« L'écologie Est Politique »

« L'écologie Est Politique »

charles XI l’édIto de FrançoIs MItterrand Dans mon enfance charentaise j’habitais une maison à trois « l’écologIe kilomètres du premier hameau. Elle était assise sur le rebord d’une vallée. Le toit des granges touchait le sol, au bas coulait est polItIque » une rivière. La vigne, le blé, le bois, le pré et l’eau nous fournis- saient le nécessaire. On pêchait l’anguille. On pressait l’huile de noix. On buvait le lait de nos vaches. À la jointure de juillet, on passait de l’odeur des foins à celle des moissons. On respirait la sueur et la poussière des battaisons. Le soir, on abaissait la lampe pour allumer le manchon à gaz. Le poêle à bois ronflait dès octobre. La vie quotidienne passait par les chemins détrempés de novembre, la terre coupante de février, les jambes molles du printemps. De la fenêtre du grenier, je pouvais d’un regard faire le tour de la terre, nord chevelu d’orme et de chêne, est pierreux, ouest de Toscane, sud en profil perdu sur des fonds verts et bleus. Une carrière tachait d’ocre la blancheur du calcaire. Pas une cheminée plus haute que de raison, pas de tourbillons poisseux de fumée noire. Quand la forêt brulait en offrande au soleil, le tragique restait pur. On épousait, sans y penser, le rythme des saisons et la courbe des jours. Les animaux, les arbres, les champs portaient un nom. J’ânonnais celui des étoiles. Je savais de naissance que vivaient sur la terre des chevaux, des abeilles, des roses. J’appris de surcroît qu’exis- taient les perches arc-en-ciel, les poules d’eau et les grands ducs. Je vous épargnerai la suite qui vous raconterait des millions d’enfances semblables à la mienne jusqu’à ce que l’homme de l’ère industrielle et de la ville oubliât que la nature c’était lui, qu’il était la nature. Voilà la vraie révolution moderne. Pour la première fois depuis que le monde est monde et que l’homme y joue sa partie, il peut détruire l’ordre des choses. Et il détruit. Et se détruit. L’écologie exprime cette prise de conscience. En ce sens, elle est politique, comme le reste. L’écologie sans poésie serait ce qu’est à l’oasis le palmier en fer de Djibouti. Ce rappel des images, des sensations de mon enfance, ne tombe pas par hasard. Je ne serais pas sensible aux thèmes écologiques. Mon petit récit vous fera peut-être comprendre pourquoi m’horripilent ces visiteurs du soir, qui découvrent que la Terre est ronde avec de l’eau dedans, dessus, de l’air autour et qu’elle est habitée par d’autres vivants que les hommes. Les voici qui dressent à tous les carrefours des panneaux menaçants : « la nature est à moi ». La mort des ormeaux est, pour moi, un deuil de famille. L’acide dans la rivière et les poissons le ventre en l’air, l’hélicoptère et sa tonne de défoliants, petit nuage de mort blanchâtre, je les ressens comme une guerre. Le bitume des directeurs de l’équi- pement me ronge l’estomac. Que voulez-vous que j’éprouve, quand le bang des Source : supersoniques casse mes vitres et chasse les oiseaux ? Quand le bulldozer abat IcI et maIntenant, F. MItterrand, dans la semaine la forêt de lumière où je redécouvrais les harmonies perdues ? Fayard, 1980. Je sais au nez d’où vient le vent. J’ai les poumons écologiques. — 3 renseignements généraux politburo P. 6 pour qui votez-vouS ? P. 20 BeRtRand BURGALAT par LAURENT DOMINATI « On m’appelait Pol Pot » je t’aime moi non pluS P. 10 l’intervieW D’un cHarleS P. 24 ChRISTINE CLERC kaRl « Roland dumas, ColuChe, saRko ZÉRO et moi » RaConte « LE VRAI JOURNAL » sseret I tom bu tom © 5 Charles renseIgneMents générauX politburo Najat Vallaud-Belkacem PaR lauReNt domiNati ancien député de Paris, ancien secrétaire général de Démocratie libérale JEUnE ET joliE, mAis pAs qUE… L’ancien député de Paris Laurent Dominati a eu l’occasion de travailler avec Najat Vallaud-Belkacem dans le cadre de ses fonctions d’ambassadeur à strasbourg auprès du Conseil de l’europe. Ce libéral à tout crin, qui vient de publier un livre manifeste sur le sujet, fait pour un portrait plus qu’avantageux de l’actuelle ministreCharles de lʼéducation : presque une déclaration d’amour. illustrations anne-Gaëlle amiot lle avait tout pour me déplaire. Cela peut dont personne ne mettait en doute les compétences. N’y paraître étrange pour une jeune femme que a-t-il pas un minimum d’expérience à avoir pour accéder à E l’on verrait facilement sur la couverture de un poste ministériel ? Jeune et Jolie. Mais c’est justement pour cette raison que Najat Vallaud-Belkacem devait sa place au marketing j’avais un apriori négatif sur elle. Le marketing tue la politique : femme, jeune, jolie, beur, agressive façon démocratie. La bonne tête, le sourire, la fausse ingénuité, militante mais bien élevée comme à Sciences Po. Elle c’est la superficialité, le mensonge, édictés en normes, avait commencé par être adjointe au maire de Lyon, ce sans plus se donner la peine de mentir. qui revenait à une nomination. Avant de devenir ministre, Un Kennedy qui devait son élection à un sourire, c’était un sa seule légitimité politique reposait sur son élection au écueil dans sa légende. Par moment, il est vrai, je voyais Conseil général, ce n’est pas beaucoup, mais c’est pourquoi Jacques Chirac plus en acteur hollywoodien qu’en homme elle y tenait tant. d’État. Mais quel acteur ! J’ai eu des moments de doute. Porte-parole de Royal, elle devint celle de Hollande. Après tout, tout le monde ne peut pas avoir la chance de Souplesse ou continuité ? Elle était professionnellement ressembler à Golda Meir, ou à Huguette Bouchardeau, une caricature de ce rôle ingrat. Rien n’est plus faux qu’un 7 Charles renseIgneMents générauX Najat Vallaud-BELkacem pAR LaurenT dOminati Porte-ParoLe De royaL, Elle n’a rien fait d’extraordi- eLLe Devint CeLLe De HoLLanDe. naire, simplement rempli son rôle. Compétence, clarté, intelli- eLLe était ProfessionneLLement gence : ce n’est donc pas qu’une une CariCature De Ce rôLe excuse, victime consentante du ingrat. rien n’est PLus faux qu’un marketing politique cynique et manipulateur. Porte-ParoLe. Je Le sais, Je L’ai été PLusieurs fois. L’image parlante a montré qu’elle avait du fond. Elle n’est pas la militante socialiste donnant porte-parole. Je le sais, je l’ai été plusieurs fois : on est la violence à l’égard des femmes. J’avais suscité un la leçon, tout en se critiquant obligé de dire ce que le candidat ou le comité demande événement sur ce sujet, à New York, avec l’ONU, le Conseil soi-même pour montrer à quel point que l’on dise. On doit connaître les journalistes, essayer de l’Europe et l’Ambassade de France. Najat Vallaud-Bel- elle sait être juste. Elle essaie de d’être copain avec eux, ce qui s’appelle le bisou-bisou. Ils kacem y était allée pour représenter le gouvernement. On réunir les bonnes volontés, rendre le savent. Jeu de dupes, entre dupes. Le porte-parole ne m’en avait dit beaucoup de bien. Du coup elle était invitée le monde un peu moins difficile parle jamais en son nom, ne dit jamais ce qu’il pense, mais à Strasbourg pour la session parlementaire, lors d’un pour les gens, en l’occurrence les fait croire qu’il pense ce qu’il dit. Heureusement, à la télé, débat sur les droits des femmes. femmes. Avec un charme qui ne personne n’écoute ; personne n’est capable de répéter ce Premier étonnement : son cabinet répond, vite et bien. veut pas qu’on le remarque : la qui a été dit : les gens ne font que regarder. Il reste une Deuxième surprise : ils font confiance, ce que l’on propose force et l’originalité d’un style impression, pas un discours. L’image est la plus forte. est toujours accepté. Troisième surprise : il n’y a pas de classique dans un univers qui Alors mettez une jolie femme porte-parole et le tour est changement de dernière minute, habitude des ministres prône la différence, la rébellion, joué. C’est un peu comme la météo : demain il fera beau. qui se prennent pour des stars. le modernisme, ce qui permet de A priori, Najat Vallaud-Belkacem était une caricature. De J’ai été informé qu’un député italien avait prévu d’agiter mieux les défendre. ce type de militante qui pense avoir toujours raison, croit des troupes de « veilleurs » anti-mariage pour perturber Moi qui descends de Jeanne connaître la vie du haut de leur jeunesse, avec cet aplomb la séance quand elle prendrait la parole. Je préviens le la Lorraine par ma mère et de de jugement moral plein de rigueur qu’on retrouve chez préfet et le président du Parlement, un Français, Jean- Napoléon par mon père, qui les vieux adolescents. Qui mieux qu’elle pour connaître Claude Mignon, qui l’accueille et me promet de veiller aux défend la globalisation libérale, le sort des défavorisés ? Père immigré, sept enfants. Qui tribunes. Elle arrive. contre les réactionnaires et mieux qu’elle pour défendre la cause des femmes, pour Premier entretien sympathique avec Mignon. RAS. conservateurs de droite et de combattre le racisme ? Jeune fille d’éducation musulmane. Première intervention devant la Commission. La secré- gauche, j’aime voir et entendre Inattaquable et parfaite pour tous les quotas.

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