Document généré le 25 sept. 2021 04:26 Cap-aux-Diamants La revue d'histoire du Québec Témoignages La guerre de la conquête Numéro 99, 2009 URI : https://id.erudit.org/iderudit/6727ac Aller au sommaire du numéro Éditeur(s) Les Éditions Cap-aux-Diamants inc. ISSN 0829-7983 (imprimé) 1923-0923 (numérique) Découvrir la revue Citer cet article (2009). Témoignages. Cap-aux-Diamants, (99), 73–84. Tous droits réservés © Les Éditions Cap-aux-Diamants inc., 2009 Ce document est protégé par la loi sur le droit d’auteur. L’utilisation des services d’Érudit (y compris la reproduction) est assujettie à sa politique d’utilisation que vous pouvez consulter en ligne. https://apropos.erudit.org/fr/usagers/politique-dutilisation/ Cet article est diffusé et préservé par Érudit. Érudit est un consortium interuniversitaire sans but lucratif composé de l’Université de Montréal, l’Université Laval et l’Université du Québec à Montréal. Il a pour mission la promotion et la valorisation de la recherche. https://www.erudit.org/fr/ Façade du consulat général de France, rue Saint-Louis à Québec. (Archives privées). en O Q TEMOIGNAGES 3 Cette deuxième partie regroupe les témoignages de consuls généraux qui ont œuvré à Québec entre 1967 et 2009 : Pierre de Menthon (1967-1971), Henri Rethoré (1979-1983), Renaud Vignal (1983-1987), Daniel Jouanneau (1987-1989), Camille Rohou (1989-1992), Dominique de Combles de Nayves (1992-1996), Dominique Boché (1996-2001), François Alabrune (2004-2009). Également, les témoi­ gnages de deux personnalités françaises qui ont participé à des titres divers à la mise en œuvre de la relation bilatérale : Bernard Dorin et Pierre-André Wiltzer. Enfin, deux personnalités québécoises qui ont exercé à la fois les fonctions de ministre des Relations internationales (ou Affaires intergouvernementales) et de délégué général du Québec à Paris : Louise Beaudoin et Marcel Masse. Les témoignages des consuls généraux et des personnalités françaises ont été recueillis soit lors de rencontres, soit par des témoi­ gnages écrits, ou encore dans les documents d'archives, par Jean Fortin, directeur de la coopération à la Délégation générale du Québec à Paris et par Jean-François de Raymond, ancien conseiller culturel, scientifique et de coopération du consulat général de France à Québec. Nous devons à ce dernier une large partie de la synthèse qui suit. Les propos des personnalités québécoises ont été recueillis lors d'entretien par Bertrand Juneau, retraité du ministère des Relations internationales du Québec. a décennie 1960, qui connut la ration bilatérale dessinée par Alain Pey- auprès du Québec, dans la continuité de l_-/profonde transformation de la refitte. En mai 1967, la visite à Paris du 42 ans de relations. Nous suivons l'ordre société québécoise jusqu'au tournant des premier ministre Daniel Johnson, puis chronologique de leurs témoignages qui années 1970 et 1980, fut une période dé­ l'invitation au général de Gaulle à se ren­ est celui de l'Histoire. terminante pour les relations du Québec dre à Montréal en 1967 pour l'Exposition Six mois après le voyage du général avec la France. On le voit avec l'accueil universelle débouchent sur le voyage du de Gaulle, un nouveau consul général, que le général Charles de Gaulle réser­ général (23-26 juillet) au Québec. Une Pierre de Menthon, est nommé à Qué­ va au premier ministre Jean Lesage, le ère nouvelle s'ouvre pour les relations bec, le 5 décembre 1967. Le général le 5 octobre 1961, en lui adressant des mots bilatérales. convoque le 6 janvier 1968, pour lui don­ d'attachement, puis lors de l'inaugura­ Alors, en quelques mois, de la fin de ner oralement ses instructions. « Il avait tion, avec André Malraux, de la Maison l'année 1967 au mois de mars 1968, va en vue, rappelle M. de Menthon dans ses du Québec à Paris, suivie de son éta­ s'effectuer le changement de statut du mémoires, un développement intensif et blissement, début 1965, en Délégation consulat général à Québec. C'est cette urgent des échanges entre la France et le générale du Québec à Paris dotée d'un période de renaissance que nous remé­ Québec - la tâche était toute tracée » (Je statut diplomatique. Lentente en matière morons. Onze consuls généraux s'y suc­ témoigne : Québec 1967, Chili 1973). d'éducation signée avec le Québec, le 27 céderont jusqu'à nos jours, marquant la Le nouveau consul général rapporte février 1965, inaugure une ample coopé­ permanence de la présence de la France sobrement cet entretien. Le général ré- CAP-AUX-DIAMANTS, N° 99 j 73 C O sume en une demi-heure sa vision de la conclut le télégramme, « les services de O situation psychologique, politique, consti­ l'ambassade n'ont donc plus, sauf excep­ tutionnelle du Québec, et le sens de son tion, à en traiter directement ». histoire, dont le mouvement, inéluctable à Afin d'assurer cette mission, l'ensem­ ses yeux, « débouchera fatalement sur une ble des services du consulat, y compris les forme ou une autre d'indépendance, qui agents résidant à Montréal, relèvent de u n'exclut pas, du reste, la Confédération ». l'autorité du consul général à Québec. -Q D'une part, la coopération franco- Celui-ci correspondra directement avec le québécoise doit être dynamisée et « à ministère, sauf dans les cas où il consul­ 3 double sens », dans les domaines de tera l'ambassadeur. Tous les télégrammes l'enseignement supérieur et technique, qui lui sont adressés par le Département O et accompagnée par des relations écono­ sont communiqués à l'ambassade. miques. De façon générale, les uns et les Comme le commente Pierre de Men­ u autres, « Français et Français du Qué­ thon : « Lune de mes premières tâches bec », doivent apprendre à se connaître. sera de transformer ce poste, encore peu c D'autre part, le consulat général de développé, en une sorte d'ambassade, France à Québec est appelé à « chan­ avec un personnel beaucoup plus nom­ ger de statut. Il n'est pas normal qu'il breux... et une plus large autonomie... I dépende d'Ottawa - de l'ambassade -, des communications. J'aurai un rôle po­ eu mais une telle évolution doit être pro­ litique à jouer. Enfin il est convenu que gressive. Ne rien brusquer... », dit le gé­ notre ambassadeur à Ottawa fera preuve g néral. Cette orientation nouvelle « dic­ de discrétion; il ne viendra que rarement tera entièrement » la conduite de Pierre à Québec ». C de Menthon. Ces instructions, qui constituent Deux mois et demi plus tard, un té­ l'acte de transformation du consulat dans Pierre Bernard Marie de Menthon (1913-1980), légramme du 14 mars signé par Maurice son statut et dans son rôle, demeureront consul général de France à Québec du 5 décembre Couve de Murville, ministre des Affaires la référence, et ces dispositions seront des 1967 à décembre 1971. (Archives du consulat général de France à Ouébec). étrangères, qui aurait été préparé par plus utiles après la disparition du général 3 Jean-Bernard Raimond, alors directeur de Gaulle. Toutefois, leur mise en œuvre w> les volets concernant la science et la tech­ C adjoint du Cabinet, est adressé à l'am­ ne sera pas toujours simple. En effet, le nologie, avec leurs applications économi­ O bassadeur François Leduc, avec copie consul général demeure sous l'autorité de ques; ils devinrent vite considérables. au consul général à Québec et au consul l'ambassadeur, qui le note, ce qui n'est Au total, Pierre de Menthon, quit­ U général à Montréal. pas sans conséquences administratives ni tant son poste en décembre 1971, estime­ Ce télégramme part du double politiques, variables suivant les person­ ra dans ses Mémoires, onze ans plus tard, constat politique : « depuis le voyage du nes. Surtout, les relations triangulaires que ces instructions ont été « à peu près président de la République, les rapports entre Québec, Paris et Ottawa « n'étaient respectées » et « transmises sans grands entre la France et la province du Qué­ pas faciles à suivre », selon Pierre de changements » jusqu'à ses successeurs, bec tendent à la fois à s'accroître et à Menthon, qui vécut notamment leurs dif­ c'est-à-dire Marcel Bouquin (1972-1976), se modifier »; et « dans le même temps, ficultés à l'occasion des conférences fran­ puis Marcel Beaux (1976-1979). le gouvernement provincial de Québec çaises, des visites de ministres à Québec, Lorsque Henri Rethoré, premier acquiert plus d'autonomie vis-à-vis du qui n'avaient plus - depuis la réaction conseiller à l'ambassade à Abidjan, est gouvernement fédéral dans ses relations d'Ottawa au voyage du général en juillet nommé en novembre 1979 consul gé­ avec l'extérieur ». D'où la conséquence 1967 - à faire le détour par la capitale fé­ néral à Québec, il reçoit ses instructions directe qu'il établit : « Il s'ensuit que les dérale, suivant les instructions de fermeté d'Alain Peyrefitte, garde des sceaux - ce compétences du consul général de Fran­ de l'Elysée à l'égard du Canada. qui est très inhabituel, mais dans la ligne ce à Québec doivent être aménagées » Mais l'action était entraînée par la directe des intentions du général. - l'euphémisme, s'agissant d'une trans­ coopération, qui était « en plein élar­ Il s'agira d'abord de maintenir le sta­ formation radicale du statut du consulat, gissement », et qui correspondait à des tut spécial du consulat général. La mis­ doté de nouvelles compétences, s'expli­ attentes. M. de Menthon y trouva « le sion spécifique du consul général, « c'est que par le destinataire du télégramme : côté le plus passionnant » de son travail réellement pour le Québec, celle d'un l'ambassadeur de France à Ottawa.
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