps qualifiées de celtique, donc celte. On sait maintenant que ce type de monument est antérieur à la venue des Celtes et qu'il appartient à la civilisation des mégalithes (=grosses pierres). On peut le dater de plus de 3'000 ans; lors de la fouille de 1843, on ne trouva pas d'objets intéressants autour de lui. Il a porté le nom de pierre des Morts ou pierre des Fées. On a découvert plus loin des instruments en bronze dont une casserole de l'époque romaine. La voie romaine d'Etrembières à Annecy passait par le chemin des Châtaigniers, territoire d'Esery et franchissait la vallée du Viaison au pont du Loup. Le nom de Viaison (vas, préindoeuropéen) indique bien la présence d'un cours d'eau ou source; il paraît certain que la plus ancienne voie de communication de la région se dirigeait d'Esery à Arbusigny. Des tombes anciennes formées de grosses dalles de mollasse ont été trouvées à Reignier, en particulier au village de Villy (surnom Villiacium, de Villius: homme à forte pilosité); elles semblent être des tombes burgondes, population implantée dans cette région depuis Genève et La Roche (cimetière burgonde très important) aux Ve - VIe siècles. On ne possède pas de renseignements précis sur l'origine de Reignier; on voit apparaître son nom au début du XIIIe siècle dans une enquête de l'évêque de Genève, Aymon. C'est d'ailleurs du prieuré clunisien de Saint-Victor de Genève que dépendait la nomination du curé de Reignier. Ce prieuré possédait une "grange", signification différente d'aujourd'hui; c'était un domaine rural, plus un certain nombre de serfs qui y vivaient et y travaillaient. Sur cette paroisse, il y avait d'autres propriétaires; ainsi l'abbaye de Filly (= Fillinges, nom d'homme gallo- romain) possédait une grande partie du village d'Arculinges (cf. acte de 1302). La seigneurie de Reignier était répartie entre les comtes de Genève et les sires depuis barons du Faucigny. Les premiers étaient à Mornex (aujourd'hui partie de la commune voisine de Monnetier), les deuxièmes étaient maîtres du château de Boringe ou du point d'Arve. En 1319, il appartient à Humbert de Cholay. La paroisse dépendait alors de la châtellenie (châtelain: représentant du seigneur le plus souvent un non noble) de Crédoz (aujourd'hui commune de Cornier). Lorsqu'en 1355, le Genevois et le Faucigny furent réunis, cette division avait persisté. Nous verrons plus loin que d'autres seigneurs avaient des fiefs dans la paroisse. En 1339, la châtellenie de Crédoz ou Crédo (crêt d'haut, souvent sous une éminence plus élevée) contrôlait 64 feux (320 habitants) dans cette paroisse. Au XVe siècle, après la Grande Peste de 1348 dont les effets se poursuivirent pendant près d'un siècle, la population de la paroisse varie entre 180 feux (990 âmes) en 1412 et 130 feux (650 personnes) pour 1441, la paroisse de Saint- Romain comptait alors de 9 à 14 feux (45 à 70 personnes). Au XVIe siècle, les guerres qui opposaient la maison de Savoie, devenue entre 1401 et 1411 propriétaire (du Faucigny et du Genevois), causèrent de nombreux dommages et destructions; il en fut ainsi en 1591 du château de Polinge qui appartenait alors par mariage aux Chissé (cf. Sallanches), il fut brûlé mais reconstruit par Mgr de Granier, évêque d'Annecy-Genève, qui y mourut le 27 septembre 1602. Le château de Boringe ou du Pont d'Arve, qui contrôlait au Moyen Age un des passages les plus fréquentés de l'Arve et qui datait du XIIIe siècle, fut attaqué les 1er et 2 janvier 1591 par le baron de Sancy, chef des protestants français au service de Genève; il fit démanteler la place. Le pont s'écroula en 1594, il fut remplacé par un "pont neuf" un peu plus en aval. Le château de Syrier apparaît en 1178, avec un Aymond de Syrier, seigneur de l'entourage d'Henri de Faucigny; il passa aux Thoire, il fut également détruit en 1591 par les Franco-Genevois protestants. Il en fut de même de la petite église de Saint-Romain; elle fut reconstruite et fonctionna jusqu'en 1793. Cette paroisse comprenait aussi le château de Boringe, cité plus haut, et le château de Bellecombe qui devait dater, d'après son style, de l'époque romane (XIIe siècle). C'était un ensemble important qui contrôlait un passage de l'Arve; il a dû appartenir aux de Thoire, une branche des Faucigny; il fut également démantelé par des franco-Genevois. En 1561, Reignier compte 240 feux (1'200 personnes), Saint-romain 8 feux (40 personnes). En 1580, l'évêque Justiniani comptait 180 feux (900 habitants) mais en 1606, lors de sa visite pastorale, François de Sales n'en trouve plus que 160 (800 habitants). Le curé Jean-Louis Sonnerat nous a laissé des notes intéressantes dès 1627, sur les registres de baptêmes, mariages et sépultures qu'il devait remettre à son évêque Mgr Jean-François de Sales (1578 - 1635), frère de Saint François. Ces visites pastorales faites par chaque évêque, à peu près tous les cinq ans, sont une source importante de renseignements sur la vie des paroisses. En 1736, des voleurs pénètrent dans l'église et emportent trois vases sacrés. En 1743, Reignier compte 1045 âmes; en 1749, elle est détachée de l'intendance de Faucigny pour être rattachée à celle du Genevois. En 1756, le secrétaire de la commune répond à l'intendant. Il dénombre 762 personnes réparties en 181 familles (coefficient: environ 4), les ressources sont du froment et des bleds (autres céréales), des forêts; il n'y a pas de friches mais on manque parfois de semences. Il y a deux moulins et une scierie hors d'état; le conseil contrôle deux ponts. Il n'y a pas d'émigration mais lors de la culture de la vigne, de la récolte des moissons, quelques ouvriers se louent à Genève. En 1771, un écrit royal rend obligatoire aux habitants des communes le rachat des droits féodaux. Le 14 juin 1792, les 130 communiers décident de s'affranchir; 18 signent, les autres ne savent pas écrire. Les seigneurs du lieu doivent montrer leurs titres justifiant des droits, il leur faut dix ans pour les réunir; ces seigneurs étaient l'abbaye d'Entremont, les chanoines de la cathédrale, le prieur de Peillonnex, le comte d'Aviernoz, le sieur Vibert de Massongy, le comte d'Aisery (= Esery), le comte de la Val-d'Isère (cf. Savoie aujourd'hui), le marquis de Sales et les Chissé de Polinge. Nous sommes en 1782, il faut encore six ans, donc en 1788, pour fixer le montant du rachat. Il était bien trop élevé pour les communiers, la Révolution régla le problème en "libérant" la Savoie. Reignier devient en 1792 chef-lieu de canton, les bourgeois commencent réellement à remplacer les nobles. André Burnier-Fontanel, issu d'une famille de notaires, avait déjà racheté le château de Villy en 1787. Ce château était une ancienne propriété des Vidomne (fonctionnaire du seigneur, pour la justice et les finances) de Chaumont. En 1448, Pierre de Vidomne, seigneur de Villy, était vassal (dépendant) de Thoire. Cet André Burnier-Fontanel, député suppléant à Chambéry, vota pour l'annexion à la France; il finira percepteur sous l'Empire; mais dès 1793, il avait proposé l'ouverture d'une école. La municipalité républicaine de Reignier, qui devait obtenir du curé Denarié et de ses vicaires la prestation du "serment constitutionnel" (voté en France en 1790), ne fit pas de zèle et laissa s'enfuir les prêtres dans le Valais, leur fournissant même des passeports En 1783, Reignier compte 1062 personnes, Saint-Romain 68 âmes.

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