PARIS ERNEST LEROUX, $DITEUR 28, rm iaonrprnn,- 28 4904 INTRODUCTION Cct ouvrage n'a pas la prétentioii de suffire B l'étude des soixaute-six langues ou dialectes dont il traite; il faudrait d'abord, s'il avait cette prbtention, qu'il eût au moins le format d'un gros dictionnaire; il faiidrait ensuite et surtout, pour pré- tendre publier une œuvre de cette envergure, que l'auteur eût s6jourrié au moins iine année dans chacune des soixaute-six régions oii sont parles ces differents idiomes, car ce n'est qu'après un séjour prolonge dans le pays même 011 se parle une langue donnée que l'on peut se risquer B y ublier de cette langue Urie grammaire et un vocabulaire h. peu près complets et exacts, notamment lorsqu'il s'agit, comme c'est le cas présentement, de langues qui ne s'écrivent pas : or mon âge ne me permet pas d'affirmer, avec quelque chance d'dtre cru, que j'aie passe soixante-six ans dans l'Afrique occidentale. J'y ai simplement, depuis 1894, passe exactement six aus et demi, séjournant et voyageant tl la Côte d'Ivoire, au Liberia, B la Côte d'Or et dans le 2' territoire militaire du Soudan Fran- çais. J'ai pu durant ce temps m'assimiler R peu p&s complè- tement une langue indigène, l'agni, et plus imparfaitement deux autres, le ma& et le liaowsa. Mais j'ai pu aussi mettre à profit mes voyages, et la présence auprès de moi d'&rangers venus de contrées diverses, pour re- cueillir le plus possible de vocabulaires et de notes linguistiques et ethnologiques. J'en ai perdu, lors d'un incident malheureux 811rvenu en 4899, une partie assez notable, notamment un re- cueil de notss et de vocabulaires concernant sept langues 011 d*lectes du L~MMet uu rombulaira goum, et je n'ai pds eu, depolr. l'oacsrion de réparer cas pertes. " - . .1 . , -1 -.-,..."---, -. 1. - - .- Cl*... II ...m..- I_IL.l -*-:--.-'l 1I INTRODUCTION Né;riimoins, ce qui reste aujourd'hui de la moisson me para tt assez considérable et assez important pour qu'il soit utile de le publier. Je ne me cache pas i~ moi-m&meet je ne cberche pas B cacher au lecteur que cet ouvrage doit renfermer beaucoup d'erreurs. Mais j'estime que cette consiciération ne mérite pas que l'on s'y arr6te trop lotigtemp~.brsqii'il s'agit d'une science aussi neuve qiie l'est encore actuellernant ln linguistique africaine, si l'on nc livrait à la publicitçr que des résultats absolument certains l et iiitangibles, cette science risquerait f'ort de ne jamais parve- nir B la maturite, faiite d'aliments. 11 me semble qu'ail contraire il est bon (pie chacun fasse part loyslernent de ce qu'il a trouvé ; d'autres viendront apri?s lui qui corrigeront ses erreurs et met- tront les choses au point, et ainsi on aura fait faire quelques pas en avant B la science. On s'aperçoit d'aillei~rssoi-mdme, B mesure que l'on étudie plus il foiid son sujet, des erreurs qiie l'on a commises. Je re- connais, sana aucune honte, qu'il s'en trouve dans mes oiivrages précédents ; que celui 'qui n'en a jamais commis me jette la premiére pierre. Jc me contente de 1:s relever et de le8 corriger chaque fois qiie l'occasion s'eii pré!cente, aiissi bien d'ailleurs que je me permets (le rdlover e! ccjrriger celles de mes devan- ciers. , Ce qui précède explique poisrquçi je n'ai pascraint de publier les vocabulaires qui suivent, meme ceux qui ont 6té recueilli dans des conditions défavorables. Mais je prCtenàs aussi que ce livre est un livre de boiine foi : j'ai indique, avec la cons- cience la plus scriipuleiisa, oii et 3ar qui m'ont CU communi- ques les renseignements consigncls daris cet ouvrage, et yueiie part de confiance on peut accorder 8 :chacun d'eux. Il va sans ciire, par enempie, que tel vocabiilaire recueilli dans le pays mbme oh se parle la langue dont il traite, au cours d!un &jour ou d'un voyage de plusieus semaines dans ce pays, 1 INTRODUCTION III contr&16 presque journellement auprhs d'informateurs uom- breux, a beaucoup plus de valeur qu'un autre recueilli auprès d'un informateiir unique vivant dans ilne region où sa langue n'est pas comprise, et surtout qu'uu vocabulaire recueilli auprès d'un individu d.ont la langue btudiée n'est pas la langue maternelle. Autant qu'il m'a été possible, je me suis toujours attaché : 1 Je B n'interroger mes informateurs que sur leur langue ma- 2" à contraler auprès d'autres indigènes les renseignements donnés par mes premiers informateurs ; 3" & rejeter comme sans valeur tous renseignenients prove- nant d'informateurs qui auraient quitté depuis plus d'un an le pays où se pade leur langue maternelle ; 40 a n'employer jamais, comme langue intermhdiaire entre l'informateur et moi, qu'une languee nègre, comprise soit de 1 l'informateur et de moi, soit de l'interprète et de moi ;j'ai re- connu en effet que, sauf lorsqii'on a affaire à des gens suyé- rieurement doués, il est beriucoiip plus difficile d'obtenir des renseignements exacts en employant une langue européenne comme langue intermédiaire : les langues nègres peuvent dif- férer 4normément les unes des autres, tant au point de vue grammatical qu'au point de vue morphologique; mais elles ont toutes entre elles un point de contact,qui est le @nie même de la race ; elles expriment différemment la méine idée, mais elles expriment les mêmes idées; ce point de contact, d'ordre pour ainsi dire moral, n'existe pas entre une langue européenne et une langue nhgre qiielconques. Les indighnes ont beau parler notre langue, nous avons toujours beaucoup de mal h nous faire comprendre d'eux et B les comprendre; et comme il n'est pas naturel, puisque nous noiis estirnona supérieurs ir eux, que ce soit eux qui se mettent dans notre peau, c'est i~ nous de nous mettre dans la leur. Je pense que ces vocabulaires comparatifs, oiitre l'intérht qu'ils prdsentent au point de vue wientifique pur en permet- tant un essai de classification des langues dont ils traitent, peuvent avoir une iitilité pratique. Ils donncnt en effet les mots les pliis iisuels et la maniére la plus géndrale de les assembler, pour une soixantaine de dialectes : celui qui, se trouvant eri rin pay8 oii se parle l'un de ces dialectes, voudra l'apprendre, sera certainement aid6 dans son étiide par ce rudiment, si incomplet soit-il. C'est dans lo doirble but de rendre service h la philologie africaine et aux Européens rbsidant B la CAte d'Ivoire et dans la Boucle du Niger que j'ai entrepris la publication de cet ou- vrage. Avant de clore cette iiitroduction, je tiens B adresser de vifs remerciements ii M. le gouverneur Clozel, dont raide m'a permis de faire voir le jour à ce livre, et h mes excellents amis I'adiiiinistrateiir Thomann, le capitaine Le Magnen et le lieu- tenant Schwarz, qui ont mis trés obligeamment à ma disposi- tion des ilotes et documents prbcieiix. Parie, 1.. sdptembra (903. L'impression du présent orivwe n'ayant pi1 8tre achevée avant mon depart de France, mon excellent ami, le Capitaine Le Magnen, a bien voulu accepter la tûche ingrate de corriger les dernieres Bpreirves : les remerciements bien Mndrcs que je lui adresse B ce sujet ne sont que l'expression très impar- faite de ma vive reconnaissance. -.-- ---- - i -.- - I- - ) VOCABULAIRES COMPA HATIFS DI PLUS DE SOIXANTE LARGUES OU DIALETES ( B la Qbte I Parl6o d'Ivoire 1 ALPHABET ADOPTE M'&tant rendu compte aprbs bien d'autres que l'orthographe 1 dile figurAe, consistant B reprdsenter les sons des langues Atran- gbres h l'aide des lettres de notre alphabet an leur laissanl la va- leur qu'elles ont en fraoqaia, est abrolument impraticable lorsqu'il s'agit de langues nbgres, pour peu que l'on visu h l'exaclilude, et condd6nint d'autre part que le Stanàùrd al'beî du DrLepaius, recommandA par pludeura auteurs, dst souvent dAconcertant et inharmonieux B l'œil, )'ai suivi dans cet ouvrage les memer prin- cipes qui m'ont guide dans l'adoption de l'alphabet employA dans mer ouvrager pr6cédentr. L'id4al serait de n'employer qii'un seul caractbre pour repr6- enter un aeul son : malheureuement le nombre restreint des caractéras de nolre alphabet ne permet pu de réaliser cet idBa1 et j'ai db employer parfois des conmnnes doubles, ne voulant par faire urage de Iettrqa pointéea ni de caraotbrea empruntds un alphrbet &ranger, dam l'inter81 de lacommoditd du lecteur et de l'esthélique de I'imprmaion. J'ei employ6, il est vrai, dea voyellea .ccentuées et b fi espagwt : mon excuse cut que nolre œil y est rcooalume. total cm, je suia iivéii employer toujoun le &me carac- 1 A .._.-_ -- - . ------ - - - 2 VOCABULAIRES COMPARATIFS DE LANGUES OU DIALECTES lbre pour la repr6sentalio11du mbme son et B conserver toujours i~ chaque caractbre sa valeur alphabbtique, quelle que soit sa place dans le mot. L'alphabet adopte permet de représenter tous les rons de toutes les langues nbgrer que je connais, sauf le8 sons musicaux (en usage par exemple daris les dialectes des Kroomen), et qu'il est impossible de reprdsenter exactement, ii moins d'em- ployer une notation musicale. Le cas est d'ailleurs assez rare dans les langues qui nous occupent, et il suffit, lorsqu'il se présen te, d'attirer par une note spbciale l'attention du lecteur, sans aulre- ment compliquer le spstbme dphab6rique.
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