Guts Of Darkness Le webzine des musiques sombres et expérimentales : rock, jazz, progressif, metal, electro, hardcore... mars 2009 Vous pouvez retrouvez nos chroniques et nos articles sur www.gutsofdarkness.com © 2000 - 2009 Un sommaire de ce document est disponible à la fin. Page 2/167 Les chroniques Page 3/167 FROESE (Edgar W.) : Aqua Chronique réalisée par Phaedream C’est au travers une foutue grippe d’homme bourrée d’un virus Néandertalien que j’entreprends une série de chronique sur les œuvres solos des membres de TD. Et, à tout Seigneur tout honneur, je débute par le très énigmatique Aqua, de Sieur Froese. Univers musical abstrait, structure sonore riche. Voilà qui dépeint bien l’impression que laisse ce premier effort solitaire d’Edgar Froese. Le bleu glacial de cette pochette aux éclats de glace plus coordonnées que l’art musical même, annonce un album très Berlin pour cette période électro progressive où la musique se terre derrières des idées novatrices qui sont l’apanage des créateurs solitaires d’une scène Berlinoise qui cherche à surpasser l’invasion Britannique de musique progressive. Je me souviens de mes premiers contacts avec le monde froid et très hermétique de la pièce titre Aqua. Je découvre la musique de TD sur le tard avec Tangram, Thief et White Eagle. Nous sommes en 1984 et Risky Business marche fort, à tout le moins chez nous, avec la prestation de …Rebecca De Mornay et son joli petit…minois. Je digère à peine Phaedra (que je considérerai comme un chef d’œuvre quelques années de Black Métal plus tard) que mon copain décide de me faire avaler Aqua. Ohhhh que les premières lapées ont été dépourvues de soif. Mais docilement, mes oreilles se formaient au merveilleux univers de la musique minimalisme (Mike Oldfield et Tubular Bells), minimaliste, folkloriste et progressive (Genesis et Selling England by the Pound) et de la musique électronique à proprement parlé, Jarre et Oxygene (1976), Vangelis et Spiral (1977) et Synergy Chords (1977). C’est dans ce micmac bruitiste musical que j’ai fini par percer la beauté mystérieuse de la MÉ et du monde de Tangerine Dream. Une longue intro pour parler d’Aqua, sauf n’aime pas Aqua qui veut…ou qui voudrait. Car Aqua était hors convention et poussait encore plus loin les limites des explorations auditives. Enregistré dans l’appartement de Froese avec une technologie maison qui consistait à capter diverses sources sonores à partir d’écouteurs sur les oreilles d’un mannequin, Aqua débute dans une faune sonore halieutique avec de fines modulations rythmiques qui survivent dans un marais stagnant, où les planctons sonores fusionnent avec la beauté abyssale d’une phase terminale. Y a de quoi fermer les yeux et rêver, imaginer cette ode perplexe et atonale avec de la bonne boucane. Des chapelets d’effets sonores se succèdent dans une marre aux ondulations crées par des coups de rames ou par la pure fantaisie d’un poète sans vers. Une étrange musique, dans un étrange univers qui se poursuit avec Panorphelia et sa structure séquentielle pulsative sur un beau mellotron errant. Hypnotique, doux mais lourd Panorphelia embrasse les limites d’un Mysterious Semblance At The Strand Of Nightmares. Avec NGC 891 nous replongeons dans l’univers underground des effets sonores où le trafic rural se fond aux bruits d’avions à réactions dans une intro qui tarde à embrasser la superbe prestance de Franke sur le gros Moog Modular. Un excellent titre qui croisse avec efficience et qui n’a rien à envier au Flamand Rose sur On the Run, quoique moins violent, mais drôlement plus élaboré. En ce qui me concerne, c’est le premier gros titre d’Edgar. Upland clôture avec une grosse orgue circulaire qui capte toutes formes d’énergies sonores, un peu comme les chasseurs d’ouragan. J’aime cette fusion orgue ecclésiastique dans un giron de modernité sonore. Page 4/167 Une gigantesque ventouse qui absorbe toute l’énergie des sonorités circulaires dans un contexte statique. Très expérimental, mais pas vraiment musical. Upland dépeint à merveille Aqua et la complexité des recherches sonores de sieur Froese. Aqua n’est pas vraiment un album mélodieux ou/et harmonieux. C’est du travail de création qui à ouvert bien des portes dans l’exploitation sonore et des paramètres de fusion entre l’abstrait et l’harmonie pour une créativité plus harmonieuse dans les années qui ont suivies cet étrange album. Mais vous savez quoi? J’ai fini par trouver ça beau. Une forme de communication entre l’abstrait et la beauté perceptive d’un auteur à l’imagination créative et audacieuse. Commencez par NGC 891, Upland, Panorphelia et Aqua. Vous comprendrez pourquoi cela m’as pris un certain temps pour aimer cette première œuvre solo de mon oncle Edgar. Note : 5/6 Page 5/167 FROESE (Edgar W.) : Aqua 2005 Chronique réalisée par Phaedream Faire du neuf, avec du vieux. Mais surtout avec la dernière technique de pointe en remastering; DQC System. C’est pas ça qui va changer la donne, car Aqua 2005 n’a rien à voir avec sa 1ière version de 30 ans plus tôt. Edgar y a apporté de nombreux changements, notamment sur les structures rythmiques, laissant aux oubliettes le côté sombre et psychédélique de sa 1ière version. Tout d’abord la pièce titre. La richesse sonore halieutique est plus froide, plus digital et ondule sur de fines percussions dactylographiées et un léger séquenceur en mode procession, dans un univers aux effets sonores moins riches, moins diversifié. Ce faisant Aqua, accouche d’une nouvelle vie, assez intéressante tout de même, mais très loin de ses premières subtilités. Panorphelia garde l’aura mystérieux et la pulsion nerveuse de ses premiers jours, sauf qu’elle est enrobée de strates mellotronnées douces et mélodieuses et de courtes bribes séquencées. Une retouche à la Tangent, mais avec plus de mordant. Si les 2 premiers titres demeurent somme toute intéressants, NGC 891 perd beaucoup de son lustre sur cette version 2005 d’Aqua. Est-ce à cause du différend entourant Froese et Franke? Toujours est-il que le titre est amputé de plus de 4 minutes, en plus d’avoir un ‘’glitch’’ agaçant vers 2:30 minutes. La chaleur et la subtilité de la 1ière œuvre font place à une froideur numérique et à une placidité émotive que l’on perçoit avec agacement. Ceci étant dit, NGC 891 reste un titre très intéressant qui n’avait pas besoin d’être rhabillé des strates d’Edgar pour y donner plus de lustre. Upland a conservé l’essence de son cachet, alors qu’Upland Down est vraiment un remix d'Upland qui s’appui sur sa structure originale. Bonnes percussions, beau synthé et une bonne approche mélodieuse…mais qui sonne comme du déjà entendu... quelque part. Mais avec tout ce qu’Edgar mijote, un fan y perd ses oreilles!!! En conclusion, Aqua 2005 n’est pas si vilain. Si, comme moi, l’ambiant vous horripile vous allez aimer cette 2ième mouture sans hésitation. Par contre, j’avais fini par succomber aux charmes latents du 1ier Aqua. Charmes absents sur cette version 2005 dont les boîtes rhytmiques et les over strates d'Edgar ternissent une surprenante originalité pour l'époque. Un bon remixage qui va plaire aux amateurs de TD et Froese de la dernière génération. Note : 4/6 Page 6/167 TRISTANO (Francesco) : Auricles bio on Chronique réalisée par Phaedream Une basse lourde et nerveuse éructe dans un dédale d’accords pianissimos cacophonique et Auricles bio/on 1prend forme. Francesco Tristano est un réputé pianiste Parisien qui a accroché ses notes sur une musique expérimentale minimalisme. Après un 1ier album, qui se serait bien débrouillé côté vente, dont je n’ai malheureusement pas entendu, Francesco Tristano s’associe à Moritz Von Oswald, chaînon incontournable paraîtrait-il de la scène techno Berlinoise, pour produire son 2ième opus, Auricles bio on. Loin d’être de l’électronique, Auricles bio on est un opus avant-gardiste qui se gargarise d’un désordre conceptuel minimalisme et qui graduellement se vêt d’atouts et d’ajouts musicaux adjacents, pour finalement créer une musique à la mélodie aussi audacieuse qu’improbable. Après le choc tintamarresque de son intro, la partie 1se développe sous une fine répétitivité enclumée qui traverse tornades et bourrasques retentissantes, gracieuseté d’un piano fougueux qui gruge le chronomètre avec des tombées cycloniques. Des notes et des accords en temps aléatoires, dont l’écho des fracassements sert de balancier à un fin mouvement séquencé, se dispersent dans une brume sonore afin d’installer une base hypnotique qui servira de structure rythmique à un titre qui évoluera sous de fines pulsations, sans jamais éclater de robustesse. Claquements de mains sur un tempo plus soutenu, Auricle bio /on1évolue par cycles, qui semblent improvisés mais finement calculés, dans un univers ambiant qui évolue perceptiblement vers un soft techno accrocheur et hypnotique, avec une finale cymbalistique cacophonique envoûtante. Pas facile à apprivoiser, mais la torture vaut les charmes. Moins atmosphérique et plus direct la partie 2 est plus enflammée. Le tempo se nourrit de fines percussions échotiques dont on discerne à peine un piano qui décompose sa mélodie. Un grisaillement de vieux 33 tours ajoutent une touche à la Plastikman à ce titre qui semble sortir des bas fonds d’un sous-marin submergé. En constante évolution, la structure rythmique change de décor avec la force de ses entrains, nous faisant vivre différents scénarios musicaux. Plus le titre avance, plus nous sommes en territoire de ‘’Dance Floor’’, mais avec un beat souple, où l’ondulation des corps va de paire avec une musique minimaliste qui cherche sa niche entre les ambiances et les survoltages.
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