OPERA V/D2MGNON ETDES mfô DEWKLUSE DON QUICHOTTE SAISON 92-93 OPÉRA D'AVIGNON ET DES PAYS DE VAUCLUSE Directeur Général : Raymond Duiïaut Dimanche 28 mars - 14 h 30 Mardi 30 mars - 20 h 30 DON QUICHOTTE Comédie lyrique en trois actes et cinq tableaux Livret d'Henri Cam d'après la pièce de Jacques Le Lorrain inspirée du roman de Cervantès Musique de Jules Massenet (Editions Heugel) Production Théâtre du Capitole de Toulouse Don Quichotte, l'air fier et la tête haute, s'avançait. Direction musicale François-Xavier BILGER Mise en scène Pierre BARRAT Décors Laurent PEDUZZI Costumes Gérard AUDIER Chorégraphie Jacques FABRE Direcnon des Chœurs Michel CAPPERON Etudes musicales Marie-Chadotte LE ROUX Michel CAPPERON Eclairages Claude BERINGUIER Dulcinée Béatrice URIA-MONZON Don Quichotte Lionel SARRAZIN Sancho Pança Jacques CALATAYUD Rodríguez Jean-Francis MONVOISENÍ Juan Marc FILOGRASSO Pedro Ludmüa KLEIN Garcías Delphine HAIDAN Le chef des bandits Jean-Claude BARBIER Les bandits Alain CHARLES Hervé JANDARD Serge MIONE Les laquais Pierre MESTRES Serge MIONE ORCHESTRE LYRIQUE DE REGION AVIGNON-PROVENCE Direction artistique : François-Xavier Bilger CHŒURS DE L'OPERA D'AVIGNON ET DES PAYS DE VAUCLUSE Direction : Michel Capperon BALLET DE L'OPERA D'AVIGNON ET DES PAYS DE VAUCLUSE Direction : Jacques FABRE Directeur de la scène et des services techniques : Patrick Richalet Directeur de production : Philippe Turchi Régie générale : Véronique Giltnan Régisseur de scène : Yo ande Puig Régisseur d'orchestre : Philippe Degrenier Coiffeuse - Perruquière : Christiane Bruno Maquilleuse : Laurence Labrousse Avec la participation des élèves du L.E.P. Roumanille Perruques fournies par le Théâtre du Capitole de Toulouse Chaussures fournies par la Maison Galvin (Paris) ARGUMENT En Espagne, au Moyen-Age ACTE I Premier Tableau Le peuple, dans une grande clameur, salue la beauté de la Dame qui reçoit cet hommage avec une pointe de mélancolie, avant de s'éclipser. Flanqué de Sancho, Don Quichotte arrive alors, à cheval, à son tour acclamé par la foule qui loue sa grandeur d'âme et sa bonté. Heureux de cet accueil. Don Qui- chotte distribue aux mendiants, qui se pressent, tout l'argent destiné à leur propre souper. Les vivats redoublent... Deuxième Tableau Une place devant la maison de Dulcinée Peu à peu la place se vide avec le crépuscule. La nuit tombe doucement, et Don Quichotte, avisant la maison de Dulcinée, laisse Sancho rejoindre l'auberge, et reste seul pour chanter une tendre sérénade à la Dame de ses pensées, ce qui provoque la jalousie et la raillerie de Juan, l'amant en ntre de la belle. Réagissant aussitôt à l'offense. Don Quichotte dre son épée mais, avant de se battre, tient à terminer sa sérénade... puis il se met en garde ! Dulcinée, accourue, sépare les épées d'un coup d'éventail et calme les sangs, tant de son soupirant enfiévré, que de son amant jaloux, en les assurant tous deux, alternati- vement, de son intérêt. Puis, demeurée seule avec Don Quichotte, elle est amusée par la ferveur et la iassion du Chevalier et consent à devenir l'objet de son adoradon, à condition qu'il lui apporte le col- ler qui lui a été volé, la veille, par un bandit. Don Quichotte s'y engage, bien sûr, et Dulcinée s'éloigne pour aller retrouver ses amis, laissant le Chevalier palpitant d'espoir. Troisième Tableau Les Moulins Un léger brouillard baigne l'aurore. Don Quichotte, tout en chevauchant, toujours accompagné de Sancho, compose un nouveau poème en l'honneur de Dulcinée, le cœur tout étoilé d'amour. Sancho, exaspéré, tente de lui ouvrir les yeux sur la vraie nature des femmes, pour lesquelles il n'a pas de mots assez durs pour dire la duplicité. Mais Don Quichotte n'a cure de ce discours : il vient d'aviser un ennemi terrible qui bat des ailes pour tenter, sans doute, de l'arrêter ! Sans hésiter, il tire son épée et s'avance vers le premier de ces géants qui lui barrent le chemin. Sancho a beau lui clamer, qu'en fait de géants, c'est à un moulin auquel il s'attaque, le Chevalier ne l'écoute pas et charge aux cris de sa Dulci- née "pour toi, ma Dame de Beauté"... jusqu'à se retrouver accroché par le fond de son haut-de-chaus- ses à une aUe du moulin et voltigeant en l'air... Quatrième Tableau Les Brigands Don Quichotte est toujours sur les traces des brigands qui ont dérobé à Dulcinée son collier. Il lui sem- ble qu'ils s'approchent de leur repaire... Sancho, guère rassuré, tente de convaincre son maître de s'ar- rêter un moment... mais il n'est plus temps : voilà les brigands. Sancho, terrifié, se sauve, tandis que Don Quichotte, bravement, les attaque, mais succombe sous le nombre, et se trouve bientôt solide- ment ligoté devant le chef des bandits qui rend hommage à son audace et l'interroge. Mais le Chevalier ne répond que par un mépris hautain. Les bandits décident de le mettre à mort, mais cette perspective même semble le laisser serein, au grand étonnement des bandits, de plus en plus impressionnés par sa hauteur d'âme. Le chef, ému, le presse alors de dire qui il est. Se redressant. Don Quichotte explique que, chevalier errant, il est le redresseur de tons qui se place aux côtés de ceux que le sort n'a pas aimés, et qu'il faut à l'instant lui rendre le col- lier de Dulcinée ! Tremblants d'émotion devant le caractère sacré de cette injonction, les bandits ren- dent le collier et s'agenouillent, demandant la bénédiction de Don Quichotte qu'ils regardent comme une manière de prophète. Le Chevalier, radieux, étend les mains sur eux. ENTR'ACTE ACTE II Cinquième Tableau C'est la fête chez Dulcinée On danse les galants entourent la Belle qui demeure rêveuse et mélancolique. Elle souhaiterait parfois éprouver des frtssons inconnus et se lasse des éternels serments d'amour des Juan et autre Rodriguez. Mais il faut chasser cette ombre : elle se met à danser, avant de passer dans la salle où est dressée la table du souper... C'est alors qu'arrivent Don Quichotte et Sancho. Ce dernier se plaint un peu des rêves de Mn maître, qui ne lut apportent guère à manger, mais celui-ci le rassure : dès son mariage célébré avec Dulcmée, il lui promet la richesse... Mais voici les invités qui reviennent, et Dulcinée parmi eux. Le Chevalier est saisi d'une profonde éitio- tion. Quand il tend à la Belle son fameux collier, celle-ci, folle de joie, lui saute au cou et l'embrasse. Don Quichotte, comme illuminé de bonheur, lui fait alors sa demande en mariage. Hélas, tous s'esclaf- fent, et Dulcinée la première. Don Quichotte est désespéré. Eloignant la foule. Dulcinée comprend qu'il faut décidément ouvrir les yeux du Chevalier sur la femme Qu'elle est réellement. Mais en lui ôtant ses illusions. Dulcinée lui brise le cœur et en est sincèrement et doiiloureusement émue. Le monde s'effondre autour de ce grand corps vaincu par un seul mot. Les invités reviennent et reprennent leurs moqueries à l'endroit de Don Quichotte qu'ils traitent de fou... Sancho, pour une fois grand, fait face crânement et dit leur fait à tous ces seigneurs sans idéal qui ne valent pas une parcelle de l'âme de son maître, de son ami, qu'il entraîne avec lui... Sixième Tableau C'est la nuit au milieu de la forêt Don Quichotte se meurt, mais se meurt debout, adossé à un grand chêne. Sancho tente de le réconfor- ter d'un feu, de sa veste, d'une prière. Le Chevalier, se réveillant, s'appuie sur son fidèle et lui fait alors des adieux déchirants, avec quelque chose de fier, en même temps qu'empreint d'une infmie douceur, d'une profonde tendresse même. Puis, lui rappelant l'île qu'il lui avait promise au cours de leurs péré- grmations, il lui lègue celle dont un flot azuré baigne les grèves : l'Ile des Rêves. Et, entendant encore une fois, au loin, dans les brumes du délire peut-être, la voix de Dulcinée, il meurt, l'âme pure, grande. On ne pouvait regarder sans rire ce pauvre chevalier. A PROPOS DE DON QUICHOTTE Quelques mots pour la mise en scène. Vladimii" Nabokov, dans la remarquable étude qu'il a consacrée à l'œuvre de Cervantès, écrit : "Finale- ment, Don Quichotte est plus grand aujourd'hui qu'O ne l'était dans l'esprit de Cervantès. Il a par- couru pendant trois cent cinquante ans les jungles et les toundras de la pensée humaine et il a gagné en vitalité et en stature. Nous ne rions plus de lui. Il a la pitié pour blason et la beauté pour bannière. Il incarne tout ce qui est douceur, délaissement, pureté, altruisme et chevaleresque. La parodie est deve- nue parangon". Massenet, avec son libretriste Henri Caïn, aura été l'un de ceux qui auront participé à cette transforma- tion du personnage. Alors que, chez Cervantès, toute l'œuvre est structurée par les combats gagnés ou perdus contre les forces qui s'opposent à lui, ici, le seul et vrai combat, c'est de gagner l'amour de Dul- cinée et, pour elle, "ce vagabond inondé de tendresse" panira en quête d'un collier, soumettra une troupe de brigands par la seule force de sa parole et de son chant. Quête inutile, puisque Dulcinée lui refusera son amour, le condamnant à la mort. Mais cette mort ne sauvera pas l'âme de la pécheresse. Don Quichotte meurt, et sa mort est le signe de sa défaite et de son échec.