Louis XIV, Le Roi-Soleil. 1661-1715

Louis XIV, Le Roi-Soleil. 1661-1715

Louis XIY le Roi Soleil 1661-1715 HISTOIRE DE FRANCE ILLUSTRÉE / 2000 ans d'images Jacques Aldebert Louis XTV le Roi Soleil 1661-1715 Préface de Pierre Miquel Librairie Larousse 17, rue du Montparnasse, 75006 Paris Notre couverture L'établissement de l'Académie des sciences et la fondation de l'Observatoire. Peinture d'Henri Testelin. Château de Versailles. Phot. Lauros-Giraudon. Rédaction Alain Melchior-Bonnet avec le concours de Pierre Thibault Secrétariat Jocelyne Bierry Correction-révision Bernard Dauphin, Annick Valade Documentation iconographique Jacques Grandremy Mise en pages Eva Riffe assistée de Jean-Michel Barthélèmy Couverture Gérard Fritsch Photographie Gérard Le Gall, Jacques Bottet, Gilles Lours, Jacques Torossian, Michel Toulet Direction artistique Frédérique Longuépée et Henri Serres-Cousiné Dépôt légal : mars 1987. — N° de série Éditeur : 13901 Imprimé en France (Printed in France) par l'Imprimerie Didier ISBN 2-03-253117-8 @ 1987, Librairie Larousse Préface n présente généralement Louis XIV comme le monarque heureux du 0 temps de la monarchie absolue : avant lui, les difficultés, les Frondes, l'insoumission des corps intermédiaires; après lui, la décadence, le retour à l'anarchie, la montée du pouvoir ministériel, le regain des privilèges et l'aigre mois de mai de 1789. Le siècle du grand roi serait un point d'orgue dans l'histoire de France, un moment de gloire, de prospérité, de puissance. Il est vrai que Versailles symbolise durablement la gloire du « Roi-Soleil ». Les grandes eaux, les navires de guerre reconstitués sur le canal, le parc aux larges perspectives gardé par les statues des dieux antiques, l'escalier de pierre aux marches innombrables, la galerie des Glaces, la chambre du grand et du petit coucher, le cérémonial et l'étiquette, un spectacle permanent orga- nisé autour du souverain, tout indique la volonté de faire de l'homme une sorte de dieu vivant, de représentant de Dieu sur terre. Certes, Louis XIV tient son pouvoir de Dieu et tient à le faire savoir. Nul sujet ne peut l'ignorer. Un pouvoir d'origine divine est incontestable. Le jeune roi a trop souffert des troubles de la Fronde pour n'en être pas conscient : il doit spectaculai- rement manifester sa puissance royale, sans supporter le moindre ombrage. Il n'est pas question d'accorder attention aux revendications des parlemen- taires, si virulentes pendant la Fronde. Quant à la noblesse, elle est domesti- quée, réduite à présider aux repas de Sa Majesté, à solliciter un mauvais loge- ment à Versailles, pour être plus près du Soleil qui réchauffe les carrières et dispense les pensions. Le roi est absolu dans la mesure où il ne supporte pas que les privilégiés luj fassent de l'ombre. Il prétend régner seul et ne s'encom- brer d'aucun intermédiaire. Fouquet en fit les frais : le roi n'aime pas que ses sujets manifestent leur puissance dans le faste. Seul le roi peut être fastueux, parce qu'il est glo- rieux. Qui est monsieur Fouquet? Un fournisseur adroit. Qu'il se démette, et parte pour la Bastille. Point de Fouquet dans le royaume, le roi ne veut que des Colbert! Mais celui-ci ne mourut-il pas plus riche que Fouquet? Il n'importe! Les Colbert savent travailler pour le bien de l'État et le faire savoir. Le roi aime les ministres zélés. Il n'a que mépris pour ceux qui font étalage de leur richesse, devant les «nymphes de Vaux». Ce Fouquet se piquait de protéger les artistes et les écrivains! Privilège royal, que Louis XIV revendique hautement. Lui seul a les moyens d'engager les Perrault et les Le Nôtre pour qu'ils servent sa gloire au Louvre, à Versail- les. Lui seul doit protéger l'illustre Académie, créée par le cardinal de Riche- lieu. Il nourrit Lulli et pensionne Molière. Il aime Racine et Corneille, Boileau et La Bruyère. C'est à lui seul d'encourager les rimeurs, même s'ils ont, comme La Fontaine, le front de pleurer sur la disgrâce de Nicolas Fouquet. Pendant cent ans, l'Europe des cours construisit des petits Versailles, meublés et décorés à la française, avec des parcs imités de Le Nôtre. Les rois apprirent le français et furent soumis à une éducation calquée sur celle des princes héritiers de France. Le modèle versaillais s'impose et se diffuse. La gloire du grand roi est celle d'une mode durable. On se souvient du faste déployé à Versailles pour la venue des ambassadeurs du roi du Siam en 1684. Même si le roi n'a pas les moyens d'achever, jusqu'au château, le grand aque- duc qui devait permettre à Versailles de ne pas manquer d'eau, en fournis- sant en abondance l'eau de l'Eure (cet aqueduc, que l'on peut voir à Mainte- non, n'arrive toujours pas jusqu'à Versailles), il a ébloui l'Europe de ses fêtes, de ses cérémonies, de son immense prestige. Il n'est pas de petit prince en Europe centrale qui ne rêve d'imiter le Roi-Soleil. Le drapeau fleurdelisé des bâtiments de la Royale a répandu le nom du grand roi sur toutes les mers. Grâce à Colbert, cette flotte est efficace, elle garde les routes maritimes, les compagnies de commerce créent des colonies outre-mer et ouvrent des comptoirs en Acadie, à Terre-Neuve, au Canada, dans le Mississippi et en Louisiane... Les Antilles et la Guyane sont, comme le Sénégal et l'île Bourbon, des relais pour la flotte, des ports accueillants pour les capitaines des navires marchands qui vendent les produits de France et viennent chercher le sucre, la gomme, bientôt le tabac, le chocolat, le café. La marine du roi est la plus puissante que la France ait jamais possédée. Elle est construite pour le grand affrontement de l'Atlantique entre la France, nation marchande et coloniale, l'Angleterre et la Hollande. Pour Colbert, la France a besoin de marins. Louvois préfère les soldats d'infanterie, qu'il drape dans des uniformes splendides, sous les drapeaux multicolores des régiments du roi. Si l'armée compte 72 000 hommes de troupes réglées en 1667, elle en a 300 000 en 1703. La cavalerie a 47 000 chevaux. L'artillerie est nombreuse et bien entraînée. Aux frontières, Vauban a imaginé un système révolutionnaire de fortifications, en tenant compte du feu qui oblige les nouvelles places fortes à s'enter- rer pour n'être pas vulnérables. 39 forts «à la Vauban », 200 vieilles forteres- ses aménagées forment une ceinture autour du royaume. Le roi peut faire la guerre. Qui pourrait l'en dissuader? Il exerce, dans le pays, une autorité centra- lisée, qui ne tolère pas la moindre opposition. Le Conseil royal juge souverai- nement, les intendants royaux représentent directement le roi dans ses pro- vinces, qui ont été pacifiées, réduites à la loi commune. Assuré de l'ordre à l'intérieur, le roi peut faire la guerre à l'Europe. Il commence par l'Espagne, envoie Turenne dans le Brabant, Condé en Franche-Comté. En 1668, la Flandre est conquise. La Hollande en prend ombrage? Il n'importe, l'armée française envahira la Hollande. Rude campagne, car la grande puissance marchande du Nord n'entend pas perdre sa primauté. Elle chasse son «grand pensionnaire» Jean de Witt pour se constituer en république dirigée par le stathouder Guillaume de Nas- sau. C'est un protestant fanatique, qui fait la guerre au grand roi jusqu'au bout. Avec le Taciturne, Louis XIV s'est découvert en Europe un ennemi beaucoup plus implacable que le Habsbourg. Guillaume fait ouvrir les digues pour arrê- ter l'invasion, inonder les Français. L'or des Hollandais nourrit une coalition de princes allemands et réunit le très catholique roi d'Espagne et le roi du Dane- mark, protestant. Les cuer la Hollande. Anglais tournent le dos à Louis XIV isolé, qui doit éva- Turenne l'emporte sur les Impériaux dans la plaine d'Alsace avant de mourir, percé d'un boulet, devant Salzbach. Condé envahit les Pays-Bas espa- gnols. Les 276 bâtiments de ligne de la Royale prennent la mer. La flotte hol- landaise de l'amiral Ruyter est défaite par Duquesne en 1676. Les Français, à la paix de Nimègue, sont maîtres de la Franche-Comté, d'une grande partie de la Flandre et du Hainaut. Le roi se permet en outre, après la paix, d'an- nexer le comté de Montbéliard, Strasbourg et la moitié du Luxembourg et de s'emparer de plusieurs villes de la Sarre. Personne n'ose protester. Sa gloire est à son sommet. Il ose alors révoquer l'édit de Nantes et sommer les protestants de ren- trer dans la religion catholique. Ils refusent et émigrent en masse. Le Roi Très Chrétien devient intolérant, persécuteur. Les jansénistes sont une inoffensive coterie de grands bourgeois et d' « intellectuels». Ils sont poursuivis. Le roi s'érige en gardien de la plus stricte orthodoxie catholique. Son mariage secret avec la dévote Mme de Maintenon l'encourage dans la voie de la répression. Les «dragonnades» multiplient les exactions dans le Midi. Les soldats du roi soumettent par la force les provinces révoltées. En Europe, la guerre reprend contre les puissances protestantes, la Suède, la Hollande, l'Électeur de Brandebourg. Des souverains catholiques se joignent à la coalition : le roi d'Espagne et l'empereur Habsbourg. Même le pape, maltraité par Louis «le Grand», rejoint le camp des indignés. Les Fran- çais ravagent le Palatinat et obtiennent des victoires en Hollande et en Savoie. Mais les Anglais entrent en scène, leur flotte rejoint celle des Hollandais et bat la Royale à la Hougue. La guerre dure neuf ans, de 1689 à 1697 et le grand roi doit rendre la Lorraine à son duc, abandonner le Luxembourg et les pla- ces de la frontière italienne.

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